Drôle de situation à Quito. Elu avec une solide majorité pour poursuivre la révolution citoyenne à la suite de Raphael Correa et avec pour vice président G. Glas le vice président de Correa, Lenin Moreno aura eu pour priorité de nouer alliance avec son principal concurrent de droite, puis de faire jeter en prison G. Glas dont le principal tort est de rappeler le résultat des urnes, puis d’organiser un referendum express avec une multitude de questions dont la principale est d’interdire à l’ex président Correa très populaire de pouvoir se représenter.
C’est dans ce contexte que le nouveau pouvoir de Quito met la pression sur Assange – réfugié politique car dans le viseur des Etats Unis à cause des révélations de Wikileaks – pour le faire taire…
Elizabeth Cabezas a été élue à la présidence de l’Assemblée nationale d’Equateur
Le 14 mars 2018 – Source Telesur
La juriste Elisabeth Cabezas a été élue à la présidence de l’Assemblée nationale d’Equateur après que Jose Serrano a été démis de ses fonctions à cause d’un scandale de corruption
Avec 84 voix pour, 2 contre et 21 abstentions, l’Assemblée nationale d’Equateur a élu sa nouvelle présidente mercredi. Le second vice-président Carlos Bergmann a déclaré formellement Elizabeth Cabezas nouvelle présidente à la suite de la destitution de Jose Serrano, qui a eu lieu le week-end dernier.
Fernando Burbano, juriste indépendant à l’assemblée, a proposé la candidature de Cabezas, membre d’Allianza PAIS, arguant que l’Equateur a besoin d’aller au-delà des « intérêts partisans » parce que l’Assemblée est « à l’essai pour tous les Equatoriens ».
La nouvelle présidente a été élue au milieu des protestations des juristes d’Alfarista Revolution (RA), qui ont affirmé que le vote pour un nouveau président de l’assemblée est anticonstitutionnel.
Luis Molina, de la RA, a demandé de mettre une discussion sur la constitutionnalité de l’élection à l’ordre du jour, argumentant qu’en cas d’absence temporaire ou permanente du président, celui-ci devrait être remplacé par le vice-président.
Molina a déclaré que l’assemblée voulait « revenir aux années 1990 » et a demandé à ses collègues juristes d’agir selon leurs principes et de ne pas interpréter la Constitution.
Mais l’assemblée a rejeté cette motion en faveur d’un débat, ce qui a amené les juristes de la RA à quitter la session, des copies de la Constitution équatorienne à la main.
La destitution de Serrano fait suite à plusieurs accusations d’intrigues après la publication par le procureur Carlos Bacca de l’enregistrement d’une conversation entre Serrano et l’ancien vérificateur des comptes Carlos Polit, un fugitif qui fait actuellement l’objet d’une enquête pour corruption.
L’ancien président de l’assemblée a déclaré qu’il n’a parlé à Polit que pour obtenir des informations sur des affaires de corruption. Serrano, cependant, avait déjà fait pression en faveur de la destitution de l’ancien vice-président Jorge Glas en lien avec le scandale de corruption Odebrecht.
L’Equateur suspend les services de communication d’Assange à l’ambassade de Grande-Bretagne
Le 28 mars 2018 – Source Telesur
Le fondateur de WikiLeaks avait été averti par le gouvernement équatorien d’éviter de commenter les affaires d’autres pays
Le gouvernement équatorien a restreint mercredi dernier l’accès à Internet au journaliste et fondateur de WikiLeaks, Julian Assange. Celui-ci se trouve à l’ambassade d’Equateur au Royaume-Uni depuis 2012 pour avoir violé un accord sur lequel il s’était engagé de ne pas commenter les affaires d’autres pays.
« Le gouvernement équatorien a bloqué les systèmes qui permettent à Julian Assange de communiquer avec le monde extérieur depuis l’ambassade équatorienne à Londres », a déclaré le secrétaire d’Etat à la communication mercredi dans un communiqué de presse, dans lequel il affirme que la décision a commencé à être appliquée un jour plus tôt.
« La mesure a été adoptée après le non-respect par Assange de l’engagement écrit passé avec le gouvernement en décembre 2017, dans lequel il s’engageait à ne pas publier de messages impliquant une ingérence par rapport à d’autres Etats. »
Le gouvernement équatorien craint que l’utilisation des médias sociaux par Assange puisse nuire aux « bonnes relations du pays avec le Royaume-Uni, d’autres pays de l’Union européenne et d’autres nations », et a déclaré qu’il était prêt à prendre encore d’autres mesures si Assange continuait à violer son engagement.
Commentateur critique et persécuté politiquement, Assange commente habituellement les questions internationales sur son compte Twitter.
Ces derniers jours, il a critiqué la décision de l’Allemagne d’arrêter Carles Puigdemont, le leader indépendantiste catalan, au nom du gouvernement espagnol. Assange a été un partisan fervent du mouvement pour l’indépendance de la Catalogne et s’est exprimé en faveur du référendum de l’an dernier, considéré comme illégal par les autorités nationales espagnoles.
Il a également offert de témoigner au sujet de l’affaire Cambridge Analytica, après que la preuve a été faite de leur implication dans la campagne présidentielle de Donald Trump et de leur collaboration avec des groupes soutenant le « oui » lors du référendum britannique sur le Brexit.
Mais le commentaire qui pourrait être la goutte d’eau faisant déborder le vase est sa réponse à Alan Duncan, ministre d’Etat aux Affaires étrangères, qui a traité Assange de « misérable vermisseau » qui devrait sortir de l’ambassade et se livrer à la justice britannique.
Assange n’a pas pu s’empêcher de commenter et a répondu à Duncan par tweet : « En tant que prisonnier politique détenu sans inculpation depuis 8 ans, en violation de deux décisions des Nations unies, je suppose que je doive être « misérable » ; mais il n’y a pas de mal à être une « petite » personne, bien que je sois plutôt grand ; et mieux vaut être un « ver », une créature saine qui fortifie le sol, qu’un serpent. »
Kim Dotcom, ancien propriétaire de la société de partage de fichiers Megaupload, a appelé les soutiens d’Assange à se rassembler devant l’ambassade pour protester contre la décision du gouvernement équatorien.
L’ancien ministre grec des Finances Yanis Varoufakis a également appelé à exiger des autorités équatoriennes qu’elles rétablissent sa connexion internet.
Assange et les Nations unies considèrent que le fondateur de WikiLeaks est détenu arbitrairement dans l’ambassade équatorienne, une description que les autorités britanniques rejettent, disant qu’il est entré volontairement dans le bâtiment et qu’il pouvait en sortir à tout instant s’il est prêt à affronter les conséquences de ses actes.
« J’ai déjà intégralement purgé ma peine pour toute violation théorique de la « liberté sous caution » (je n’ai pas été mis en accusation pendant que j’étais en prison et assigné à résidence. Donc pourquoi y a-t-il un mandat d’arrêt contre moi ? », a-t-il écrit dans un email à Reuters.
Le mois dernier, un juge britannique a refusé de suspendre les poursuites judiciaires contre Assange pour infraction à sa mise en liberté sous caution et a déclaré qu’il était « un homme qui veut imposer ses conditions au cours de la justice ».
La police britannique a mis fin à sa garde permanente devant l’ambassade en octobre 2015 mais a dit qu’elle maintiendrait des « tactiques secrètes » pour arrêter Assange s’il partait. À l’époque, elle avait dit que 12.6 millions de livres (17.8 millions de dollars américains) avaient été dépensés pour patrouiller autour de l’ambassade.