Selon l’Institut d’études pour le développement et la paix (INDEPAZ), jusqu’à aujourd’hui, 115 militants pour la protection de l’environnement, défenseurs des droits de l’homme, dirigeants indigènes, paysans et militants sociaux, et plus de 20 anciens combattants des FARC ont été tués cette année.
Le 3 juin 2020, par Tanya Wadhwa – L’assassinat systématique de ceux qui luttent pour la paix, les droits de l’homme et les changements structurels se poursuit en Colombie, même dans le contexte du confinement pour cause de coronavirus. Entre le 25 et le 31 mai, trois dirigeants indigènes, deux leaders sociaux, deux anciens combattants des FARC et un membre de la famille d’un ancien combattant ont été tués.
Le 31 mai, Jhon Carlos Montaño, 19 ans, fils de José Montaño, ancien combattant des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), a été assassiné dans une zone rurale de la municipalité d’Algeciras, dans le département de Huila, en Colombie. Un homme non identifié a tiré deux coups de feu sur le jeune Jhon et l’a tué.
Le parti politique Force alternative révolutionnaire commune (FARC) a dénoncé le meurtre et a tenu le gouvernement national pour responsable de la mort du jeune homme. « À ce jour, 199 anciens membres de la guérilla en cours de réintégration et 41 membres de leur famille ont été tués sans que l’État colombien ait pris de mesures efficaces pour mettre fin à cette extermination. Il est de la responsabilité de l’État colombien, du gouvernement national et de ses institutions de mettre en œuvre des mesures pour protéger la vie, la sécurité et l’intégrité personnelle de l’ensemble de la collectivité dans le processus de réincorporation, ainsi que de leurs familles, communautés et dirigeants sociaux », a déclaré le parti des FARC dans une déclaration publiée le 1er juin.
Le 30 mai, un autre ex-combattant des FARC, Herney Betancourt Ortiz, a été brutalement tué dans la municipalité de Campoalegre, également dans le département de Huila.
De même, le 27 mai, Manuel Olaya Arias, lui aussi ancien guérillero, a été assassiné dans le quartier de El Diamante, dans la municipalité de Aipe, également à Huila, alors qu’il travaillait dans les champs.
Le 26 mai, lors d’une réunion virtuelle, le parti des FARC a demandé à la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) de prendre des mesures de précaution pour mettre fin à « l’extermination systématique » de tous les anciens combattants qui ont signé les accords de paix avec le gouvernement de l’ancien président Juan Manuel Santos, en 2016 à La Havane, à Cuba.
De plus, le 31 mai, le dirigeant indigène Joel Villamizar a également été assassiné dans le village de Río Colorado, dans la zone rurale de Chitagá, dans le département de Norte de Santander, au cours d’une opération militaire de l’armée nationale colombienne.
Quelques heures après l’incident, l’Association des autorités traditionnelles et du conseil U’wa de Colombie (ASOU’WA) a publié une déclaration et dénoncé l’assassinat. L’organisation indigène a indiqué que Villamizar était le coordinateur de l’éducation de la nation U’wa et a rejeté l’annonce de l’Armée nationale selon laquelle le défunt était membre de l’Armée de libération nationale (ELN), un groupe armé de gauche.
L’ASOU’WA a estimé que « le meurtre de Villamizar est une violation du droit humanitaire international » et a demandé des éclaircissements à l’armée et au gouvernement.
L’Organisation nationale indigène de Colombie (ONIC) a également dénoncé le meurtre de Villamizar et a condamné le gouvernement national.
Le jeudi soir, le couple avait été violemment expulsé de sa maison du village de Los Andes. Le lendemain matin, leurs corps ont été retrouvés avec des blessures par balle dans le village de Pueblo Nuevo.
Le mardi 26 mai, la Commission d’interlocution Bolivar Sud et César Centre et Sud (CISBCSC) a dénoncé le meurtre du dirigeant social et mineur Edwin Emiro Acosta, dans la municipalité de Tiquisio, département du Bolívar. Selon la déclaration de la CISBCSC, trois présumés paramilitaires se sont rendus au domicile d’Acosta, ont demandé s’il s’agissait d’Edwin, ont tiré quatre coups de feu sur lui et l’ont assassiné.
Le 25 mai, le président du Conseil d’action communautaire du quartier de San Juanito, Saúl Rojas, a été assassiné dans la municipalité d’Algeciras, dans le département de Huila. Rojas a été abattu par des hommes armés inconnus circulant à moto sur sa propriété. Il est mort sur le chemin de l’hôpital.
Un rapport publié par la fondation Idées pour la paix (FIP) le 24 mai dernier indique qu’entre janvier et avril 2020, les assassinats de dirigeants sociaux ont augmenté de 53%, tandis que les attaques dont ils sont victimes ont crû de 10%. Le rapport a également souligné que la pandémie COVID-19 n’a pas eu d’effet sur le nombre d’assassinats de dirigeants sociaux et d’anciens combattants. Ceux-ci sont toujours victimes d’attaques commises par des tueurs anonymes.
Selon les données recueillies par l’Institut d’études pour le développement et la paix (INDEPAZ), 115 militants pour l’environnement, défenseurs des droits de l’homme, leaders indigènes, paysans et activistes sociaux, et plus de 20 anciens combattants des FARC ont été tués entre le 1er janvier et le 31 mai 2020.
L’organisation a rapporté que plus de 45 de ces meurtres ont eu lieu après l’instauration par le gouvernement de l’état d’urgence le 17 mars en raison de l’épidémie de coronavirus.
Plusieurs organisations indigènes, mouvements sociaux et dirigeants politiques de gauche ont condamné le gouvernement d’Iván Duque pour avoir continuellement fermé les yeux sur cette grave situation. Depuis l’entrée en fonction de Duque en août 2018, la Colombie a connu une augmentation de la violence et de la répression de l’extrême droite contre les mouvements de gauche dans le pays.
source
traduction DG pour www.initiative-communiste.fr