Deuxième population du monde, l’Inde et ses 1.35 milliard d’habitants sont également frappés par l’épidémie de covid-19. Mais la réponse n’est pas la même selon les États qui composent le pays et, surtout, selon qui les dirige.
À la tête du pays l’utra-nationaliste, belliqueux et issu du parti fascisant hindou BJP, Narendra Modi a refusé de prendre des mesures durant des semaines. Le 19 mars dernier, il n’annonçait qu’un couvre feu symbolique.
Le 24 mars alors que l’épidémie se répandait, il ordonnait un confinement général du milliard et demi d’Indiens…. dans un délai de 4h… provoquant une panique générale. Les travailleurs des mégapoles indiennes, privés de toutes ressources étaient précipités sur les routes vers leurs campagnes d’origine, dans l’espoir d’y trouver du secours, au risque d’accélérer encore plus la circulation du virus. À cela, il faut ajouter la vague de violences des nationalistes hindous contre les musulmans, mais également contre les castes inférieures.
Mais l’Inde ce n’est pas que le nationalisme de Modi, c’est aussi un des plus grands partis communistes du monde. Des communistes qui sont au pouvoir dans un des États du sud de l’Inde, le KERALA, avec le Front de Gauche Démocratique.
Et au sein même de l’Inde, l’expérience montre une nouvelle fois que le socialisme sauve là où le système capitaliste, cet exterminisme, tue.
Plusieurs semaines avant les annonces de Modi, des mesures de confinement avaient été mises en place : les écoles ont ainsi été fermées dès le 10 mars.
Mais pas seulement. Un vaste programme de tests pour identifier les cas de covid-19 et tracer leurs contacts est mis en œuvre pour briser les chaînes de transmission. Le 11 avril, une campagne de tests PCR de 100 000 tests était déployée accompagnée d’un million de tests immunologiques.
Le KERALA met également en place un programme d’aide alimentaire, y compris pour assurer l’approvisionnement en nourriture auprès des personnes confinées – mobilisant 250 000 volontaires– et des aides sont versées à la majorité des ménages. L’État oblige également les fournisseurs internet à augmenter leurs capacités afin d’augmenter les possibilités de télétravail, la production de masques et de gel hydroalcoolique est renforcée.
Le KERALA, sous administration communiste, est également mieux préparé à la crise sanitaire. Si en moyenne les Indiens n’ont accès qu’à 20% de remboursement de leurs dépenses de santé, cette somme monte à 60% au Kerala.
Résultats, si le KERALA a été le premier État indien à détecter des cas dès la fin du mois de janvier, c’est aussi le premier à enregistrer une baisse du nombre de cas de 30% dans la première semaine du mois d’avril.
Et ce 25 avril, il ne déplorait que 3 morts pour 457 cas confirmés.
Le gouvernement communiste ne baisse pourtant pas la garde. Au contraire :
le ministre en chef du KERALA, Pinarayi Vijayan, a déclaré que si l’État avait réussi à contrôler la propagation du Covid-19, des mesures supplémentaires pour bloquer la pandémie seraient désormais prises afin d’augmenter le nombre de tests effectués. Pinarayi Vijayan souligne que tous les patients seraient désormais testés pour le coronavirus même s’ils commencent à montrer seulement un ou deux symptômes au lieu du protocole actuel de test lorsqu’ils montrent quatre à cinq symptômes : « Les kits de test rapide seront également utilisés pour effectuer plus de dépistages. Cependant, ceux qui seront testés négatif à l’aide du kit devront continuer à être suivis. Il est possible qu’ils soient positifs à un stade ultérieur ».
Au-delà de la comparaison frappante entre ces deux États de l’Inde, capitaliste et fascisante d’un coté ne faisant rien pour protéger sa population, communiste de l’autre dont la priorité est la santé, l’éducation, les besoins humains, chacun pourra constater que suivre les recommandations de l’OMS comme le fait le KERALA fonctionne. Que cela est possible même pour un État sans les ressources d’une grande puissance, lorsqu’il y a la volonté politique. Ce qui démontre la responsabilité criminelle dans la catastrophe sanitaire, de l’Union Européenne comme du régime Macron. Comme Modi, leur choix est celui structurel du capitalisme : nos vies pour protéger leurs profits.
JBC pour www.initiative-communiste.fr
A retrouver ci dessous notre dossier spécial :
- Le BJP profite des peurs liées au coronavirus pour faire monter d’un cran le fascisme indien
- L’OMS salue l’action du gouvernement communiste du Kerala contre le Covid-19
Le BJP profite des peurs liées au coronavirus pour faire monter d’un cran le fascisme indien
L’Inde fonce sur la piste des conflits religieux, et c’est le gouvernement qui conduit le véhicule.
