« Nous combattons en Corée pour notre sécurité et notre survie. Nous nous sommes engagés pour la justice et la paix, mandatés par l’ONU. Nous tiendrons cet engagement. » ; « Depuis 1954, chaque président américain a offert son soutien au peuple du Sud-Vietnam […] Abandonner le Vietnam à son destin ébranlerait la confiance de tous ces peuples dans la valeur d’un engagement américain et dans la valeur de la parole de l’Amérique. » ; « Nous mettrons à bas l’appareil terroriste et nous vous aiderons à construire un nouvel Irak prospère et libre. […] Les États-Unis et d’autres pays vont travailler à faire avancer la cause de la liberté et de la paix dans la région. »
Qui n’a jamais entendu ces contes pour enfants narrés à satiété à la télévision, dans les livres d’« histoire » du secondaire ou par des politiques tout acquis à l’atlantisme, au point d’en accepter la dépendance servile à l’instar de Nicolas Sarkozy qui réintégra la France dans le commandement militaire de l’OTAN en avril 2009 ? Que ce soit Harry Truman lors de la guerre de Corée, Lyndon Johnson le 7 avril 1965 ou encore Georges W. Bush le 17 mars 2003, les États-Unis aiment se présenter comme les « défenseurs du monde libre », défendant la démocratie, la paix et la justice, respectant la souveraineté des peuples (à commencer par celle de leurs alliés) et promouvant le « Bien » dans le monde entier. Ne doutons pas que les Coréens qui reçurent plus de 450.000 tonnes de bombes sur leurs têtes, les Vietnamiens qui découvrirent la lumière magique du napalm ou encore les Irakiens qui ont vu leur pays littéralement pulvérisé par les « libérateurs » apprécieront cette vision de l’histoire… Mais c’est bien connu, on n’est jamais mieux trahi que par les siens, comme l’illustre cette interview donnée le 16 février 2018 à la chaîne Fox News1.
Quand l’ancien directeur de la CIA avoue…
Connaissez-vous James Woolsey ? Probablement pas. Il s’agit pourtant de l’ancien directeur de la CIA de 1993 à 1995, qui a par la suite dirigé la Freedom House en 2003 (tiens, la même année que l’attaque en Irak pour « répandre la démocratie »…) et entraîné les troupes de subversion chargées de renverser le président Slobodan Milosevic en Serbie. James Woolsey était invité vendredi 16 février dernier à une interview sur Fox News pour répondre sur la question de l’ingérence russe dans les élections – et ainsi poursuivre les diatribes antirusses classiques –, et le moins que l’on puisse dire est que l’ancien directeur de la CIA n’a pas eu sa langue dans sa poche concernant l’attitude… des États-Unis. Jugez plutôt :
– Laura Ingraham (journaliste) : « Avons-nous déjà essayé de nous immiscer dans les élections d’autres pays ? »
– James Woolsey : « Oh probablement, mais c’était pour le bien du système, pour éviter que les communistes ne prennent le contrôle, par exemple en Europe en 1947, 1948, 1949, les Grecs, les Italiens, nous, la CIA… »
– Laura Ingraham : « Mais nous ne nous amusons1 plus à intervenir dans les élections des autres, James ? ».
