Duch, de son vrai nom Kaing Guek Eav, ancien chef de la prison de Phnom Penh Tuol Sleng vient de mourrir à 77 ans. C’était l’une des figures médiatisées des atrocités commises par le régime du Kampuchéa Démocratique de Pol Pot, malhonnêtement présenté par la propagande anticommuniste comme un pouvoir communiste, le régime dit des « Kmers Rouges ». Un régime qui a bien peu à voir avec le communisme et qui n’a d’ailleurs jamais compté dans le camp du socialisme mais plutôt dans celui de ses ennemis, confrontant le Vietnam socialiste et l’URSS.
NON, le régime Pol Pot n’est pas un monstre du communisme, mais bien du capitalisme et de ses guerres et stratégies impérialistes, de ses répressions et massacres.
Faut-il rappeler que les USA et le bloc capitaliste occidental ont pesé de tout leur poids pour que le régime Sihanouk dans les années 1950/1960 élimine les dirigeants communistes du parti ouvrier du Kampuchéa laissant ainsi le champ libre dans les années 1970 à la bande de Pol Pot et Khieu Samphân ?
La guerre au Cambodge, ce sont les USA !
Puis lorsque Sihanouk est en voyage en URSS et y affiche son engagement dans le non- alignement, les USA appuient son renversement par le sanglant Lon Nol le 18 mars 1970, 1er ministre et ex-ministre de La Défense, permettant à l’armée américaine d’attaquer les troupes du Vietminh, alors stationnées au Cambodge, et d’y propager ainsi la guerre. De 1970 à 1975 ils provoquent la mort de plus d’un demi million de Cambodgiens, plongeant le pays dans la pire des violences.
Sihanouk, réfugié en Chine, riposte en s’alliant avec les Kmers Rouges, les propulsant, de même que les bombardements massifs par les USA du Cambodge, vers le pouvoir…
Le régime Pol Pot, soutenu par les USA, la Grande-Bretagne et la Chine contre le Vietnam et l’Union Soviétique
Avec un régime Lon Nol soutenu à bout de bras par les USA, le Cambodge est précipité dans la guerre que les USA font au Vietnam. Avec la victoire du Vietnam socialiste, les USA sont contraints en 1975 de se retirer de la région. L’arrêt des bombardements massifs de B52 signe dès lors la fin du régime fantoche et détesté de Lon Nol et l’installation au pouvoir de Pol Pot.
Mais faut-il rappeler que les premiers actes des Khmers de Pol Pot, après avoir vidé les villes, seront d’attaquer et de massacrer les régions sous contrôle des communistes cambodgiens proches du Vietnam socialiste ? Alors que les journaux tels que Le Monde ou Libération alignés par antisoviétisme sur la rhétorique maoïste encensent le régime de Pol Pot, c’est le Vietnam socialiste qui révèle et dénonce ces crimes de masse.
Le 25 décembre 1979, le Vietnam intervient et libère Phom Penh le 7 janvier 1979. En août 1979, Pol Pot et Ieng Sary sont condamnés à mort par contumace reconnus coupables de génocide. La presse occidentale, à l’image du journal Le Monde dénonce alors un « procès stalinien » .
Faut-il donc rappeler que ce sont les armées soutenues et formées par le Vietnam socialiste soutenu par l’Union Soviétique, qui sont intervenues pour chasser Pol Pot et ses sbires de Phnom Penh ? Une offensive lancée le jour de Noël 1978 a mis fin aux crimes de masse dont on estime que près de deux millions de personnes ont été les victimes. Pour autant, cette intervention n’a pas mis fin aux actions de ce régime du « Kampuchea Démocratique », qui, installé et protégé en Thaïlande par les capitales occidentales ainsi que Pékin a pu poursuivre durant des années ses exactions dans une guérilla sanglante contre le Cambodge.
Rappelons que ce sont la Grande-Bretagne et les États-Unis d’Amérique qui – longtemps après que Pol Pot et les khmers rouges ont été chassés du pouvoir par les combattants soutenus par le Vietnam socialiste – ont continué à reconnaître Pol Pot et les Khmers rouges comme les autorités légitimes.
Margaret Thatcher et Ronald Reagan ont ainsi insisté pour que l' »ambassadeur » de Pol Pot conserve son siège aux Nations unies, et ont même sanctionné le gouvernement vietnamien alors en charge du pays, en empilant les ossements dans des musées pour que le monde entier puisse voir ce que le pays avait subi.
En 1979 et 1980, ils font adopter par l’assemblée générale de l’ONU des résolutions condamnant l’intervention vietnamienne, soutenant explicitement jusqu’en 1989 la coalition réunissant Pol Pot et Sihanouk !
En 1982, avec la Chine, ils reconnaissent et appuient le Gouvernement de coalition du Kampuchéa démocratique (GCKD) présidé par Sihanouk réunissant khmers rouges anti-vietnamiens et anticommunistes pro USA. Le GCKD reçoit une aide occidentale qui finance directement les armées de Pol Pot.
Comble du cynisme, Londres et Washington, appuyés par l’ensemble du bloc capitaliste dont la France, ont frappé le Cambodge libéré de lourdes sanctions.
En même temps, les Khmers rouges en exil ont reçu secrètement des millions de dollars du gouvernement américain – une aide qui a duré près d’une décennie après leur renversement. C’est ainsi que la CIA aurait fourni du matériel de guerre, de l’argent, des armes et des renseignements par satellite pendant toutes ces années, et aurait discrédité les organisations caritatives occidentales en les obligeant à fournir de la nourriture aux meurtriers de masse.
