Après l’audience du 1er juin dernier, nous avons demandé à notre camarade Aymeric Monville de nous parler de la campagne actuelle pour Julian Assange et de ses espoirs de libération. Aymeric Monville est l’auteur de l’ouvrage « Julian Assange en danger de mort » (Delga, 2019).
Initiative Communiste : Julian Assange n’a pas pu comparaître aux trois dernières audiences dans un contexte où les Britanniques ont fait face à une propagation massive du Covid-19 dans leurs prisons. Que sait-on de plus ? Peut-on oser espérer bientôt sa libération ?
L’audience d’extradition est prévue pour le 7 septembre et une inquiétante expertise psychiatrique doit être rendue avant le 31 juillet. Expertise qui n’a rien à faire dans une affaire d’extradition, mais c’est loin d’être la première chose stupéfiante dans cette affaire.
Les 26 et 27 février dernier, à la dernière audience où Assange est apparu, les personnes présentes ont vu qu’il s’est littéralement révolté (https://promosaik.blogspot.com/2020/02/revolte-la-woolwich-court-julian.html). J’interprète son refus d’apparaître comme le prolongement de cette révolte. Je n’arrive pas à croire ce que disent certains proches et même avocats à propos d’un risque de suicide (cf. https://www.wsws.org/en/articles/2020/06/01/assa-j01.html ). Accréditer l’hypothèse d’un état suicidaire me semble même particulièrement dangereux. Il ne faut donner aucun prétexte à l’adversaire avec des déclarations qui pourraient s’avérer « performatives ».
Il serait plutôt temps que la peur change de camp et que l’on mette les tortionnaires d’Assange, de sa liberté d’expression comme de la nôtre, devant leurs responsabilités. Il me semble évident que cette campagne de soutien doit être internationalisée autant que possible. Je pense qu’elle peut faire pencher la balance en faveur du journaliste australien. Par exemple, je ne comprends pas pourquoi la défense britannique n’utilise pas davantage le rapport de l’ONU sur la torture d’Assange, ni même le fait que l’ONU estime qu’Assange ne devrait pas être extradé, est innocent de tout crime et devrait être libéré immédiatement. Ils auraient dû porter plainte contre la justice britannique.
Initiative Communiste : Récemment, dans un entretien en direct sur RT international avec l’ancien député britannique George Galloway, il a été question d’une photo truquée publiée dans la presse britannique. Pouvez-vous nous en dire plus?
Il s’agit d’une photographie publiée par le Daily Mail, datant du 12 avril dernier (article revu le 15 du même mois) lors de la révélation de l’existence de la compagne d’Assange, Mme Stella Morris et des deux enfants qu’ils auraient conçus à l’ambassade (https://www.dailymail.co.uk/news/article-8210957/WikiLeaks-boss-Julian-Assange-fathered-two-children-inside-Ecuadorian-embassy-lawyer.html ).
Le Daily Mail, pour illustrer ses révélations, montre une photo où le couple s’enlace dans les rues d’une ville avec un beau ciel bleu et des arbres. Un ciel bleu ? Mme Morris a pourtant dit avoir rencontré M. Assange en 2015 alors qu’il était en « confinement » (c’est le terme, prémonitoire, employé en anglais) à l’ambassade. Cette photo pose donc question, et je ne me suis pas privé d’aborder le sujet.
George Galloway, en tant qu’ancien député travailliste ayant courageusement rompu sur la gauche pour cause d’opposition à la guerre en Irak, ne porte évidemment pas le tabloïd très conservateur dans son cœur. Peut-être s’appuie-t-il aussi sur une bonne connaissance de long terme de la presse britannique pour conclure à l’antenne : « it’s a fake » (c’est un faux).
Pour ma part, avant de sauter aux conclusions, j’ai rappelé les crédits de la photo reviennent, selon la publication, à M. Joseph Farrell, qui est présenté comme l’ambassadeur de Wikileaks. Ce n’est pas Mme Morris qui a fourni ces photos. Peut-être y a-t-il une explication de la part de M. Farrell ou du Daily Mail ?
À cette atmosphère de confusion s’ajoute aussi le fait que l’avocate d’Edward Snowden, Jesselyn Radack, doute du fait que Stella Morris soit réellement avocate dans toutes les acceptions possibles du terme en anglais, à savoir lawyer, barrister, sollicitor (https://twitter.com/JesselynRadack/status/1249181225048313860).