– James Woolsey : « Eh bien… [éclats de rire dans la salle]. Uniquement pour une bonne cause. »
– Laura Ingraham [hilare] : « Est-ce que vous pouvez en faire une vidéo Vine ? »
– James Woolsey : « Uniquement pour une très bonne cause dans l’intérêt de la démocratie. »
Nous voici soulagés ! Au cas où nous aurions douté – au point d’être complotistes ?… –, James Woolsey rassure son monde : oui, les États-Unis pratiquent l’ingérence – violant ainsi allègrement l’article 2 paragraphe 7 de la charte des Nations Unies qui affirme sans nuance : « Aucune disposition de la présente charte n’autorise les Nations Unies à intervenir dans les affaires qui relèvent essentiellement de la compétence nationale d’un État » ; or jusqu’à preuve du contraire, le système électoral d’un pays relève de sa propre compétence – dans le monde entier, y compris au sein des pays alliés. Sans même parler des nombreuses révélations apportées par Edward Snowden – désormais considéré comme « terroriste » par les États-Unis –, que l’on se souvienne des affaires d’écoute de la part de la CIA et de la NSA à l’encontre d’Angela Merkel2 ou de l’espionnage de la NSA envers Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Hollande3 ; que l’on se souvienne également des craintes de Georges H. Bush, alors vice-président américain de Ronald Reagan, lorsqu’il s’inquiéta de l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand du fait de la présence de ministres communistes dans les gouvernements Mauroy ; ou encore d’Irving Brown, responsable de la CIA qui créa Force ouvrière (FO) en 1947 pour casser le poids de la CGT dans la classe ouvrière et contenir la montée en puissance du communisme en France4.
Alors que l’hystérie s’empare du complexe médiatico-industriel – CMI, l’autre versant du complexe militaro-industriel auquel est traditionnellement accolé l’acronyme – occidental au sujet de la soi-disant ingérence russe dans l’élection de Donald Trump, il convient de rappeler que le pays qui pratique l’ingérence sans scrupules ni complexes, ce sont bel et bien les États-Unis. Des coups d’État ayant renversé Mossadegh en Iran (août 1953), Arbenz au Guatemala (juin 1954), Allende au Chili (11 septembre 1973) – quand bien même ces hommes avaient été nommés ou élus légalement – aux tentatives de coups d’État à l’encontre de Fidel Castro et Hugo Chavez ; des guerres au nom de la « liberté » et de la « démocratie » en Corée, au Vietnam ou en Irak aux ingérences dans les élections pour contrer le communisme pendant la guerre froide et à la vassalisation financière pour lutter contre le « péril rouge » – ce fut notamment le cas de Frank Carlucci au moment de la Révolution des Œillets au Portugal en 1974-1975 – ; du soutien aux dictatures militaires et aux régimes autocratiques en Amérique latine (Pinochet, Stroessner au Paraguay, Videla en Argentine, Somoza au Nicaragua, Batista à Cuba, Noriega au Panama…), en Asie (Syngman Rhee et la dynastie Park en Corée du Sud, etc.), en Afrique (Mobutu au Zaïre, apartheid…) à la formation des futurs dictateurs militaires au sein de l’École militaire des Amériques (à l’image du dictateur bolivien Hugo Banzer), les États-Unis n’ont jamais lésiné sur les moyens pour parvenir à leurs fins et s’ingérer dans les affaires de tous les pays du monde. Heureusement que l’on ne compte pas le nombre de victimes des actions américaines et que nous ne proposons par un Livre noir de la CIA dont la rédaction nécessiterait probablement une (longue) vie entière pour énumérer la liste des crimes et massacres commis – comment d’ailleurs ne pas signaler le soutien au dictateur indonésien Suharto qui procéda à un véritable génocide envers les communistes à partir du 30 septembre 1965, débouchant sur la mort de plus d’un million de personnes ?…
Avec le PRCF, rompons avec l’impérialisme !
Face à cela, une seule alternative : SORTIR DE L’OTAN !!! N’importe quel communiste doit adhérer à cet objectif pour en finir avec l’asservissement envers Washington et tous les criminels de guerre qui s’y trouvent ; rappelons d’ailleurs à ce sujet que les États-Unis n’ont toujours pas ratifié le statut de Rome de juillet 1998 donnant naissance à la Cour pénale internationale (CPI) en mesure de pourchasser les criminels de guerre, dont la liste impliquant des sujets américains – sans compter tous leurs alliés… – serait sacrément longue à dresser : il est tellement plus facile de juger un Milosevic qu’un Bush ou un Netanyahou !
