Le 21 octobre dernier, la manifestation pour la libération de Georges Ibrahim Adaballah a pu se tenir devant sa prison. Une mobilisation à laquelle quelques camarades du PRCF étaient présents, dans un cortège moins fournis que les années précédentes mais bien plus déterminé. C’est que le nombre moins important s’explique par la décision illégale d’interdiction de la manifestation prise par le préfet en réponse aux directives sanctionnés comme sans fondement par le Conseil d’Etat. Une décision illégale qu’il a fallu faire casser devant les tribunaux, mais le verdict tardif aura évidemment peser sur la capacité à organiser les déplacements.
Au delà de cette événement, nous souhaitons revenir en détail sur l’histoire des raisons politique de l’emprisonnement de Georges Ibrahim Adballah
Une demi heure avant le départ prévu,le tribunal administratif de Pau a levé l’interdiction. Le collectif 65 pour la libération de Georges Abdallah, en l’occurrence les camarade Annie, Daniel et José avaient saisi le TA en référé/liberté,la veille au soir suite à l’interdiction. Malgré cette situation compliquée, près de 600 personnes ont défilé du « Madrigal » local des Gilets Jaunes de Lannemezan à la prison (voir photo) où des prises de parole ont eu lieu. Un véritable succès dans un climat délétère, mais qui démontre que la résistance face à la fascisation paye.
GEORGES IBRAHIM ABDALLAH, militant communiste Libanais, symbole de la résistance Palestinienne, est le plus vieux prisonnier politique de France et d’Europe et entre aujourd’hui dans sa 39éme année de détention. Nelson Mandela « le prophète de la non-vengeance » avait été emprisonné 27 ans et 6 mois.
· En 1978 Georges Abdallah est blessé durant l’invasion israélienne du sud Liban[1] (opération Litani).
· De 1979 à 1983, les services secrets israéliens mènent une campagne à large échelle d’attentats à la voiture piégée qui tua des centaines de Palestiniens et de Libanais, civils pour la plupart, revendiqués par le « Front pour la libération du Liban des étrangers » (FLLE). Le général israélien David Agmon indique qu’il s’agissait de « créer le chaos parmi les Palestiniens et les Syriens au Liban, sans laisser d’empreinte israélienne, pour leur donner l’impression qu’ils étaient constamment sous attaque et leur instiller un sentiment d’insécurité. » Le chroniqueur militaire israélien Ronen Bergman précise que l’objectif principal était de « pousser l’Organisation de libération de la Palestine à recourir au terrorisme pour fournir à Israël la justification d’une invasion du Liban. [2]
· 18 janvier 1982, meurtre à Paris de Charles Robert Ray attaché à l’ambassade US et agent de la DIA (équivalent militaire de la CIA).
· 3 avril 1982, meurtre Yacov Barsimentov, diplomate israélien, agent du Mossad. D’après le livre de l’ex-agent du Mossad d’Ostrovsky, The other side of deception : a rogue agent exposes the Mossad’s secret agenda, le Mossad est, à cette époque, divisé en deux courants opposés : un majoritaire, très droitier et extrémiste, partisan de la manière forte et de la guerre contre le Liban et un minoritaire, partisan du dialogue diplomatique avec les Arabes pro-palestiniens, groupé autour d’Ephraïm Halevy auquel appartient l’agent Barsimentov. A cette époque Yacov Barsimentov demande l’aide de son ami Charles Ray pour entrer en contact avec les Palestiniens, en contournant le chef du département « liaison » Nahum Admoni, qui soutenait le projet d’invasion du Liban. Mais Ray et Barsimentov furent tués avant d’avoir pu entrer en contact avec les Palestiniens ! Un joli mobile de crime d’après Ostrovsky pour le courant va en guerre du Mossad !
Extrait du livre The other side of deception : a rogue agent exposes the Mossad’s secret agenda qui est un dialogue entre Ostrovsky etEphraïm Halevy :
« En 1982, avant la guerre du Liban, nous avions un homme qui travaillait sur le terrain, essayant d’entamer une sorte de dialogue. Il faisait partie de mon groupe. Je n’étais pas le chef du groupe, mais nous avions la bénédiction de Hofi[3] et de certaines personnes du ministère des affaires étrangères qui attendaient une percée. Les Palestiniens avaient tellement peur de ce que nous pourrions faire au Liban qu’ils étaient prêts à commencer à parler ».
