Alors que Cuba Socialiste vient de remporter une victoire historique, dont la libération des Cinqs de Miami est un symbole, www.initiative-communiste.fr site web du PRCF qui n’a eu de cesse de participer à la campagne pour la libération des 5, se fait le relais de l’histoire suivante Gerardo et Cardenal.
Gerardo et Cardenal traduit du récit d’Alicia Jrapko.
Il était une fois un petit oiseau, qui se fit l’ami d’un prisonnier. Tous deux étaient emprisonnés aux Etats‐Unis, tous deux partageaient une détention injuste pour avoir défendu Cuba contre des actes terroristes…
L’histoire commence ainsi. Le 4 juin 2009, le jour même de son anniversaire, Gerardo Hernandez apprit l’existence de ce nouveau venu par un prisonnier du nom de Lira, qui travaillait à l’usine de la prison. Lira et un gardien nettoyaient les toits avec un puissant jet. Sans le vouloir, ni même le savoir, ils détruisirent un nid qui abritait trois oisillons. Deux d’entre eux moururent sur le coup, mais le troisième survécut. Ils étaient si petits qu’ils n’avaient pas encore de plumes. Ils venaient probablement de sortir tout juste de leur coquille.
Emu et se sentant responsable, le gardien permit à Lira d’emmener, en le cachant, le petit oiseau à l’intérieur de la prison pour essayer de le sauver. L’oisillon dans le creux de sa main, et ne sachant que faire, le prisonnier interrogea les autres prisonniers. L’un d’eux suggéra : «demandons à Cuba (surnom donné à Gerardo par les autres prisonniers), il aime les animaux, il saura sûrement ce qu’il faut faire ». Ils appelèrent alors Gerardo qui se rendit dans la cellule où était le petit animal.
La première réaction de Gerardo fut de siffler, comme l’aurait fait la mère de l’oisillon pensait‐il. Il bougea les doigts comme si c’étaient de petites ailes. Par miracle le petit ouvrit le bec. Gerardo commença à lui donner de la mie de pain, puis, plongeant les doigts dans l’eau, fit courir des gouttes qui tombèrent doucement dans le bec du poussin.
Gerardo ne voulut pas l’amener dans sa cellule, mais chaque jour il passait pour le nourrir. Le problème était qu’au début, l’oiseau ne voulait manger avec personne d’autre que lui. Un jour, il eut l’idée de donner à l’oisillon des miettes de poisson, et dès lors le coquin dédaigna la mie de pain. Ses plumes commencèrent à pousser, et Gerardo lui apprit à manger seul. Il mettait des petits morceaux de nourriture dans la paume de sa main, et le petit oiseau venait picorer en toute confiance.
Cependant les détenus étaient préoccupés. En cas d’inspection, l’oiseau serait un problème. Comme il avait grandi, ils le portèrent dans la cour pour qu’il puisse s’envoler librement.
L’oisillon voletait et revenait se poser sur l’épaule de Gerardo. Chaque fois qu’il essayait de voler en compagnie d’autres oiseaux, ceux‐ci le chassaient à coups de bec. Peu à peu il prit confiance. Gerardo entrait seul dans son pavillon, mais quand il ressortait dans la cour, l’oiseau revenait pour le voir.
Un jour où de nombreux prisonniers étaient dans la cour, quelqu’un dit à Gerardo que l’oiseau était posé sur les barbelés encerclant la prison. Gerardo siffla et, devant tous les prisonniers, l’oiselet surgi de nulle part se posa sur l’épaule de Gerardo. Incroyable ! Cette histoire était dans toutes les bouches.
Ils avaient baptisé l’oiseau Cardenal (cardinal) parce que Gerardo lui avait peint les plumes de la queue avec un marqueur rouge pour le distinguer de ses congénères. La peinture l’avait un peu affecté. L’oiseau perdit ses plumes caudales, mais pas pour longtemps. Elles repoussèrent avec leur couleur naturelle. Toutefois le nom lui resta : Cardenal.
Une autre fois, un prisonnier trouva l’oiselet dans la cour, bec ouvert. Il faisait très chaud, il avait soif. Il le prit et le porta à Gerardo. Ce dernier le cacha sous sa casquette pour le faire entrer discrètement. Bien sûr il était manifeste qu’il avait quelque chose de bizarre sur la tête. « Qu’as‐ tu sous ta casquette ? », lui demanda l’un des gardiens, et Gerardo répondit : « rien ». Cardenal en rajouta, piaillant comme un fou. Ne me dis pas que tu l’entraînes pour envoyer des messages à Fidel, lui dit en riant le gardien.
L’histoire ne s’arrête pas là. Gerardo porta l’oiseau dans sa cellule et lui aménagea un coin pour qu’il puisse y rester. Il jouait avec lui, le posait sur son épaule, sur sa tête. Quand Gerardo écrivait, Cardenal venait le distraire, et le Cubain lui donnait une tape affectueuse pour qu’il le laisse tranquille. Cardenal se posait alors sur son dos hors de portée de la main amie. Quelquefois il se blottissait dans le col de la chemise du prisonnier et s’y endormait. Ou bien il picorait l’oreille de son ami, et quand Gerardo secouait la tête, Cardenal changeait d’oreille.
