Alors que le congrès du Parti Communiste Cubain s’ouvre ce 16 avril, Initiative Communiste publie l’entretien que lui a accordé Hector Igarza Ambassadeur de Cuba à Paris. Où il fait le point sur le blocus américain contre Cuba, la visite du président Obama sur l’ile et revient sur les mesures prises pour renforcer Cuba Socialiste et pour un socialisme cubain de plus en plus juste.
L’occasion de rappeler que le blocus contre Cuba Socialiste condamné par l’ensemble de la communauté internationale n’est toujours pas levé et que la solidarité internationale avec Cuba Socialiste doit donc se poursuivre et se renforcer.
Initiative Communiste : Excellence, après le voyage à La Havane du président des États-Unis et à la veille du congrès du PCC, les médias bourgeois faisant un énorme travail de désinformation contre le socialisme à Cuba, pouvez vous nous faire part de votre analyse de la situation politique sur l’île, de la politique des E-U vis à vis de Cuba, des perspectives politiques et économiques qui seront définies lors du congrès du parti ?
Hector Igarza Ambassadeur de Cuba à Paris : La paix et la tranquillité qui règnent à Cuba sont de plus en plus universellement reconnues. Cette réalité est aussi le fruit de l’exemple de ses dirigeants et du peuple qui ont toujours fait honneur à leur maître José Marti. Jamais nous n’avons prêché la haine contre ceux qui disent nos ennemis. Dans les jardins d’enfants, le civisme et l’éthique sont inculqués aux enfants avec les vers de notre Héros national José Marti : « Et pour le cruel qui m’arrache le cœur avec lequel je vis, je ne cultive ni carde ni ortie : je cultive la rose blanche ».
Le président Brack Obama enterre plusieurs mythes avec sa visite historique à Cuba. Il renverse l’hégémonie de la mafia cubano-américaine sur l’important État de la Floride et sur le contrôle de la « vérité » qu’elle a imposée de longue date sur ce qui se passe chez nous. Le président des États-Unis a eu le courage de se passer de la redoutable machine électorale de Miami, de ses votes, de son soutien financier et de sa capacité de recourir à la fraude.
Cuba est une nation qui éprouve du respect pour tous les pays du monde, y inclus les États-Unis, et n’a jamais ressenti ni stimulé de haine pour le peuple de ce pays en dépit des appétits qu’elle a suscités basés sur l’Amendement Platt ou la Loi Helms-Burton prétendent ignorer les droits des Cubains gagnés après plus de 100 ans de luttes.
Nous avons appliqué notre grand paquet de mesures en 1959. Et durant cette période, nous avons réalisé, de manière permanente jusqu’à cette minute précise, les transformations que demandent la société cubaine.
Cuba est un pays en changement permanent vers une économie plus compétitive, plus productive ; vers des politiques sociales chaque fois plus justes, qui touchent de manière universelle toutes les Cubaines et tous les Cubains et qui, en même temps, jouissent d’une plus grande stabilité économique.
Cuba vient d’entreprendre des changements importants dans sa politique en matière d’investissements étrangers. Elle vient d’ouvrir, pour la première fois dans son histoire, une zone spéciale de développement (Mariel, a 45 kilomètres de La Havane) présentant des avantages spéciaux pour les entreprises étrangères.
En 2011, Cuba a adopté un nouveau programme de mesures que nous appelons les Orientations de la politique économique et sociale, qui a été ensuite adopté par notre Parlement, et dont l’exécution sera évaluée par le prochain Congrès du Parti communiste, entre le 16 et le 18 d´avril, qui procèdera à certains ajustements. Évidemment, il procèdera à des ajustements, des changements pour ajuster ce programme au développement, à l’exécution des mesures qui ont été décidées qui, en général, fonctionnent bien. Bien sûr, tout ceci doit être perçu à partir de l’expérience des quatre années qui se sont écoulées.
