Bienvenue au café marxiste. Aujourd’hui on a le plaisir de recevoir Stephen CHO, un camarade communiste qui est coordinateur du forum coréen international et qui est également organisateur de la plateforme anti-impérialiste mondiale. On est très content de le recevoir. Bonjour à vous Stéphan. Merci d’être venu dans cet entretien. On va parler de la situation politique en Corée du Sud un pays qui compte de très nombreuses bases américaines qui est vraiment sous contrôle états-unien et qui pourrait se retrouver au cœur d’un foyer de tension très forte et d’une guerre ouverte dans cette région du monde dans le cadre du conflit entre l’OTAN et les États-Unis d’un côté et les BRICS de l’autre. Notamment dans le cadre du conflit entre la Corée du Nord et la Russie et la Chine d’un côté, et l’Alliance américaine de l’autre avec ses alliés que sont le Japon et la Corée du Sud. Une situation internationale très tendue notamment dans cette région du monde, une situation sociale aussi très compliquée. On sait que c’est un pays où les travailleurs sont malmenés, les droits sociaux faibles et les libertés démocratiques très fragiles malgré tout ce qu’on nous dit en Occident sur le modèle coréen, qui serait un paradis pour la démocratie et caetera. Dans ce contexte le 3 décembre dernier le président Yoon Seok-youl[1] a tenté un coup d’État en essayant d’instaurer la loi martiale dans le pays ce qui était une première depuis 1980. Heureusement cette loi martiale a été levée quelques heures après seulement.
Pourquoi et comment le président sud-coréen a-t-il essayé d’imposer la loi martiale ?
L’imposition de la loi martiale le 3 décembre 2024 était un auto-coup d’État pro-américain. La raison directe en était l’affaire de miet yong takongate par laquelle Yoon Seok-youl était menacé d’une procédure de destitution et où son épouse Kim Keon-hee pouvait être emprisonnée pour fraude et diverses affaires de corruption lors des dernières élections présidentielles. En réalité il s’agissait d’une préparation de l’impérialisme états-unien à la guerre de Corée pour laquelle une étape préliminaire de fascisation ainsi que l’établissement d’avant poste anti-communiste était nécessaire. La loi martiale a été préparée pendant plus d’un an notamment en mars 2024 pendant les exercices militaires conjoints américano-sud-coréens appelés freedom shield visant à envahir la République populaire démocratique de Corée, c’est-à-dire la Corée du Nord. La clique de Yoon Seok-youl a préparé intensivement des exercices de lois martiales avec l’opération loyauté 8000 et si l’attaque de drone d’octobre 2024 sur Pyongyang n’avait pas échoué, la loi martiale aurait été déclarée et justifiée sous le prétexte d’une guerre locale contre la République populaire démocratique de Corée. C’était une tentative de provocation de la Corée du Nord pour justifier le coup d’État.
La Corée du Sud est une sorte de colonie états-unienne. Elle accueille la plus grande base des États-Unis en dehors de son territoire ainsi qu’un contingent de près de 30 000 soldats américains. Quel a été le rôle des États-Unis dans cette tentative de coup d’État ?