Parce que le PRCF poursuit le combat de la Résistance pour la souveraineté, la liberté, l’indépendance, la paix et la coopération internationale et fraternelle des peuples, parce que le PRCF milite pour une rupture totale et définitive avec l’impérialisme, le capitalisme et tous leurs instruments d’asservissement à commencer par l’UE, parce que les QUATRE SORTIES DE L’EURO, DE L’UE, DE L’OTAN ET DU CAPITALISME sont les conditions indispensables pour construire le socialisme, rejoignez le PRCF contre l’idéologie capitaliste-impérialiste-atlantiste, cette CIA qui menace de détruire le monde !
La mise au pas des cerveaux…
Ainsi va l’« Empire bienveillant », expression employée par le néoconservateur Robert Kagan en 1998 pour qualifier l’attitude des Etats-Unis. Empire, assurément ; bienveillant, oui… pour leurs seuls intérêts et ceux de leurs alliés capitalistes, impérialistes et atlantistes, cette idéologie CIA qui débouche sur la vassalisation à Washington et l’ordre mondial américain. Mais pensez-vous qu’un seul grand média français ait relayé cette interview de James Woolsey sur son site internet, à la télévision, à la radio ? Ne rêvez pas ! Faites une recherche sur Google, et vous ne trouverez pratiquement aucun lien, si ce n’est de la part de RT France1… accusé d’être à la solde de la Russie et surtout complotiste car véhiculant des fake news, à l’instar de ce qu’affirme l’« historienne » et « politologue » Cécile Vaissié, « spécialiste » de la Russie et de soviétologie – on épargnera à nos lecteurs ses analyses de la Révolution d’Octobre 1917… – et qui s’épand très souvent sur le site Atlantico2. C’est que la mise au pas du CMI, bien entamée du fait de la possession de plus de 90% des médias par 9 milliardaires – en France est « En Marche Avant », Jupiter promettant de faire la chasse aux « fausses nouvelles » et de cibler les sites complotistes : nul doute que nous aurons le droit à son traitement privilégié…
Cette entreprise de mise au pas est concomitante de la destruction programmée de l’Education nationale, non seulement dans son fonctionnement même en tant que service public mais également dans sa raison d’être fondamentale, celle d’éveiller l’esprit critique et la curiosité intellectuelle pour laisser place à un gloubi-boulga s’appuyant sur de pseudo-sciences sociales – celles-là mêmes qui dénoncent le marxisme, le léninisme, le structuralisme de Lévi-Strauss, Bourdieu et Braudel – afin de laver un cerveau habitué à la « mondialisation heureuse » chère à Alain Minc, au « destin européen », à l’« immortel » capitalisme… et bien entendu à la « bonté » des Etats-Unis d’Amérique. Pourtant, la véritable menace pour la paix mondiale, pour la souveraineté et la liberté des peuples, le véritable « Etat-voyou »3 ce sont les Etats-Unis – en témoigne l’appel de Donald Trump à utiliser « le feu et la fureur » contre la Corée du Nord, tout en étant prêt à « exterminer » le pays, secondés par leurs valets et laquais, que ce soient les « démocraties libérales occidentales », les dictatures, les théocraties comme l’Arabie saoudite ou Israël – malgré le combat de nombreuses forces laïques et progressistes – ou encore les régimes militaires comme l’Egypte, le Pakistan – également un véritable régime théocratique – ou la Birmanie. Curieusement, le souci de défense de la démocratie et des libertés s’arrête aux portes de la Pologne où un gouvernement ouvertement antisémite, anticommuniste et antidémocratique est en place4, de l’Ukraine où les néonazis défilent dans les rues5, ou dans les pays baltes où paradent les anciens bataillons de Waffen-SS6…