Le Janes Defence Weekly puis le Daily Telegraph ont révélé qu’en 1989 – plus d’une décennie après que le monde eut appris l’existence des champs de bataille – le SAS britannique aidait encore à former l’armée de Pol Pot en exil dans la jungle. En effet, à la suite du scandale Iran-Contra qui a éclaté en 1986, l’opération des Khmers rouges est devenue une affaire exclusivement britannique – même l’administration Reagan n’arrivant plus à assumer la honte supplémentaire d’armer et d’entraîner « les Khmers Rouges ». Non pas que Margaret Thatcher n’ait pas eu honte – son gouvernement a menti au parlement en refusant cette aide aux Khmers rouges – avant d’admettre en 1991 qu’il le faisait depuis 1983. Mais lorsque l’aide a finalement pris fin, l’inimitié a continué.
Au milieu des années 1980, les USA font pression sur la Thaïlande pour qu’elle maintienne sa protection des armées Khmers Rouges qui continuent de frapper le Cambodge.
Dans les années 1990 ce sont encore les USA qui appuient une coalition hétéroclite dirigée FUNCINPEC de Sihanouk qui s’allient aux Khmers Rouges pour tenter de chasser du pouvoir les progressistes autour de Hun Sen.
Reculades de l’ONU Samedi 22 Mai 1993 – L’Humanité
extraits d’un article de l‘Humanité – 1993
Quelques mois après l’installation de la Mission préparatoire des Nations unies au Cambodge (MIPRONUC) à partir de février 1992, un premier encouragement a été donné aux Khmers rouges. Le général Loridon, commandant des premiers détachements de l’ONU, se voit refuser de patrouiller sur l’ensemble du territoire. Cet officier supérieur français est alors limogé avec l’accord de Paris. Le 13 juin 1992, les Khmers rouges confirment leur refus de laisser les forces de l’Autorité provisoire (APRONUC) se déployer dans les zones qu’ils affirment contrôler. Alors que les autres forces, celles du gouvernement cambodgien, du prince Sihanouk et de Son Sann se conforment aux accords de paix en entamant le désarmement de 70% de leurs forces et le cantonnement de celles-ci, les hommes de Pol Pot et de Khieu Samphan refusent de se laisser désarmer. Le 5 août 1992, les Khmers rouges rejettent la loi électorale mise en route par l’ONU. En réponse, à New York, on confirme que la date prévue pour les élection – mai 1993 – est maintenue, tandis que le secrétaire général des Nations unies préconise, avec l’appui de Paris et de Washington, la «diplomatie patiente» envers les auteurs du génocide cambodgien. Les Khmers rouges en profitent pour semer la terreur parmi la minorité nationale vietnamienne. Des dizaines de milliers de personnes fuient le pays, après le massacre de plus d’une centaine de pêcheurs d’origine vietnamienne. L’ONU se contente d’assurer que cette fuite «sera protégée». Dans le même temps, les hommes de Pol Pot s’attaquent à différents détachements de l’ONU, notamment indonésiens, sri lankais, japonais et chinois. L’APRONUC décide de se replier, laissant dégarnie de tout contrôle la frontière entre le Cambodge et la Thaïlande. Onze casques bleus ont été abattus au cours des quatre derniers mois et de nombreux véhicules ont été volés. Dernière reculade en date: l’ONU renonce à contrôler le déroulement du scrutin dans près de la moitié des bureaux de vote.
Les États-Unis soutiennent ainsi la tentative de coup de force de juin 1997 qui est déjoué par Hun Sen et les forces armées du Kampuchea populaire le 5 juillet 1997. Permettant alors de relancer les actions des forces de sécurité qui chassent définitivement ce qui reste de l’armée khmer rouge de Ta Mok et Pol Pot dont les derniers débris se réfugient une nouvelle fois en Thaïlande.
Georges Galloway, a longtemps été député travailliste au parlement britannique et, à ce titre, a participé à des missions d’observation électorales au Cambodge. Il témoigne dans les colonnes de RT :
J’étais le chef du groupe d’observateurs parlementaires britanniques envoyé au Cambodge pour surveiller la première élection multipartite de Hun Sen il y a près de 30 ans. Les observateurs internationaux et les diplomates envoyés pour nous servir me semblaient n’avoir qu’un seul but : discréditer le vainqueur Hun Sen, alors le plus jeune Premier ministre en exercice au monde, et fomenter un nouvel isolement du Cambodge.
J’ai passé une grande partie de chaque longue journée dans le pays à chercher à discréditer les personnes dont la conduite allait de douteuse à carrément discréditée. Loin d' »observer », la plupart des observateurs internationaux étaient des acteurs ayant un programme. Seul M. Chatterjee, alors chef du parlement indien, qui était à mes côtés en permanence, était véritablement un observateur impartial. Je me souviens encore du venin avec lequel son verdict « libre et équitable » a été salué par mes collègues parlementaires occidentaux.
Personne ne doit l’oublier que, si pour accéder au pouvoir, Pol Pot et son régime ont dupé le peuple cambodgien en se réclamant du communisme, c’est par l’appui des forces anticommunistes et nationaliste de Sihanouk, et des impérialismes occidentaux ainsi que de la Chine anti-soviétique qu’ils se sont maintenus au pouvoir puis ont poursuivi leurs atrocités, financés et armés par les USA et la Grande-Bretagne. À l’inverse ce sont les communistes, avec le Vietnam appuyé par l’URSS qui ont libéré le Cambodge du joug du régime Pol Pot et l’ont ensuite protégé des attaques de Pol Pot et de ses sbires.
jbc pour www.initiative-communiste.fr