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DF a gagné les élections générales en utilisant les vieilles positions sociales-démocrates et en étant critique à l’égard de l’UE.
Par Birthe Sørensen, éditeur du quotidien Communiste danois « Arbejderen » (le Travailleur).
Le déclin général du gouvernement est le résultat des politiques qu’il a menées, qui n’ont pas correspondu aux attentes des électeurs. Le Parti danois du Peuple a largement bénéficié de ce mécontentement.
La défaite électorale du gouvernement dirigé par les sociaux-démocrates (S) et les sociaux-libéraux (R), ainsi qu’à ses débuts par le Parti socialiste du Peuple (SF), marque la fin de ce qui a été appelé à tort un projet de centre-gauche. Un projet qui avait déjà échoué quand SF a quitté le gouvernement, vient d’être sanctionné par un énorme rejet. SF s’est retrouvé à 9 mandats en arrière et a diminué de plus de moitié ; bien qu’il ait cherché à améliorer son image par une politique « plus rouge » après avoir quitté le gouvernement, l’échec lui a collé à la peau.
Le président du parti, Pia Olsen Dyhr a également constamment maintenu que son parti avait obtenu de bons résultats lorsqu’il était au gouvernement. De la même façon, SF a maintenu son soutien à la participation du gouvernement danois à la guerre, au budget militaire et à la fourniture de nouveaux avions de combats.
Les sociaux-libéraux ont également payé neuf mandats ; ils ont été dépassés par le nouveau parti, l’Alternative (Å).Tandis que des voix de la mouvance radicale appelaient à un profil plus social, nous avons vu la direction de ce parti défendre la politique économique gouvernementale et appeler à de nouvelles réformes pour la période qui vient.
Nous notons également que, tandis que le parti danois du peuple reconnaît ses propres erreurs concernant la réforme des indemnités de chômage, le parti social-libéral a soutenu, avec une extrême arrogance, que si vous êtes au chômage depuis deux ans, vous devez perdre votre allocation chômage.
Cependant, le « problème » le plus grave du gouvernement réside dans le fait que les sociaux-démocrates et les sociaux-libéraux ont délibérément lié le Danemark aux politiques néolibérales européennes et aux exigences financières strictes du Pacte de stabilité.
Les dirigeants de ces partis n’expriment aucun regret : « nous avons eu raison en tant que parti. nous laissons une économie en croissance » a déclaré Bjarne Corydon le soir de l’élection, tandis que Helle Thorning-Schmidt a recommandé au futur gouvernement de « prendre soin de nos liens avec l’UE ».
Importante progression du Parti du Peuple Danois (DF)
Les résultats électoraux marquent la fin d’une période de quatre ans de frustrations et de déceptions chez les électeurs du gouvernement. A cette occasion, beaucoup ont voté sans enthousiasme, mais seulement pour éviter que nous subissions une politique encore pire les quatre prochaines années.
D’autres ont quitté le soi-disant bloc rouge, d’autres enfin ont placé leur confiance dans DF. Ce dernier répète qu’il va à la fois consacrer plus de ressources pour la protection sociale et les allocations chômage et en même temps envisage comme premier ministre, Lars Løkke Rasmussen, dirigeant du parti libéral danois.*
Le succès de DF n’est pas essentiellement dû à sa politique migratoire, qui est aujourd’hui la politique officielle, à la fois des libéraux, des conservateurs et des sociaux-démocrates. Le nouveau dirigeant, Kristian Thulesen Dahl a réussi à doter son parti d’une rhétorique moins agressive que du temps de Pia Kjærsgaard, un parti qui reprend à son compte les vieilles positions social-démocrates concernant la protection sociale, qu’il combine avec une critique sévère de l’UE.
Le profond scepticisme que l’UE a engendré dans la population danoise, particulièrement dans la classe ouvrière, n’a trouvé aucun écho dans la politique officielle des sociaux-démocrates. Pour un travailleur Eurosceptique ou hostile à l’UE, le choix aujourd’hui est entre le parti du peuple danois (DF) et l’alliance vert-rouge.
Offensive contre le mouvement syndical
Il reste encore à voir comment DF gèrera avec Lars Løkke Rasmussen comme 1er ministre et le soutien de l’alliance libérale et des conservateurs.
Il est évident qu’il y a entre eux, à la fois de grandes différences et des consensus sur de nombreux sujets. Nous pouvons nous attendre à de nouvelles diminutions des impôts des privilégiés, quelles que soient les techniques employées, et à une nouvelle chasse aux droits sociaux. Les réfugiés vont être à nouveau relégués à la soi-disant « aide d’insertion », inférieure aux minima sociaux. L’âge de majorité pénale sera abaissé. Les budgets de la police et de l’armée vont s’accroître à nouveau.
Nous pouvons également nous attendre à une pression accrue sur les salaires des travailleurs de base. Bien que le parti du peuple danois et les libéraux se réfèrent en parole au modèle danois dans lequel patrons et syndicats négocient les salaires, nous verrons vite comment cette référence est interprétée.
Il n’y aucun doute sur le fait que le slogan « bosser pour gagner plus » vise en fait les minima salariaux sur le marché du travail. Avec le soutien des syndicats jaunes et leurs négociations au rabais, cela peut devenir un mélange très nocif.
De plus, nous avons déjà constaté des tractations à propos de la déduction des cotisations syndicales. Les libéraux ont annoncé qu’ils ne changeraient pas la déduction, si le mouvement syndical acceptait de baisser de lui-même les cotisations.
Tout indique que la route est ouverte pour de nouvelles attaques contre le mouvement syndical.
* Lars Løkke Rasmussen est effectivement devenu premier ministre après la rédaction de cet article (ndlr)