« Donner le prix Nobel à Liu Xiaobo c’est beaucoup de bruit pour presque rien », a écrit Zheng Ruolin, journaliste chinois résidant en France, dans un article publié jeudi dans le quotidien français « Le Monde », estimant que la remise du prix Nobel de la paix à Liu Xiaobo ne contribuerait ni au progrès de la société chinoise ni à la paix mondiale.
Dans cet article intitulé « Un Nobel qui ne reflète pas l’opinion », il a rappelé que Liu a été condamné par la justice chinoise pour tentative de « subversion de l’Etat », ce qui est tout à fait différent de « la version occidentale » selon laquelle Liu a été privé de liberté pour la seule raison de sa différente opinion politique du gouvernement chinois.
Ce « défenseur de démocratie » a même réaffirmé à plusieurs reprises qu’il faudrait que « la Chine soit colonisée pendant trois cents ans pour devenir une démocratie », a rappelé M. Zheng.
« Le choc provoqué par cette formule révélatrice de sa pensée profonde fut inimaginable dans un pays qui, dans les années 1980, n’avait même pas encore achevé la décolonisation de l’intégralité de son territoire », a-t-il poursuivi.
L’autre position choquante prise par le lauréat du prix Nobel de la paix mais oubliée par le public occidental, c’est qu’il soutenait l’invasion de l’Irak par le gouvernement Bush, « invasion désapprouvée et condamnée par la majeure partie de l’opinion mondiale, y compris celle des Chinois, et par de nombreux gouvernements, dont ceux de Paris et de Pékin ». »Quel lien logique est-il possible de trouver entre le prix Nobel de la paix et le soutien de son plus récent lauréat à cette guerre illégale ? » a demandé l’auteur de l’article.
En outre, ce que prône le lauréat du prix Nobel ne répond pas vraiment aux préoccupations des centaines de millions de Chinois ordinaires qui sont plus préoccupés aujourd’hui « par la corruption ou le développement criant des inégalités dans lequel plonge peu à peu le pays », a souligné M. Zheng.
« Les droits de l’homme, pour un pays comme la Chine, ce sont d’abord l’égalité des chances, la liberté d’accès à un certain nombre de services élémentaires (éducation, droit aux soins, droit au logement) et une justice réellement équitable. S’il existe des valeurs +universelles+, chaque pays, chaque nation a ses propres façons de les interpréter et de les appliquer », a-t-il argumenté, ajoutant que le même critère s’applique aussi à la liberté d’ expression que « chaque nation la conçoit dans le cadre de ses lois « .
« Pour beaucoup de Chinois qui luttent quotidiennement pour le progrès de la condition humaine dans leur pays, donner ce prix à Liu Xiaobo c’est faire beaucoup de bruit pour… rien ! Oh pardon : pour presque rien« , a conclu M. Zheng.