Après le Mali, le Niger et le Burkina Faso, c’est le tour du Tchad [1] et du Sénégal [2] de dénoncer les accords militaires et économiques asymétriques qui permirent si longtemps à l’impérialisme francais de faire la loi dans son ex-Empire colonial.
On ne peut que saluer l’élan des peuples et de la jeunesse africaine qui entreprennent ainsi, en référence à Lumumba et à Sankara, de prendre en main le développement autocentré de l’Afrique francophone dans la perspective de plus en plus revendiquée ici et là d’un nouveau panafricanisme socialisant.
On ne peut, parallèlement à cela, que dénoncer la sottise, la morgue paternaliste et l’impéritie des gouvernants français successifs qui, de propos arrogants (les « spécialistes » étant Sarkozy et Macron !) en interventions militaires perverses et en blocus imbéciles, ont rendu haïssable le nom français au lieu de chercher les voies d’un nouveau trait d’union franco-africain égalitaire et fraternel.
Comment du reste les peuples africains pourraient-ils prendre au sérieux des gouvernants « français » successifs qui, en permanence, affichent leur mépris de la langue française et de la Francophonie, qui ont grossièrement privilégié ces derniers temps leurs rapports avec l’Afrique anglophone, qui rampent en permanence devant le tout-anglais impérial, qui font toutes sortes de difficultés aux étudiants africains francophones vivant en France, qui se couchent devant l’OTAN et l’UE, et qui trahissent quotidiennement les idéaux universalistes dont ils font parade comme l’avait remarquablement déclaré le diplomate nigérien parlant devant l’Assemblée générale de l’ONU.
L’affranchissement de l’Afrique occidentale francophone s’inscrit par ailleurs dans l’émergence globale irrépressible – sauf guerre mondiale exterministe déclenchée par l’impérialisme euro-atlantique et par ses complices israéliens ! – d’un nouvel ordre mondial multilatéral qui, en fonction du degré de développement à venir des luttes prolétariennes et populaires, peut servir de tremplin à un élan mondial du combat pour l’émancipation de tous les peuples.
Bref, c’est tout l’ordre contre-révolutionnaire mondial issu de la défaite provisoire du camp socialiste dans les années 1990 qui tangue fortement actuellement et de vrais patriotes républicains français ne peuvent que s’en réjouir. Dès lors saluons les peuples africains en lutte, et, dans leurs rangs, les forces communistes et marxistes qui sont indispensables pour mener à son terme la poussée anti-impérialiste en cours
L’avenir dira si la Francophonie mondiale coulera définitivement suite au rejet africain de l’ordre néo-colonial, ou si les peuples africains francophones, dont l’élan culturel et économique est par ailleurs remarquable, traiteront le français, dont la France oligarchique ne veut plus, comme un atout stratégique et comme un « butin de guerre » (Kateb Yacine) à mobiliser face à l’impérialisme américain et à son hégémonisme culturel globalitaire.
En fin de compte, face à un pouvoir euro-macroniste ultra-réactionnaire qui achève de tout détruire dans notre pays (industrie, agriculture, services publics, protection sociale, langue, voire défense « nationale » dissoute dans l’OTAN…), et qui s’évertue même à prendre la tête du bellicisme occidental en Ukraine, l’émancipation de l’Afrique est une bonne nouvelle pour les travailleurs de France et pour tout vrai patriote français ; en effet, comme disait Engels, « un peuple qui en opprime d’autres ne saurait être libre ».
01 décembre 2024 – Paris
Par Georges Gastaud (responsable du secteur études et perspectives du PRCF) et Boris Differ (responsable de la commission internationale du PRCF)
Avec l’appui de Fadi Kassem, secrétaire national du PRCF
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