La Corée du Sud est une colonie à part entière, totalement subordonnée à l’impérialisme états-unien sur le plan militaire, politique, économique et culturel. La base militaire américaine de Pyeongtaek[2] est la plus grande base militaire américaine au monde et elle est prise en charge par la Corée du Sud. Environ 28 500 soldats américains y sont stationnés et exercent un contrôle opérationnel non seulement en temps de guerre mais aussi en temps normal. En 1945, l’armée américaine est entrée en Corée et s’est déclaré force d’occupation dans sa proclamation numéro 1 au peuple de Corée. La Corée du Sud a servi de tête de pont à l’anti-communisme des États-Unis après la Seconde Guerre mondiale dans un contexte politique de guerre froide. La guerre de Corée de 1950-1953 a joué un rôle dans l’accomplissement de la stratégie américaine. Pour cela, il était indispensable d’instaurer le régime fasciste en Corée du Sud. Les 16 coups d’État précédents en Corée du Sud ont tous été orchestrés par l’armée des États-Unis. Il faut noter que les préparatifs du 17e coup d’État, qui a été tenté récemment, se sont intensifiés pendant les exercice de guerre de l’armée des États-Unis contre la République populaire démocratique de Corée c’est-à-dire la Corée du Nord. Les États-Unis auraient besoin de la guerre de Corée qui serait l’amorce d’une guerre en Asie de l’Est. Pour y parvenir, la fascisation de la société sud-coréenne a été une étape nécessaire. Le coup d’État ou la loi martiale sont des moyens d’achever le système de fascisation. On peut par exemple noter que le nombre d’exercices militaires s’est considérablement accru depuis 2003. Pour vous donner quelques chiffres entre 2003 et 2023, il y a eu 132 exercices militaires menés par les États-Unis et les dirigeants sud-coréens conjointement. En 2023 il y a eu 123 exercices uniquement pour l’année 2023 et en 2024 il y a eu 124 exercices. Le nombre d’exercices croit terriblement. En particulier, ils étaient étroitement liés aux préparatifs de guerre entre septembre et novembre 2024 y compris l’attaque de drone sur Pyongyang en octobre. Le fait que les États-Unis étaient au courant du coup d’État à l’avance a été confirmé dans une interview du représentant états-unien Brad Sherman avec un média sud-coréen. Brad Sherman a révélé à la télévision que l’armée sud-coréenne se préparait à une opération sous faux drapeau contre l’armée états-unienne. Cela a été prouvé par des témoignages selon lesquels le Head Quarter Department, HID, une unité spécialisée dans les opérations d’infiltration en Corée du Nord et placé sous le commandement du service de renseignement de l’armée sud-coréenne, aurait préparé une opération de bombardement de base militaires américaines pour ensuite tenter d’en faire porter la responsabilité à la République populaire démocratique de Corée du Nord, pour en faire porter la responsabilité à la Corée du Nord.
Pouvez-vous nous faire un rappel historique de l’utilisation par l’impérialisme états-unien du fascisme et des juntes militaires pour maintenir sa domination impérialiste en Corée du Sud ?
Contrairement à l’histoire du fascisme en Allemagne ou en Italie, les fascistes en Corée du Sud sont opposés au nationalisme et sont pro-japonais, pro-états-uniens et traitres à la patrie. Cela s’explique par le fait qu’ils sont apparus comme un outil du colonialisme impérialiste et non comme un outil du capital monopoliste national. De collaborateurs pro-japonais, marionnette du Japon pendant les 36 ans d’occupation japonaise, ils sont devenus une marionnette des États-Unis qui ont envahi la Corée en tant que force d’occupation après la défaite du Japon en 1945. Ces forces pro-japonaises et pro-états-uniennes ont été à l’origine du groupe fasciste de Rhee Syngman[3] et sont devenus les troupes d’assaut de la guerre de Corée en 1950 puis le pilier du régime militaire fasciste pendant une trentaine d’années marquée par les coups d’État militaires de Park Chung-hee[4] en 1961 et de Chun Doo-hwan[5] en 1980. La Corée du Sud a toujours été sous le régime fasciste. En effet, les principales dispositions de la dite loi de sécurité, une loi fasciste basée sur les dites lois de préservation de la paix promulguées par l’Empire du Japon, qui répriment la liberté de penser et d’expression, sont toujours en vigueur. Le système fasciste est resté inchangé même sous les gouvernements dits civils après Rhee Syngman, Park Chung-hee et Chun Doo-hwan. Non seulement les forces socialistes mais aussi les forces démocratiques et progressistes ont été durement réprimées avec de nombreuses morts sous la torture et des morts douteuses. La découverte, par exemple, des notes d’un acolyte de premier plan No Sang Hun de la clique du coup d’État de 2024, publiées après une enquête judiciaire, a créé un choc. Celles-ci révélaient le plan élaboré par les forces du coup d’État après l’instauration de la loi martiale le 3 décembre 2024. Elles auraient arrêté près de 10 000 personnes appartenant aux forces démocratiques et progressistes et les auraient assassinées par une explosion de caserne et un empoisonnement chimique digne de ce qui s’est passé Auschwitz. Les fascistes européens sont relativement marqués par leur idéologie chauvine d’extrême droite tandis que le fascisme en Corée du Sud s’exprime par son caractère antinationaliste avec une forte soumission aux forces étrangères. Les régimes fascistes n’ont jamais été appréciés par le peuple coréen. D’ailleurs le soulèvement d’avril 1961 a renversé le régime de Syngman Rhee. Le soulèvement d’octobre 1979 a renversé le régime militaire de Park Chung-hee. À partir de 1961 et le soulèvement de mai 1980 à Guangju contre le régime militaire de Chun Doo-hwan. Puis le soulèvement de juin 1987 a porté un coup décisif aux forces fascistes. C’est pour cette raison historique qu’il existe un front contre le fascisme très fort dans la société coréenne.