En réalité, pour paraphraser Mirabeau, les Etats-Unis ne sont pas un pays qui a une armée, ce sont une armée qui a un pays, une armée au service des intérêts capitalistes qui sont promus sous couvert de la « défense du monde libre ». Déjà en 1961, alors que Dwight David Eisenhower achevait son deuxième mandat à la tête des Etats-Unis, ce dernier déclara en janvier : « Cette conjonction d’une immense institution militaire et d’une grande industrie de l’armement est nouvelle dans l’expérience américaine. Son influence totale, économique, politique, spirituelle même, est ressentie dans chaque ville […] dans chaque bureau du gouvernement fédéral. Nous reconnaissons le besoin impératif de ce développement. Mais nous ne devons pas manquer de comprendre ses graves implications. Notre travail, nos ressources, nos moyens d’existence sont impliqués ; il en va de la structure même de notre société. Dans les assemblées du gouvernement, nous devons donc nous garder de toute influence injustifiée, qu’elle ait ou non été sollicitée, de la part du complexe militaro-industriel. […] Nous ne devons jamais laisser le poids de cette combinaison mettre en danger nos libertés et nos processus démocratiques ». Et nous sommes tentés d’ajouter : dans le monde entier ! 57 ans plus tard, Donald Trump propose plus de 700 milliards de dollars de dépenses militaires – prenant ainsi le risque de creuser le déficit de plus de 7.000 milliards de dollars sur 10 ans : bonjour les gentils alliés de l’OTAN et partenaires commerciaux pour absorber les déficits ! – et le budget militaire représente près de 3,5% de la richesse nationale7…
FK pour www.initiative-communiste.fr
1 Remarquons comment la « journaliste » qualifie l’attitude des Etats-Unis d’Amérique quant à l’ingérence dans les affaires intérieures d’un pays…
2 Voir le lien suivant : http://www.lemonde.fr/pixels/article/2015/07/01/en-allemagne-la-nsa-a-surveille-les-communications-de-merkel-et-de-nombreux-ministres_4666535_4408996.html
3 Voir le lien suivant : http://www.lemonde.fr/pixels/article/2015/06/23/trois-presidents-francais-espionnes-par-les-etats-unis_4660295_4408996.html Le Monde est-il un journal complotiste révélant des fake news ?…
4 Voir à ce sujet l’excellent – et instructif ! – documentaire Mafia et République, Aux services de la France (1945-1975), diffusé sur Arte le 7 février 2017 et disponible au lien suivant : https://www.youtube.com/watch?v=frLCCtd6jrE Il est d’ailleurs vivement conseillé de regarder le premier et le dernier épisode de ce documentaire qui a été diffusé par Arte pour découvrir les liens tendant à la consanguinité entre « République », forces politiques anticommunistes, capitalisme, CIA et mafia : Arte serait-elle donc une chaîne complotiste qui véhicule des fake news ?…
1 Voir le lien suivant : https://francais.rt.com/international/48174-cia-ingerence-etats-unis
2 Voir le lien suivant : https://www.franceculture.fr/medias/la-chaine-rt-est-un-outil-de-propagande-de-l-etat-russe
3 Voir l’article de Noam Chomsky publié en août 2000 dans le Monde diplomatique : https://www.monde-diplomatique.fr/2000/08/CHOMSKY/1930
4 Voir les liens suivants : https://www.i24news.tv/fr/actu/international/europe/159955-171111-la-plus-grande-manifestation-d-extreme-droite-au-monde-organisee-a-varsovie ; https://www.investigaction.net/fr/a-paris-en-soutien-aux-communistes-polonais-au-nom-de-linternationalisme-proletarien/
5 Voir le lien suivant : https://histoireetsociete.wordpress.com/2018/02/18/les-neo-nazis-patrouillent-dans-les-rues-de-lukraine-pour-deja-y-remplacer-la-police/
Le livre « Le livre noir de la CIA » existe, par Yvonnick Denoël, aux Editions NM http://www.nouveau-monde.net/livre/?GCOI=84736100839520&