Une fois où Gerardo avait lâché Cardenal, celui‐ci s’était envolé vers le réfectoire et avait atterri dans l’assiette d’un prisonnier grand et costaud qui mangeait un morceau de poulet. Le prisonnier empoigna le petit oiseau pour le broyer, et quelqu’un cria : « Ne le tue pas. Il est à Cuba ! » Le cri le prit au dépourvu. L’homme lâcha Cardenal et demanda étonné : « Qui diable est donc Cuba ? »
En réalité Gerardo était très préoccupé. Un gardien en particulier n’appréciait pas du tout l’oiseau. Au cours d’une inspection, ce gardien avait obligé Gerardo à relâcher Cardenal et à refermer la porte derrière lui. Le petit oiseau réapparut plus tard, blessé. Gerardo le garda quelques jours de plus dans sa cellule pour qu’il récupère. Là‐dessus, il y eut un « lockdown » (punition collective où les prisonniers restent sans communication entre eux), et tout lockdown implique des fouilles.
Quand Gerardo entendit qu’ils fouillaient son couloir, il empoigna l’oiseau pour le mettre dehors. Cardenal sortit en voletant dans le pavillon de la cellule de Gerardo. Quand le gardien entra, il vit la cage où vivait Cardenal. Gerardo lui expliqua que là vivait son ami, de son plein gré : « le problème est que lorsque je le mets dehors, il revient ; ce n’est pas de ma faute ». « Et tu penses que je vais croire que le petit oiseau va revenir », lui répondit le gardien en faisant mine de sortir comme pour dire « tu es fou ». Gerardo siffla de l’intérieur de sa cellule, et le gardien se figea en voyant comment la petite bête revenait. Sans se tromper, Cardenal avait reconnu le lieu où vivait son ami dans l’immense galerie de cellules du premier et second étages, toutes exactement identiques.
Cardenal arriva devant la cellule de Gerardo. Il regarda à travers la grille de la porte, mais ne put rentrer (c’était durant le lockdown). Il resta là tranquille jusqu’à ce que Gerardo lui même, ému, ouvre le petit guichet par où on lui passe les repas, et Cardenal entra. Quelques jours plus tard, il y eut une autre fouille. Quand les gardiens arrivèrent à la cellule de Gerardo, il leur dit qu’il avait un petit oiseau, pour qu’ils ne soient pas effrayés en le voyant voler sur leurs têtes. Ils lui dirent qu’il devait le relâcher, mais comme aucun d’eux ne pouvait l’attraper, ils conduisirent Gerardo jusqu’à la porte de son pavillon pour qu’il le relâche lui même. Comme c’était le lockdown, Gerardo et le petit oiseau sortirent escortés par les gardiens. A travers les grilles de leurs cellules, tous les prisonniers les virent et commencèrent à crier : « Ils amènent Cuba et son oiseau au trou », et ils se mirent alors à tambouriner sur les portes de leurs cellules en signe de protestation. Un gardien cria : « On se calme ! Je ne l’amène pas au trou ; nous allons juste libérer l’oiseau ».
Ce fut la dernière fois où Gerardo vit Cardenal. Le pavillon resta fermé tout le mois que dura le lockdown. Le Cubain ne put sortir et Cardenal ne put rentrer. Le petit oiseau était resté dans cette prison de haute sécurité depuis le 4 juin jour de l’anniversaire de Gerardo, jusqu’au 16 juillet, lendemain de l’anniversaire de mariage de Gerardo et Adriana.
Colorin colorado ce conte (qui n’en est pas un) est terminé.
(Alicia Jrapko a écrit cette histoire de mémoire deux heures après l’avoir entendue de la bouche de Gerardo lors d’une visite qu’elle lui a faite dans la prison de haute sécurité de Victorville en Californie. Il a ensuite revu et corrigé le texte qu’Alicia veut remettre à la
« Casa Editora Abril » pour qu’il soit publié pour les enfants. Gerardo purge une peine de deux perpétuités plus 15 ans pour des charges non prouvées lors d’un jugement faussé à Miami.)Gerardo Hernández Nordelo est né à La Havane le 4 juin 1965. Il est le troisième enfant du couple de Gerardo Hernandez Martí et de Carmen Nordelo Tejera, tous deux décédés. Il a été diplômé en 1989 de l’Institut Supérieur des Relations Internationales (ISRI) « Raúl Roa García ».
Un an auparavant, en 1988, il avait épousé Adriana Pérez O’connor, son épouse actuelle. Il est caricaturiste et artiste graphiste, il a réalisé ses travaux à Cuba et aux Etats‐Unis.
Vers le milieu des années quatre vingt dix, il accomplit des missions aux Etats‐Unis destinées à prévenir Cuba d’actions terroristes planifiées et exécutées par des organisations contre révolutionnaires situées à Miami.