« Vous avez donc essayé d’établir un lien ? »
« Oui, pas avec les chrétiens, avec les Palestiniens. Nous avons mis en avant l’un de nos meilleurs hommes. Il s’appelait Yakov Barsimantov. Il était en poste à Paris, où il assurait la liaison. »
« Il ne pouvait pas entrer en contact avec un Palestinien et lui faire confiance. S’il était chargé de la liaison, ils devaient savoir qu’il était du Mossad », ai-je ajouté.
« Il ne travaillait pas directement avec eux. Nous avions un intermédiaire américain qui s’était porté volontaire pour donner un coup de pouce. Barsimantov le lui a présenté comme une sorte de défi, lors d’un cocktail au ministère français des Affaires étrangères. »
« Et il a accepté ? »
« Il a sauté sur l’occasion. Il faut dire qu’il n’était pas le mieux placé pour parler aux Palestiniens. C’était contraire aux règles du département d’État, mais il a quand même accepté. »
« Pourquoi n’avez-vous pas utilisé un autre contact, comme les Roumains ou autre ? Ils travaillaient des deux côtés de la barrière et vous aviez des relations avec eux. »
« Ils étaient directement liés à la clique au sommet. Tout ce qu’ils voulaient, c’était soutenir les phalangistes et Bashir Gemayel. »
« Qui était l’Américain ? »
« Il s’appelait Charles Robert Ray, il était attaché militaire adjoint et c’était un homme très dévoué. Il pensait que la paix au Moyen-Orient était dans l’intérêt stratégique des États-Unis ».
« C’est une façon de penser militaire. »
Ephraïm s’esclaffe : « C’est vrai. Mais c’était le cas. Quelqu’un au ministère des Affaires étrangères a dû le divulguer, et Barsimantov et l’Américain ont été abattus avant d’avoir pu établir le premier contact avec les Palestiniens. Nous sommes donc certains que ce n’était pas les Palestiniens. » Il passe ses doigts dans ses cheveux, puis sur son visage. Il semble soudain plus vieux, plus fatigué qu’auparavant. « Ils ont tué Ray en janvier, et quand Yakov était sur le point d’établir un nouveau contact, ils l’ont tué aussi. Yakov était un homme bon, mais le 3 avril, devant son appartement, il a été abattu comme un chien par les siens. C’est notre propre équipe qui l’a éliminé. »
« Mais le Kidon[4] ne voulait pas tuer un Israélien. »
« Ils ne savaient pas qui était la cible, et plus tard, on a dit que c’était une erreur. Après avoir tué Yakov, ils ont caché l’arme de fabrication tchèque dans l’appartement d’un révolutionnaire libanais, le pointant du doigt. Ils sont allés jusqu’à revendiquer l’attentat sous le nom de Fraction Révolutionnaire Armée Libanaise, informant les services de renseignement français que le FARL était une faction du PSNS, le Parti social nationaliste syrien, pro-syrien ». Il se retourne et regarde par la fenêtre. « Vous savez, ils ont eu l’audace d’utiliser ce meurtre comme la provocation qu’ils attendaient pour déclencher la guerre au Liban. S’il y a une chose que l’on peut qualifier de chutzpah[5], c’est bien celle-là. »
Ce qui m’a le plus surpris, c’est que ce que je venais d’entendre ne me surprenait pas du tout. Je l’ai cru, et pourtant j’ai failli me dire : « Et alors ? Ce que j’ai dit n’était pas si différent. « D’accord, tu m’as raconté une petite histoire. Comment cela peut-il expliquer que je veuille faire quoi que ce soit pour toi ? »
Ephraïm soupire. » Ce que je voulais te dire, c’est que je ne peux pas utiliser quelqu’un de l’intérieur parce que je n’ai pas la moindre idée de qui je peux croire. Le général est un de mes amis depuis des années, et c’était un ami proche de Kuti[6]. En ce qui me concerne, il n’a rien à se reprocher. Toi, je t’ai pris directement dans le ventre de ta mère, tu n’es pas encore souillé et, contrairement à la plupart de tes amis, tu n’es pas arrivé sur le dos d’un cheval, mais par le biais du processus de recrutement normal. Tu es entré parce que tu étais un patriote et non parce que vous vouliez faire carrière. »
« Eh bien, c’est ce que je voulais aussi. Je voulais le travail, la vie, le plaisir. »
« Si vous voulez la vie, restez dans les parages. Tu en auras plus que tu n’en veux. »
« Et maintenant ? Vous allez m’offrir un travail ? »
« C’est exactement ce que je fais. Votre couverture sera vous. Tout ce que vous ferez, vous le ferez seul ; vous n’aurez ni filet ni attache. Je vous confierai une mission et vous aiderai autant que possible, mais vous serez seul. »
« Faire quoi ? »
« Vous mettrez le Mossad actuel hors d’état de nuire. »
· 7 avril 1982, revendication de l’exécution de Yacov Barsimentov par les FARL, depuis le Liban.
