Ángeles Maestro est ancien membre du bureau politique du Parti Communiste d’Espagne, animatrice de RED ROJA. Elle revient d’un voyage au Venezuela et livre ce témoignage et cette analyse, traduits en français pour www.initiative-communiste.fr, le site du journal du PRCF.
Il y a une guerre ouverte contre le peuple vénézuélien et elle nous concerne tous. Le silence ou la passivité sont des complices nécessaires du crime. L’impérialisme yankee est en train de reproduire contre le peuple vénézuélien les mêmes mécanismes, la même logique que celle qui a généré 327 coups d’état dans 25 pays latino-américains, entre 1902 et 2002. Maintes et maintes fois, le gouvernement d’un pays qui investit en frais militaires 40% du total mondial, le triple de la Chine et 9 fois plus que la Russie, a lancé tout son arsenal de déstabilisation sur chaque pays qui a osé devenir maitre de ses recours et construire sa propre histoire. Les mécanismes sont toujours les mêmes :
- La guerre médiatique qui criminalise les actions de chaque gouvernement afin de soulever le peuple contre lui et, surtout, pour déverser tous ses formidables mécanismes de manipulation informative sur d’autres peuples. L’objectif n’est que de l’isoler et casser tous les mécanismes de solidarité.
- Le blocage économique et financier. La provocation du désapprovisionnement au moyen du siège et le sabotage auxquels s’unit l’isolement financier et tout de suite l’imputation au gouvernement de la responsabilité sur ses conséquences.
- La guerre sociale en utilisant des mécanismes ouvertement fascistes pour provoquer l’escalade de la violence et, à la fin, la déstabilisation.
- L’assassinat du leadership révolutionnaire.
- Le coup d’État militaire, orchestré par les agences d’intelligence de l’empire et exécuté par une bonne partie des chefs des forces armées locales ; auquel suit la guerre ouverte contre le peuple s’il oppose résistance.
C’est là l’arsenal qui, mis en œuvre par les Etats-Unis, mais aussi différents pays de l’UE et de partenaires locaux des grandes puissances, est lancé contre le Venezuela, le Paraguay, le Guatemala, le Nicaragua, le Brésil, l’Argentine, la Bolivie et un très long etc. en Amérique latine ; mais aussi contre l’URSS, Vietnam, Corée, Ukraine, Iraq, Lybie, Syrie, République Démocratique du Congo, Burkina Faso, et des dizaines de pays dans tous les continents y comprise la guerre fasciste contre la II République Espagnole.
C’est la même machinerie, qui inclut tout type de guerres, qui renversa le gouvernement d’Unité Populaire au Chili et qui s’écrase, mille fois vaincue, contre la révolution Cubaine.
Mais l’impérialisme états-unien n’est pas seul. L’UE, et spécialement l’État espagnol qui a de puissants intérêts économiques en Amérique latine, le seconde en jouant son rôle dans le scénario et intervenant d’une façon croissante dans le processus de déstabilisation des pays où elle a une présence.
Tout cela est si évident, le scénario – mille fois répété – est si facile à identifier, que la question inévitable du pourquoi les auto-dénommées « gauches européennes » ferment les yeux ou collaborent directement avec l’impérialisme, devient une accusation.
À Madrid, le comportement de la mairesse Manuela Carmena, soutenue par Podemos, avec douze de ses conseillers appuyant dans la Mairie l’accueil aux parents du putschiste Leopoldo López, l’auteur intellectuel et instigateur de la guarimba fasciste de 2017 qui a laissé des dizaines de personnes assassinées, ne peut être qualifié que de collaboration criminelle. Exactement le même que la honteuse motion votée par la mairesse, avec le Parti Socialiste Espagnol (PSOE), Ciudadanos et le PP, pour exiger des autorités vénézuéliennes la libération immédiate de Leopoldo López, d’Antonio Ledezma et tous les prisonniers politiques actuellement emprisonnés en Venezuela[1].
Et cette collaboration criminelle des élites politiques de la soi-disant gauche reste impunie, contribuant d’une façon décisive à l’ignorance des gens dans la mesure où elle aide à donner une crédibilité et à légitimer la manipulation médiatique quotidienne.
La guerre économique contre la Venezuela et ses formes de résistance.