Après l’histoire de M. Juan Branco, dont la presse a récemment montré qu’il s’était fait valoir comme rien de moins que l’avocat d’Assange alors qu’il n’avait pas encore prêté serment,(https://www.valeursactuelles.com/societe/exclusif-quand-juan-branco-ecrivait-salah-abdeslam-116341), vous comprenez bien qu’en l’absence de déclarations du principal intéressé, on est bien obligé de vérifier les informations.
Initiative Communiste : Et qu’en concluez-vous?
Je n’en conclus rien, mais j’aimerais simplement avoir des explications.
Certes, Mme Morris est censée avoir rencontré Assange en 2011, donc un an environ avant son entrée à l’ambassade d’Équateur, mais leur relation intime n’aurait débuté qu’en 2015.
Tourné avant l’entrée à l’ambassade, le film Risk de Laura Poitras montre qu’Assange était alors en couple avec Sarah Harrison. Je vous prie de m’excuser d’aborder ces sujets intimes, mais sachant que Mme Harrison est la personne qui a aidé Edward Snowden à trouver refuge en Russie et sachant que Mme Harrison a complètement disparu de la circulation, la question des compagnes d’Assange est de la plus haute importance.
On pourrait donc admettre que la seule photo qu’on aurait trouvé pour illustrer la vie de couple de Morris et d’Assange daterait d’avant leur relation et n’exprimerait qu’une sorte d’accolade fraternelle. C’est tout de même étrange.
Mais là où le problème devient de taille, si je puis dire, c’est lorsqu’on constate que la taille de Mme Morris sur la photo, précisément, ne correspond pas à la réalité. C’est ce qu’a fait remarquer, évidemment à des fins heuristiques, la militante franco-polonaise Monika Karbowska, présente à toutes les audiences jusqu’au confinement, et ayant confimé avoir vu apparaître Stella Morris aux audiences à partir du 19 décembre. Cette différence est confirmée lorsqu’on compare n’importe quelle photo de Mme Morris avec le juge Garzon, avec une photo du juge Garzon avec Assange.
Il est possible que le Daily Mail ait donc simplement fait une retouche, comme la presse de ce genre fait en enlevant, pour prendre un exemple célèbre, les bourrelets ventraux de Sarkozy. Sauf que dans un contexte pareil, on ne peut pas se permettre autant d’accommodements avec la vérité.
Cela accrédite les rumeurs, les peurs, les théories du complot.
Initiative Communiste : Précisément, vous n’avez pas peur d’être accusé de complotisme?
Pour prendre un exemple simple et connu de tous, il me semble que remettre en cause la théorie de la balle unique dans l’assassinat du président Kennedy, appelée par ses détracteurs théorie de la « balle magique », et qui fut avancée avec aplomb par la commission Warren, ne fait pas de vous un complotiste, mais relève de l’enquête elle-même. Le complotiste n’est pas celui qui demande le rétablissement, comme je le fais, de la cohérence logique, mais plutôt celui qui, se disant qu’il y a deux balles, se permet d’affirmer sans preuves que la balle est tirée par tel ou tel.
Je rappelle que l’enquête (en grec » Ἱστορία « ) est à l’origine de la pensée rationnelle, depuis Hérodote.
Autre exemple : est-il permis de demander pourquoi, pour aider Wikileaks, il nous est demandé de faire un don à la Fondation du Courage, et d’envoyer nos chèques à son centre à Varick Street, New York? A-t-on le droit de se demander pourquoi devrait-on envoyer son argent directement dans le pays dont la plupart des dirigeants ont juré la perte d’Assange et dont tout le monde comprend qu’ils ont une farouche inclination au fichage et au flicage? La défense est-elle entravée?
Initiative Communiste : Avec le confinement, une supervision de l’étranger a sans doute été rendue difficile ?
Après le confinement, censé en un sens continuer avec la quatorzaine imposée à partir du 8 juin par le gouvernement britannique, il devient de plus en plus difficile de venir pour obtenir à chaque audience, des preuves de vie. Des médecins français, liés au comité Wikijustice, ont également publié des rapports, même s’ils ne peuvent pas avoir un accès réel à lui en raison de la cage de verre pare-balles dans laquelle Assange est enfermé lorsqu’il comparaît.
Initiative Communiste : Quel bilan peut-on tirer de la défense plus d’un an après son kidnapping à l’ambassade d’Equateur ?