De sorte que je peux dire que Cuba est une société en changement et que notre peuple se propose de changer tout ce qui doit l’être pour rendre le socialisme cubain de plus en plus juste, pour que nos politiques sociales soient plus inclusives afin d’assurer la pleine garantie des droits politiques et civils, ainsi que les droits économiques, sociaux et culturels de toutes nos citoyennes et de tous nos citoyens, de garantir un avenir de bien-être à nos enfants et de construire une économie solide qui garantisse la prospérité, le bien-être, la justice et la dignité des Cubains.
J’aimerais souligner que Cuba est engagée, et elle continuera de l’être, dans la construction d’une nouvelle relation avec le gouvernement des États-Unis, dans le plein respect de sa souveraineté et fidèlement attachée à ses principes de justice sociale et de solidarité.
Dans notre relation avec les États-Unis, il n’y a, en aucune manière, sur la table des négociations, la réalisation de changements internes à Cuba, qui sont et resteront du ressort de la souveraineté exclusive de notre peuple.
Nul ne pourrait prétendre que pour avancer vers la normalisation des relations entre nos deux pays, Cuba doive renoncer ne serait-ce qu’à un seul de ses principes, ni à sa politique extérieure, profondément et historiquement engagée envers les causes justes du monde et envers la défense de l’autodétermination des peuples.
Obama a prononcé un discours où il utilise des mots mielleux pour signaler : « Il est temps d’oublier le passé, laissons le passé en arrière, regardons vers l’avenir, regardons-le ensemble, un avenir d’espoir. Et ceci ne sera pas facile, il y aura des défis, et nous allons leur laisser le temps. Mais mon séjour ici me remplit d’espoir sur ce que nous pouvons faire ensemble comme des amis, comme des familles, comme des voisins, ensemble ».
Le leader historique de la Révolution Cubaine, le Commandant en Chef Fidel Castro, a publié ses réflexions á propos de cette déclaration du président Obama. Fidel Castro a dit : « Il est à supposer que chacun d’entre nous a frôlé l’infarctus en écoutant ces paroles du Président des États-Unis. Après un blocus impitoyable qui dure depuis près de 60 ans… et ceux qui sont morts victimes des attaques mercenaires contre des bateaux et des ports cubains… un avion de ligne plein de passagers fait exploser en plein vol, des invasions mercenaires, toutes sortes d’actes de violence et de force ?
Que personne ne se fasse d’illusions sur le fait que le peuple de ce pays noble et désintéressé renoncera à la gloire et aux droits, à la richesse spirituelle qu’il a acquise par le développement de l’éducation, la science et la culture », a souligné le Leader Historique.
C’est essentiel, car le blocus reste en place et il a des composantes dissuasives et des effets d’intimidation de portée extraterritoriale. Le blocus est le principal obstacle à notre développement économique et au bien-être du peuple cubain.
C’est pourquoi son élimination sera essentielle pour la normalisation des relations bilatérales. Il sera également bénéfique à l’émigration cubaine, qui souhaite le meilleur pour sa famille et son pays.
Pour avancer vers la normalisation, il sera également nécessaire que le territoire illégalement occupé par la base navale de Guantanamo soit restitué. Ces deux questions, qui constituent les principaux obstacles, ont de nouveau été évoquées dans l’éditorial publié le 9 mars dans l’organe officiel du Parti communiste de Cuba et, il y a seulement quatre jours, en conférence de presse par notre ministre des Relations extérieures, Bruno Rodriguez Parrilla, et elles ont été largement relayées par la presse. Par ailleurs, d’autres politiques devraient être supprimées pour que des relations normales puissent s’instaurer entre Cuba et les États-Unis.
Pour ce faire, il ne faudrait pas prétendre que le peuple cubain renonce au destin qu’il a choisi librement et souverainement, et pour lequel il a consenti d’immenses sacrifices. Nous avons également eu des échanges sur des questions internationales, notamment sur celles qui pourraient affecter la paix et la stabilité régionale.