L’histoire du Venezuela Bolivarien a été, comme celle de tous les peuples qui font face à l’impérialisme, l’histoire de la guerre économique qui en soi est une guerre d’extermination. Le terrorisme a explicitement adopté le visage du fascisme en 2017. Les assassinats de dizaines de personnes, beaucoup brulées vives, l’incendie d’universités, d’écoles, de dispensaires, de moyens de transport, n’ont pas suffi pour vaincre un peuple et un gouvernement qui a opté pour le recours à la participation populaire en convoquant aux urnes son Assemblée Constituante.
La tentative téméraire et criminelle de déstabilisation de l’année passée a tenté d’obtenir ce que la guerre économique n’a pas obtenu. Celles-ci ont été, et continuent de l’être, ses armes :
- Effondrement des prix du pétrole pendant quatre ans consécutifs. En 2016, le baril de pétrole cotait à 22 dollars, ce qui provoqua une chute des revenus étatiques de 87 %. Entretemps le risque / pays mesuré par les agences impérialistes, comme nous le savons bien, monte en flèche et la Venezuela doit payer la dette la plus chère du monde.
- Provocation du désapprovisionnement d’aliments, de médicaments et de pièces industrielles. Ceci résulte, non au moyen des chutes dans la production mais par l’accaparement et le sabotage dans la distribution ce qui occasionne des augmentations abusives du prix sur le marché noir. A cela s’ajoute l’embargo commercial imposé qui empêche l’arrivée aux Venezuela des achats gouvernementaux de ces produits.
- Enfoncement du bolivar au moyen de l’inflation induite. Pour définir sa valeur dans des échanges commerciaux la valeur de la monnaie s’applique comme Facteur de Conversion sur le marché noir; le taux de change passe ainsi de 1 dollar pour 50.000 bolivars, à 1 dollar/200.000 bolivars. Ce mécanisme altère aussi les prix internes avec l’inflation résultante et le renchérissement de la production.
- Des sanctions financières avec l’objectif d’isoler la Venezuela du système financier international.
- Cette escalade de sanctions économiques de la part des Etats-Unis et de l’UE, concrétisées dans l’ordre Exécutif d’Obama en 2015, intensifiée par Trump, base ses attaques dans l’identification du Venezuela comme « menace inhabituelle et extraordinaire que représenterait le Venezuela pour la Sécurité et la Politique Extérieure des Etats-Unis».
La résistance du peuple, qui inclut des formes importantes de construction de pouvoir populaire comme les Communes, en a été la réponse. Comme l’a récemment dit Faustino Covarrubias, directeur du Centre de Recherches sur l’Économie Mondiale, de Cuba, la résistance est le chant à la vie, face à la clameur et la destruction et la mort.
Au milieu de cette guerre économique dont les résultats plus graves ne se mesurent pas en dollars ou euros, mais en souffrance et mort absolument évitables, l’unité entre la plupart du peuple et le gouvernement n’a pas été brisée.
Comme cela s’est produit à Cuba pendant la période spéciale, la chute brutale de revenus de l’État n’a pas eu comme conséquence de coupes sur les dépenses sociales. Tous les mécanismes de protection sociale, spécialement la santé et l’éducation, se sont renforcés. Au milieu de la guerre économique, Venezuela a continué de fournir à tous ses élves des uniformes, des livres et des salles à manger scolaires gratuites ; en même temps, au Colorado (Etats-Unis), on congédiait une responsable de cantine scolaire pour avoir donner de la nourriture à des enfants affamés[2]. Le Système National de Santé, des premiers soins jusqu’au plus haut niveau de spécialisation hospitalière, couvre toute la population. De 2011 à 2018 trois millions de nouveaux logements ont été construits et livrés, en incluant des équipements sociaux et urbains. L’objectif est de ré-urbaniser 40 % du pays dans 5 ans ce qui inclut des améliorations intégrales de l’habitat, l’emploi localisé et l’ensemble des conditions de vie.
Il s’y ajoute la considération de la culture comme affaire structurelle, c’est pourquoi on priorise la décolonisation de la société vénézuélienne.
Face au désapprovisionnement alimentaire provoqué par la guerre économique, les six millions de Vénézuéliens et de Vénézuéliennes qui sont en difficulté, reçoivent chaque 21 jours un panier d’aliments dans les comités Locaux d’Approvisionnement et Production[3]. Sans cacher le manque, parfois dramatique, de médicaments spécialisés comme les anti-hypertenseurs, les immuno-dépresseurs, certain type d’antibiotiques, d’antirétroviraux, etc., pour assurer l’efficacité maximale dans la distribution, a été mis en place un programme de livraison à domicile – 0800 SALUDYA – de médicaments prescrits totalement gratuits.