Comment les militants du camp démocratique et en particulier les camarades du PDP ont-ils réussi, malgré la répression qui les touche, notamment en ce moment, à mobiliser le peuple pour contrer ce coup d’État fasciste ?
En fin de compte, tout cela est le fruit d’une conviction scientifique et d’une discipline acquise au cours d’une longue vie d’organisation et de lutte pratique. Comme vous le savez, il n’y a pas d’autre chemin que de développer ce type d’entraînement pour promouvoir le mouvement démocratique progressiste et de transformation sociale. Depuis plus de 3 000 jours, les membres du Parti de la démocratie populaire, PDP, organisent des piquets et veillées 24h/24 devant les ambassades des États-Unis et du Japon à Séoul, qui sont des symboles et des bases de l’impérialisme. On m’a dit qu’à Cuba, il est indispensable de manifester pendant un an devant Guantanamo avant de pouvoir devenir diplomate, ce que je comprends tout à fait. En outre, des membres du Parti de la démocratie populaire, PDP, sont depuis longtemps envoyés dans des syndicats, des organisations paysannes et des associations d’étudiants. Grâce à ses liens avec les masses, le parti a réussi à développer son organisation et à mobiliser les masses, même en cas de répression fasciste prolongée et implacable. Le soulèvement de décembre dernier, avec parfois 2 millions de personnes mobilisées, qui a mis fin à la loi martiale et suspendu la présidence de Yoon Seok-youl, n’était bien évidemment pas le résultat du seul effort du PDP, mais il est vrai que le PDP a mené une lutte importante en distribuant quotidiennement 100 000 exemplaires de son journal et des tracts. Le PDP n’est pas seulement le parti le plus progressiste de Corée du Sud, il est aussi le plus puissant en terme de propagande.
Quelles sont les conséquences de cet échec sur la situation politique en Corée ? Est-ce que la question de la défense de la paix s’en trouve modifiée ?
L’échec de l’imposition de la loi martiale le 3 décembre dernier en raison du soulèvement populaire a porté un coup fatal à la clique fasciste en Corée du Sud. Si l’arrestation et l’emprisonnement des meneurs du coup d’État, l’isolement politique de la clique fasciste et réactionnaire et la confirmation par la Cour constitutionnelle de la destitution de Yoon Seok-youl se déroulent bien, un changement de régime sera alors inévitable lors des élections présidentielles anticipées qui se tiendront deux mois plus tard. Si cela se produit, non seulement une enquête spéciale sur la rébellion, mais aussi une enquête spéciale sur Kim Keon-hee[6] et une enquête spéciale Mi Yang Tekyon seront lancées avec l’ouverture de procédures judiciaires pour corruption. Si tel est le cas, les forces fascistes réactionnaires et conservatrices de Corée du Sud subiront un coup politique qui les empêchera de rêver d’une prise de pouvoir pendant au moins 30 ans. En outre, la tentative de déclencher une guerre locale contre la République populaire démocratique de Corée, la Corée du Nord, avec l’attaque de drone sur Pyongyang en octobre dernier, a été déjouée tout comme la tentative d’achèvement des préparatifs de guerre avec l’imposition de la loi martiale et le coup d’État du 3 décembre dernier. Cependant la clique d’insurgés, le groupe fasciste et réactionnaire, qui est au bord de la mort, tente désormais de déclencher une guerre civile en dernier recours. Bien que la Corée du Sud ait évité le pire scénario de conflit après l’introduction de la martiale, le risque de guerre reste présent en raison des provocations croissantes de la clique insurrectionnelle. Ceci est dû au fait que la volonté de l’impérialisme états-unien de provoquer une guerre n’a pas changé.
Alors peut-on dire que le régime sud-coréen est tel qu’il n’y a aucun espoir de le voir évoluer en vraie démocratie progressiste et en ami de la paix ?