Le 12 septembre 1998 il fut arrêté avec quatre de ses camarades qui comme lui ont été victimes à Miami d’un jugement truffé d’irrégularités et de mauvaise foi. Il a été condamné sans preuves à deux perpétuités plus 15 ans.
Il vient d’être libéré !
https://www.youtube.com/watch?
v=o1UysKbajCI&feature=youtu.be https://www.youtube.com/watch?v=o1UysKbajCI&feature=youtu.be
L’arrivée à CUBA des 3 héros cubains emprisonnés aux USA depuis le 12 septembre 1998.
Allocution du président cubain
Depuis mon élection en tant que président du Conseil d’État et du Conseil des ministres, j’ai exprimé, à maintes reprises, notre décision d’entretenir avec le gouvernement des États-Unis un dialogue respectueux, basé sur l’égalité souveraine, pour traiter les sujets les plus divers de manière réciproque, sans empiètement sur l’indépendance nationale et l’autodétermination de notre peuple.
Il s’agit d’une position qui a été exprimée au Gouvernement des États-Unis, de manière publique et privée, par le camarade Fidel à différents moments de notre longue lutte, et ceci avec la proposition de discuter et de régler les différends par la voie des négociations, sans renoncer à aucun de nos principes.
L’héroïque peuple cubain a fait preuve, face aux grands dangers, aux agressions, aux adversités et aux sacrifices, qu’il est et restera fidèle à nos idéaux d’indépendance et de justice sociale. Étroitement unis en ces 56 années de Révolution, nous avons gardé une profonde loyauté envers ceux qui sont tombés dans la défense de ces principes depuis le début de nos guerres d’indépendance, en 1868.
À présent, nous menons de l’avant, en dépit des difficultés, la mise à jour de notre modèle économique afin de construire un socialisme prospère et durable.
Du fait d’un dialogue au plus haut niveau, qui a inclus une conversation téléphonique que j’ai eue hier avec le Président Barack Obama, nous avons pu avancer dans la solution de certaines questions d’intérêt pour les deux pays.
Comme l’avait promis Fidel en juin 2001 lorsqu’il a dit : « Ils reviendront ! », Gerardo, Ramon et Antonio sont arrivés aujourd’hui dans la patrie.
L’énorme joie de leurs familles et de tout notre peuple, qui s’est mobilisé inlassablement dans cet objectif, s’étend aux centaines de comités et de groupes de solidarité ; gouvernements, parlements, organisations, institutions et personnalités qui durant ces 16 ans ont réclamé et déployé de vaillants efforts pour leur libération. À eux tous, nous exprimons notre plus profonde gratitude et engagement.
Cette décision du Président Obama mérite le respect et la reconnaissance de notre peuple.
J’aimerais remercier et reconnaître le soutien du Vatican, et très spécialement du Pape François, à l’amélioration des relations entre Cuba et les États-Unis. De même, nos remerciements au Gouvernement du Canada pour les facilités créées pour la réalisation du dialogue de haut niveau entre les deux pays.
En même temps, nous avons décidé de libérer et d’envoyer aux États-Unis un espion d’origine cubaine qui travaillait au service de ce pays.
D’autre part, pour des raisons humanitaires, aujourd’hui, le citoyen nord-américain Alan Gross a été rapatrié dans son pays.
De façon unilatérale, conformément à notre pratique et à nos dispositions légales, des bénéfices pénaux ont été octroyés aux prisonniers concernés, y compris la libération de personnes auxquelles le gouvernement des États-Unis était intéressé.
Par ailleurs, nous avons convenu de rétablir les relations diplomatiques.
Ceci ne veut pas dire que l’essentiel ait été réglé. Le blocus économique, commercial et financier qui occasionne de graves dommages humains et économiques à notre pays doit cesser.
Bien que les mesures du blocus soient devenues une loi, le Président des États-Unis peut modifier leurs applications en vertu des facultés exécutives qui lui sont conférées.
Nous proposons au gouvernement des États-Unis de prendre de mesures réciproques en vue de l’amélioration du climat bilatéral et d’avancer vers une normalisation des relations entre nos deux pays, conformément aux principes du Droit international et de la Charte des Nations Unies.
Cuba réitère sa disposition à maintenir la coopération au sein des organismes multilatéraux, comme l’Organisation de Nations Unies.
Conscient de nos profondes différences en matière de souveraineté nationale, de démocratie, de droits de l’Homme et de politique extérieure, je confirme notre volonté de dialoguer sur ces sujets.
J’invite le gouvernement des États-Unis à surmonter les obstacles empêchant ou entravant les liens entre nos peuples, les familles et les citoyens des deux pays, notamment, en ce qui concerne les voyages, le service postal direct et les télécommunications.
Les progrès enregistrés lors des échanges montrent que beaucoup de problèmes peuvent être résolus.
Tel que nous l’avons répété, nous devons apprendre l’art de coexister, de manière civilisée, malgré nos différends.
Nous parlerons plus tard de ces importants sujets.
Je vous remercie.
Sobre estos importantes temas volveremos a hablar más adelante.
Muchas gracias.
Raul Castro Ruiz – La Havane – 17 décembre 2014