S’il n’est évidemment pas question de méconnaître – dans des proclamations gauchistes hors sol et donneuses de leçons – les indéniables progrès et l’espoir apportés par les élections de dirigeants de gauche en Amérique Latine, l’enthousiasme ne saurait non plus aveuglerun regard lucide portant également sur les limites de certains de ces dirigeants provenant de la social démocratie ou ne s’appuyant pas sur des forces révolutionnaires. Le débat doit se poursuivre et la résistance à la réaction – qui ne sauraient au demeurant s’accommoder dans la durée et en particulier en Amérique latine de pouvoirs dont les ambitions progressistes même limitées sont incompatibles avec la domination capitaliste et en particulier l’impérialisme américain – commande en réalité l’approfondissement des processus révolutionnaires. C’est bien cela qu’interroge le dirigeant révolutionnaire sandiniste Ortega. Un dirigeant dont les alertes, prononcées en des termes provocateurs, méritent d’être écoutées.
Pas de mandat honorable en Amérique du Sud pour les gouvernants progressistes!
En Amérique du Sud actuellement plusieurs gouvernements estampillés « progressistes » ou « de gauche » suscitent l’espoir voire le romantisme de nombreux militants progressistes ou mêmes révolutionnaires en Europe.
Dernièrement le Président de la République du Chili, Gabriel Boric, le plus jeune Président élu dans son pays, symbole du « renouveau » selon Le Monde a été accueilli en grandes pompes à la Sorbonne Nouvelle de Paris pour une conférence exceptionnelle le 20 juillet dernier.
Gustavo Petro, premier Président de la République de Colombie « de gauche » à être élu par les urnes avance prudemment au risque de provoquer l’impatience de nos Camarades colombiens* ne serait-ce qu’en terme de réforme.
Daniel Ortega, Président de la République du Nicaragua et dirigeant historique du Front Sandiniste de Libération Nationale (FSLN)*, élu depuis 2007, proche de Cuba et du Venezuela avec qui le Nicaragua continue d’échanger vivres, aides humanitaires, vaccins…etc. au sein de l’Organisation d’intégration régionale l’ALBA-TCP, ne voit pas d’un cil bienveillant l’évolution des gouvernements sudaméricains mentionnés.
En effet, pour le Président nicaraguayen l’actuel contexte international met à l’épreuve la qualité révolutionnaire des actuels gouvernants. Ainsi il qualifie Gustavo Petro de « traître » car il dirige un pays mis au service des forces armées états-uniennes déployant plusieurs bases militaires avec notamment une coopération dans ce domaine des plus avancées, par ailleurs, la Colombie est associée à l’OTAN par le régime de Duque (l’Atlantique Nord vous disiez ?). Daniel Ortega s’impatiente et se demande ce que le mandataire de la Présidence colombienne attend pour les « faire sortir » du pays.
Quant au jeune Président de la République du Chili, élu par l’union des gauches, il n’en est pas en reste! Daniel Ortega qualifie Gabriel Boric de « petit Pinochet» car il a très vite oublié non seulement sa promesse d’amnistier les meneurs des grèves étudiantes sévèrement réprimées mais aussi de condamner ceux qui sous la présidence de Sebastian Piñera infligèrent blessures et éborgnements à des milliers de manifestants entre octobre 2018 et mars 2019 (reporté comme l’une des majeures atteintes aux droits de l’Homme dans le pays depuis les années 90 par Amnesty Internacional).
Alors qu’en France certains verront un espoir, un exemple d’opportunité électorale à suivre eu égard l’union sacrée des gauches, il est bon de se rappeler qu’ « Il suffit d’un tout petit parti pour diriger les masses » comme l’a si bien déclaré à la Fête de l’Huma le Camarade Vladimir Bessonov du comité central du KPRF et que les institutions bourgeoises comme le régime politique bonapartiste de la Vème République ne permettra jamais d’assouvir les aspirations populaires que seule la Dictature du Prolétariat, créé pour la première fois par la Commune de Paris, saurait apporter.
- FSLN: Mouvement révolutionnaire qui s’était distingué pour avoir renversé le 19 Juillet 1979 le pouvoir héréditaire de la dynastie des Somoza qui soutenait les intérêts nord-américains de la United Fruit sur le territoire.
GDCFD
Sources:
https://www.larazon.es/internacional/20211201/zsprjtf6gbcpzajeqwnqqwpkqy.html
https://www.amnesty.org/en/download/?document=AMR2231332020SPANISH.PDF