Par Alan Macleod — 17 avril 2020
La semaine dernière, Dilshad « Mehboob » Ali, 22 ans, a été traîné dans un champ de la périphérie de Delhi et battu à coups de bâton et de pied par une foule enragée qui exigeait qu’on lui dise : « Qui d’autre est derrière cette conspiration ? » Ses agresseurs pensaient qu’il faisait partie d’un «corona Jihad » : un complot diabolique de la minorité musulmane de l’Inde pour répandre la maladie et tuer le plus d’hindous possible. Ali a été traîné dans un temple et on lui a ordonné de se convertir à l’hindouisme avant de lui permettre de se rendre. Les images de l’incident, qui illustrent une attaque nationale contre les quelque 200 millions de musulmans du pays, sont devenues virales.
Ali fait partie du mouvement Tablighi Jamaat, identifié par le gouvernement comme le principal responsable de la propagation du coronavirus en Inde. Entre le 13 et le 15 mars, le mouvement a organisé, dans le quartier de Nizamuddin à Delhi, un rassemblement auquel ont participé environ 8 000 personnes venues de tout le pays et d’ailleurs en Asie. Après que certains ont été testés positifs au COVID-19, le gouvernement du parti nationaliste hindou Bharatiya Janata (BJP) s’est mis à les diaboliser comme à l’origine de l’épidémie qui a tué 448 personnes jusqu’à présent, mais dont on craint qu’elle ne se propage comme une traînée de poudre dans les bidonvilles densément peuplés du pays. Les principaux responsables politiques du BJP ont immédiatement suscité la peur d’un « corona jihad ». « Le gouvernement central et les gouvernements des États ne laissent rien au hasard dans la lutte décisive contre le COVID-19 », a déclaré Rajeev Bindal, président du parti BJP de l’Himachal Pradesh. « Mais certaines personnes, dont les membres du Tablighi Jamaat, se déplacent comme des bombes humaines pour ruiner leurs efforts. »
D’autres dirigeants du BJP ont affirmé que les musulmans pratiquaient un « corona terrorisme » et crachaient sur les médecins et autres travailleurs de la santé. « C’est clair, leur but est d’infecter le plus grand nombre de personnes possible avec le coronavirus et de les tuer », a tweeté le politicien de Delhi Kapil Mishra. D’autres personnalités du BJP ont parlé de « crime taliban ».
Même les autres hindous n’ont pas été épargnés par le sectarisme du BJP. Une information de CNN a souligné comment les dalits, les plus bas placés dans le système de castes hindou officiellement interdit, ont été empêchés d’acheter de la nourriture et des médicaments. Les dalits sont souvent considérés comme intrinsèquement sales par les castes supérieures, aussi se sont-ils vu refuser l’accès aux magasins et l’entrée dans certains quartiers au nom de la crainte du coronavirus.
Bien que le gouvernement ait adopté des lois contre la diffusion de fausses informations et que les médias sociaux soient soumis à des règles interdisant les discours de haine, il devient plus difficile de les faire appliquer lorsque les hauts dirigeants politiques eux-mêmes s’y livrent. Néanmoins, le torrent de fausses nouvelles islamophobes qui circule sur Twitter montre clairement qu’on est loin d’en faire assez pour les éradiquer. Le hashtag #CoronaJihad est à la mode depuis plusieurs jours, les infox et les discours de haine abondent.
Le résultat de cette campagne a été une augmentation spectaculaire des attaques islamophobes et du sentiment antimusulman. Dans toute l’Inde, les hindous risquent d’écoper des amendes s’ils sont pris à fraterniser avec des musulmans. D’autres ont été battus à coups de battes et lynchés.
De fausses nouvelles ont également été diffusées visant à contaminer la population musulmane elle-même, avec des vidéos circulant sur TikTok et autres plateformes disant aux utilisateurs que le virus ne touche pas les musulmans et qu’ils ne doivent pas porter de masque.
La vague de violence antimusulmane a choqué de nombreux observateurs, mais ne les a pas surpris. Le Premier ministre Narendra Modi a attiré sur lui l’attention du pays alors qu’il était ministre en chef de l’État du Gujarat lors de la vague massive de pogroms antimusulmans en 2002, qui a causé plus de 2 000 morts et chassé 200 000 musulmans de leurs foyers. Pour beaucoup, en Inde, il est largement considéré comme l’architecte de cette vague de violence, ce qui est un bon point pour lui. Il a été réélu l’année dernière à une écrasante majorité.
Modi a cependant dû affronter une forte opposition, principalement de la part des nombreuses communautés religieuses minoritaires de l’Inde, qui considèrent que son programme explicitement nationaliste hindou les condamne à devenir des citoyens de seconde zone, voire pire. L’année dernière, le pays a connu des soulèvements après l’adoption de sa loi controversée sur la modification de la citoyenneté (CAA) et celle du Conseil national d’enregistrement (NRC). La CAA permet aux personnes fuyant les persécutions de leurs voisins à majorité musulmane d’obtenir plus facilement la citoyenneté indienne. Mais cette politique empêche explicitement les musulmans et les dalits de bénéficier de la loi ; ce qui, soulignent les critiques, brise la tradition laïque de l’Inde.
