Conférence de presse du député européen du PC Portugais Joao Ferreira
Poussés par le désastre auquel fut menée la Grèce et vers lequel se dirigent d’autres pays d’Europe, notamment le Portugal et sachant le risque de propagation du défaut de paiement à l’Italie et à l’Espagne, la Réunion extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement de la Zone Euro d’hier a pris des décisions qui constituent un nouveau pas, encore plus grave, allant dans le sens de la limitation de la souveraineté des États, une réponse allant dans le sens de la préservation des intérêts du capital financier et des principales puissances européennes, un facteur d’aggravation de la situation du pays et de limitation de son développement et de son progrès.
1 –Les décisions adoptées sont un aveu que les propositions du PCP (réaffirmées et rejetées de façon irresponsable par le PSD, le CDS et le PS) pour la re-négociation de la dette sont une voie inévitable, comme en témoigne cette « re-négociation » secrète et qui met à nu, contrairement à ce que l’on a systématiquement nié, le fait que la re-négociation de la dette est non seulement possible mais inévitable. Toutefois, le contenu et les termes des décisions prises ne constituent pas le changement exigée par la situation pour apporter une réponse aux problèmes des travailleurs et des peuples d’Europe, mais marquent une obstination à poursuivre la voie du recul social et du déclin économique.
2 –La diminution des taux d’intérêts, en sachant l’extension des échéances pour le Portugal, tout en maintenant l’ensemble des orientations politiques contenues dans le programme d’agression et de soumission endossé par le PS, le PS et le CDS avec l’UE et le FMI, signifie, au-delà de la reconnaissance de l’impossibilité d’appliquer les termes précédemment convenus dans le cadre de ce programme – comme le PCP dès le début avait mis en garde – une façon de promouvoir globalement le pillage des ressources nationales, au prix de l’aggravation de l’exploitation et de la remise en cause de l’avenir du pays.
3 – Contrairement à ce qui est est nécessaire et que le PCP propose – une re-négociation de la dette publique dans les échéances, les taux et les montants, libérée des conditions brutales imposées par la troïka, les mesures annoncées signifient que le pays restera soumis au pillage de ses ressources et le peuple portugais à d’énormes sacrifices.
Dans les conditions re-négociées hier, pour le même prêt contracté avec l’UE et le FMI, le Portugal va payer un taux d’intérêt annuel de 3,5% sur 15 ans. Ce qui signifie que, au lieu des 30,4 milliards d’euros que le Portugal aurait à payer pour ce prêt, il aurait désormais à payer 40,95 milliards d’intérêts à la nouvelle échéance fixée. Une décision qui, tout en pouvant réduire le montant annuel des intérêts à payer dans les prochaines années, alourdit en fait de 10 milliards d’euros la valeur globale des intérêts qui seront payés, au prix de la saignée des ressources nationales, de l’augmentation de l’exploitation et d’un service de la dette qui – dans un cadre de récession économique prolongée dans lequel se trouve le pays – au-delà de son caractère inacceptable se révélera impossible à payer.
4– Le PCP souligne que, contrairement aux tentatives de la part du gouvernement PSD/CDS visant à tromper les portugais, quant à la signification de ces décisions, en vérité, ce qu’il se prépare à mettre en œuvre dans les prochains mois, avec le soutien du PS, est l’ensemble des mesures prévues dans l’accord avec l’UE et le FMI : facilitation des licenciements rendus moins onéreux ; attaque contre les salaires et les retraites ; suppression du 13ème mois ; augmentation des prix de l’énergie, des médicaments et des transports ; privatisation des entreprises et secteurs publics stratégiques ; versement direct de millions d’euros de l’État aux banques. C’est l’approfondissement du processus d’accumulation et de concentration du capital de la part des grands groupes économiques et financiers et la sauvegarde des intérêts des créanciers, au détriment des conditions de vie du peuple et de l’activité économique elle-même.