Sur les nouvelles dispositions émises le 15 mars passé par les Départements du Trésor et du Commerce des Etats Unis qui modifient l’application de certains aspects du blocus, il s’agit de la quatrième annonce de ce genre de la part du gouvernement des États-Unis après le 17 décembre 2014, date à laquelle les présidents des deux pays ont annoncé leur décision de rétablir les relations diplomatiques.
Les mesures annoncées auparavant ont montré peu de différence pour ce qui a trait à l’application réelle du blocus et n’ont pas fonctionné en raison de son caractère intégral et oppressif.
Nous étudions actuellement leur portée afin de mesurer les éventuels effets pratiques mais jusqu´aujourd’hui on peut affirmer sans aucun doute que ce sont des mesures positives qui vont dans la direction correcte et dont la profondeur devra être confirmée dans les faits.
Certaines d’entre elles élargissent la portée de celles qui avaient été adoptées auparavant, comme c’est le cas de la disposition autorisant les voyages individuels au titre des échanges éducatifs dits « échanges de peuple à peuple ». Il faut rappeler néanmoins que l’interdiction aux citoyens des États-Unis de voyager légalement à Cuba est toujours en vigueur.
La menace de sanctions pénales ou administratives contre ceux qui font du tourisme avec Cuba constitue une prohibition néfaste, injustifiée, qui ne devrait pas exister. Cuba est la seule destination interdite aux citoyens des États-Unis. En adoptant une telle mesure, cependant, on continue d’obliger les citoyens étasuniens à tenir un registre de toutes leurs dépenses et activités, et on leur exige, chose insolite, de consacrer tout le temps de leur visite dans notre pays non pas à jouir du contact ouvert avec les Cubains et les merveilles de Cuba, mais, comme le précise strictement la décision exécutive, « de promouvoir l’indépendance des Cubains ».
Ses composantes dissuasives et punitives sont toujours en vigueur.
• Des entreprises étasuniennes et étrangères ont récemment été condamnées à verser des amendes pour avoir offert des services et du matériel d’origine étasunienne à Cuba.
• Des entreprises étrangères qui commercialisent du nickel et du rhum cubain ont été privées de leurs lignes de crédits, et leurs transferts ont été refusés, même dans des monnaies autres que le dollar étasunien.
• Des banques étrangères ont fermé les comptes bancaires dans d’autres monnaies de pays tiers à des personnels cubains de la santé qui apportent leur coopération dans des pays d’Afrique.
• Des filiales d’entreprises étasuniennes dans des pays tiers refusent chaque jour et jusqu’à jusqu’a présent leurs services aux missions diplomatiques et aux entités cubaines installées à l’étranger.
Le blocus est et restera, à moins que ne soient adoptées d’autres décisions législatives, voire exécutives, l’obstacle décisif, le principal obstacle au développement économique de Cuba et il impose des privations au peuple cubain.
De hauts fonctionnaires du gouvernement des États-Unis ont déclaré dans les dernières heures que l’objectif des mesures approuvées était d’ « autonomiser » le peuple cubain. Le peuple cubain s’est lui-même autonomisé voici des décennies. Quelque chose ne doit pas bien fonctionner dans la démocratie étasunienne si l’on parle d’autonomiser d’autres peuples ; la souveraineté réside dans les peuples, et le pouvoir réel réside dans les vraies démocraties, chargées d’autonomiser ou non les gouvernements. Si le gouvernement des États-Unis souhaite favoriser le peuple cubain, aider le peuple cubain comme on l’affirme, il n’a qu’à lever le blocus
À l’approche de l’invasion mercenaire par Playa Giron, face aux victimes de l’attaque sournoise des aéroports la veille, les combattants de l’Armée rebelle, la Police nationale et les miliciens, brandissant leurs fusils, jurèrent de défendre jusqu’à la dernière goutte de sang le caractère socialiste de la Révolution, proclamé ce jour-là.
