Au soir du 24 octobre, Alpha Condé a proclamé… Alpha Condé réélu dès le premier tour, tandis que le candidat, Cellou Dalein Diallo, publiant par ailleurs des résultats divergents, dénonce un braquage électoral indiquant détenir au moins 80% des procès verbaux des bureaux de vote. Conakry était sous bouclage policier, avec des barrages de la police et des soldats de la garde présidentielle en armes dans les rues. Depuis plusieurs jours la violence ne cesse de monter avec déjà près d’une dizaine de civils tués. Le réseau internet et les appels internationaux sont coupés tandis que l’accès aux réseaux sociaux et applications de messageries semblent restreints.
This is happening in Conakry, capital city of Guinea. Another « president » Alpha Condé is going for the third presidential term even though the Constitution does not recommend to do it. pic.twitter.com/b8G8UnH3Df
— GPAN (@AfricaRepublic) October 25, 2020
Rappelons que la Guiné Conakry a été le premier peuple à lancer la décolonisation subissant en représailles des attaques régulières de l’impérialisme français. En dépit des menaces et suivant avec courage l’appel de Sekou Touré de « préférer la liberté dans la pauvreté que la richesse dans la servitude » les Guinéens s’étaient en effet prononcés pour l’indépendance immédiate. À la suite du rapprochement de Touré avec les USA, puis avec le coup d’État militaire suivant sa mort, la Guinée plonge dans l’instabilité, son économie est privatisée. L’apparente libéralisation politique avec l’instauration du multipartisme profite alors à A. Condé, un proche de Kouchner, pour accéder à la présidence de la Guinée. Il ne remettra évidemment pas en cause le tournant libéral pris par le pays, mais participe au demeurant comme Cellou Dalein Diallo à la mise en coupe réglée de ce pays aux richesses importantes, notamment minières, largement exploitées par le Capital français, notamment le groupe Bolloré. Rappelons que le milliardaire y contrôle en effet non seulement le port de Conakry – à la suite d’une concession attribuée justement par A. Condé lors de son accession à la présidence en 2010.
Condé entend mener un 3e mandat à l’âge de 82, alors que jusqu’à un référendum aux résultats déjà jugés peu crédibles, la constitution guinéenne limitait ce nombre à 2. Une mission internationale de la CEDEAO et l’UA, ainsi que de l’ONU devrait se rendre à Conakry.
ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE EN GUINÉE CONAKRY
PAS CRÉDIBLE, PAS LÉGITIME, PAS DÉMOCRATIQUE
Ce 18 octobre s’est déroulée l’élection présidentielle d’un troisième mandat anti-démocratique de l’actuel Président Alpha Condé. Déjà mal élu en 2010 alors qu’un écart énorme le mettait derrière son challenger Cellou Dalein, Alpha Condé drapé dans son manteau surfait « d’opposant historique », avait été proclamé Président à la surprise générale de tous.
Pour imposer sa candidature anticonstitutionnelle après avoir fait ses 2 mandats de 5 ans, Alpha Condé a changé les règles du jeu en faisant voter sur des dizaines de cadavres une nouvelle constitution couplée aux législatives boycottées par les principaux partis significatifs du pays à la place de la constitution qui lui avait permis de faire ses 2 mandats antérieurs.
Le FNDC (Front du Peuple Guinéen) contre la révision de la Constitution avait mené un combat citoyen pour empêcher ce coup d’État anticonstitutionnel et exiger le respect des règles du jeu électoral.
Nous écrivions en janvier 2020 : » Les Guinéens et les Africains sont fiers du rôle précurseur de la Guinée de Sékou Touré/Saïfoulaye Diallo/Mafori Bangoura/Lansana Beavogui qui a ouvert la voie aux indépendances africaines des colonies françaises au Sud du Sahara en votant NON au référendum instituant la « communauté » coloniale française et donc OUI à l’indépendance ainsi gagnée le 2 octobre 1958″. Puis nous ajoutions : « Les Guinéens et les Africains se souviennent que la Guinée indépendante unie a vaincu l’agression des colonialistes fascistes Portugais en 1970, le sabotage des fausses monnaies de francs guinéens de l’opération « Persil » montée par les réseaux revanchards de Foccard de la françafrique et a été tout comme Alger après 1962 la « Mecque » des mouvements de libération nationale des colonies portugaises (Guinée Bissau, Angola, Mozambique) et anti-apartheid (Afrique du Sud, Namibie, Zimbabwe). La Guinée a plusieurs fois dans l’histoire été un exemple ».
Toute cette tradition historique guinéenne patriotique et populaire est aujourd’hui bafouée par Alpha Condé dont la gouvernance est marquée par une ethnicisation irresponsable dangereuse de la scène politique de ce pays qui a fait la fierté de l’Afrique. La Guinée appartient aux Guinéens de toutes les nationalités (Peul, Djallonké, Soussou, Baga, Malinké, Guerzé, Kissi, etc.) et les Présidents de ce pays sortiront un jour de chacune de ces nationalités en fonction du programme et non de l’ethnie.
Même si l’opposant, Cellou Dalein, en se lançant dans cette course électorale à la présidentielle pipée est tombé dans le piège du match triché d’avance par Alpha Condé, les résultats collectés par son parti et les résultats officiels vont être utilisés par Alpha Condé pour brouiller le vol électoral et faire oublier le coup d’État référendaire truqué anticonstitutionnel.
Des manifestations pour dire non au putsch électoral vont se solder par des morts de jeunes Guinéens.
La CEDEAO joue un jeu trouble en prétendant dans un rapport que les élections se sont déroulées quasi-normalement sous quelques réserves marginales. La CEDEAO, à l’instar de son rôle anti-peuple au Mali, est là aussi la CEDEAO du « syndicat des présidents » néocoloniaux.
Le Collectif Afrique constate que la Guinée est devenue aujourd’hui un terrain d’affrontements entre entre les impérialismes français et étasunien sur fond d’ethnicisation instrumentalisée par une classe politique et en premier lieu de l’actuel président Alpha Condé.
Le Collectif Afrique appelle les patriotes progressistes, panafricanistes et anti-impérialistes du pays de Sékou Touré/Saïfoulaye Diallo/Mafori Bangoura/Lansana Beavogui à se rassembler pour stopper l’autocratie présidentialiste, sortir le pays de l’engrenage mortifère de l’ethnicisme et restaurer la souveraineté nationale et populaire de la terre africaine de Guinée.
21/102020