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www.initiative-communiste.fr vous propose de retrouver gratuitement l’entretien accordé à Initiative Communiste par la camarade Marie Nassif-Debs, Secrétaire générale adjointe du Parti Communiste Libanais et responsable des questions de politique internationale et publié dans le numéro 154 d’Initiative Communiste de mars 2015 !
Articuler mouvement ouvrier et lutte patriotique
Entretien avec Marie Nassif-Debs, Secrétaire générale adjointe du Parti Communiste Libanais et responsable des questions de politique internationale :
IC : Pour le Liban quelles sont les conséquences de l’agression impérialiste en Syrie et l’intervention de Daesh ?
M N-D: Le Liban moderne, né de la lutte pour l’indépendance face au Mandat français, est coincé entre la Méditerranée à l’ouest, la Palestine au sud et la Syrie au nord et à l’est. La politique syrienne a donc toujours beaucoup pesé sur lui, surtout depuis la fin des années cinquante. La dernière grande guerre civile libanaise a accentué cela, surtout après la Conférence de Riad (1976) qui créa, avec l’accord des USA et sous l’égide de l’Arabie saoudite, « La Force de frappe arabe », constituée surtout de forces syriennes qui firent pendant vingt-huit ans la pluie et le beau temps dans notre pays.
Après les soulèvements arabes, la réaction arabe, sous l’égide de l’impérialisme, a fomenté la guerre en Syrie, profitant de la répression exercée par le régime bassiste. Le régime libanais, divisé entre pro-saoudiens et pro-syro-iraniens, affaibli par des divisions entre Sunnites et Chiites, constituait la brèche par laquelle les forces impérialistes et terroristes pouvaient s’introduire pour déstabiliser la Syrie. Sans compter Israël, qui n’a toujours pas digéré ses défaites face à une Résistance populaire, communiste puis islamique, qui l’a obligé à un retrait forcé…
Le Liban est donc en guerre déclarée contre Daesh et An-Nosra qui occupent une partie de sa frontière-est, et en guerre tacite dans plusieurs régions, surtout au nord et dans la Békaa, face à des cellules terroristes implantées parmi les centaines de milliers de réfugiés syriens, entrainées en Turquie, supervisées par l’OTAN, et financées par les régimes réactionnaires arabes, malgré la création de la soi-disant « Coalition anti Daesh ». Ils croient pouvoir les utiliser contre l’Iran…
Le Liban ne peut s’en sortir que par une Intifada qui poserait les fondements d’un Etat laïque, vraiment démocratique, et refusant toute ingérence impérialiste – alliant ainsi lutte sociale et lutte patriotique. C’est ce que le PC tente de faire, tant par les luttes de classe à l’intérieur que par le renforcement du « Forum de la gauche arabe » qu’il a créé en octobre 2010 et dont il coordonne les activités.
IC : Les forces progressistes du Proche-Orient parviennent-elles à coordonner les analyses, sinon les actions ?
N-D : Le Forum rassemble 28 partis dans 11 pays, et a un programme de lutte dont le point de départ est la nécessité de créer « Un nouveau mouvement de libération nationale arabe vers un horizon socialiste ». Les luttes que les partis affiliés au Forum mènent depuis plus de quatre ans, en Tunisie, en Egypte, au Koweit ou au Liban, vont dans ce sens. Des fronts politiques avec une partie du mouvement syndical et des organisations de jeunes et de femmes se sont créés dans plusieurs pays, avec des programmes de libération sociale et nationale.
C’est un très bon début : le renouveau du peuple de la gauche, avec les Communistes (même si quelques partis communistes sont encore réticents) peut servir de catalyseur tant face au projet impérialiste du « Nouveau Moyen Orient » qu’à celui dit « Israël, Etat des Juifs dans le monde », qui veulent diviser nos pays en mini-Etats confessionnels qui s’entretuent, pour continuer à piller nos richesses pétrolières et gazières. Israël veut aussi un nouveau transfert du peuple palestinien, élargir ses frontières vers le Sud Liban et Gaza, dont les eaux sont riches en pétrole et en gaz…
Les appels lancés, à la suite de l’attentat contre l’épicerie de la Porte de Vincennes, aux Juifs français (qui doivent être plus Français que Juifs) d’intégrer Israël afin « d’assurer leur sécurité », sont des incitations à aller dans un pays qui n’est pas le leur pour prendre la place d’un peuple chassé par l’impérialisme et le sionisme. Le peuple français doit le refuser, comme à la marginalisation des français musulmans ou des fils d’émigrés de pays arabes.
La lutte n’est pas égale, surtout depuis la fin de l’Union soviétique. Mais il faut la mener pour mettre en échec les forces réactionnaires, dont Daesh est l’avant-garde. Nous devons élargir le Forum et créer une large audience de tous ceux qui veulet en finir avec la réaction, la dictature, et mettre au point un programme socio-économique de progrès social.
IC : Comment le PCL et nous Communistes de France pouvons-nous approfondir la coordination entre nos organisations ?
N-D : La lutte contre le capitalisme sauvage et pour une société sans classes où règne l’égalité est ce qui unit les Communistes de la planète. Nous croyons à la création d’une nouvelle Internationale, différente de ce que le mouvement communiste a vécu, un mouvement démocratique qui mettrait au point un programme de luttes communes unifiant la classe ouvrière internationale et tous ceux qui sont lésés par l’exploitation capitaliste, et qui œuvrent pour le socialisme. Sur cette base, nous pourrions créer un front anti impérialiste des mouvements de libération nationale et sociale, partant du slogan de Lénine exhortant la classe ouvrière internationale et les peuple opprimés à l’unité.
En attendant, nous devrions – je crois – être plus présents et plus solidaires sur la scène internationale. Nous pourrions préparer une campagne contre la présence de l’OTAN en Méditerranée et son rôle dans les complots contre les peuples arabes en lutte pour leur libération.
IC : Le PRCF veille à articuler lutte pour le socialisme et lutte pour la souveraineté nationale. Comment envisagez-vous la question ?
N-D : Nous ne pouvons envisager un PC qui ne soit pas à la tête du mouvement ouvrier et, en même temps, de la défense de l’indépendance et de la souveraineté patriotiques. Sinon on tomberait soit dans la social-démocratie, soit dans l’ouvriérisme.
Ainsi, nous avons créé, dans les années 30 et 40, les syndicats ouvriers, et, plus tard, en 1982, le « Front de résistance patriotique libanaise » contre l’occupation israélienne du Liban. Et nous sommes le parti qui libéra 76% du territoire libanais occupé, depuis Beyrouth et le Mont-Liban jusqu’à la Békaa ouest et une grande partie du sud. Nos Camarades martyrs dans le FRNL ou dans les luttes ouvrières et autres dessinent la carte du Liban puisqu’ils viennent de toutes les régions et de familles appartenant à toutes les confessions religieuses.