Les racines historiques de l’avant-garde politique cubaine se trouvent dans le Parti révolutionnaire cubain, fondé par José Marti pour organiser et conduire la Guerre nécessaire, dans le foisonnement des idées marxistes-léninistes du premier Parti communiste de Cuba, créé par Carlos Baliño et Julio Antonio Mella en 1925 dans le développement de la conscience anti-impérialiste des masses élaborée dans la lutte durant la première moitié du siècle dernier, et, comme point d’orgue, dans la commotion nationale que produisit l’action héroïque du 26 juillet 1953 et le début de la guerre de libération qui aboutit à l’indépendance définitive, consacrée le 1er Janvier 1959.C’est alors que pour la première fois le peuple réalisait ses plus légitimes aspirations et devenait le principal protagoniste de son histoire après le triomphe de la Révolution.
La destruction du vieil appareil bourgeois et la formation de l’État naissant, les mesures radicales de la Révolution et les créations d’authentiques et puissantes organisations de masse, confirmait sa ligne invariable.
Le 15 octobre 1960, le commandant en chef, Fidel Castro, déclara à la télévision que venait de s’accomplir l’étape démocratique, populaire, agraire, anti-impérialiste de la Révolution cubaine et, pour l’essentiel, la programme de la Moncada, exposé dans le document L’Histoire m’acquittera.
Le pouvoir économique et politique des grands privilèges avait été liquidé à Cuba, et s’annonçait le début d’une nouvelle étape, dont les méthodes dans la transformation économique et sociale seraient différentes. Ce serait finalement le début de la période socialiste dans les mesures et avec pour contenu la Déclaration de La Havane.
Les grands changements dans toutes les sphères de la vie du pays, la lutte contre les innombrables agressions impérialistes et les objectifs stratégiques de la Révolution, rendaient impératif la création d’une avant-garde politique pour forger et renforcer l’unité indispensable, qui serait une fidèle représentante de la société cubaine et des plus profondes aspirations de notre peuple.
À ce moment-là, les principales forces engagées dans la lutte armée et dans la période qui suivit la victoire rebelle (le Mouvement 26 Juillet, le Directoire révolutionnaire 13 Mars et le Parti socialiste populaire) avaient leurs sphères d’influences, de tactiques et leurs propres directions.
Le développement du processus et les objectifs de la Révolution contribuèrent à créer les conditions, à multiplier les liens, les consultations et les discussions entre les principales organisations qui dirigeaient la Révolution, ce qui permit d’avancer, à travers leurs principaux dirigeants, vers l’intégration à la base et à la direction.
De telle façon qu’au moment où fut déclaré le caractère socialiste de notre processus, ce 16 avril historique, l’unification de ces trois forces étaient en cours, sans qu’il n’existe encore de parti unique.
Le camarade Fidel fit référence à ce processus important dans le Rapport central du 1er Congrès de notre avant-garde politique.
« Les conditions étaient réunies pour rassembler tous les révolutionnaires en un seul Parti. Auparavant un processus d’intégration dans les bases et à la direction avait déjà été amorcé, mais à la suite des définitions du 16 avril et de la glorieuse victoire de Giron, notre Parti est né de fait dans l’union étroite de tous les révolutionnaires et du peuple travailleur, cimenté par l’héroïsme de notre classe ouvrière, qui combattit et versa son sang généreux en défense de la Patrie et du socialisme. Dorénavant, nous allons agir comme une seule organisation et sous une direction unie.
À la différence du parti fondé par Marti pour atteindre l’indépendance, de celui créé par Lénine, qui conduisit au triomphe d’octobre 1917 en Russie, et à d’autres expériences du mouvement révolutionnaire, notre Parti a surgi dans le feu des combats en défense de la Révolution.
Les jours qui suivirent la victoire décisive face à l’invasion mercenaire eurent lieu les pas définitifs pour la création de la nouvelle organisation politique avec une direction collégiale. Les intérêts et les barrières qui divisaient, séparaient, freinaient et affaiblissaient l’unité nécessaire resteraient derrière nous ». À partir de ce moment-là, le Parti s’engagea sur une voie inédite de création et d’authenticité, étroitement lié au peuple.
