Certains « marxistes » dogmatiques ne savent jamais que faire pour se comporter à leur insu comme des « idiots utiles » de l’impérialisme.
Ainsi en est-il des polémiques infinies qu’ils nourrissent au sujet de la nature de classe du régime chinois. Certes, ces discussions peuvent et doivent avoir lieu entre communistes, mais à la stricte condition que, dans le même temps, les militants qui se réclament du communisme combattent aussi, et avec au moins autant de force qu’ils ne mènent leurs polémiques, les préparatifs impérialistes de guerre contre la Chine. Et qu’ils rejettent aussi, sans renvoyer tout le monde dos à dos, les campagnes occidentales néocoloniales antichinoises visant à promouvoir les séparatismes réactionnaires ouïghour, tibétain et hongkongais: c’est-à-dire, soyons clairs, à promouvoir un nouveau partage impérialiste de la Chine sous couvert de droits de l’homme.
Le PRCF n’a pour sa part aucune sympathie pour le régime contre-révolutionnaire, anticommuniste et ouvertement anti-bolchevik de Poutine. Cela ne nous empêche en rien de combattre les préparatifs de guerre antirusse, véritable revanche à retardement sur Stalingrad, que mène le bloc euro-atlantique en alimentant la ruineuse course aux armements de l’OTAN et en tentant systématiquement de retourner contre la Russie ses voisins baltes, ukrainiens ou biélorusses.
De même, la conférence nationale du PRCF de 2019 a-t-elle porté une appréciation très nuancée sur le devenir de la Chine sans que cela nous empêche en rien de combattre à boulets rouges les menées de « notre » impérialisme contre le grand peuple chinois dont le tort principal est de contrarier la volonté cynique, « unilatérale », de domination mondiale du camp euro-atlantique.
Refuser catégoriquement la nouvelle guerre de moins en moins froide que mène le camp euro-atlantique contre Moscou et Pékin est même pour nous une manière supplémentaire de militer pour l’indépendance de notre pays.
De vrais patriotes français devraient notamment penser à la manière très politique dont avait agi Charles de Gaulle dans les années 1960: pour dégager la France de l’étreinte « amicale », en réalité mortelle des États-Unis, et sans manifester la moindre sympathie pour les régimes communistes alors en place à Moscou et à Pékin, le président français d’alors avait eu le courage de reconnaître la République populaire chinoise. Après avoir viré les troupes américaines du sol français, De Gaulle avait également critiqué les agissements US au Vietnam dans son célèbre Discours de Phnom Penn. Il avait aussi stigmatisé l’expansionnisme israélien au Proche-Orient, rendu visite à Brejnev dans le cadre d’une mémorable visite d’État (souvenons-nous de la « Nathalie » de Gilbert Bécaud!)… et soutenu le « souverainisme » québécois au grand dam de Londres, de Washington, d’Ottawa… et de la grande bourgeoisie française obtusément pro-atlantique.
Il est vrai que, par son histoire, de Gaulle ne savait que trop la dette énorme que notre pays avait à l’égard de l’URSS, premier vainqueur militaire du Reich puisque, à l’occasion de sa visite d’État au Maréchal Staline en 1944, le chef de la France libre avait loyalement déclaré: « les Français savent que la Russie soviétique a joué le rôle principal dans leur libération »…
Au final, refuser les campagnes antirusses et antichinoises qui se succèdent au pas cadencé, notamment sous la houlette du « socialisant » Raphaël Glucksmann, ce fils à papa de l’ultra-atlantisme belliciste, c’est servir la paix mondiale, le droit de chaque peuple à disposer de son avenir sans ingérence impérialiste, le droit de la France à sortir à temps du mouroir euro-atlantique qui l’étouffe, et plus généralement, le droit à la VIE: car, quoi qu’on pense des régimes en place à Moscou ou à Pékin, n’est-il pas évident qu’une guerre mondiale, inévitablement nucléarisée, entre le bloc euro-atlantique et l’alliance en formation russo-chinoise, signerait la fin de la France, la mort de l’Europe, et l’extermination de l’humanité?