CONFÉRENCE SUR LES QUESTIONS INTERNATIONALES, PARIS 4 ET 5 MAI 2013
Militant anticolonialiste dès les années 1970, Mohamed KADAMI a activement contribué à la création de plusieurs mouvements de rassemblement de l’opposition avant de participer à la fondation du Front pour la Restauration de l’Unité et de la Démocratie (FRUD) en août 1991.
Au sein de la dictature djiboutienne, la famille du président a fait main basse sur tous les secteurs de l’économie, du commerce et des investissements.
Les dernières élections qui viennent de se dérouler ont montré une fois de plus le visage de ce régime : exécutions extra-judiciaires, intimidation des responsables des partis d’opposition autorisés, arrestations arbitraires (chefs de partis, vice-président de la Ligue des Droits de l’Homme), tortures et mauvais traitements. Pour le scrutin lui-même, il a été entaché de fraudes systématiques, dénoncées par tous les partis d’opposition, et le parti du Président remporte 80% des sièges à l’Assemblée Nationale…
Djibouti doit rompre avec les pratiques qui ont engendré l’impasse aussi bien du vivre ensemble que de la démocratie et de l’économie
Alors que Djibouti est surtout ancré dans la Corne de l’Afrique, constituant notamment le débouché naturel de l’Ethiopie, forte de 85 millions d’habitants, les dirigeants djiboutiens n’ont fait qu’accentuer la dépendance vis-à-vis des bases militaires de la France, des États Unis, de l’Allemagne, du Japon.
L’Éthiopie est tout de même un grand pays avec une vision propre de ses intérêts et de la région. Son poids reste déterminant dans la Corne. Malheureusement, son expédition en Somalie fut un désastre et n’a fait que compliquer l’imbroglio somalien. La Somalie porte encore les stigmates de cette invasion qui fut encouragée et financée par les Etats-Unis. Sa dépendance des USA se situe à une autre échelle incomparable avec celle de Djibouti.
L’Afrique doit aussi faire le deuil de l’illusion de la création de l’État-nation. Ce concept forgé en Europe a été plaqué sans ménagement aux territoires africains qui, à quelques exceptions près, sont composés de plusieurs entités dont chacune à sa langue et sa culture.
pourquoi nous pensons que le concept lui-même est inopérant, inadapté à la réalité africaine et qu’il faut plutôt parler de la création d’un État national, capable d’intégrer plusieurs entités, de jeter les véritables bases de la citoyenneté pour tous.
Il n’y a pas de menace islamiste même si on assiste ici et là à quelques prêches enflammés contre la corruption des dirigeants. Le pouvoir exagère la menace islamiste, tout en instrumentalisant le phénomène et refusant à quelques oulémas de créer leur parti. Jusqu’à maintenant, les manifestations populaires qui se sont déroulées depuis février 2011, l’ont été à l’initiative des partis d’opposition et des associations sans coloration religieuse,
La France a une base militaire à Djibouti et a sauvé in extremis de la déroute militaire le régime de Djibouti en février 1992. 20 ans après la France va-t-elle encore voler au secours de ce régime réduit à un couple familial ?
Le FRUD est un mouvement responsable qui lutte pour la démocratie à l’instar des autres forces démocratiques et des associations de la diaspora. Le FRUD reste incontournable dans le contexte djiboutien et il fait partie de la solution. Sa participation au CNDD, qui a été constitué en février 2012 avec d’autres mouvements de l’opposition légale et de la société civile, indique son intention de contribuer à l’avènement d’une véritable alternance.
La lutte armée est indispensable pour maintenir une pression sur les autorités de la dictature et conserver au peuple Djiboutien un espoir de s’en débarrasser.
La lutte armée est une forme d’autodéfense du peuple contre les exactions de la dictature. Elle montre les faiblesses d’un pouvoir aux abois. Elle est fédératrice pour l’esprit de résistance et porteuse de l’espoir d’un changement auquel aspire le peuple djiboutien.