La « justice » de classe des anticommunistes latino-américains
La vieille tradition qui sévit en Amérique latine, consistant à amnistier les criminels de guerre ayant opéré sous les dictatures militaires fascisantes – Banzer en Bolivie, Pinochet au Chili, un temps Videla en Argentine, Stroessner au Paraguay… – et pourchasser des dirigeants populaires et démocratiquement élus s’est encore confirmée ce mardi 7 avril 2020 : l’ancien président équatorien Rafael Correa, exilé en Belgique, a été condamné à 8 ans de prison par contumace par la « justice » de son pays[1], sans aucun doute sous l’impulsion de son successeur qui l’a trahi, Lenin (qui porte si mal son prénom) Moreno.
Le motif de la condamnation ? « Corruption ».
Un motif déjà avancé à l’encontre de l’ancien président Lula, jeté en prison comme un malpropre[2]avant d’être finalement libéré devant l’absence évidente de preuves[3]. Un motif sans cesse rebattu par les forces capitalistes atlantistes et fascisantes/fascistes sévissant en Amérique latine, avec la complicité des États-Unis ayant, conformément à la politique du « Big Stick » (Gros bâton) théorisée en 1904 par Theodor Roosevelt – et déjà pratiquée avant –, fait de l’Amérique latine une chasse gardée avec pour bases-arrière le Costa Rica, Panama, la Colombie, etc.
Les véritables « crimes » des régimes progressistes et bolivariens
Bien entendu, le prétexte de la « corruption » ne fait d’illusion aux yeux de personnes… sauf des aficionados nostalgiques des régimes militaires ayant ensanglanté l’Amérique latine, à l’image du fasciste Bolsonaro furieux de la remise en liberté de Lula, « favorable à une dictature ! » car« Nous ne réglerons jamais les problèmes de la nation avec cette démocratie irresponsable ! »[4] et regrettant que « l’erreur de la dictature fut de torturer, et non de tuer »[5]. Il cache évidemment d’autres griefs autrement plus graves pour le troupeau de réactionnaires fascisants cherchant à s’emparer du pouvoir coûte que coûte.
Que ce soient Hugo Chavez et Nicolas Maduro au Venezuela, Evo Morales en Bolivie, Rafael Correa en Équateur, Daniel Ortgea au Nicaragua, Manuel Zelaya au Honduras, Fernando Lugo au Paraguay, Fidel Castro et ses successeurs à Cuba, et par le passé Jacobo Arbenz au Guatemala ou Salvador Allende au Chili, tous ont le point commun d’avoir œuvré contre la pauvreté, les injustices sociales… mais aussi les forces capitalistes, fascistes et atlantistes menaçant de transformer le sous-continent en colonie états-unienne à part entière. Le nom de ces crimes ? Réformes agraires, nationalisations (des énergies notamment), spectaculaire baisse de la pauvreté, mise en place de systèmes de santé, d’éducation et de transports publics, lutte contre la faim, reconnaissance des droits pour les populations indiennes et pour la Pachamama (Mère Terre) en 2010 à Cochabamba (Bolivie)[6]… et même inscription par Correa en 2008 de la souveraineté alimentaire au sein de la constitution largement plébiscitée par la population[7].
Une haine de classe sans limites
C’en est trop pour les forces atlantistes, capitalistes et fascistes d’Amérique latine qui, bien aidées par la CIA, imaginent tous les stratagèmes possibles pour en finir avec des dirigeants osant donner des droits et du pouvoir aux classes populaires : coups d’État militaires réussissant (Guatemala en 1954, Chili en 1973, Honduras en 2009) ou non (Venezuela en 2002, Équateur en 2010) ; « destitutions constitutionnelles » (de fait, des coups d’État déguisés) au Paraguay (2012), au Brésil (2016), en Bolivie (2019), même si cela ne marche pas à tous les coups comme au Venezuela où le pantin Guaido doit compter sur le bellicisme de l’impérialisme yankee[8] ; et bien entendu poursuites judiciaires contre les « corrompus » Lula, Correa et consorts. Car l’objectif est clair pour les illuminés néolibéraux latino-américains : éradiquer les conquêtes sociales et démocratiques, à l’image de Moreno en Équateur qui a tout « détruit en deux ans »[9] ; et pour cela, à l’égal du régime de Vichy pendant la Deuxième Guerre mondiale, juger les « coupables » en les accablant de tous les maux/mots. Pourtant, les néolibéraux au pouvoir se heurtent à la terrible réalité : le rejet franc et massif de leur politique de destruction des services publics, des droits obtenus par les populations et même de la démocratie et de la souveraineté des peuples ; un rejet qui s’est clairement exprimé ces derniers mois à l’encontre de l’ancien président Maurizio Macri (il n’y pas de coïncidence en politique !) en Argentine[10], de Sebastian Pinera au Chili[11], d’Ivan Duque en Colombie[12]… et de Moreno en Équateur[13].