C’est ainsi qu’est né notre Parti, sous la direction incontestable de Fidel.
Un Parti par les masses et pour les masses (II)
FIDEL fut l’inspirateur et l’artisan indiscutable de l’unité des forces révolutionnaires. Depuis le début de la guerre de libération, le leader de la Révolution favorisa les contacts, prit des engagements et des accords avec les organisations qui participaient à la lutte. Après le triomphe de la Révolution, le 1er janvier 1959, le commandant en chef organisa des rencontres avec les principaux dirigeants de ces forces, y compris dans des conditions de discrétion absolue et progressivement, ces réunions devinrent plus systématiques et décisives et allaient devenir le creuset de l’unité.
Seulement deux mois après l’historique victoire de Playa Giron, le 24 juin 1961, un important plénum du Comité central du Parti socialiste populaire de l’époque eut lieu auquel assistèrent les plus importants dirigeants du Mouvement 26 Juillet et du Directoire révolutionnaire 13 Mars.
Lors de cette réunion, il fut décidé à l’unanimité d’unir ces trois forces afin d’assurer les tâches urgentes de la période de transition et la construction du socialisme. Lors de cette rencontre mémorable, Fidel fut reconnu comme le principal dirigeant de la nation. Avec l’adoption de la résolution, le Parti socialiste populaire fut dissous et ensuite il en fut de même pour le Mouvement 26 Juillet et le Directoire révolutionnaire 13 Mars.
Ces décisions furent suivies immédiatement par la création des Organisations révolutionnaires intégrées (ORI), une étape préliminaire à la formation d’un Parti unique. À partir de là, s’amorça un processus intense avec la création des structures territoriales et de base.
Ainsi, le 8 mars 1962, fut constituée sa direction nationale qui, le 22 de ce même mois, décida de désigner Fidel comme premier secrétaire et Raul comme deuxième secrétaire. Le Secrétariat, la commission d’Organisation furent créés et le camarade Blas Roca fut désigné directeur du journal Hoy (Aujourd’hui).
La naissance d’une seule organisation politique avec une direction unique signifiait un renforcement extraordinaire pour la Révolution. Quelques jours auparavant, le 13 mars, Fidel avait alerté et signalé publiquement certaines attitudes sectaires qui se manifestaient et se concrétisaient, entre autres faits, à travers la méfiance envers ceux qui n’avaient pas appartenu au PSP et l’on empêchait leur entrée dans la nouvelle structure.
On mit fin à temps au sectarisme dans le processus de constitution et le fonctionnement de l’organisation naissante. Compte tenu de ces critiques, un travail ininterrompu se mit en place au sein des cellules des ORI et de formation des nouvelles organisations de base, avec la plus stricte obligation de consulter leurs membres.
Fidel apporta une contribution exceptionnelle à la théorie et à la pratique de la construction du Parti : il fut l’artisan de sa constitution, fondée sur l’application créatrice des idées de Marti et de Lénine dans les conditions spécifiques de la Révolution cubaine et qui eurent leur expression concrète dans les règlements et les procédures, les méthodes de direction, les principes, la discipline, la consultation des masses, la démocratie interne et la direction collective.
À partir de ces concepts, se constitua une avant-garde politique avec une sélection rigoureuse de ses militants et étroitement liée aux masses, ce qui lui a donné prestige et autorité, des conditions fondamentales pour son action politique efficace.
À propos de cette conception, en avril 1962, le commandant en chef devait déclarer : « La Révolution se fait par les masses et pour les masses. C’est la raison d’exister du Parti et tout son prestige et toute son autorité seront liés à la relation réelle qui l’unit aux masses ».
Le Parti communiste cubain (III)
Il ne s’agissait pas d’un simple changement de nom, mais de l’établissement d’un système démocratique rigoureux pour entrer dans ses rangs, sur la base de la consultation des travailleurs à propos de ceux qui pourraient être considérés et choisis comme des travailleurs exemplaires, et la sélection par les organismes correspondants, parmi ces personnes, de ceux qui pourraient faire l’objet d’une analyse pour rejoindre ses rangs.