Je dois avouer que j’ai des doutes hyperboliques, comme dirait Descartes, sur l’efficacité de la défense. Et nous devrions faire une enquête sur tout cela dans l’intérêt de Julian Assange.
Il y avait un conflit d’intérêt pour la juge Arbuthnot parce que son mari travaillait avec les services secrets britanniques. Il y avait aussi le conflit d’intérêts des cabinets d’avocats, même si cela ne semble pas illégal en Grande-Bretagne. Mais enfin, comme l’a révélé une journaliste états-unienne, Lucy Komisar, sur la centaine de cabinets d’avocats de Londres, deux « chambers » ont été choisies qui sont impliquées dans des affaires d’extradition – jusque-là c’est compréhensible -, mais… au nom des États-Unis ! L’une d’elles est même spécialisée dans l’application de la loi extraterritoriale Browder-Magnitsky (https://www.thekomisarscoop.com/2019/11/assange-lawyers-links-to-u-s-govt-bill-browder-raises-questions/).
Alors on se dit : les conseillers d’Assange n’ont pas d’autre choix que de négocier et ont choisi exprès deux cabinets qui travaillent main dans la main avec les États-Unis. Soit. Mais dans ce cas, lorsque vous négociez, vous devez rester fermes sur l’essentiel, à savoir l’intégrité physique et mentale du client. Ce qui n’est pas le cas. L’ONU dit qu’il est torturé. Craig Murray, ancien ambassadeur britannique, dit qu’il est torturé. Et tout le monde l’a vu à l’audience, il se souvient à peine de son propre nom.
Initiative Communiste : D’un point de vue politique, ne trouvez-vous pas nécessaire, au contraire, de faire bloc avec la défense ?
Certes, je ne veux pas aboyer contre le mauvais arbre, comme on dit Outre-Manche. Je sais que les attaques sont terribles et que la défense doit peut-être se défendre elle-même et n’a, en tout cas, pas beaucoup de marge de manœuvre. Vous avez des gens comme Mike Pompeo qui ont appris, comme il l’a dit, « à mentir, à tricher, à voler », y compris peut-être à voler des couches culottes pour établir l’ADN du fils d’Assange, comme l’affirme Mme Morris, même si l’on ne comprend pas bien quel intérêt il y aurait à le faire quand l’entièreté du bâtiment, jusqu’aux toilettes des femmes, était espionné par la société UC Global travaillant pour le compte de la CIA, ce qui ne pouvait laisser aucun doute, donc, sur la nature de leur relation. Contradiction qui reste à examiner. Comme reste à comprendre comment l’ambassade d’Équateur, avec ce degré d’enjeux, a pu choisir pour sa sécurité une agence espagnole, alors que l’Espagne est membre de l’OTAN.
Initiative Communiste : Faites-vous une différence entre le camp démocrate et le camp républicain?
Non, eiusdem farinae.
Pompeo est dans le camp républicain, mais rappelez-vous que le président Clinton a repris l’idée qu’il existerait un prétendu « destin manifeste » des États-Unis, ce qui leur donne, pensent-ils, le droit de traquer tous ceux qui dénoncent leurs crimes de guerre. Ils se donnent ainsi le droit d’imposer un embargo contre Cuba depuis 1959 alors que quasiment toute la communauté internationale vote contre cela. C’est comme le troisième Reich. Ils pensent qu’ils sont avant tout les règles de l’humanité.
Mais pour en revenir à la défense, et je le regrette profondément, celle-ci est inaudible. Là encore, je ne conclus rien, je ne sonde pas les reins et les cœurs, je ne fais aucun procès d’intention. Je constate simplement, à ses piètres résultats, que la défense est paralysée.
Initiative Communiste : Cette année l’espoir est tout de même venu de la Suisse ?
Oui, le Parlement du grand canton de Genève a voté pour que la Suisse accorde un visa humanitaire à Julian Assange. Tous les partis l’ont voté sauf un, il s’agit donc des plus hautes institutions de la ville la plus importante de Suisse romande. Cela ne concerne donc pas seulement un parti, mais toute une région et donc bientôt un État. Nous attendons avec impatience que cette décision soit enfin prise au niveau fédéral, comme ils l’avaient prévu avant que la pandémie n’éclate.
C’est un grand pas en avant. Et c’est aussi la preuve que la classe politique suisse est beaucoup plus indépendante des États-Unis que notre classe politique en France ou en Grande-Bretagne.
