La marionnette de Trump à Caracas, le député d’extrême droite Guaido l’avait fait claironner dans tous les médias occidentaux, le 23 février, il ferait rentrer par la force de « l’aide humanitaire » au Venezuela. Une intervention belliqueuse qui n’avait rien d’humanitaire, condamnée aussi bien par l’ONU que par la Croix Rouge. Une provocation visant à permettre aux USA de lancer une guerre ouverte contre le Venezuela, d’armer les putschistes, bref de plonger la région dans la guerre et dans le sang pour ré-établir leur colonisation totale à travers leurs dictateurs sur la région.
Pour défendre la paix, le gouvernement démocratique, légitime, élu, du Venezuela Bolivarien avait mis en place des mesures simples : fermeture des frontières avec la Colombie et le Brésil, surveillance du trafic maritime et aérien depuis l’ile néerlandaise de Curaçao. Et surtout un appel à la mobilisation du peuple venezuelien pour défendre la paix et la souveraineté du pays. Par centaines de milliers les venezueliens sont descendus dans les rues à l’appel de Nicolas Maduro, de Diosdado Cabello, de Delcy Rodriguez, du PSUV et du PCV. Avec un concert géant à la frontière, mais également des manifestations à Caracas et dans tous le pays.
Ce 26 février, il était possible de tirer un premier bilan :
- les putschistes pourtant aidés par les USA et leurs vassaux de la Colombie, du Brésil et des Pays Bas n’ont pas réussi à violer la souveraineté du Venezuela.
- Malgré les ultra violences des bandes armées déployées à la frontières colombienne et brésilienne, les frontières n’ont pas été franchies.
- La violence a été celle des putschistes. Causant plusieurs centaine de blessés dont plusieurs par balles dans les rangs de la gendarmerie mais également des militants chavistes. Le silence des médias occidentaux a été total sur ces violences.
- Même le journal le Monde, la voix du Quai d’Orsay, a été obligé, dans un article édifiant, de reconnaitre que l’incendie des camions brûlés en Colombie, sur le pont de Santander, ne pouvait être imputé au Venezuela.
- L’armée vénézuélienne – 350 000 soldats et la milice bolivarienne – 2 millions de militants – continuent d’assurer sans faiblir la défense du pays. Et la quelques dizaines de traitres s’étant ralliés à la Colombie n’ont fait qu’illustrer cette mobilisation dans l’adversité du coté de la constitution, de l’indépendance nationale et de la paix.
- Guaidó et nombre de ses parlementaires avaient choisi de quitter le pays et de se rendre en Colombie pour appeler à une invasion militaire contre le Venezuela.
Quelque jours après la provocation, il apparait que l’impérialisme américain a été mis en échec ce 23 février. En échec car il n’a réussi à marquer aucun point à l’intérieur du Venezuela où les différentes manifestations de l’opposition se sont traduit par des échecs. Tout au plus quelques dizaines de milliers de manifestants sont descendus dans les rues, bien moins que les manifestations de soutien à Nicolas Maduro et la révolution bolivarienne. Rappelons que Nicolas Maduro est fort de plus de 6 millions d’électeur, là où Guaido ne peut compter que sur 90 000 voix. En échec car il en est réduit à devoir intervenir de l’extérieur et lancer des provocations depuis le Brésil et la Colombie. De fait, Guaido et sa troupe s’est de fait exfiltrer en Colombie, car c’est bien là qu’il a sont seul soutien. Le régime d’extrême droite paramilitaire de Duque, le dictateur pro USA, et ses bandes parmilitaires. Là encore Le Monde, le journal français exprimant la voix du Quai d’Orsay, s’inquiète que se faisant Guaido s’est placé hors jeux et ne peut plus intervenir au Venezuela.
Dans le même temps, l’aide international arrive au Venezuela. Cuba, la Russie et la Chine ont ainsi fait parvenir, notamment par le biais de l’OMS, plusieurs centaines de tonnes de médicaments que Caracas peine à obtenir en raison du blocus imposé par l’Union Européenne et les USA. Ce 25 février, le ministre des affaires étrangères chinois, tout en condamnant dans des termes très clairs toute ingérence étrangère au Venezuela a appeler à apporter une « aide constructive pour aider le Venezuela sous la condition du respect de sa souveraineté ».