C’est ici que se dévoilent les raisons de la manipulation informative sur les peuples d’Europe, ceux de pays riches où, tandis que des banquiers et des entrepreneurs augmentent d’une façon insultante leurs bénéfices, les conditions de vie de la classe ouvrière s’écroulent : la santé publique et l’éducation sont privatisées et se détériorent, des centaines de milliers de familles sont expulsées de leurs maisons dans l’impossibilité de payer leur hypothèque aux mêmes banquiers rachetés avec des centaines de milliers de millions d’euros de l’argent public ; 30 % des retraités ne retirent pas à la pharmacie les médicaments prescrits depuis l’introduction du co-payement ; la faim, le manque de lumière et d’eau s’étendent sur les quartiers ouvriers et les suicides montent en flèche.
Le petro et le chemin pour casser la dépendance.
Selon les déclarations du Vice-président de Planification Ricardo Menéndez, ce qui est en jeu en Venezuela ce n’est pas la gestion d’un Gouvernement, c’est le conflit historique de la lutte des classes. C’est la confrontation, non contre une bourgeoisie industrielle, mais contre une oligarchie propriétaire foncière qui s’est approprié dans les années 1940 le revenu pétrolier et a développé les réseaux de commercialisation et de distribution des produits. D’où sa capacité de paralyser l’approvisionnement du peuple et sa disposition à livrer le territoire national en échange de miettes que l’impérialisme leur laisse. Le Gouvernement Bolivarien n’a plus d’option qu’assumer qu’il se trouve devant un affrontement total, une guerre à mort avec l’impérialisme et ses acolytes locaux, semblable à celle que l’URSS a vécue en 1918 ou à celle de la Guerre Civile espagnole de 1936. Et de cette guerre totale on ne peut sortir victorieux qu’en assumant la construction du socialisme – ce qui signifie inévitablement la propriété sociale des moyens de production et des ressources naturelles – et en cassant la dépendance économique.
Le défi du Gouvernement de la Venezuela, comme l’a exprimé le Vice-président Menéndez, est « de rompre avec les veines ouvertes de l’Amérique latine ». Pour cela il est indispensable, de partir de la base nécessaire matérielle qui puisse surgir de la socialisation du système productif, réordonner et diversifier l’économie en priorisant l’industrie agroalimentaire, la production de médicaments et l’industrialisation en général, adopter un nouveau patron technologique et substituer des produits importés.
La création de la monnaie petro est autant une réponse au manque angoissant de monnaie circulaire, que, et surtout, la rupture de la dépendance face au dollar. L’une des formes les plus efficaces qu’adopte le sabotage est la sortie massive du pays de bolivars. Un exemple en est le renversement au Paraguay d’un camion avec 30 tonnes de bolivars vénézuéliens[4] ou les 300.000 millions de bolivars, très utilisés pour fabriquer les faux dollars, aujourd’hui dans les mains des maffias internationales dirigées à partir de Colombie[5].
Le petro est une crypto monnaie, une monnaie digitale à laquelle s’appliquent des mesures de sécurité d’encryptage. C’est un argent bancaire qui est utilisé au moyen d’une carte et dont l’émission sera appuyée par 100 millions de barils de pétrole qu’ils mettront en action comme contreparties. Chaque petro équivaut à un baril de pétrole.
Du point de vue de Camilo Torres, Vice-ministre pour le Développement des Technologies de l’Information et la Communication du Pouvoir Populaire, l’objectif en est de casser le blocage financier et d’arrêter la détérioration qui subit le bolivar due à l’escalade inflationniste induite. La Russie, la Chine et l’Iran, non seulement ont exprimé son appui au petro, mais ils ont manifesté son intérêt à employer ses propres « petros » comme instrument pour éliminer le dollar de ses transactions économiques[6] .
L’objectif n’est pas donc de déplacer le bolivar, ce nom a une haute signification politique pour la souveraineté nationale. À la fin de ce mois de mars s’initiera la vente publique de petros et la transformation de bolivars dans des petros et vice versa.
