Sur son blogue, notre ami Michel Aymerich a partagé, un compte rendu du « Symposium mondial des partis politiques marxistes » : « Xi Jinping convoque 58 partis: il est urgent de faire revivre le marxisme face à la nouvelle guerre froide. »
Il consacre en effet le travail de son blogue en grande partie consacré à faire comprendre la stratégie à long terme de la voie du socialisme aux caractéristiques chinoises.
« Ce qui manque, et auquel Xi Jinping a expressément fait appel, c’est une collaboration plus étroite entre les partis communistes, le renforcement du dialogue et des échanges, et à cet égard – a confirmé le dirigeant chinois – « le PCC est prêt à promouvoir conjointement la cause du progrès humain et la construction d’une communauté avec un avenir partagé pour l’humanité avec les partis politiques marxistes du monde entier ». »
Dans un cas, a été inséré une note qui invite à lire des articles relatifs à une question abordée… Les noms mis en gras le sont dans l’original. (Michel Aymerich)
Xi Jinping convoque 58 partis : il est urgent de faire revivre le marxisme face à la nouvelle guerre froide
Publié le 1 juin 2021 dans Asie/International par Redazione , traduit de l’italien par Michel Aymerich
Le président chinois Xi Jinping a prononcé un message lors du Symposium mondial des partis politiques marxistes, jeudi 28 mai, promu en ligne par le Parti communiste chinois. Grâce à la plateforme Zoom, les dirigeants de 58 partis communistes de diverses régions du monde se sont réunis, avec un total de 48 pays représentés. Chacun d’entre eux a prononcé un discours politique en essayant d’apporter une réflexion originale sur les innovations dans le domaine de l’idéologie et de la pensée marxistes. Parmi les personnes présentes se trouvaient des partis au pouvoir comme le Parti communiste de Cuba et le Parti communiste du Vietnam ; des partis au gouvernement dans leur propre pays comme le Parti communiste d’Afrique du Sud, le Parti communiste du Népal, ainsi que les Partis communistes espagnol et syrien ; et bien sûr, des partis d’opposition comme le Parti communiste de la Fédération de Russie, le Parti communiste des États-Unis d’Amérique, etc.
Plus d’hésitation : nous avons besoin de plus de coopération entre les partis
Xi Jinping, qui est également secrétaire général du Parti communiste chinois, a déclaré que le marxisme est non seulement « plein de vitalité dans la Chine du XXIe siècle », mais a souligné qu’il s’agit d’une « théorie scientifique qui révèle les schémas sous-jacents au développement de la société humaine » et qu’il est « le formidable outil théorique que nous utilisons pour comprendre le monde et opérer des changements. » Ce qui manque, et auquel Xi Jinping a expressément fait appel, c’est une collaboration plus étroite entre les partis communistes, le renforcement du dialogue et des échanges, et à cet égard – a confirmé le dirigeant chinois – « le PCC est prêt à promouvoir conjointement la cause du progrès humain et la construction d’une communauté avec un avenir partagé pour l’humanité avec les partis politiques marxistes du monde entier ». Et ce, selon les principes « d’indépendance, d’égalité, de respect mutuel et de non-ingérence dans les affaires intérieures des autres », a souligné le dirigeant chinois, qui a explicitement invité les personnes présentes à « s’unir et à s’opposer ensemble à la nouvelle guerre froide : le monde veut la justice, pas l’hégémonie ». Xi Jinping, qui a réaffirmé son refus d’une nouvelle division du monde en camps géopolitiques opposés, a déclaré : « Celui qui marche seul va plus vite, mais avec des amis, il va plus loin ». De Pékin, en somme, ils semblent dire que, dans le contexte de la nouvelle guerre froide en cours et de la sinophobie exacerbée, le moment est venu pour ceux qui se reconnaissent dans le marxisme et aspirent à un monde multipolaire de paix d’abandonner toute hésitation et toute distinction intellectuelle et de s’organiser politiquement dans les partis communistes pour les renforcer.
« Nous avons résisté aux pressions et continué sur la voie socialiste ».