C’est cet échec qui explique l’escalade immédiate du régime Trump. Washington par la voix de son belliqueux vice président en a appelé à une intervention militaire, le putschiste guaido appelant à attaquer le Venezuela.
Contre la guerre US, le groupe de Lima vole en éclat
Dès le début de la rencontre du groupe de Lima réunissant les soutiens du putsch américain, l’Espagne, le Chili et le Péru ont fait savoir qu’ils étaient opposés à toute intervention militaire contre le Venezuela. Même le Brésil a fait une volte face remarquée, n’appelant pas au recours à la force et s’exprimant explicitement par la voix du General Mourao son vice-président contre toute présence américaine au Brésil pour envahir le Venezuela. De fait, ce sont les USA et leur marionnette colombienne qui se retrouvent isolés, étant les seuls à vouloir à toute force une guerre. La déclaration du groupe de Lima du 25 février exclut au final explicitement tout recours à la force.
Il serait illusoire de croire que ce recul signifie la fin de l’attaque impérialiste contre le Venezuela. Il témoigne simplement des fractures entre les USA et ses régimes vassaux dont les dirigeants s’inquiètent aussi de voir s’installer à nouveaux en masse les bottes et les dictateurs de Washington directement dans la région. Car ils savent qu’après le Venezuela, Washington pourrait placer directement et à sa guise ses dictateurs dans toutes les capitales latino américaine. De fait la menace est toujours aussi grande. Le blocus est désormais quasiment total contre le Venezuela.
L’heure doit donc être à la solidarité internationale, à la mobilisation pour la paix. La question ici n’est pas que celle d’aider la révolution bolivarienne. Elle est de défendre la paix, la démocratie, le droit des peuples à disposer d’eux même. Et celà concerne l’ensemble des travailleurs de la planète. Oui il faut défendre le Venezuela bolivarien, car c’est se défendre avec le Venezuela Bolivarien, avec Nicolas Maduro.
JBC pour www.initiative-communiste.fr
S’informer sur la situation au Venezuela
Votre site internet initiative communiste fait tout son possible pour vous apporter des informations, des analyses et des propositions sur la situation au Venezuela. Au delà, vous pourrez trouver des informations détaillées, des reportages, des traductions de prises de positions internationales sur plusieurs sites internets
- http://venesol.org/
- https://venezuelainfos.wordpress.com/
- http://bolivarinfos.over-blog.com/
- la page facebook du journaliste français au Venezuela Romain Mingus :
une carte interactive des évenements au Venezuela (suivant un angle éditorial pro USA)
Le peuple bolivarien inflige une nouvelle défaite aux médias occidentaux
Plus loin, toujours plus loin dans la propagande : “Nicolas Maduro brûle les camions d’aide humanitaire”. Le sénateur Gustavo Petro, ex-maire de Bogota, ex-candidat à la présidence de la Colombie, et qui n’a jamais ménagé ses critiques vis-à-vis du gouvernement Maduro, s’indigne face au lavage de cerveau : “Les camions ont été brûlés par les hommes de Guaidó (éphémère “président” du Venezuela nommé par Donald Trump, NdR). Si l’incendie des camions sert de prétexte à une invasion, Duque (actuel président colombien, protégé d’Alvaro Uribe, NdR) et Guaidó passeront à l’Histoire comme instigateurs de la violence sur la base d’un mensonge. Depuis que j’ai commencé à écrire sur le concert, et sur la soi-disant “aide humanitaire”, depuis qu’ont été découverts les vrais auteurs de l’incendie des camions, j’ai clairement dit que la stratégie de Duque et de Trump était l’invasion violente. Nous avons vu qu’en Colombie, chaque fois que nos peuples indigènes manifestent et protestent, on les réprime et on les