Dans l’histoire politique de la Corée du Sud, les forces réformistes sont arrivées au pouvoir à trois reprises, mais elles ont toutes perdu le soutien de la population en raison de leur échec économique et de l’effondrement des moyens de subsistance de la population. Cela s’explique par le fait que la Corée du Sud est une colonie à part entière de l’impérialisme états-unien et que les forces réformistes en Corée du Sud sont des forces pro-états-uniennes, petites bourgeoises et social-démocrates. Il s’agit d’une aile droite de la social-démocratie équivalente au Parti socialiste en France. Le parti réformiste le plus représentatif en Corée du Sud, le Parti démocrate, est un parti néolibéral et n’a pas réussi, même au cours de ses trois mandats au pouvoir, à modifier la moindre clause interdisant la liberté de penser et d’expression dans la loi de sécurité nationale. L’histoire a prouvé que tant que la politique de la Corée du Sud restera un jeu de bascule, les forces fascistes pro-états-uniennes et pro-impérialistes et les forces réformistes pro-états-uniennes et pro-impérialistes également, une véritable démocratie ainsi que le progrès et la paix ne seront jamais possibles. Le seul espoir politique réside dans le Parti de la démocratie populaire, PDP, le seul parti sud-coréen à promouvoir un programme opposé aux États-Unis et à l’impérialisme et pour la démocratie populaire la paix et le progrès. Le PDP est également le seul parti dont le programme prévoit la réunification du pays par le biais d’un système fédéral selon lequel la Corée du Nord socialiste et la République de Corée capitaliste transcenderaient les différences de leurs systèmes respectifs pour parvenir à une réunification sous la bannière de l’indépendance, de la paix et de la démocratie populaire. La seule voie pour une réunification pacifique de la Corée est le système fédéral. Pour rappel, la loi de sécurité nationale de la Corée du Sud interdit et réprime le programme de retrait des bases militaires états-uniennes, c’est-à-dire l’opposition aux États-Unis et à l’impérialisme, et le système fédéral c’est-à-dire la réunification pacifique du pays.
Maintenant, pouvez-vous nous parler de la subordination de l’économie sud-coréenne au capital monopoliste américain ?
La Corée est la colonie la plus complète non seulement sur le plan militaire, politique et culturel mais aussi sur le plan économique. Bien que le développement économique actuel ait été réalisé grâce au travail acharné des travailleurs et du peuple coréen éduqué, sérieux et consciencieux, la subordination qui s’est historiquement aggravée depuis que l’armée états-unienne est entrée dans le pays en tant que force d’occupation en 1945, est intégralement structurée selon les concepts et le système de l’économie politique marxiste-léniniste. Chaque étape du processus de reproduction du capital est subordonnée verticalement à l’impérialisme états-unien et chaque domaine de l’industrie est fragmenté et déformé. La subordination du processus et la déformation du secteur revête respectivement un caractère colonial et un caractère semi-capitaliste. La société coréenne est qualifiée de coloniale et de semi-capitaliste parce qu’elle est subordonnée et déformée non seulement sur le plan militaire, politique et culturel mais aussi et surtout sur le plan économique. En conséquence, l’économie sud-coréenne est toujours vulnérable et instable, en fluctuant sauvagement en réaction aux chocs externes. Je le répète, cela est du à la subordination des capitaux, des matières premières, des carburants, des équipements, des technologies et des marchés ainsi qu’à une industrie lourde et légère et à une agriculture déconnectée, fragmentée, hypertrophiée et déformée. Lors de la crise financière de 1997 en Asie de l’Est et de la crise financière mondiale de 2008, la Corée du Sud a souffert d’une véritable tonte des coupons et l’impérialisme états-unien a pu perfectionner tous les systèmes favorables à la surexploitation tels que l’ouverture du marché, l’ouverture financière et la mise en œuvre d’un système basé sur la précarité et les licenciements. C’est ainsi qu’on appelle « guichet automatique » la Corée du Sud. En d’autres termes, par rapport à la France, les Coréens travaillent deux fois plus et sont payés deux fois moins. Et il n’y a pratiquement pas de système de sécurité sociale. Le taux de suicide est le plus élevé au monde. ce n’est pas non plus un hasard.
Pour aller un peu plus loin, pouvez-vous nous décrire un peu plus en détail la situation des travailleurs en Corée du Sud ?