C’est pourquoi parler du fait qu’Assange a, comme on nous le dit désormais, deux enfants en bas âge nés britanniques, pourrait aussi détourner des véritables enjeux. J’espère que la « justice » britannique ne va pas utiliser tout de même cet argument, alors que la Suisse présenterait la seule sortie de crise honorable pour ladite démocratie britannique. La meilleure chose à faire pour toute la famille serait de quitter la Grande-Bretagne le plus vite possible.
Bien sûr, il doit être protégé car il y a trop de morts douteuses dans les affaires de Wikileaks. Mais pour sa sécurité, je préfère faire confiance à un État plutôt que sur un groupe, une ONG ou une personne quelconque.
Dans le débat stérile sur la réalité ou non des complots, je fais intervenir le critère essentiel qui est le facteur quantitatif. L’histoire est émaillée de complots, certes, mais un complot, par définition, concerne un petit nombre de personnes. À partir du moment où de plus en plus de gens sont impliqués, il y a un passage de la quantité en qualité. J’ai donc a priori confiance dans la solution suisse car elle implique beaucoup trop de personnes pouvant se contrôler les uns les autres pour imaginer une quelconque malignité. Mais il ne faut pas néanmoins que ces personnes, dont je ne doute pas de la bonne volonté, oublient le fait que la vie d’Assange sera autant menacée à l’extérieur qu’à l’intérieur de la prison. Des garanties quant à sa sécurité devront être données par la Confédération helvétique.
Il faut bien comprendre que la proposition genevoise, visant à accueillir temporairement Assange aux Hôpitaux Universitaires Genevois, représente à ce jour la seule possibilité de lui permettre de sortir de prison afin d’être soigné. Il est donc très important que ces démarches démocratiques et concertées, portées par le député Jean Rossiaud, aboutissent. Je dois avouer que je suis stupéfait de voir à quel point la proposition genevoise subit actuellement de véritables tentatives d’obstruction, y compris de la part de personnes censées vouloir du bien à Assange, comme le relève le syndicat suisse Adetra, très impliqué dans la défense du journaliste australien . Il faut lire à ce propos, leur intéressantissime communiqué des 4 et 5 juin (publié en bas de ce présent entretien, n.d.l.r.) Ce que j’en comprends, c’est qu’il y a une contradiction criante entre d’une part une stratégie tout à fait contestable – mais qui se veut hégémonique – de certains avocats et, de l’autre, la volonté des représentants du peuple souverain. Je ne doute pas qu’au pays de Jean-Jacques, c’est le politique qui imposera sa volonté.
Initiative Communiste : D’autres solutions ?
L’autre solution, et je ne comprends pas pourquoi elle a été évoquée non pas par les Britanniques mais par l’équipe de défense française comme s’ils avaient inventé le fil à couper le beurre, est de porter cette affaire devant la Cour européenne des droits de l’homme. (https://www.wsws.org/en/articles/2020/02/22/euas-f22.html). D’autant que l’Assemblée parlement du Conseil de l’Europe a déjà voté pour venir en aide à Julian Assange.
Et je voudrais faire valoir le point suivant auprès des lecteurs : la Cour européenne des droits de l’homme n’a rien à voir avec l’Union européenne, mais avec le Conseil de l’Europe, qui compte 47 États membres, dont la Russie, par exemple, et dont la Grande-Bretagne est toujours membre.
Je pense qu’il faut se féliciter du fait que le peuple britannique ait retrouvé sa souveraineté sur l’Union européenne, mais cette victoire serait gâchée si cette souveraineté était abandonnée aux États-Unis, au prix du bannissement de la Grande-Bretagne du droit international.
Initiative Communiste : On parle beaucoup en France de l’influence de George Soros sur la Cour européenne des droits de l’homme ?
Oui, un scandale de conflit d’intérêts a actuellement éclaté à propos de l’implication scandaleuse d’ONG telles que l’Open Society de George Soros dans la prise de décision des juges. Ce qui a valu la saisie du Comité des ministres par plusieurs députés de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, ce afin de tenter de rétablir la crédibilité de l’institution (https://www.valeursactuelles.com/societe/emprise-de-soros-sur-la-cour-europeenne-des-droits-de-lhomme-la-cedh-persiste-et-signe-118690).
