88% de participation, le parti islamiste d’Erdogan à 50% des voix et qui obtient la majorité absolue à l’Assemblée Nationale, le HDP pro-Kurde à 10% ce qui signifie une baisse de 5% de son électorat et de 20 sièges à l’Assemblée.
Les résultats des élections turques sont sans appel, même si c’est à l’aide de méthodes scandaleuses et sanglantes, qui relèvent de la stratégie typiquement fasciste dite « de la tension », l’AKP et Erdogan ont gagné.
Quelle leçon en tirer ?
La stratégie de la tension d’Erdogan à payé. L’attentat-massacre d’Ankara qui a tué plus de cent citoyens progressistes qui manifestaient pacifiquement pour la paix civile en Turquie a semé la peur dans l’électorat turc à qui il a semblé que la stabilité et l’ordre s’incarnaient mieux avec Erdogan qu’avec son opposition alors même que le pouvoir est des plus suspects dans ce massacre. D’autant plus que les quelques médias qui avaient émis des doutes sur la responsabilité du pouvoir ont été démocratiquement interdits sans que cela suscite les hauts cris de BHL et Cie. Bien au contraire, le « socialiste internationaliste » Hollande a aidé Erdogan en lui laissant organiser un meeting haineux sur le sol français, à Strasbourg, où cet individu a assimilé la lutte patriotique des Kurdes au terrorisme pseudo-religieux encouragé par Ankara non sans avoir séparé les femmes et les hommes pour le meeting….
Erdogan a su également s’identifier à l’unité nationale de la Turquie menacée selon lui et l’AKP par les Kurdes et l’HDP, vitrine politique du PKK « terroriste ».
La Turquie n’est pas Istanbul et sa petit-bourgeoisie occidentalisée. La masse du pays est paysanne, influencée par l’islamisme plus ou moins radical et qui identifie l’AKP au nationalisme et à l’islamisation contre l’héritage laïque du kémalisme, laïcité identifiée à une armée fascisante qui prétendit défendre l’héritage de Kemal.
Le positionnement ambigu de l’opposition a pu aussi conforter le sentiment des Turcs en faveur d’Erdogan dans la mesure où l’HDP n’excluait pas une gouvernement de coalition avec l’AKP….
Pourtant cette victoire ne règle rien.
Car Erdogan n’est pas le défenseur de l’indépendance nationale mais le larbin de l’OTAN dont il est un pilier. Erdogan qui fut qualifié de démocrate-musulman comme il y a des démocrates-chrétiens par nos propres dirigeants il y a encore peu de temps….alors qu’il n’est absolument ni démocrate, ni musulman mais fascisant et islamiste.
Car Erdogan n’est que le défenseur des intérêts des capitalistes turcs et non pas de son peuple.
Car Erdogan joue la carte de la pire des réactions en soutenant Daesh contre la Syrie, en bombardant le peuple kurde et en persécutant les courageux communistes dont beaucoup n’ont pas abjuré le marxisme-léninisme et les syndicalistes de classe de Turquie.
Les Kurdes qui représentent 20% de la population turque ne peuvent pas être écartés de la vie du pays par une violence à tendance génocidaire. Seule une solution politique peut permettre d’éviter une guerre civile aux conséquences catastrophiques pour les Kurdes et les Turcs et bien au-delà comme on le voit avec la Syrie et ses retombées mondiales.
Les communistes turcs et kurdes, cibles d’une répression continue de l’État turc, sont bien évidemment l’avant-garde de ce combat pour une solution pacifique de la question kurde et les changements démocratiques en Turquie.
Qu’ils trouvent ici l’expression de notre fraternelle solidarité qu’il soient en prison ou dans les maquis mais qui combattent sans oublier les vers de Nazim Hikmet :
« …être captif, là n’est pas la question,
la question est de ne pas se rendre… ».
Dans cet esprit, le PRCF salue tout particulièrement les communistes, les démocrates, ainsi que les patriotes progressistes qui agissent en France pour le respect du peuple turc et kurde.
Commission internationale du PRCF, le 2 novembre 2015.