La moitié des 50 millions d’habitants du pays font partie de la population active et la moitié d’entre eux sont des travailleurs précaires. Ils sont payés moins de la moitié du salaire des travailleurs réguliers et ils sont très mal traités, même si la Corée du Sud est un pays capitaliste industrialisé et un modèle pour le tiers-monde, sa soif pour l’éducation et la diligence de ses travailleurs le fait que ceux-ci sont payés moins de la moitié du salaire des travailleurs européens en dépit des heures de travail les plus longues au monde et en l’absence de sécurité sociale. Tout cela est à l’origine de problèmes sociaux très graves tel que le taux de suicide le plus élevé chez les jeunes et des problèmes liés au système de retraite et à la protection sociale. Par ailleurs, la politique d’interdiction de se syndiquer chez Samsung est connue dans le monde entier. Mais là où il y a oppression, il y a résistance. Chez Samsung, des syndicats se sont formés et des grèves ont commencé à se développer. Cependant la répression exercée par le groupe Samsung et sous la protection de l’État rend toujours très difficile pour les travailleurs de s’organiser. Pourtant les travailleurs se battent. En Corée du Sud, le gouvernement fasciste tente de détruire la KCTU, l’équivalent de la CGT, en créant des incidents inventés de toutes pièces et en la réprimant, mais la KCTU a mené une lutte acharnée et a lancé une grève générale illimitée après l’instauration de la loi martiale.
Quelles sont les perspectives pour le mouvement populaire en Corée du Sud et notamment pour le PDP, le Parti de la démocratie populaire, ce dernier étant victime d’une importante répression ?
Le 30 août 2024, le Parti démocrate, le parti le plus à droite de l’échiquier coréen si l’on exclut le parti fasciste de Yoon Seok-youl, et le Parti de la démocratie populaire, le parti le plus à gauche, ont été réprimés simultanément. Le PDP a immédiatement réagi en dénonçant les perquisitions effectuées dans ses bureaux ainsi qu’au domicile de l’ancien président du pays affilié au Parti démocrate comme un signe de la loi martiale. Ce qui a effectivement été confirmé par la loi martiale du 3 décembre. Bien que la loi martiale du 3 décembre ait été officiellement levée, les insurgés contrôlent en réalité toujours le pouvoir d’État et les réactionnaires d’extrême droite appellent quotidiennement à des émeutes fascistes et tentent de provoquer des troubles. Notamment, des partisans du président déchu ont pénétré dans le tribunal de Séoul le 19 janvier dernier, ce qui a prolongé sa détention de 20 jours. En bref, la situation en Corée évolue d’une agitation civile à une guerre civile. Si un affrontement avec effusion de sang, émeute et fusillade se produisait, comme la clique fasciste et réactionnaire en à l’intention, ce serait une guerre civile de grande ampleur semblable au coup d’État du Maidan en 2014. Sous le contrôle de l’impérialisme états-unien, la clique fasciste et réactionnaire intensifie l’agitation contre la République populaire démocratique de Corée, la Corée du Nord, et ainsi que la Chine sous couvert d’idéologie anti-communiste, poussant à une guerre civile, à une guerre locale et à une guerre de Corée. La Corée a déjà connu une guerre civile en 1948 avec l’incident de Jeju Osu et le déclenchement de la guerre de Corée en 1950 après plus de 2600 confrontations locales contre la Corée du Nord dès 1949. La situation actuelle reproduit exactement ce processus. Après sa lutte de 30 ans contre l’oppression par la dictature militaire fasciste, le peuple sud-coréen a fait l’expérience victorieuse d’un soulèvement en juin 1987, ce qui a conduit à la formation d’un large et puissant front antifasciste. Cependant, pour transformer la société coréenne coloniale et semi-capitaliste, une révolution démocratique de libération nationale doit être menée. Pour cela, un front antifasciste et anti-impérialiste est nécessaire. Le PDP est le seul parti révolutionnaire légal qui est au centre de la lutte politique pour transformer le front antifasciste en un front anti-impérialiste et antifasciste. L’histoire a montré que toutes les répressions contre le PDP, y compris celles basées sur l’idéologie anticommuniste et les lois de sécurité nationale, ont échoué. Le jour n’est pas loin où la seule force motrice pour la transformation de la Corée du Sud, c’est-à-dire le Parti de la démocratie populaire, le PDP, ainsi que les soviets des travailleurs et du peuple seront unis. La situation fasciste belliqueuse et extrême faisant passer d’une rébellion à une guerre civile puis à une guerre de Corée après la loi martiale du 3 décembre a éveillé la conscience des travailleurs et du peuple, favorisant ainsi une transformation fondamentale. Plus l’obscurité de la fascisation de la société sud-coréenne est profonde, plus l’aube de la transformation sud-coréenne est lumineuse. C’est un fait scientifique que nos travailleurs et notre peuple finiront par l’emporter.