Soutien aux progressistes et socialistes d’Amérique latine !
Rafael Correa ne s’y est pas trompé au moment du verdict, dénonçant la manipulation de « la justice pour réaliser ce qu’ils n’ont jamais pu faire dans les urnes » et indiquant qu’« ils n’ont absolument RIEN prouvé. Témoignage complètement faux, sans preuves » ; en somme, un « mensonge », une « pitrerie »[14] de plus pour les tenants de la haine du genre humain.
🔴🔴🔴Por favor, difunde.
— Rafael Correa (@MashiRafael) April 8, 2020
Mi gratitud a todos por su cariño y apoyo ante la canallada que enfrentamos.
La prioridad ahora es cuidar la vida y la Patria frente a esta tragedia que vivimos.
El resto vendrá después.
Un inmenso abrazo. pic.twitter.com/M69Yw8h46L
Car pendant que les États-Unis, aidés par l’UE, partent en guerre contre Maduro et empêchent le Venezuela de recevoir une aide du FMI pour lutter contre le coronavirus[15], pendant que la « justice » équatorienne ne trouve rien de mieux que de juger les partisans de Correa et l’ancien président populaire lui-même, pendant que les morts s’accumulent aux États-Unis – notamment parmi les populations afro-américaines[16] – et en Europe et que les hommes au pouvoir, Trump et Macron en tête, sont impuissants face au coronavirus et n’ont pas de stratégie nationale[17], pendant que Bolsonaro accorde la priorité à la « vie économique » (comme Macron/Philippe, leurs laquais et le MEDEF[18]) sur la santé des populations au Brésil[19], Cuba socialiste, la Chine et le Vietnam populaires, le Venezuela bolivarien proposent leur aide aux pays capitalistes néolibéraux aux abois en envoyant du matériel médical, des médecins…[20]au « Point » de susciter l’ire des médias aux ordres animés d’un anticommunisme farouche[21].
Plus que jamais, face à l’impérialisme belliciste, au capitalisme néolibéral en pleine décomposition, à l’illuminée UE et ses « critères de Maastricht » dogmatiques et imbéciles, au patronat plus préoccupé par le fait de « produire coûte que coûte », aux gouvernements servant avec zèle le Capital et animés par des fascisants ou fascistes comme Macron, Trump, Moreno, Duque ou Bolsonaro, apportons notre soutien total aux forces progressistes et socialistes qui mènent le combat pour la vie humaine, contre le camp de la mort capitaliste, impérialiste, atlantiste et européiste. Et face au jugement inique frappant Rafael Correa, ouvrons l’œil pour s’opposer à toute tentative d’extradition à laquelle pourrait céder le gouvernement belge !
[2]https://www.france24.com/fr/20190206-bresil-ex-president-lula-condamne-prison-douze-ans-corruption
[6] Carlos Walter Porto-Gonçalves, « Décoloniser : l’esprit de Cochabamba »,Revue Projet, 2010/5, n°318, p. 52-59.
[9]https://www.monde-diplomatique.fr/2019/11/CORREA/60918
[10]http://www.rfi.fr/fr/ameriques/20190918-argentine-une-dette-100-milliards-euros-le-fmi-banc-accuses
[11]https://www.france24.com/fr/20191115-reporters-chili-revolte-revolution-manifestations-pinera-pinochet-santiago-plaza-italia; https://www.liberation.fr/planete/2019/10/26/le-chili-en-revolte_1759810
[13]https://reporterre.net/Equateur-un-pays-revolte-par-le-retour-du-FMI-dans-la-politique
[16]https://fr.news.yahoo.com/coronavirus-semble-frapper-démesurément-noirs-etats-unis-160859522.html