Et le plus important de tout c’est que le petro puisse devenir l’instrument monétaire approprié pour la relation monétaire avec les 2000 Communes qui fonctionnent aux Venezuela, dont quelques centaines disposent déjà de leurs propres monnaies.
La Commune vénézuélienne, réalité du pouvoir populaire et embryon du socialisme.
Le socialisme ne va pas nous tomber du ciel, ainsi comme du néant; ou bien on le fait ou on ne le fait pas. Et il faut le faire, surtout d’en bas, dès les municipalités, dès les coins de rues, dès les champs, dès chaque millimètre du territoire, il faut construire le socialisme. Et pour le construire, il faut savoir ce qui est ce que nous construisons, et il faut beaucoup étudier. Et il faut utiliser la science, la science. Il ne faut pas être un scientifique comme ceux qui fabriquent des fusées pour aller à la lune; non, non; la science populaire, la logique, le bon sens, le sens social; la conscience du devoir social, mettre devant nous la société (…) Nous avons à créer des unités productives socialistes, la propriété sociale, et en finir pour du bon avec ce modèle exclusif du capitalisme; et cela requiert depenser beaucoup, planifier beaucoup et de beaucoup faire… [7]
Ces mots prononcés par Hugo Chávez dans 2009 ne sont pas restés vains, ce n’a pas été un bavardage vide. En 2009 a été approuvée la Loi Organique des Communes poussée par Chávez. Lors du Conseil des Ministres du 20 octobre 2012, peu de mois avant sa mort, et comme si c’était un testament, Chávez dit à Maduro : « Nicolas, je te confie cela comme si je te confiais ma vie : Les Communes « .
Lors de ma récente visite en Venezuela j’ai eu l’opportunité de visiter l’une des Communes parmi les plus emblématiques « El Panal 2021« , dans la municipalité « Libertador » de Caracas et dans la paroisse « 23 Enero« , la plus fameuse pour la combativité de ses habitants.
Juste à l’entrée, nous nous sommes arrêtés devant la banque de la Commune, le BanPanal. L’ami qui nous accompagnait, Jefferson González, connu comme « El Cucaracho », nous a donné une leçon d’économie politique. « Beaucoup de Communes ont voulu créer une banque parce qu’il n’y avait pas de bolivars et elles voulaient résoudre le problème de la monnaie – nous expliquait-il ; ils ne savaient pas qu’avant de monter une banque, il faut produire. Nous, le premier ça a été la boulangerie, après est arrivé la production de riz et de beaucoup d’autres aliments, l’élevage de poissons, l’entreprise communale textile, etc. ».
Dans l’entreprise textile « Las Abejitas del Panal« , quand on offre à ceux qui y travaillent un prix pour ses produits, ils répondent : « c’est nous qui mettons le prix du produit dans une assemblée », « nous ne sommes la main-d’œuvre de personne. Nous sommes une force productive ».
La monnaie de cette Commune, El Panal, s’appuie la production locale et on fait tous les échanges à l’intérieur. La récolte est achetée par l’entreprise Empaquetadora de Granos y Azúcar « El Panal 2021 » (milieu de production sociale de la Commune) directement à ceux qui produisent, sans des intermédiaires. Cette entreprise emballe sa propre production et celle d’autres communes et la distribue à travers de son réseau d’Approvisionnement, ainsi que d’autres aliments comme le sucre, des laitues, du café, du fromage, des œufs, des légumes, des poulets, poissons et d’autres, en accomplissant ainsi le cycle productif qui garantit la distribution d’aliments[8]. L’objectif n’est pas d’obtenir des bénéfices, ou le marché, mais l’approvisionnement de la population.
Ceux qui vendent des patés en croûte, des glaces et n’importe quel type de marchandises, changent chaque jour ses panales en bolivars, selon un changement établi d’un panal par 5.000 bolivars. Là il n’y a pas de banque, et après plus de deux ans de fonctionnement, ils(elles) ils estiment que maintenant un panal vaut déjà 7.000 bolivars.
La banque s’est convertie en instrument de planification et les excédents sont destinés à ce que décide l’assemblée : sport, culture, éducation, production. La Commune possède aussi sa propre chaîne de radio et télévision.
« Nous ne voulons pas son aide humanitaire, celle de l’impérialisme. Nous savons que s’ils nous battent ils viendront en finir avec tout, et nous tuer tous », nous expliquait El Cucaracho.