Je pense qu’il est important de souligner le fait que Julian Assange a pu, entre autres choses, démontrer la collusion entre M. Soros et le clan Clinton pendant la campagne présidentielle. Il est donc évident que les 22 juges sur 100 liés à M. Soros devront se déporter (c’est le terme juridique convenu) si la Cour veut se prononcer sur l’affaire Assange. C’est pourquoi j’ai quelques réserves quant au soutien apporté par les ONG liées à Soros et par certaines personnes, qui sont toujours des amis et des conseillers de Julian Assange mais qui ont un intérêt direct à défendre Soros.
Le journaliste australien est certainement devenu encombrant, à partir du moment où l’on a compris qu’il dénonçait autant la main droite que la main gauche de l’impérialisme. Et M. Soros, qui s’est reconnu responsable du changement de régime en Ukraine en 2014, est l’une des incarnations de cette main gauche de l’impérialisme.
Initiative Communiste : A qui pensez-vous lorsque vous évoquez des personnes liées à Soros ?
Je pense toujours à ce Monsieur Joseph Farrell, « ambassadeur de Wikileaks » dont nous avons déjà parlé et qui est membre du comité directeur du Center for Investigative Journalism.
On pourra voir à ce document, photographié par Monika Karbowska, que certaines des activités du Centre sont financées directement par l’Open Society de M. Soros. On pourra le voir aux trois photos jointes fournies par Mme Karbowska et que nous joignons à cet article, sur l’une de leurs brochures correspondant à un séminaire d’octobre 2018 et portant la mention « soutenu par Open Society Foundations », le CIJ pense couper court à d’éventuelles objections en publiant une citation de la représentante de la puissance pourvoyeuse de fonds, Maria Teresa Ronderos. Celle-ci y prétend que George Soros est si soucieux d’indépendance journalistique qu’il ne se rappelait même plus que la branche « Independent Journalism Programme », dont elle a la charge, faisait également partie de l’Open Society. On croit rêver…
Nous sommes pourtant seulement deux ans après que Julian Assange a lancé ses révélations fracassantes sur les courriels entre George Soros et le conseiller de Mme Clinton John Podesta, courriels qui portent notamment sur le financement de l’organisation MoveOn.org qui pousse à des manifestations anti-Trump après son élection (https://francais.rt.com/international/28856-wikileaks-organisation-financee-par-george-soros-contre-donald-trump).
Notons aussi que dans les courriels révélés, celui de Robby Mook, chef de campagne d’Hillary Clinton adressé à l’amie de celle-ci, Huma Abedin, est particulièrement éloquent. Y est évoqué le souci que M. Soros, qui finance alors les démocrates à hauteur de 13 millions de dollars « soit content » (https://fr.sputniknews.com/international/201610181028259957-clinton-wikileaks-le-plus-interessant/). Il faut croire que cette fois-ci, M. Soros se trouvait préoccupé de son retour sur investissement !
Inviter le clan Soros, deux ans après les faits, c’est donc littéralement aller à Canossa. Et pour qu’on en comprenne bien l’importance symbolique, notons bien qu’au sein du comité directeur (board) du CIJ, on ne retrouve pas seulement ledit ambassadeur de Wikileaks, mais aussi Andy Müller-Maguhn, membre du Chaos Computer Club et de la fondation Wau Holland, deux organismes aux origines de Wikileaks.
Lorsque je vois également Mme Renata Avila, proche collaboratrice du juge Garzon, omniprésente dans la défense d’Assange (elle présidait récemment une réunion au Bundestag à ce sujet) et d’autre part « executive director » de la fondation « Citoyenneté intelligente » financée ouvertement par l’Open Society et le National Endowment for Democracy, fondé par Ronald Reagan, je trouve cela très peu supportable. (https://ciudadaniai.org/en/funding )
Il y a peut-être aussi un problème avec le Diem 25 (Mouvement pour la démocratie en Europe), le parti de Yannis Varoufakis, du simple fait que Mme Avila est membre de ce parti et ce, même si Varoufakis, pour démentir certaines rumeurs, a décrit Soros comme lui étant hostile lors de la crise grecque.
Bien entendu, les choix politiques de Mme Avila ne regardent qu’elle, mais je ne comprends pas pourquoi on ne lui fait pas remarquer la contradiction entre ses divers engagements. A priori, Wikileaks est favorable à la transparence.
