Les élections générales québécoises du 4 septembre 2012 ont été marquées par la défaite du Parti Libéral au pouvoir depuis 9 ans et la victoire du Parti Québécois. Ce fût une victoire serrée, car le PQ a remporté 54 sièges à l’Assemblée Nationale sur 125 et le PLQ a en eu 50. Le prochain gouvernement sera donc minoritaire et devra composer avec les partis d’opposition pour mettre en place ses politiques. Il y a donc une forte possibilité d’élections d’ici deux ans.
La campagne électorale a été déclenchée après des mois de luttes étudiante et populaire contre le gouvernement corrompu de Jean Charest qui avait décidé de hausser d’une manière astronomique, 1625$ sur 5 ans, les frais de scolarité à l’université, en plus de nombreuses autres mesures d’austérité mises en place depuis des années. Il y avait donc un mécontentement profond envers le gouvernement libéral et les multiples manifestations des derniers mois ont rassemblé des centaines de milliers de personnes dans les rues, évoquant pour nombre d’observateurs un printemps québécois, à l’image du printemps arabe de 2011. Sans compter tous les scandales de corruption qui sont sortis sur la place publique, obligeant des ministres libéraux à démissionner.
Le Parti Québécois a été incapable de capitaliser suffisamment sur ce mouvement pour obtenir une forte majorité lors des élections. Quand ce parti était au pouvoir entre 1994 et 2003, il a mis en oeuvre des politiques de coupures dans les programmes sociaux et d’austérité budgétaire au nom de l’obtention du déficit zéro. Pour bon nombre de travailleurs et de travailleuses le PQ et le PLQ c’est bonnet blanc et blanc bonnet. La seule chose qui distingue réellement les deux partis c’est la question nationale, et là encore le PQ cultive une certaine ambiguïté et ne démontre pas de réelle volonté de mener le peuple québécois à l’émancipation nationale.
La Coalition Avenir Québec (CAQ), le principal représentant de la droite populiste style Sarkozy, est arrivée en troisième place avec 19 députés élus. Ce parti promettait de « faire le ménage », un langage codé pour dire une avalanche de coupures dans les programmes sociaux et les acquis gagnés de haute lutte par la classe ouvrière. Le parti de gauche Québec Solidaire, similaire au Front de Gauche de Jean-Luc Mélenchon, a fait élire ses deux porte-parole, Amir Khadir et Françoise David, en promettant entre autres choses la gratuité scolaire à tous les niveaux de la maternelle à l’université et le renforcement des programmes sociaux. Le nouveau parti indépendantiste Option Nationale qui a un discours clair et résolu sur la question nationale et qui met de l’avant des mesures progressistes au niveau social et économique comme la nationalisation des ressources naturelles et la gratuité scolaire, n’a pas réussi à entrer à l’Assemblée Nationale, malgré la campagne acharnée de son chef, Jean-Martin Aussant, pour obtenir un autre mandat. Il avait été député du PQ entre 2008 et 2011 et avait quitté ce parti, notamment à cause de son manque de ferveur indépendantiste. ON a quand même obtenu 2% des suffrages, malgré un silence presque complet des médias bourgeois de masse.
La victoire électorale du PQ a été assombrie par un évènement tragique. Le soir des élections, alors que bon nombre de militant-es péquistes étaient rassemblé-es dans une salle de spectacle du centre-ville de Montréal, le Métropolis, un anglophone extrémiste a tenté de pénétrer par l’arrière dans la salle et a tiré des coups de feu, tuant un technicien. Il voulait assassiner Pauline Marois, la chef du PQ et nouvelle première ministre du Québec, et a même tenté de mettre le feu au Métropolis, ce qui aurait pu avoir des conséquences extrêmement graves. Il a été immédiatement arrêté et a crié « les Anglais se réveillent » alors que les policiers l’emmenait au poste de police. Tout porte à croire jusqu’à maintenant qu’il a agi seul et qu’il souffrirait de problèmes mentaux.
Avec son mandat minoritaire le PQ aura très peu de marge de manoeuvre pour avancer son programme sur la question nationale, qui est déjà timide. Il s’est engagé à annuler la hausse des frais de scolarité à l’université et à abolir la loi 78 qui restreignant le droit de manifester pour les étudiant-es et donnait des pouvoirs répressifs accrus à la police. La lutte pour l’indépendance nationale du Québecet la défense de la langue française est donc loin d’arriver à son terme et reste plus que jamais d’actualité. Nous devrons aussi rester vigilants face aux politiques du Parti Québécois qui cherchera sans aucun doute à nous faire payer à sa façon la crise économique et sociale du système capitaliste.
Pour un Québec indépendant, francophone et socialiste!
Philippe Valois