Pas un jour ne passe sans que de durs affrontements de classes n’opposent la classe ouvrière chinoise, et souvent la paysannerie dépossédée, au grand capital international et à la grande bourgeoisie chinoise, ainsi qu’aux promoteurs qui font main basse sur les terres agricoles.
Toute à son « socialisme de marché« , la direction du PCC appelle à « l’harmonie sociale », un concept antimarxiste qui n’a aucune signification dans le cadre du retour en force de la privatisation de nombre de grandes industries au profit du capital international et chinois. En outre, il semble que très souvent les grèves soient réprimées violemment, les « meneurs » licenciés et emprisonnés, alors que les syndicats officiels ne soutiennent pas les ouvriers ou qu’ils essaient carrément de briser les grèves.
Conséquence de la surexploitation éhontée dont le jeune prolétariat chinois est l’objet, cette situation socio-politique est à la fois inquiétante et intéressante.
Inquiétante, si la haute direction du PCC, arc-boutée sur l’idée d’une impossible conciliation entre socialisme à la chinoise et mondialisation capitaliste, prend le parti des capitalistes contre les salariés en grève en mettant la police au service des patrons étrangers de Foxconn et de Honda. Car le risque existe alors que la révolte objectivement anticapitaliste des ouvriers chinois ne devienne une proie facile pour l’impérialisme américain et pour les forces anticommunistes chinoises qui ne cachent pas leur volonté de démembrer la Chine, d’abattre la République populaire et de ramener le pays dans l’orbe des grandes puissances qui dominaient avant 1949.
Intéressante si les communistes chinois réellement attachés au socialisme, à la République populaire et aux conquêtes de la révolution de 49, prennent appui sur le développement du combat anticapitaliste en Chine pour poser la question du retour de la Chine à une voie socialiste de développement autonome, indépendante de la mondialisation capitaliste dont la Chine joue actuellement le rôle d’atelier à bas coût et de grand arrière monétaire et financier.
Il ne s’agit pas de demander aux communistes chinois d’abandonner le principe d’une voie chinoise au socialisme car il est clair que les FORMES du socialisme, y compris la part plus ou moins grande de marché et d’ouverture au monde, dépendent des conditions historiques nationales. On peut cependant se demander en quoi la privatisation galopante de l’économie ou l’adoption du « management » à l’américaine a quoi que ce soit de spécifiquement chinois…
Il ne s’agit pas non plus de nier qu’au sortir des années où dominaient une orientation ultra-gauche et antisoviétique, la Chine a obtenu un rang de premier plan dans le concert des nations et un début de réunification du pays (retour de Hong Kong et de Macao à la mère-patrie). Bien entendu, des marxistes responsables ne peuvent être indifférents à la volonté du PC chinois de développer largement les forces productives et la modernisation technique du pays en rompant avec les graves errements de la prétendue Révolution culturelle. La question est de concilier l’essor des forces productives et le développement socialiste du pays au profit, non d’une minorité de capitalistes étrangers et chinois, ni de nouveaux milliardaires (qui ont désormais le droit d’intégrer le PCC), mais des centaines de millions d’ouvriers et de paysans qui sont souvent traités comme des chiens, notamment les mineurs de charbon envoyés au fond dans des conditions d’insécurité terrible ou les ouvriers de Foxconn réduits au suicide comme chez nous les travailleurs de France-Télécom.
Mais le contenu du socialisme, que ce soit en Chine, en France ou ailleurs, ne peut faire abstraction ni de la propriété sociale des moyens de production principaux, ni du pouvoir du peuple travailleur. Les communistes français ont payé de la destruction du PCF la prétention des dirigeants des années 70/80 de construire un « socialisme à la française » sans socialisation des moyens de production ni exercice de la dictature du prolétariat. Au final il n’y a pas eu de socialisme en France, qu’il soit à la française ou pas à la française, le capitalisme est plus fort que jamais dans notre pays, et la nation elle-même est en voie de décomposition parce que la classe ouvrière française et son parti historique ont subi de graves défaites du fait du triomphe du réformisme et du révisionnisme du « socialisme à la française », sans dictature du prolétariat ni révolution socialiste !
Cela ne signifie nullement que la question de la nature de classe du pouvoir en Chine soit tranchée à nos yeux. L’acharnement des capitalistes, depuis notamment les évènements contre-révolutionnaires de Tien An Men en 1989, à renverser le PCC, leur politique des « deux fers au feu » (bonnes relations avec la puissance économique qu’est devenue la Chine, mais soutien permanent des pays impérialistes aux forces séparatistes tibétaines, ouigours, etc.), montrent que la contre-révolution n’est pas encore opérée en Chine. De même il est significatif que les ouvriers de certaines usines en grève aient été augmentés de 70%, ce dont ne peuvent que rêver les ouvriers français qui ont en face d’eux un pouvoir dont la nature fascisante et ultra-patronale ne fait aucun doute! Cela prouve que « la messe n’est pas dite en Chine »!
Et c’est justement parce que le PRCF est attaché à la République populaire et à l’union du PCC et des masses populaires chinoises, parce qu’il souhaite passionnément que la RP de Chine s’affirme en tant que grande puissance mondiale SOCIALISTE qu’il est amené à donner son avis fraternellement sur les évènements de Chine. C’est d’autant plus son droit que nombre d’usines de France, par ex. la plus grande usine du département ouvrier du Pas-de-Calais ARCOPAL est actuellement en cours de délocalisation en Chine, ce qui aggrave le chômage et la précarité dans notre pays.
DAns ces conditions, le PRCF soutient la lutte de classe résolue des ouvriers chinois contre le grand capital international et contre les nouveaux milliardaires chinois. Le PRCF soutient tous les communistes et patriotes chinois qui veulent oeuvrer pour l’harmonie sociale, non pas du capital et du travail, mais du Parti communiste chinois, des ouvriers et paysans et de la République populaire.
Il est du plus haut intérêt pour le prolétariat international, celui des pays à bas coût de main-d’oeuvre comme celui des pays occidentaux, que le jeune prolétariat chinois, de plus en plus exigeant et combatif, suivant la voie des ouvriers roumains de Dacia qui ont fait trembler Renault, passe à la contre-attaque. Le capitalisme a cru échapper au combat de classe ouvrier en exportant massivement la production dans les pays à majorité paysanne. Alors que le système capitaliste est déjà sapé de l’intérieur par sa crise structurelle, il tremblera lorsque la classe ouvrière chinoise achèvera de s’éveiller. Comme la grève de Dacia en Roumanie, les grèves des ouvriers chinois de Honda et de Foxconn ont une signification historique: celle de la contre-offensive du prolétariat international contre le « talon de fer » du capital qui écrase le monde depuis notamment l’offensive néolibérale de Pinochet-Thatcher-Reagan et la disparition du camp socialiste.
Plus que jamais donc, « prolétaires de tous les pays, unissons-nous! ».