Un an après le coup d’État qui a chassé, avec l’aide d’une partie d’un parlement largement convaincu de corruption, la présidente légitimement élue par les brésiliens – Dilma Rousseff – Michel Temer, l’homme fort soutenu par les États-Unis et l’Union Européenne ainsi que les milieux d’affaires capitaliste, impose par la force un violent tsunami de régression sociale et démocratique au pays. Alors que les manifestations se multiplient dans tous le pays, Temer réprime ses opposants politiques, et battant des records d’impopularité, tente de faire jeter la principale figure de l’opposition en prison.
Tout en s’arrogeant le droit d’imposer une violente austérité pour les décennies à venir, lui qui n’a pas été élu par les brésiliens, Temer vient également d’imposer une loi supprimant de nombreux droits acquis parfois depuis la fin de la dictature par les travailleurs. C’est dans ce contexte alors que les manifestations se multiplient dans tous le pays et que les syndicats ont déjà lancé des journées de grève générale que Temer essaie de faire emprisonner Lula, l’emblématique ex-président du Brésil. Très populaire, Lula aurait en effet toute les chances de l’emporter dans une élection régulière face à l’homme de Washington.
Rappelons que Temer faisant jeter Lula en prison pour corruption, ce serait l’homme à la poutre dans l’œil incriminant celui ayant une poussière sur le cil. En effet, il ne se passe quasiment pas une semaine sans que de nouvelles révélations n’incriminent Temer ou ses soutiens parlementaires d’une nouvelle affaire de corruption ou de nouvelles preuves dans celles le concernant. Face à cela, dont on remarquera qu’à l’image d’Erdogan, il n’est aucun éditorialiste des journaux de la bonne société parisienne pour contester les qualités démocratiques (ils sont, il est vrai, trop occupés à mener propagande contre Maduro qui au Venezuela est en train d’organiser de nouvelles élections) de Temer, ce dernier vient tout simplement de couper les budgets des unités de polices enquêtant sur les scandales de corruption le concernant. Vous ne l’avez pas lu ni dans le Monde, ni L’Obs, le Figaro ou Libé ? c’est normal. Un dictateur, s’il est ultra libéral, favorable à l’Axe USA-OTAN-UE, est un type bien sous tout rapport.
JBC pour www.iniaitive-communiste.fr
Le glas sonne
Deux nouvelles très inquiétantes avec un potentiel de mobilisation aux conséquences imprévisibles ont secoué ces dernières heures le Brésil. L’une a été l’approbation par le Sénat d’une loi qui fait table rase de droits historiques des travailleurs et l’autre, la condamnation par un juge de première instance, à 9 ans de prison, de l’ex-président et leader historique de ce pays, Luiz Inacio Da Silva « Lula », pour de présumés délits de corruption.
Une indignation profonde ébranle les piliers sociaux du dit Géant Sud-américain où la droite et les secteurs du patronat font des pieds et des mains pour instaurer un régime néo-libéral et pour empêcher, coûte que coûte, le retour au pouvoir de Lula et de son Parti, le Parti des Travailleurs.
La réforme de l’emploi fait partie du train de mesures que le pouvoir économique a exigé du président Michel Temer en échange de son maintien à une présidence qui manque absolument de légitimité légale et qui n’a aucun appui populaire.
Il s’agit, en réalité, de la matérialisation de vieilles aspirations du patronat qui auraient été impossibles sous les administrations de Lula et de Dilma Rousseff car elles privent les travailleurs de toute défense de leurs droits.
Plus d’une centaine d’articles du Code du Travail ont été modifiés pour laisser aux mains des patrons des questions comme la durée de la journée de travail qui peut s’étendre jusqu’à 10 heures par jour, l’élimination du paiement des heures supplémentaires, la fragmentation des vacances suivant les intérêts des patrons et l’élimination du droit des syndicats de défendre leurs adhérents.
Désormais, les salariés sont pieds et poings liés face aux desseins de leurs employeurs, paradoxalement sous prétexte d’améliorer l’offre d’emplois et de réduire les coûts de la main d’œuvre pour donner une plus grande compétitivité aux entreprises.
Ce qui augmentera, sans aucun doute, c’est la possibilité des propriétaires d’embaucher des travailleurs à temps partiel sans signer des contrats fixes, avec des salaires de misère et sans aucune pression syndicale. C’est, en tout et pour tout, le fameux assouplissement de l’emploi.
En même temps, l’appareil judiciaire prétend rendre impossible le retour au pouvoir du Parti des Travailleurs avec à sa tête son fondateur, Luiz Inacio Da Silva « Lula » que des juges prétendent, sans preuves tangibles, envoyer en prison pour une longue période de temps pour éviter, en réalité, qu’il présente sa candidature aux élections présidentielles de 2018.
Puisqu’il n’existe aucun argument justifiant une telle sentence, ce que cherche les tenants du néo-libéralisme c’est épuiser le temps dans la présentation de recours en appel et dans d’autres démarches pour empêcher ainsi l’inscription, sur la liste de candidats, de celui qui, jusqu’à présent est en tête de tous les sondages sur les intentions de vote et qui est le seul homme politique à même de freiner et de faire marche arrière à l’assaut de la droite contre les droits du peuple.
En réalité, Lula est victime de ce projet élaboré aux États-Unis dont nous avons parlé dans un récent commentaire et qui s’appelle Plan Atlanta et qui consiste à orchestrer une intense campagne médiatique contre des gouvernements et contre des figures progressistes pour ensuite porter ces accusations devant les tribunaux achetés au préalable.
Ce qui arrive au Brésil constitue une mise en garde pour tous les peuples de la région que nous invitons à réfléchir aux vers du poète irlandais John Donne, écrits cela fait plus de 450 ans : pour qui sonne le glas, il sonne pour toi.
Guillermo Alvarado
Une commission parlementaire du Brésil refuse d’admettre une dénonciation contre le président Temer