· 6 juin 1982, début de l’invasion militaire du Liban par Israël, opération « paix en Galilée » !
· 16-18 septembre 1982, Massacre du camp de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila dans la zone occupée par l’armée israélienne. Au moins 3500 Palestiniens sont torturés et massacrés par les Phalangistes (milices chrétiennes d’extrême-droite) et des éléments de l’Armée du Sud Liban mise sur pied par Israël. Femmes enceinte éventrées, nourrissons coupés en deux[7], etc…
· 29 septembre 1982, fin de l’opération Paix en Galilée.
· 6 Aout 1984, 7 kilos d’explosifs sont trouvés, par des douaniers de Trieste-Opicina en Yougoslavie, dans les bagages d’Abbdulah Mansouri. La jeune femme qui l’accompagne Daher Ferial est libéré et retourne en France où elle réside. La DST informé par les yougoslaves la mettent sous surveillance, ce qui les conduits à un de ses amis résidant à Lyon et sur le point de résilier son contrat de location.
· 24 octobre 1984 Georges Abdallah, ami de Daher Ferial, est arrêté à Lyon alors qu’il vient mettre fin à son contrat de location. La fouille du logement débouche sur la découverte d’un faux passeport, d’armes et d’explosifs.
· 2 avril 1985 libération de Sidney Peyrolles (directeur du centre culturel français de Tripoli) détenu par les FARL (Fractions Armées Révolutionnaires Libanaises) qui doit être échangé avec Georges Abdallah.
· 2 avril 1985 vers 18h découverte « fortuite » dans l’appartement d’une amie d’Abdallah d’une mallette, contenant le pistolet utilisé dans l’assassinat de plusieurs diplomates en poste à paris revendiqué par les FARL, annulant la libération de Georges Abdallah.
« Les FARL ont libéré Peyrolles, mais la France n’a pas tenu parole. Yves Bonnet directeur de la DST à cette époque le reconnait »
Jacques Vergès
· Février mars 1986 vague d’attentats en France, le gouvernement et les médias désigne les FARL comme responsables des attentats pour justifier de la non-libération de Georges.
· 27 juin 1986. Le conseiller pour la sécurité de Ronald Reagan, président des USA met en garde François Mitterrand contre une éventuelle libération d’Ibrahim Abdallah[8].
· 4 juillet 1986 FrançoisMitterrand rencontre Donald Reagan à « Governors Island » à New York[9]. Reagan en personne aborde le sujet du procès d’Abdallah où les USA se sont constitué partie civile.
· 10 juillet 1986 Georges Abdallah est condamné à 4 ans de prison pour usage de faux papiers et détention d’armes.
· 11 juillet 1986 déclaration publique du porte-parole de l’ambassade des état unis à paris qui s’étonne de la légèreté de la « sentence »[10]
· 9 septembre 1986 loi instituant la mise en place d’une cour d’assises sans jurés pour juger les actes terroristes.
· Septembre 1986 vague d’attentat en France le gouvernement et les médias en font porter le chapeau aux FARL et plus particulièrement aux frères de Georges. Tout est fait pour associer dans l’esprit des Français le nom d’Abdallah au terrorisme.