En ce qui concerne la sécurité de la Commune, son pilier est le fonctionnement collectif comme « intelligence sociale ». Les multiples chambres sont préventives et dissuasives. Tant ici comme dans d’autres Communes, avant régnait le narco trafique. Maintenant ils ont réussi à éradiquer la drogue qui corrode d’autres quartiers, dans lesquels la police n’a rien obtenu. La méthode : la communauté devient maîtresse des espaces. Là où on trafiquait auparavant, maintenant il y a des terrains de basket-ball, de football, de volley-ball.
Le camarade Cucaracho nous expliquait, narquois : si nous voyons quelqu’un qui se ballade par là traficotant, nous lui demandons, et quand il répond « je vends de la marijuana », nous lui disons « allez vous faire un maritour ».
Le secret en est la participation dans les tâches de la Commune, chacun dans ses points forts: le sport, la musique, l’agriculture, l’éducation, la santé. En ce qui concerne l’éducation il nous a expliqué que : nous agissons à partir du fait que le centre de tout le processus n’est pas seulement l’école, mais aussi la maison et la société. Nous suivons Paulo Freire qui traitait l’élève comme sujet pensant. L’éducation se fait « de sujet à sujet ».
Il y a un fait qui rend compte de l’incorporation très importante des femmes, c’est sa présence massive dans les organes de direction des Communes. 60 % des Conseils Communs sont dirigés par des femmes, ainsi que 80 % des Comités Locaux d’Approvisionnement et de Production.
Tout est décidé dans l’Assemblée Patriotique de la Commune. Les responsables de chaque unité sont choisis et révoqués parla même assemblée, et rendent comptes une fois par mois, et « s’il y a quelque chose à changer, on le change ».
Il y a des intégrants de la Commune qui ont été hauts responsables dans des ministères ou dans des conseils municipaux ; tous continuent à vivre dans le quartier. Pour les Communes, si un leader n’est pas près du peuple, il exerce une direction « aérienne ». Ceux qui sont à la tête surgissent du dedans. Parfois ils s’élèvent un peu pour regarder mais après ils reviennent. Les cadres, nous dit-il, entrent dans l’État pour exercer des tâches de direction et après ils reviennent au peuple. « Si une Révolution se bureaucratise, ce n’est plus une Révolution ».
Robert Langa, leader politique et moral de la Commune, dirigeant de l’organisation «Alexis Vive»[9], nous raconte comme ils ont observé l’expérience yougoslave et celle des kolkoses en URSS, pour placer la production à côté de la distribution et pour changer la P de populisme par la P de production. Il faut s’insurrectionner dès la production, ne plus jamais être dépendants.
La Commune s’occupe aussi de la défense générale. En 2011 la Fondation «Alexis Vive» a réalisé un simulacre de prise de Caracas avec des fusées de feux d’artifice feux dans une commémoration du massacre du 27 février de 1989[10]. Voici la vidéo du cohetazo[11]
Nous ne voulons pas nous détacher de « être en bas », explique-t-il. Nous ne voulons pas qu’on nous protège mais qu’ils nous transfèrent pouvoir. Nous ne voulons pas de reconnaissance mais assumer des espaces de décision.
Son scénario, son théâtre d’opérations, comme disait Robert, n’est pas seulement le Venezuela. Ils promeuvent « les Forces Populaires du Sud « comme expression de l’unité des peuples latino-américains.
Les Communes le savent bien: nous sommes les tierruos [parias], les hediondos [puants], les patá en el suelo [misérables].
Ils sont sans doute le cœur du processus Bolivarien et la partie la plus avancée à l’intérieur de la lutte des classes qui, inévitablement, la traverse.
Quand nous prenions congé de la Commune El Panal ils nous disaient : Dans la Commune nous utilisons le mot camarade. Camarade c’est l’amour, la camaraderie, la joie, la solidarité… Si l’on me demande : qui est Chávez? Je dirais : un camarade.
Résister pour vaincre
Au milieu du sabotage et la guerre économique et médiatique orchestrée par l’impérialisme euro-américain, le Venezuela Bolivarien a des atouts importants pour vaincre :
- Au contraire de l’Unité Populaire chilienne, les forces armées constituent l’un des bastions principaux de la résistance anti-impérialiste et de la défense de sa Révolution.