tue, la même chose se produit pour nos paysans, nos étudiants, nos vendeurs ambulants, avec ceux qui s’opposent, demandent la justice et cherchent des vérités. Si la priorité de Duque avait été la protection de la population civile à la frontière, il n’aurait pas mené cette stupide opération d’agression, concert inclus. A présent le contrôle de la frontière est aux mains des cartels mexicains de la drogue. Nous ne pouvons rester spectateurs, nous devons agir, nous bouger pour la paix. Après son échec, Juan Guaido n’a pas choisi la voie d’un vrai dialogue au Venezuela mais de demander ouvertement une intervention militaire étrangère, sans que lui importent les milliers de compatriotes qui mourraient dans son pays. Je l’invite à ouvrir les portes du dialogue” (1)
Le “blocage-par-Maduro-de-l’aide-humanitaire” convoyée dans des avions militaires US par Elliot Abrams, ex-chef des escadrons de la mort en Amérique Centrale, étaient une fake news annoncée. Deux jours avant les incidents, Dmitri Polyanskiy, premier adjoint du représentant permanent de la Russie à l’ONU, déclarait : “Sous prétexte d’une livraison d’une aide humanitaire au peuple vénézuélien, les États-Unis sont en train de préparer une provocation « flagrante » à la frontière entre le Venezuela et la Colombie, pour le 23 février. Se trouvant apparemment dans un état de frénésie, nos collègues américains, ont décidé de diffuser de fausses nouvelles au sein du Conseil de sécurité » (2).
Même pronostic de la part du diplomate Celso Amorin (photo), ex-Ministre des affaires étrangères, et ex-Ministre de la défense du Brésil (2003-2014) : “l’aide humanitaire des Etats-Unis pour le Venezuela est une provocation pour intervenir dans ce pays et forcer Nicolás Maduro à partir. Il s’agit d’une provocation, pour créer une situation paramilitaire qui mène à un changement de régime » (3). L‘ancien président Lula s’était également exprimé, depuis sa prison politique : « Nous ne pouvons permettre la soumission du Brésil aux Etats-Unis. Maduro est le problème des vénézuéliens, pas des états-uniens. Ils parlent de la faim mais ils ne parlent pas de leur embargo qui tue des enfants, des hommes et des femmes innocents ». Même José Miguel Insulza, ex-Secrétaire Général de l’OEA, qui a souvent critiqué le gouvernement de Chavez, avait admis : « Voir débarquer en Colombie le Chef du Southern Command des Etats-Unis, avec toutes sortes de généraux et le sénateur Rubio et d’autres, tout cela sent de moins en moins l’aide humanitaire et de plus en plus la recherche d’un prétexte de confrontation« .
On comprend que l’envoyé du Pape François en Colombie, Luis Mariano Montemayor, ou le Président de la Croix Rouge en Colombie Christoph Harnisch (4) refusent de participer à la mise en scène d’une “aide” qu’ils considèrent, tout comme le Secrétariat Général de l’ONU lui-même, plus “politisée qu’humanitaire”. Déjà, dans les années 80, Elliot Abrams et la CIA avaient usé de faux emblèmes de la Croix Rouge pour envoyer illégalement des armes aux paramilitaires de la “Contra” au Nicaragua. Ce 23 février, à la frontière de la Colombie, certains paramilitaires portaient le même insigne…
Leurs violences ont été repoussées par les forces armées du Venezuela, mais aussi par la population vénézuélienne. Car il ne faudrait pas l’oublier : si personne n’a réussi à violer le territoire du Venezuela et si l’image du militant d’extrême droite Guaido entrant, triomphant, au Venezuela, juché sur le marche-pied d’un camion “humanitaire”, restera une fake news, c’est aussi grâce à cette résistance populaire. Les paramilitaires colombiens ont quand même fait 315 blessés chez les chavistes (en menant des attaques à San Antonio, Ureña et Boca de Grita).