L’instauration du NRC est sans doute encore pire. Le NRC est un nouvel organisme qui révise les lois sur la citoyenneté indienne, exigeant des citoyens qu’ils fournissent une documentation complète sur eux et leurs ancêtres, ce qui est certainement irréalisable pour des centaines de millions de personnes. Sans ces informations, le gouvernement peut retirer la citoyenneté à qui il veut, jetant ainsi du jour au lendemain d’importantes populations dans l’illégalité. Cette politique a déjà été mise en œuvre dans l’État d’Assam, au nord-est du pays, où 1,9 million de personnes — pour la plupart musulmanes — ont été déclarées apatrides et sans droits. Le gouvernement du BJP est en train de construire un réseau de centres de détention, un peu comme ceux à la frontière entre les États-Unis et le Mexique, pour accueillir la nouvelle population d’« immigrants illégaux ». En février, Giriraj Singh, un ministre du gouvernement Modi, a provoqué une grande colère lorsqu’il a soutenu que l’Inde avait fait une grave erreur en ne recourant pas au génocide total de toute la population musulmane lors de la fondation du pays en 1947.
« C’est une grande erreur de nos ancêtres, dont nous payons le prix aujourd’hui. Si, à l’époque, des Frères musulmans avaient été envoyés là-bas et des hindous amenés ici, nous ne serions pas dans cette situation », a déclaré M. Singh. Il faisait référence aux manifestations et aux pogroms antimusulmans qui se sont répandus dans le pays et ont tué 36 personnes.
Si certains espéraient qu’un confinement national au milieu d’une pandémie qui menaçait tout le monde calmerait les flammes de la haine communautaire et donnerait naissance à un esprit collectif transcendant les religions, cet espoir est complètement anéanti. L’Inde fonce sur la voie des conflits religieux, et c’est le gouvernement lui-même qui conduit le véhicule.
Alan MacLeod est rédacteur à MintPress News. Après son doctorat, en 2017, il a publié deux ouvrages : Bad News From Venezuela: Twenty Years of Fake News and Misreporting et Propaganda in the Information Age: Still Manufacturing Consent. Il a également travaillé pour Fairness and Accuracy in Reporting, The Guardian, Salon, The Grayzone, Jacobin Magazine, Common Dreams, American Herald Tribune et The Canary.
Traduction depuis l’anglais DG pour www.initiative-communiste.fr
L’OMS salue l’action du gouvernement communiste du Kerala contre le Covid-19
Henk Bekedam, le représentant de l’Organisation Mondiale de la Santé en Inde, a salué l’action « rapide » du KERALA face au Coronavirus et son « expérience et investissement » antérieurs » qui permettent ses réussites, souligné par des mesures fortes telles que la surveillance des districts, la communication des risques et l’engagement communautaire dans au quotidien.
Un succès rapporté par le Washington Post, qui rapporte comment le Kerala est aujourd’hui le meilleur état au monde pour contrôler avec succès la transmission du virus. Ce succès du Kerala pourrait s’avérer instructif pour le gouvernement indien qui a, en grand, mis le pays en quarantaine pour arrêter la propagation de la contagion, mais continue de voir une propagation du virus et des décès.
Le système de santé le plus performant d’Inde
A la différence de l’Inde, dont le système de santé est faible, les mesures actives du KERALA, telles que la détection précoce et de vastes mesures de soutien social, pourraient servir de modèle pour le reste du pays.
Le KERALA a le taux d’alphabétisation le plus élevé et bénéficie du système de santé publique le plus performant du pays. Il arrive en tête du classement de l’Inde sur la mortalité néonatale, les vaccinations à la naissance et la disponibilité de spécialistes dans les établissements de soins primaires.
Dépistages massifs
La solidité de son système de santé lui a permis de suivre la recommandation de l’Organisation mondiale de la santé sur les tests massifs, même si les organismes nationaux indiens ont soutenu que les tests de masse n’étaient pas possibles dans un pays comme l’Inde.
Au cours de la première semaine d’avril, le KERALA a effectué plus de 13.000 tests, ce qui représente 10% de tous les tests effectués à travers l’Inde. En comparaison, l’Andhra Pradesh, un plus grand État avec un nombre similaire de cas, a effectué près de 6000 tests tandis que le Tamil Nadu, avec plus du double du nombre de cas, en a fait plus de 8000.
Le KERALA fournit un modèle pour le gouvernement central, de résolution de problèmes de santé publique calme et alerte.
A lire sur le toujours bien informé sur l’Inde blog de N Maury : La BBC enquête sur les réussites du Kerala face au Covid-19