J’aimerais également que l’association Wau Holland, dont Wikileaks est en fait un projet, ne laisse pas Assange répondre tout seul de décisions qui ont, en grande partie, dû être prises collectivement. Qui paie ces étranges avocats ? Qui a choisi cette défense aussi singulière ? Assange est-elle toujours en mesure de prendre des décisions ? Quels sont ses revenus ?
Le recrutement de hackers géniaux se fait lorsque ceux-ci sont très jeunes, mais qu’on ne me fasse pas croire que ces très jeunes gens, aussi géniaux soient-ils, soient ceux qui déterminent une stratégie politique. Quelle était l’intention de départ de Wikileaks? Et surtout de ce qui précède ?
Initiative Communiste : Avez vous néanmoins une piste?
J’observe simplement qu’il y a une contradiction entre un certain nombre d’opérations classiques visant, par exemple, à dénoncer les manquements à la démocratie qui arrangent le camp démocrate (ceux de la Russie ou ceux du parti républicain) et l’attitude d’Assange qui a consisté, sur la durée, à publier toutes les infos sans discrimination. Je n’ai aucune idée sur le fait de savoir si Assange a transgressé consciemment cette limite, ni même si Wikileaks s’était consciemment fixé une limite au départ. J’observe simplement qu’Assange a laissé beaucoup de gens de la « gauche molle » loin derrière lui.
Évidemment, quand Assange a démontré, preuves à l’appui, que l’Arabie saoudite avait financé autant le clan Clinton que Daesh, et que Mme Clinton était au courant (https://fr.sputniknews.com/international/201610181028259957-clinton-wikileaks-le-plus-interessant/) cela a jeté un froid sur la campagne présidentielle états-unienne. Il a brûlé tous les vaisseaux. Les seuls qui peuvent le soutenir sincèrement sont les anti-impérialistes. Ou bien des personnes suffisamment intelligentes pour comprendre que, quoi qu’elles pensent d’Assange, ce sont leurs libertés démocratiques qui sont menacées à travers son cas.
« La vérité est toujours révolutionnaire », disait Lénine. Or on le voit, dénoncer les guerres, quelles qu’elles soient, vous fait pointer du doigt l’ensemble du camp impérialiste, les guerres du camp républicain (Irak, Afghanistan) et les guerres du camp démocrate (Libye, Syrie, Ukraine).
C’est pourquoi il faut une perspective internationale, pour protéger Assange de ses ennemis certes mais aussi, au besoin, de ses « amis » de la fausse gauche impériale reconvertis en défenseurs de la liberté d’expression, alors qu’ils acceptent des financements qui distordent la vie démocratique. Elle est belle leur société ouverte à la Karl Popper, le modèle de M. Soros : c’est le retour au clientélisme à la romaine !
Initiative Communiste : Deux mots pour conclure?
Nous ne voulons pas suivre sans réfléchir une campagne basée uniquement sur la défense de grands principes comme la liberté d’expression en répétant toujours les mêmes « éléments de langage ». Cela ne suffit pas. Julian a dit un jour : « Si les guerres peuvent être déclenchées par des mensonges, la paix peut être déclenchée par la vérité ». C’est pourquoi, pour le libérer, nous voulons pouvoir faire la différence entre ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, nous avons besoin de la vérité, nous voulons la vérité.
Communiqué de l’Adetra des 4 et 5 juin 2020
Considérant l’état de blocage désespérant de la situation de Julian Assange, nous nous décidons à lâcher du lest…
Un avocat membre de l’équipe juridique élargie de Julian Assange (non UK) a communiqué à Londres, lors d’une réunion de l’équipe juridique londonienne, qu’il valait mieux que Julian Assange reste en prison et que sa santé soit détériorée, ce qui devrait permettre à l’équipe juridique londonienne de Julian Assange de disposer d’un argument de poids pour plaider sa non-extradition !!!
D’autre part, en novembre et décembre 2019, deux membres de l’Adetra demandaient à la représentante de la Courage Foundation en Suisse (HRA) pour quelle raison l’équipe juridique londonienne de Julian Assange ne demandait pas sa libération sous caution.
Il nous a été répondu que si Julian Assange était libéré, il risquait d’être kidnappé par les services américains ! Cette réponse nous a été confirmée quelques mois plus tard, par une autre source.
La représentante de la Courage Fondation en Suisse (HRA) nous a par ailleurs communiqué que les honoraires des avocats proviennent de la Courage fondation. Nous ne savons toutefois pas si cette information concerne tout ou partie de l’équipe juridique de Julian Assange.