Réunis à Cucuta (Colombie) quelques heures après l’échec du show de l’aide humanitaire : le chilien Sebastian Pinera, Juan Guaidó le « président » autoproclamé qui a fui le Venezuela à bord d’un hélicoptère militaire colombien, le président Ivan Duque, protégé d’Alvaro Uribe, et Luis Almagro, le secrétaire général de l’OEA qui consacre pratiquement tout son mandat au « changement de régime » à Caracas. Les visages parlent d’eux-mêmes.
Prenant appui sur la vulgate médiatique mondiale, John Bolton, Mike Pompeo, Ivan Duque et Juan Guaido, ont promis de demander une “escalade dans l’usage de la force” (sic) à leurs alliés néo-libéraux du “groupe de Lima”, dès ce lundi 25 février. La chancellerie russe a expliqué que le texte en ce sens était déjà prêt le vendredi, et qu’un de ses paragraphes dénonçait les incidents du samedi avant même qu’il se produisent, en les attribuant au “régime de Nicolas Maduro”… Le dimanche 24, le sénateur états-unien Marco Rubio a tweeté une photo de Mouammar Kadhafi ensanglanté, prise peu de temps avant son assassinat, promettant à Nicolas Maduro le même sort “à brève échéance”. Pendant ce temps au Venezuela, tandis que quelques groupes d’opposants tentaient vainement d’appeler les forces armées à se soulever contre “la dictature”, de nombreuses manifestations chavistes avaient lieu, avec des milliers de personnes à Caracas, en défense de la souveraineté du Venezuela face l’offensive impériale. Mobilisations populaires occultées comme d’habitude par les médias internationaux.
Pour l’intellectuel décolonial Ramon Grosfoguel, qui dénonce le « ni Maduro ni Trump » d’une “extrême gauche” occidentalisée, “une des caractéristiques du chavisme est d’être un mouvement populaire où le leadership des femmes et surtout de femmes non-blanches des barrios (quartiers populaires) est très puissant et massif. Le grand problème de l’empire est que Chavez fut un grand pédagogue populaire de la libération qui a élevé la conscience de tout un peuple, et surtout des vénézuéliennes. La force spirituelle d’un peuple ne peut se mesurer avec des statistiques ni s’expliquer avec des mots, c’est quelque chose qui se ressent et qui se vit. Chávez n’est plus un individu mais tout un peuple. Difficile de comprendre ces mots sans connaître le Venezuela”. (5)
Une des femmes des quartiers populaires qui a défendu la frontière du Venezuela face aux assauts paramilitaires, le 23 février 2019.
Manifestations populaires à Caracas en défense de la souveraineté
En recopiant sans le moindre sens critique le “plan média” états-unien, qui rappelle les “armes de destruction massive” à l’origine des huit cent milles morts irakiens, les journalistes occidentaux espèrent démobiliser l’opinion pour permettre l’assassinat d’une démocratie et occulter le nettoyage sanglant qui s’ensuivrait grâce au savoir-faire des marines et des paramilitaires d’Alvaro Uribe. Leur erreur est triple.
Croire qu’occulter un peuple (qui n’est pas la minorité de droite médiatisée comme “peuple” mais bien la majorité sociale, pacifique, qui a voté 25 fois en 20 ans) fait que ce peuple n’existe pas et qu’il ne défendra pas sa Patrie.
Croire qu’occulter vingt ans de réformes sociales et de démocratie participative, fait que ces réformes sociales et cette démocratie participative n’existent pas et ne seront pas défendues.
Croire que cette propagande fonctionne dans une Europe où même la classe moyenne appauvrie a cessé de croire au storytelling des élites libérales.
C’est aussi l’erreur de l’empire et des extrêmes droites vénézuélienne et colombiennes : croire qu’ils peuvent, à coups de campagnes médiatiques, forcer un peuple à accepter des décisions prises sans lui, sans se soumettre aux urnes.
Thierry Deronne, Caracas, le 25 février 2019
Notes :
(1) https://twitter.com/petrogustavo/status/1099660775516524544
(4) https://www.telesurtv.net/news/cruz-roja-ayuda-humanitaria-venezuela-eeuu-20190211-0015.html
(5) https://www.facebook.com/ProfGrosfoguel/
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