« La presse, dont le Canard enchainé et le Monde, titre en « une », « l’affaire Abdallah ». […] La DST arrête tout ce qui compte de présumés « amis » d’Abdallah, militant pro-palestiniens, communistes libanais. Les arrestations abusives, au faciès, et les expulsions se multiplient sans distinction. Universitaires, chercheurs, tout y passe, même le patron de la revue très respectée internationalement, Pétrole et Gaz arabes sera arrêté. La presse se déchaîne. Un climat de violence et de haine se développe contre la communauté arabe. Mais la police et les services n’avances pas. 200 000 photos de Georges Abdallah sont placardées dans tous les commissariats de police. Une prime d’un million de francs est offerte par Charles Pasqua à toute personne qui contribuera à l’arrestation d’un poseur de bombes. Il faut « terroriser les terroristes ». La psychose est partout. […] Des témoins continuent de « reconnaître » Emile, Robert ou Salim Abdallah, frères de Georges, sur les sites des attaques. Témoignages probablement influencés par la campagne massive contre les frères libanais. « La police aurait identifié les auteurs de l’attentat de la rue de Rennes » titre le Monde « Il s’agit d’Emile Abdallah Emile Khoury, membre des FARL recherchés depuis 1985 » écrit Edwy Plenel. Pire le journaliste qui dit être directement informé par les services, ajoute « leur piste reste inchangée, une renaissance du réseau terroriste monté en Europe de 1981 à 1984 par les FARL sous le nom de CSPPA ». L’« affaire Abdallah » prend de l’ampleur sans preuve aucune, alors que tout prouve que les frères n’ont jamais quitté le Liban. Ils donnent immédiatement une conférence de presse, dans leur jardin à Tripoli, Liban »
Christine Abdelkrim Delanne journaliste d’Afrique-Asie.
Des récits fantasmagoriques que même Hergé n’aurait jamais pu imaginer pour Tintin : un frère Abdallah descend chez Tati pour poser une bombe, saute dans une BMW, part pour Orly, saute dans un avion pour Vienne, prend un autre avion pour Nicosie, monte dans un bateau pour Koubayat, où il tient finalement une conférence de presse. Les médias français ont foncé dans ce récit abracadabrant avec, à l’appui et pour le déshonneur, les interviews d’une femme qui c’est présentée comme secrétaire-dactylo ayant couché avec un Turc qu’elle reconnaît, réflexion faite, comme étant un des frères Abdallah ! On apprendra bientôt que cette secrétaire-dactylo travaille en fait à la préfecture de police, et elle sera inculpée ensuite pour trafic de carte de séjour !
Maître Vergès
· Décembre 1986 amendement de la loi du 9 septembre pour la rendre rétroactive.
· 23 février 1987 début du second procès de Georges Abdallah qui déclare lors de l’ouverture du procès :
« Qu’un combattant arabe soit jugé par une cour spéciale en Occident, rien de plus normal. Qu’il soit traité de criminel et de malfaiteur, rien de vraiment nouveau, déjà les « bandits de l’Aurès », les « terroristes » de Palestine, ainsi que les « fanatiques lépreux » d’Ansar et Khiam[11] ont été l’objet de ces honorables qualificatifs. Ils rappellent à tous ceux qui ont la mémoire courte le patrimoine de votre justice occidentale […]. Mais que le criminel yankee, bourreau de tous les déshérités de la terre, soit, en plus, le représentant des prétendues victimes devant vous, il y a bien de quoi alors s’abstenir de tout commentaire sur la nature de votre Cour ainsi que sur la tâche qui lui est assigné. […] De quel cynisme doit être doté le représentant du criminel Reagan pour se présenter en victime et partie civile à Paris au moment où l’US Navy[12] prépare l’assaut de Beyrouth et d’autres cités arabes ? Il faut avoir une certaine parenté avec Goebbels pour faire avaler cette scène et qui d’autre que les instances impérialistes occidentales a droit à cette ordure de l’histoire et son infâme parenté ! […] Je suis ici, Messieurs, pour vous demander simplement de bien vouloir laver vos mains maculées de notre sang et du sang de nos mômes, avant de prétendre nous juger, car celui qui accepte de fouler aux pieds le sang de vingt-cinq mille morts tombés au Liban lors de l’invasion impérialo-sioniste de 1982 ne peut qu’être le complice direct de Reagan et de Begin dans leur guerre d’extermination contre notre peuple. Vingt-cinq mille morts en trois mois à l’honneur de votre paix, quarante-cinq mille blessés à l’honneur de votre justice. Quatre-vingt dix jours et Beyrouth tenue en champ d’expérimentation des armes américano-israéliennes et pourtant l’administration Reagan est victime et partie civile à vos yeux ! Bien sûr, rien d’anormal dans tout cela, en dépit de l’illusion débile de ceux qui prétendent déceler une possible impartialité de la France impérialiste et de sa justice. C’est ça, l’ABC de votre justice, le fond de ce procès et de ces accusations qui, par ailleurs, ne me sont que des honneurs que je n’ai pas mérités. Si notre peuple ne m’a pas confié l’honneur de participer à ces actions anti-impérialistes que vous m’attribuez, au moins j’ai l’honneur d’en être accusé par votre Cour et de défendre leur légitimité face à la criminelle légalité des bourreaux, et je crie haut et fort : Foulons aux pieds toute entrave à la légitimité de notre combat. Foulons aux pieds la paix de tout ordre qui se manifeste chez nous en termes de « Paix en Galilée »[…] A bas l’impérialisme et ses laquais ! La Victoire et la Gloire pour tous les peuples en lutte ! »[13]
· 24 février 1987 mise sous presse dans le « secret » du livre L’agent noir – Une taupe dans l’affaire Abdallah par le journaliste de Libération Laurent Gally.