- La résistance du peuple et ses formes d’organisation et de construction de pouvoir populaire, y comprise l’auto-défense, ont un degré élevé de conscience et de détermination.
- La résistance du peuple vénézuélien s’est accrue en apprenant d’une expérience, la plus héroïque expérience de conscience anti-impérialiste, celle du peuple cubain en défendant sa Révolution.
En plus le Venezuela n’est pas seule, et non seulement par l’important appui que des pays comme La Russie, la Chine et l’Iran, ou l’ALBA, ou Mercosur lui offrent. Si les Etats-Unis n’ont pas osé lancer une intervention militaire ouverte c’est parce qu’il craint que l’ensemble de l’Amérique latine se transforme alors en une poudrière. Dans des pays alliés comme l’Argentine, le Chili, le Pérou, la Colombie, l’Équateur, le Guatemala ou le Honduras, (ces derniers ont été l’objecte des coups d’État récents patronnés par les USA), des éclatements sociaux sont prévus à court terme comme conséquence de l’implémentation de politiques d’austérité contre les classes populaires et qui pourraient bien déborder dans le cas d’une agression ouverte contre la Venezuela.
Nous qui habitons le ventre des bêtes impérialistes nous avons l’énorme responsabilité de lutter pour empêcher que les gouvernements qui agissent dans notre nom mettent ses mains criminelles sur un peuple décidé à rompre les chaînes, à conquérir sa souveraineté et à écrire sa propre histoire. C’est notre responsabilité, parce que, comme affirme le Front Anti-impérialiste internationaliste, récemment constitué dans l’État espagnol : Nous sommes en guerre, bien que les fronts de bataille soient loin des nos frontières[12].
Mars 2018
Traduit par Red Roja – www.initiative-communiste.fr
[1] http://www.abc.es/espana/madrid/abci-carmena-vota-favor-recibir-familia-leopoldo-lopez-seis-concejales-contra-201702281955_noticia.html
[2] http://prensacnae.blogspot.com.es/2016/07/despedida-la-jefa-de-un-comedor-escolar.html
[3] Cada bandeja de comida, a un precio de menos de 0,5 dólares incluye: 2 Kg de lentejas, 3 de arroz, 2 de harina de maíz, 2 de leche en polvo, 3 de pasta larga, 1 frijoles negro, 1 de azúcar, 1 bote de salsa de tomate, 1 bote mayonesa, 5 latas de atún en conserva y 2 litros de aceite. También existe, al mismo precio, una bandeja con productos de limpieza e higiene personal.
[4] https://www.elespectador.com/noticias/el-mundo/el-misterio-de-las-30-toneladas-de-billetes-venezolanos-articulo- 681459
[5] https://www.telesurtv.net/news/Que-hacen-en-Colombia-con-los-billetes-venezolanos-20161211-0026.html
[6] L’arrivée des cryptomonnaies représente, par conséquent, un nouveau catalyseur pour les pays producteurs de produits basiques qui désirent abandonner le dollar comme monnaie de paiement du pétrole » a dit Stephen Brennock, un analyste pétrolier de PVM Oil Associates, dans une note de recherche vue par CNBC. https://kenzocaspi.wordpress.com/2017/12/11/rusia-puede-recurrir-a-la-criptomoneda-respaldada-por-petroleo-paradesafiar-las-sanciones-y-el-petrodolar/.
[7] http://www.todochavez.gob.ve/todochavez/1079-intervencion-del-comandante-presidente-hugo-chavez-en-lainauguracion-
de-planta-potabilizadora-de-agua
[8] https://fundacionalexisvive2021.blogspot.com.es/2015/02/red-de-abastecimiento-comunal-avanza-y.html
[9] Le dirigeant communal Alexis González a été assassiné par la Police Métropolitaine au cours du Coup d’État contre Chávez en avril 2002. Ses camarades ont juré que par chaque mort il y aurait une Commune. Ils ont largement dépassé son serment.
[10] Le 27 février 1989 les habitants s’ont descendus des collines qui entourent Caracas pour protester contre un paquet de mesures contre le peuple imposé par le gouvernement de Charles Andrés Pérez. La répression a été féroce. Des milliers de morts sont tombés sous le feu de 4 millions de balles tirées. Ces faits ont décidé Hugo Chávez à intervenir.
[11] https://www.youtube.com/watch?v=dby2hr1tQgM
[12] https://forocontralaguerra.org/