Nous avons par ailleurs appris d’une autre source : il est prévu que l’équipe juridique reçoive des honoraires se montant à quelques millions pour la seconde partie du procès portant sur l’extradition demandée par le gouvernement étasunien !
A ce sujet, comme l’a signalé Aymeric Monville, auteur de « Julian Assange en danger de mort » :
Il y a de quoi s’étonner que les dons devant aider à la défense de Julian Assange soient récoltés sur le sol de l’État qui lui veut le plus de mal, en l’occurrence les USA : Recipient address: Courage Foundation, 201 Varick St., P.O. Box #766, New York, NY 10014, USA
Lorsqu’on regarde quels autres organismes sont abrités au 201 Varick Street à New York, quartier de Manhattan, on trouve aussi le… Homeland Security Departmenthttps://www.initiative-communiste.fr/articles/billet-rouge-2/pour-defendre-assange-envoyez-vos-dons-aux-etats-unis/
Voir aussi le site de la Courage fondation : https://www.couragefound.org/donate/
D’autre part, nous avons appris par un proche de l’Adetra que John Shipton considère le Visa humanitaire comme intéressant pour Julian Assange uniquement lorsque ce dernier sera sorti de prison !!
BERNE. Réunion du 12 mars 2020 : A l’initiative d’un député national Vert, un groupe d’une douzaine de parlementaires nationaux a auditionné le Rapporteur spécial de l’ONU sur la torture, Nils Melzer. https://twitter.com/NilsMelzer/status/1237887028718473228
Un avocat également invité a émis des réserves sur le Visa humanitaire Un avocat également invité a émis des réserves sur le Visa humanitaire (cf. la Résolution R 906 votée au Parlement genevois le 27 février 2020). En fin de réunion, les parlementaires présents ne se sont pas positionnés, préférant se reposer sur la prochaine décision du gouvernement suisse – le Conseil fédéral – sur le Visa humanitaire.
Notre syndicat Adetra a eu divers contacts directs avec deux avocats de Suisse alémanique, Andreas Noll & Philip Stolkin, qui s’opposent activement au Visa humanitaire bien que la proposition genevoise, visant à accueillir temporairement M. Julian Assange aux Hôpitaux Universitaires Genevois, représente à ce jour la seule possibilité effective devant lui permettre de sortir de prison, afin d’être soigné.
https://www.sem.admin.ch/sem/fr/home/asyl/asylverfahren/asylgesuch/asylgesuch_aus_ausland.html
Le rapporteur spécial de l’ONU contre la torture, le Zurichois Nils Melzer, estime qu’un visa humanitaire suisse pour Julian Assange permettrait à toutes les parties « de ne pas perdre la face ». Il affirme que la Suisse a « un potentiel important » dans ce type de cas […]
Il salue dans le scénario d’un visa humanitaire la possibilité d’une « bonne initiative » qui ne préjuge pas si l’Australien « a été persécuté politiquement on non ». Celui-ci serait « politiquement acceptable » et en ligne avec la politique humanitaire de la Suisse et le statut de Genève comme centre de cette question. Il honorerait aussi les droits de l’homme.https://www.laliberte.ch/news-agence/detail/melzer-un-visa-suisse-pour-assange-serait-un-denouement-acceptable/555957
Pour rappel, le Conseil fédéral a déjà refusé, par le passé, de soutenir Julian Assange, estimant que :
« Monsieur Assange n’est pas susceptible d’être qualifié de défenseur des droits de l’homme, ni de recevoir la protection y relative selon les lignes directrices de la Suisse. » (cf. ci-après la réponse du Conseil fédéral à l’Interpellation du parlementaire du Conseiller national Jean-Luc Addor).
Dès lors, nous craignons que le Conseil fédéral ne puisse soutenir Julian Assange s’il ne se sent pas suffisamment appuyé, notamment par les Partis nationaux.
Par conséquent, notre syndicat Adetra, restant très inquiet de la dégradation de l’état de santé de M. Julian Assange, et constatant le retrait de certains acteurs politiques et syndicaux suisses, avec les conséquences que cela pourrait aussi avoir sur l’Etat de droit, prévoit d’entreprendre prochainement une action, si possible publique. » Source : https://www.adetra.org/index.php?option=com_content&task=view&id=45&Itemid=35