· 27 février 1987 devant la faiblesse du dossier le procureur général et l’avocat général requiert dans leurs réquisitoires une « peine de réclusion criminelle qui ne soit pas supérieur à dix ans de prison ». Mais la presse, qui a fait de Abdallah le coupable idéal pour l’opinion publique, se déchainera devant se réquisitoire en hurlant à la capitulation devant le terrorisme, au viol de l’indépendance de la justice aux pressions du pouvoir sur la justice, etc…
· 28 février 1987 Georges Abdallah estcondamné à la réclusion criminelle à perpétuité. La 1ère preuve avancée pour le condamner, une bouteille de correcteur se trouvant dans la valise trouvée le 2 avril 1985 portant ses empreintes. Mais dans cette valise soi-disant scellé du 24 octobre 1984 au 2 avril 1985 se trouve un journal datant d’après le 24 octobre…un policier l’y aurait laissé par mégarde. Le journaliste Lounis Aggoun ironise :
« Il ne s’agit pas d’un sketch d’un humoriste, mais de débats devant décider du sort d’un homme. Il devait avoir le nez creux, le policier qui, dans une malle contenant « 25 Kg d’explosifs divers, 6 propulseurs de RPG7, 2 pistolets mitrailleurs scorpion, un pistolet automatique tchécoslovaque CZ calibre 7.67, un silencieux, des munitions des systèmes de mises à feu télécommandés par explosif, des papiers d’identité, de nombreux documents et matériel divers, dont la liste d’objectifs potentiels sur la France » a d’un coup d’œil, identifié précisément l’arme tchèque qu’il faut envelopper pour « sauvegarder les empreintes », celle-là même qui accusera Georges Ibrahim Abdallah, dans un contexte où la cache , visitée mainte fois en vain par les diverses polices, a été « découverte » le jour précis où l’on s’apprêtait à clore son dossier judiciaire et a livré seulement alors son contenu accusateur »
La 2ème preuve, en « violation de règles de procédure légale », est fournie par la partie civile des USA le dernier jour du procès et qui ne figurait pas au dossier initial est un texte de revendication d’un attentat dont les analyses graphologiques correspondraient à l’écriture de Georges.
· 6 Mars 1987 l’« avocat » de Georges, Jean Paul Mazurier déclare publiquement dans un journal télévisé avoir été un agent des services secrets français ( DGSE) missionné pour soutirer des informations et dont son livre L’agent noir – Une taupe dans l’affaire Abdallah est sous le point d’être distribué. Du jamais vu en France de la terreur blanche à l’occupation. Devant une telle révélation le procès aurait dû être révisé.
· 1999 Georges est libérable sous conditions.
· Novembre 2003 la juridiction régionale de libération conditionnelle de la cour de Pau accorde la libération conditionnelle de Georges.
· Janvier 2004 le parquet (le gouvernement) fait appel et réussi à annuler sa libération.
· 23 janvier 2006 pour éviter que des magistrats de provinces prennent certaines décisions est voté une loi relative à la lutte contre le terrorisme qui stipule : « une compétence exclusive du juge de l’application des peines de Paris, du tribunal de l’application des peines de Paris et de la chambre de l’application des peines de Paris »
· 21 novembre 2012 ça huitième demande de libération conditionnelle est acceptée par le tribunal de Paris. Décision assortie de la condition de délivrance d’un arrêté d’expulsion (OQTF Obligation de Quitter le Territoire Français) par le ministère de l’intérieur.