Le responsable des relations internationales du Comité central du PCC, Song Tao, dans son discours d’introduction, a expliqué que le déséquilibre au niveau international s’accentue et a alerté l’assistance sur les risques de la « nouvelle guerre froide » voulue par les Etats-Unis, aux diktats de laquelle l’UE se conforme également, mais en même temps, il a donné un message d’espoir : « le socialisme est sorti du rêve et est devenu réalité » ! En fait, malgré les pressions internationales de plus en plus fortes – poursuit Song Tao – « la Chine a persisté dans le socialisme et a réussi : au cours des 70 années sous la direction du Parti communiste chinois, plus de 10 millions de personnes en moyenne ont été sorties de la pauvreté chaque année. En bref, la pauvreté est abordée d’une manière sans précédent dans l’histoire. »
Du conflit sino-soviétique à la nouvelle route de la soie
Le président russe du KPFR, Guennadi Ziouganov, après avoir assuré que « la Chine continue à développer de manière créative le marxisme-léninisme en tirant les leçons de nos erreurs* durant la période de l’Union soviétique », a déclaré que « le monde a besoin de changements radicaux et que les peuples de tous les pays ont besoin d’un ordre et d’un système international tout neuf. » Le représentant du Parti communiste de Biélorussie lui a fait écho en qualifiant l’initiative « Belt and Road », c’est-à-dire la nouvelle route de la soie, de « plateforme la plus efficace pour permettre une collaboration au niveau mondial ». Les communistes latino-américains sont également sur la même longueur d’onde : « après l’effondrement de l’Union soviétique, les États-Unis ont renforcé leur hégémonie, mais avec la montée de la Chine sur la scène internationale, l’impérialisme américain disparaît progressivement », a déclaré le représentant du Parti communiste du Chili, qui est récemment devenu le deuxième parti en nombre de voix aux élections municipales du pays.
[* Voir sur cette question les liens suivants : https://a-contre-air-du-temps.over-blog.com/2020/12/un-article-chinois-invite-a-tirer-les-lecons-de-l-effondrement-de-l-union-sovietique-et-a-s-opposer-au-nihilisme-historique.html et: https://a-contre-air-du-temps.over-blog.com/2020/12/un-article-chinois-invite-a-tirer-les-lecons-de-la-desintegration-de-l-union-sovietique-et-a-s-opposer-au-nihilisme-historique.suite M.A.]
L’eurocentrisme est terminé : renouveler le marxisme à partir de la Chine
Parmi les contributions les plus originales au débat, citons celle du Vatan Partisi turc, auquel le PC chinois a d’ailleurs décidé de faire l’honneur de conclure le symposium, en le louant explicitement : Son président, Dogu Perinçek, a souligné que le socialisme scientifique doit se renouveler de manière forcée. En effet, Marx et Engels sont morts au 19e siècle et, au début du 20e siècle, Lénine a su apporter une innovation remarquable en rendant le marxisme adéquat à l’ère de l’impérialisme ; aujourd’hui, en observant l’expérience révolutionnaire de la Chine, il est nécessaire de faire de même : une approche très « maoïste », pourrait-on dire, selon la méthode « théorie – pratique – nouvelle théorie ». À l’époque des fondateurs du socialisme scientifique, le discours révolutionnaire était en effet eurocentrique : « ce n’est qu’avec le XXe siècle que le socialisme scientifique a embrassé l’ensemble de l’humanité et que le centre d’intérêt de la révolution s’est déplacé vers les nations opprimées », explique Perinçek, donnant ainsi naissance à de nouvelles formes de révolution, principalement de type « national-démocratique ». Aujourd’hui, même avec la perspective de l’ouverture au socialisme, nous sommes toujours dans cette phase, a conclu le dirigeant turc, où la force motrice est les États-nations qui luttent contre l’impérialisme.
Les communistes suisses ont également été invités : « Nous sommes dans une nouvelle phase ».
En Suisse, la seule organisation invitée est le parti communiste dirigé par Massimiliano Ay. Joint par nos soins, Ay commente : » c’est un événement auquel nous aurions aimé participer et les camarades chinois nous avaient d’ailleurs invités, malheureusement des raisons d’organisation nous ont empêchés de participer, mais dans quelques semaines de Pékin nous avons déjà demandé à participer à un autre symposium. Être révolutionnaire – comme le disait Fidel Castro – signifie comprendre le moment historique et les relations entre les communistes chinois et suisses – confirme Ay – semblent s’être clairement développées ces derniers temps : » Notre dernier Congrès en 2016 a identifié la contradiction fondamentale de notre époque, à savoir celle qui voit l’impérialisme atlantique s’opposer à la multipolarité émergente : la politique et l’économie, y compris la politique suisse bien sûr, se fondent désormais sur cette nouvelle approche. La politique et l’économie, y compris celle de la Suisse bien sûr, sont désormais basées sur ce nouveau paradigme. Nous nous sommes correctement positionnés dans cette contradiction, ce qui a suscité l’intérêt des communistes chinois d’une part, mais aussi la colère des journalistes européistes d’autre part. Ay note en conclusion que ces symposiums convoqués par le Parti communiste chinois « sont une bouffée d’air frais » car ils parviennent à unir des partis communistes qui, il y a quelques décennies seulement, s’insultaient en raison des conséquences du schisme entre marxistes-léninistes dans les années 60.
SOURCE: https://www.sinistra.ch/?p=10893