5– Le PCP ne peut pas manquer de souligner combien est révélateur, sur qui commande effectivement dans l’Union européenne et quels intérêts elle sert, le fait que cette Réunion extraordinaire des chefs d’État et de gouvernement e la zone euro ait été précédée d’une rencontre préalable entre Merkel et Sarkozy et qu’y ont participé formellement des représentants du capital financier et des grandes banques de l’Union européenne. En conséquence, la décision du Fonds européen de stabilisation financière de pouvoir acheter directement de la dette des États, dans le marché dit secondaire, se traduira, dans la pratique, par le transfert de la dette publique détenue par les banques vers le secteur public, c’est-à-dire, sur le dos des peuples d’Europe.
Tout aussi graves sont les nouvelles mesures prises dans le sens de la création d’authentiques protectorats au sein de l’Union européenne et de nouvelles formes de colonisation économique. Le transfert à des structures supra-nationales de la possibilité de gérer directement les fonds structurels de l’Union européenne attribués à la Grèce, représente une inacceptable et dangereuse ingérence.
6– Le PCP réaffirme que la situation actuelle est indissociable de la nature du capitalisme, du processus d’intégration capitaliste dans l’Union européenne et dans l’Euro – sur les conséquences duquel avaient successivement mis en garde le PCP – et que le cadre de la situation dans laquelle se réalise cette Réunion de la zone euro est la preuve manifeste que le processus de concentration et de centralisation du pouvoir économique et politique déclenché au nom de la lutte contre la crise, les politiques comprises dans la « gouvernance économique » et dans le « Pacte pour l’Euro plus » et les soi-disant plans de sauvetage non seulement n’ont résolu aucun des problèmes économiques et financiers dans l’espace de la zone Euro, mais ils les ont considérablement aggravés. Leurs conséquences terribles sont bien visibles et ne se limitent pas aux pays qui sont la cible de l’ingérence extérieure, confirmant le caractère systémique de cette crise et qui est indissociable de l’approfondissement de la crise structurelle du capitalisme.
7 – Indépendamment de l’analyse détaillée des mesures prises lors de cette réunion, ce qui ressort et se révèle, c’est l’incapacité structurelle à répondre à la crise et à dépasser des contradictions qui vont en s’aggravant. La nature de l’UE et les choix qui régissent encore une fois la façon dont elle réagit à la crise, sont eux-mêmes – comme le PCP l’a réaffirmé maintes fois – les germes de nouvelles crises plus profondes.
Le gouvernement portugais et les puissances de l’Union européenne peuvent bien essayer de l’occulter, mais la réponse à ces problèmes gravissimes nécessite la fin de la libéralisation des mouvements de capitaux, des paradis fiscaux et le combat effectif contre la spéculation ; la baisse du taux de référence de la BCE ; la fin des marchés secondaires et de ses titres spéculatifs ; la modification des objectifs et du fonctionnement de la BCE ; le remplacement du Pacte de stabilité par un programme d’emploi et de développement économique ; une approche courageuse et responsable sur l’avenir de l’Euro et de l’Union économique monétaire ; une profonde révision de la politique économique de l’Union européenne visant à résoudre les problèmes communs à plusieurs États en misant sur le développement de leurs systèmes productifs, dans le cadre d’une stratégie immédiate et solide pour la création d’emplois et l’augmentation du pouvoir d’achat des travailleurs et des peuples.
Tout en appelant à l’intensification de la lutte des travailleurs et du peuple portugais, le PCP réaffirme que la véritable solution à la crise actuelle réside dans une remise en question du cours actuel et des Traités de l’Union européenne, et dans un changement de cap complet dans les politiques économiques et sociales menées.
Le PCP est d’avis que la voie d’une re-négociation effective de la dette publique, du refus des mesures comprises dans le programme d’agression et d’ingérence extérieure, de la défense des droits des travailleurs et du peuple portugais et de la valorisation de la production nationale, est celle qui, dans le cadre d’une politique patriotique et de gauche, constitue la seule alternative pour éviter le désastre et affirmer une voie souveraine de développement et de progrès social.