· 22 novembre 2012 l’ambassadeur des USA déclare :
« Je regrette la décision prise aujourd’hui par le tribunal d’application des peines d’accorder la liberté conditionnelle au terroriste reconnu coupable, Georges Ibrahim Abdallah. Mr Abdallah, chef d’un groupe terroriste libanais qui a pris pour cible des citoyens américains, français et israéliens dans les années 1980, n’a jamais exprimé le moindre remords concernant l’assassinat du diplomate américain Charles Ray en 1982 à Paris, et la tentative d’assassinat du Consul général des États-Unis à Strasbourg, Robert Homme, en 1984. Les États-Unis se sont toujours opposés à la libération de Mr Abdallah. L’emprisonnement à vie était approprié aux graves crimes perpétrés par Mr Abdallah et il est légitime de s’inquiéter du danger qu’il représenterait pour la communauté internationale s’il était libéré. J’espère que les autorités françaises feront appel de la décision prise aujourd’hui et qu’elle sera annulée. »
· 10 janvier 2013 la cour d’appel confirme la libération sous conditionnelle de Georges.
· 11 janvier 2013 Hillary Clinton alors ministre états-unienne intervient auprès de Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères :
« Bien que le gouvernement français n’ait aucune autorité juridique pour annuler la décision de la Cour d’appel du 10 janvier, nous espérons que les autorités françaises pourront s’appuyer sur d’autres bases pour remettre en cause la légalité de cette décision »
· 4 avril 2013 suite aux pressions des USAle gouvernement français se pourvoi en cassation. Et la cour de cassation « déclare irrecevable la demande de libération conditionnelle ». Manuel Valls est alors ministre de l’intérieur lui qui déclare en 2011 « par ma femme, je suis lié de manière éternelle à la communauté juive d’Israël »
· 5 novembre 2014 dernière demande de libération conditionnelle de Georges Abdallah dont le refus sera confirmé le 26 février 2015 et 7 septembre 2016. Jean louis Chalanset déclarera
« L’atteinte à la séparation des pouvoirs (était flagrante) […]. Une nouvelle fois, les États-Unis ont imposé au gouvernement français leur volonté de se venger »
[1] https://www.youtube.com/watch?v=mrxB2Cy1osI; https://www.youtube.com/watch?v=xBOrBu8dOus; https://www.youtube.com/watch?v=T1f8wtQvITA; https://www.youtube.com/watch?v=GVVk1Sq5nro; https://www.youtube.com/watch?v=-bTIBOa5qqg
[2] https://fr.wikipedia.org/wiki/Intervention_militaire_isra%C3%A9lienne_au_Liban_de_1982
[3] Yitzhak Hofi est un général israélien. Il a été le directeur général du Mossad de 1974 à 1982
[4] Kidon est le « service action » des services secrets israéliens (Mossad)
[5] En hébreu, le mot chutzpah marque une indignation envers quelqu’un qui a dépassé outrageusement et sans vergogne les bornes du comportement acceptable.
[6] Yékoutiel Adam dit « Kuti » Adam (né le 3 novembre 1927 à Tel Aviv et mort au combat le 10 juin 1982 à Damour) est un militaire israélien. Il est notamment sous-chef chef d’État-Major de l’Armée de défense d’Israël dans sa carrière. Il commande de l’Opération Entebbe. Il devait prendre la direction du Mossad mais trouve la mort lors de l’Intervention militaire israélienne au Liban de 1982 avant sa prise de poste.
[7] https://www.rfi.fr/fr/connaissances/20220916-sabra-et-chatila-40-ans-apr%C3%A8s-retour-sur-un-massacre-impuni ; https://www.youtube.com/watch?v=O9tivcQdkUg ; https://www.youtube.com/watch?v=rFPDuC8w_DY; L’horreur au Liban
[8] L’affaire Georges IBRAHIM Abdallah, Saïd Bouamama.
[9] https://www.youtube.com/watch?v=3axihazWJ0U
[10] L’affaire Georges IBRAHIM Abdallah, Saïd Bouamama.
[11] Ansar est un camp de concentration israélien, Khiam un camp de concentration et de torture de la milice fasciste libanaise « Armée du Liban Sud » qui était organisée, armée et financée par Israël.
[12] A l’époque du second procès de Georges Ibrahim Abdallah, la marine américaine bombardait les environs de Beyrouth, et l’arrière-pays, dans le cadre du conflit entre la résistance libanaise et la « Force internationale de maintien de la paix » déployée par les puissances impérialistes à Beyrouth après le retrait israélien. Les chasseurs-bombardiers de l’aéronavale et les canons du cuirassé New Jersey firent des dizaines de victimes. Les bombardiers Super-Étendard de l’aéronavale française participèrent aussi à ces bombardements.
[13] L’affaire Georges IBRAHIM Abdallah, Saïd Bouamama.