Merci beaucoup Stéphan Cho pour ces éclairages très intéressants. On voit que la Corée du Sud est sur les braises et on va suivre la situation attentivement dans les prochains mois. Merci encore et à très bientôt.
[1]Yoon Suk-yeol (en coréen : 윤석열, /jun sʰʌ̹k̚.jʌ̹ɭ/), né le 18 décembre 1960 à Séoul (Corée du Sud), est un avocat et homme d’État sud-coréen, président de la république de Corée depuis le 10 mai 2022, suspendu depuis le 14 décembre 2024. Il commence sa carrière comme procureur en 1994, en se spécialisant dans les affaires de corruption. Il devient Procureur général de Corée du Sud de 2019 à 2021 lors du mandat du président Moon Jae-in, et joue un rôle clé dans la condamnation de l’ancienne présidente Park Geun-hye. En 2022, il est nommé candidat du parti Pouvoir au peuple, alors principal parti de la droite conservatrice en Corée du Sud, dans le cadre de l’élection présidentielle de 2022, qu’il remporte. Sa présidence est marquée par plusieurs évènements qui ternissent son image, en particulier sa gestion de la bousculade d’Halloween à Itaewon en 2022 et de la crise médicale en 2024. La Corée du Sud connaît une érosion démocratique sous son administration et il fait l’objet d’accusations de corruption. Alors que son parti subit une large défaite aux élections législatives de 2024, il entre en conflit avec l’Assemblée nationale et décrète cette même année la loi martiale, avant de se raviser au bout de quelques heures, sous la pression politique et populaire. Après une première tentative infructueuse, il est finalement destitué et suspendu par l’Assemblée nationale, puis incarcéré pendant plusieurs semaines.
[2]Pyeongtaek est une ville située dans la province sud-coréenne, de Gyeonggi. Elle abrite la base militaire de Pyongtaek. Durant la guerre de Corée (1950-1953) la ville fut le théâtre d’une bataille qui vit la victoire des Nord-Coréens face aux États-Unis.
[3]Syngman Rhee ou Rhee Syngman (/i.sɯŋ.man/), né le 26 mars 1875 et mort le 19 juillet 1965, est un homme d’État sud-coréen. Il est le premier président du gouvernement provisoire de la république de Corée en exil à Shanghai et le premier président de la république de Corée (Corée du Sud) de 1948 à 1960. Peu avant la signature du traité de San Francisco, il proclame une délimitation unilatérale de la zone maritime coréenne appelée « ligne Syngman Rhee ». Ses trois mandats en tant que président de la république de Corée ont été fortement marqués par les tensions de la guerre froide. Considéré par les États-Unis comme une caution anti-communiste, il est à la tête de la Corée du Sud pendant la guerre de Corée. Devant faire face à la multiplication des oppositions en raison de sa pratique du pouvoir de plus en plus autoritaire au travers de la politique de l’ilminisme, sa présidence prend fin dans un contexte de mécontentement généralisé, exprimé par des manifestations violemment réprimées à travers le pays.
[4]Park Chung-hee (en coréen : 박정희), né le 30 septembre 1917 à Gumi et mort assassiné le 26 octobre 1979 à Séoul, est un militaire et homme d’État sud-coréen, président de la République de 1962 à 1979. Sous son régime autoritaire, la Corée du Sud prend son essor économique pour se hisser parmi les 20 pays les plus riches de la planète.
[5]Chun Doo-hwan (en coréen : 전두환, /tɕʌn tuɦwɐn/ → /tɕʌnduɦwɐn/), né le 18 janvier 1931 à Naechonri, en Corée et mort le 23 novembre 2021 à Séoul, est un général et homme d’État sud-coréen. Il est président de la République du 1er septembre 1980 au 24 février 1988 après avoir renversé son prédécesseur.
[6]Kim Keon-hee (hangeul : 김건희), née le 2 septembre 1972 en Corée du Sud, est une femme d’affaires sud-coréenne, ainsi que la Première dame de Corée du Sud depuis 2022, en tant que qu’épouse de Yoon Seok-youl, président de la république de Corée.