Basée sur ces principes, une activité importante eut lieu dans les centres de travail et dans d’autres collectifs. À partir des premières expériences, cette tâche s’étendit aux autres secteurs de la société cubaine.
Sous les orientations et le contrôle de Raul, par exemple, dans les montagnes orientales, après des études sociopolitiques, s’amorça le travail de construction du Parti, en mettant la structure de l’organisation des compagnies dans la Sierra, devenues par leur composition des organisations politiques et militaires efficaces dans ces territoires.
Cette première expérience dans les structures militaires servit de référence pour amorcer ce processus dans les autres institutions armées. Ainsi, le 2 décembre 1963, elle commença dans l’armée d’Oriente. Il fut démontré que l’existence du Parti, loin d’aller à l’encontre du principe de commandement unique, éleva l’autorité des chefs, augmenta la capacité combative des troupes, accrut la maîtrise de la technique, renforça la discipline militaire et développa de façon significative la culture et le niveau de préparation politique des officiers et des combattants.
Après trois ans, l’avant-garde politique avait été constituée, pour l’essentiel, dans tous les secteurs du pays. Entre le 30 septembre et le 1er octobre 1965, eurent lieu d’importantes réunions de sa plus haute direction avec l’aide des membres des bureaux provinciaux du Parti, les secrétaires généraux de leurs comités régionaux et des dirigeants des administrations provinciales de l’État.
En conclusion de ces rencontres, le 3 octobre, Fidel donna des informations sur les accords de la direction nationale du PURSC, ratifiés le 2 octobre pendant la première réunion de son Comité central, sur l’élection du Bureau politique, le Secrétariat et les commissions de travail, l’union des quotidiens Hoy et Revolucion en un seul, Granma, qui deviendra ensuite l’organe du Parti et fut ratifié la décision du changement de nom du PURCS pour celui de Parti communiste cubain, l’expression sans équivoque d’une nouvelle étape et des plus grands objectifs et aspirations du peuple cubain.
Avec ces nouveaux pas, pour l’essentiel, s’achevait la formation du Parti communiste cubain, dont les principes et les méthodes ont prouvé son efficacité jusqu’à aujourd’hui.
Sans le Parti, La Révolution ne pourrait pas exister (IV et fin)
Durant plus de cinq décennies, le Parti a avancé sur un chemin de constant apprentissage et d’expériences, de recherche et de perfectionnement de ses propres méthodes et de style de travail, plus efficaces, invariablement aux côtés des masses dans les moments les plus difficiles et complexes de la bataille économique, politique et sociale, à la tête du développement de la conscience du peuple, de sa culture générale et politique, à l’avant-garde de la défense de la Révolution.
Par son action vigilante, il a surmonté les tendances ambitieuses et opportunistes de la micro fraction dans les années 1967 et 1968 ; il a participé activement au processus d’institutionnalisation du pays dans les années 70 et il a créé une structure auxiliaire centrale en mai 1973, dans le cadre des mesures visant son renforcement et son développement.
La célébration de son Premier Congrès en décembre 1975, ainsi que les suivants, fut l’expression de sa maturité et son rôle croissant. Chacun d’eux a été au centre des principales tâches et des défis de son époque. Il a pris la tête de toutes les batailles du pays tout au long de son existence.
Son incessante activité et son autorité ont permis d’aller de l’avant face au difficile défi de la période spéciale et aujourd’hui dans la bataille résolue contre les déficiences, surmonter les difficultés et poursuivre le perfectionnement de notre socialisme, toujours en lien avec peuple.
Rien n’a été étranger au Parti et son action politique a répondu à chaque moment. Avec ses propres normes et ses procédures, il a été conséquent avec sa responsabilité envers les destinées du pays, conscient que sans lui, la Révolution ne pourrait pas exister.
