Le cessez-le-feu entre l’entité sioniste et le Liban, signé le 26 novembre 2004, n’est jamais entré en vigueur ; bien au contraire, l’entité sioniste poursuit son agression, détruisant les villages frontaliers et menaçant de mort tout ce qui bouge. Et, tandis que j’écris ces lignes, les drones ennemis survolent Beyrouth et leur bourdonnement se poursuit des heures et des heures. Les seuls qui ne l’entendent pas sont les membres du « nouveau comité » de surveillance, dirigé par les USA avec l’aide de la France… On dirait que, depuis leur arrivée dans notre pays, ils sont passés aux abonnés absents. Ils ne voient rien, n’entendent rien.
En effet, aucun commentaire de leur part sur les déclarations des responsables de l’entité sioniste qui ont fait savoir au monde entier que les troupes d’occupation (qui ont profité du cessez-le-feu signé avec le Hezbollah pour envahir le Sud) ne vont pas se retirer le 26 janvier du Liban.
Pourquoi ?
Parce que, selon leurs allégations, ces troupes n’ont pas fini « leur mission », vu que le Hezbollah n’est pas encore complètement anéanti et que les colons sionistes, venus des quatre coins du monde, ont toujours peur de réintégrer les territoires du nord qu’ils ont volés aux Palestiniens à partir de 1948…
Mais la réalité est tout autre.
Ce que veulent Netanyahou et ses acolytes, c’est occuper la bande frontalière libanaise et profiter des terres fertiles et de l’eau des rivières afin de créer de nouvelles colonies et d’élargir leur entité vers le nord et l’ouest. N’ont-ils pas, à la suite de la chute de Bachar Assad, occupé la partie syrienne du Mont Hermon et passé du côté libanais qu’ils convoitent depuis longtemps ? Ne disent-ils pas attendre l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche afin de pouvoir s’approprier de nouveaux territoires libanais, comme ils se sont déjà approprié une partie du Golan syrien en plus des fermes de Chebaa et des hauteurs de Kfarchouba ? N’est-ce pas, là, le projet mis en avant à partir de 1969 et 1970 quand ils ont commencé à attaquer ces fermes sous prétexte qu’elles appartiennent à la Syrie et que, par suite, leur sort dépend de la résolution 242 votée deux ans plus tôt ?
Tous ces projets sionistes font partie intégrante de celui, plus général, du « Nouveau Moyen-Orient », mis au point dans les années soixante du XXe siècle et revisité à deux reprise, en 1993 et 2006 et qui consiste, aujourd’hui, à finir le morcellement du Liban et de la Syrie en entités confessionnelles religieuses antagonistes. Ce qui permettrait enfin, à Washington, d’asseoir l’autorité de l’entité sioniste sur la partie orientale de la Méditerranée et assurerait l’hégémonie des États-Unis sur les terres fertiles et les eaux de la région (depuis le Tigre et l’Euphrate et jusqu’au Litani) comme sur le gaz et le pétrole et les routes de transport et de commerce de ces deux denrées essentielles.
Rappelons-nous ce que disait l’ex-ministre étasunien Zbigniew Brzezinski à ce sujet dans son livre Le Grand échiquier – l’Amérique et le reste du monde sur la situation paradoxale des États-Unis qui, pour maintenir leur leadership sur le monde, doivent, avant tout, maîtriser le « grand échiquier » eurasien, c’est-à-dire l’Europe et l’Asie, dont la Syrie et le Liban constituent le cœur et qui s’étend jusqu’à la Chine… En clair, si les États-Unis veulent (et doivent) réussir à contrôler la planète et ses ressources essentielles, ils n’ont pas d’autre solution que la domination des peuples par l’élargissement des bases militaires, les divisions intestines, les guerres régionales, ou par une guerre généralisée.
Cela avait commencé en Europe, à la suite de la chute de l’Union soviétique, par les changements de frontières et l’effritement de la région des Balkans ; et il se poursuit actuellement par le contrôle de l’OTAN des ex républiques soviétiques autour de la Russie.
D’où le troisième acte dans notre région avant l’acte final vers la Chine. Et, d’où la question : comment stopper l’effritement de l’Eurasie et réduire la suprématie impérialiste-sioniste dans notre région ?
Cette question de mettre fin à cet « ordre mondial » sous l’égide étasunienne peut trouver sa réponse dans le rôle que peuvent jouer les peuples de cette Eurasie susmentionnée, surtout les peuples autour de la Méditerranée.
Le 3 janvier 2025 – Par : Marie Nassif-Debs