En effet, comme le souligna Fidel le 14 mars 1974 « […] L’organisation de l’avant-garde est fondamentale. Savez-vous ce qui donne de la sécurité à la Révolution ? Le Parti. Savez-vous ce qui donne de la pérennité à la Révolution ? Le Parti. Savez-vous ce qui donne le futur à la Révolution, ce qui donne vie à la Révolution, ce qui donne l’avenir à la Révolution ? Le Parti. Sans le Parti, le Révolution ne pourrait pas exister […]».
À Cuba, nous connaissons la recette du pluri partidisme qui divisa et affaiblit la société cubaine avant le triomphe de la Révolution de 1959. Et ses agissements dans d’autres pays nous démontrent que c’est une illusion, car en essence la majorité des pays où se pratique cette « démocratie multipartiste », notamment lors des élections, elle a pour objectif de maintenir le statu quo en vigueur, et de défendre à outrance le capitalisme.
Nous avons également été témoins des événements dans d’autres pays socialistes européens. Aujourd’hui la diversité des partis ne les a pas libérés des désastreuses conséquences politiques, économiques et sociales de l’effondrement du socialisme.
Notre Histoire confirme et renforce la justesse de l’existence d’un seul parti, qui nous a rendus plus forts face aux agressions et au blocus génocidaire, ainsi que dans la bataille pour le développement économique et social de la nation, la formation de la conscience révolutionnaire, la préservation de l’indépendance, la souveraineté et le socialisme.
Ce n’est pas un hasard si l’ennemi lance des campagnes, des émissions et des activités de subversion politique et idéologique visant à porter atteinte à l’autorité du Parti, conquise grâce à son lien avec les masses, et dans l’unité forgée, piliers fondamentaux de la continuité de la Révolution.
La nouvelle étape et les défis auxquels nous faisons face élèvent le rôle du Parti dans la société cubaine et dans la préservation de l’œuvre de la Révolution. Dans ces nouvelles circonstances, le Parti reste à la tête du peuple. De la même manière que le Parti a cimenté l’unité de tout le peuple et qu’il a pris la tête de sa résistance face aux agressions de tout type des successives administrations des États-Unis, il le fait aujourd’hui dans un scénario nouveau.
L’actuel gouvernement des États-Unis a reconnu (à contrecœur) l’échec de la politique d’hostilité ouverte envers la Révolution. Il a proclamé qu’il vise le même résultat qu’il poursuivait auparavant, bien que par des méthodes différentes ; il offre des relations pacifiques, d’amitié, mais il maintient et applique dans toute sa rigueur le blocus ; il prétend ignorer qu’ils doivent rendre à Cuba le territoire illégalement occupé de Guantanamo ; ils poursuivent leurs émissions illégales qui violent notre espace radioélectrique ; il ne renonce pas aux programmes d’ingérence et de subvention à la contre-révolution et maintient un traitement migratoire différencié et politiquement manipulé.
La bataille pour une relation véritablement normale passe inéluctablement par la rectification de ces politiques agressives et ces mesures qui portent atteinte à notre souveraineté. Dans ces circonstances, le rôle du Parti est irremplaçable pour maintenir la voie socialiste, renforcer notre identité, encourager les idées révolutionnaires, le patriotisme, la solidarité et l’anti-impérialisme, le sens de la justice sociale, l’égalité des droits et des opportunités, les valeurs humaines, l’esprit démocratique, la participation et la confiance en l’avenir socialiste.
Comme le signalait l’Éditorial de l’Organe du Comité central, publié le 9 mars dernier « […] Le peuple cubain ira de l’avant. Nous fondant sur nos propres efforts et sur notre capacité démontrée et notre créativité, nous continuerons de travailler au développement du pays et au bien-être des Cubains […]».
Nous poursuivrons sans relâche la mise à jour du modèle économique et social que nous avons choisi et la construction d’un socialisme prospère et durable à même de nous permettre de consolider les acquis de la Révolution.
Une voie choisie en toute souveraineté et qui sera en toute certitude ratifiée par le 7e Congrès du Parti communiste, avec Fidel et Raul dans la victoire