En France, comme dans les pays occidentaux impulsant avec les États-Unis la tentative de coup d’État contre le Venezuela, chacun aura pu observer les quasi cris de joie des médias célébrant la gigantesque panne de courant qui a plongé, pendant plus de 24h, 70% du pays dans le noir. Une panne aux conséquences désastreuses pour l’économie du pays – elle devrait coûter sans doute plusieurs milliards d’euros de dégâts – et pour la vie quotidienne des vénézuéliens.
Le ministre des affaires étrangères, Jorge Arreaza, a dénoncé dans un communiqué sur son compte twitter :
« Tandis que la société vénézuélienne faisait face avec calme aux conséquences du sabotage électrique et que les employés de Corpoelec ont travaillé sans relâche, l’entourage de Donald Trump était en train de faire la fête se réjouissant, avec une perversion coupable, des ennuis du peuple du Venezuela.
Jorge Arreaza – ministre des affaires étrangères du Venezuela
Immédiatement, le black-out a donné lieu à une campagne médiatique intense à l’international, pour s’en prendre au président élu du Venezuela, Nicolas Maduro, le putschiste Guaidó appelant à déclencher l’état d’urgence pour justifier une intervention militaire américaine contre le Venezuela. Les putschistes ont également tenté d’exploiter la situation pour essayer de retourner l’opinion qui soutient très majoritairement le président Maduro et la révolution bolivarienne, comme l’ont démontré les urnes. Peine perdue, malgré les difficultés – dans un pays chaud comme le Venezuela, le black-out complique pourtant de façon très dure le quotidien, ne serait-ce que pour conserver la nourriture en l’absence de frigo – c’est aux côtés de Maduro que les Vénézuéliens sont descendus massivement dans la rue le 9 mars, tandis que Guaidó peinait à rassembler quelques centaines de manifestants à Caracas.
Les causes de la panne géante : une cyber attaque.
Le Venezuela dénonce une cyber-attaque contre sa principale centrale électrique comme étant à l’origine de la panne, dans ce qui serait un gigantesque attentat contre le pays. Une telle cyber-attaque ne serait pas une première : on se souvient que les USA avec Israël avaient lancé une telle attaque contre des équipements nucléaires en 2015 en Iran.
La production électrique au Venezuela repose à 70% sur la centrale hydro- électrique de El Guri, d’une puissance de 10 200 MW avec 20 turbines installées sur l’Orénoque. À lui seul, ce barrage produit presqu’autant que 10 centrales nucléaires en France. C’est le 4e plus grand barrage du monde.
C’est la panne du système de cette centrale hydroélectrique qui a privé le Venezuela de courant pendant de très longues heures.
Alors que plusieurs lignes électriques ont été endommagées, que plusieurs explosions ont affecté des transformateurs électriques, l’électricité n’est que partiellement rétablie dans le pays. Les connexions à internet sont, elles, interrompues aux 2/3.
Les turbines mises à l’arrêt par une cyber attaque
Le Venezuela a donné les causes de la panne de la centrale qui sont terribles. C’est une cyber-attaque qui a saboté trois des cinq générateurs de secours de la centrale. Le ministre de la Communication, Jorge Rodriguez, a expliqué qu’en raison de l’attaque, le système de contrôle de la centrale s’est mis en sécurité conduisant à l’interruption du fonctionnement de l’ensemble des 20 turbines hydro-électriques, privant d’alimentation électrique le pays. En effet, la production électrique de la centrale est régulée par un système de contrôle moderne informatisé qui permet de piloter la production de la centrale, afin de fournir à chaque moment la tension nécessaire au réseau.
Alors qu’en moins de 24h le réseau était en passe d’être rétabli, la destruction d’une ligne électrique et de plusieurs transformateurs a considérablement ralenti le rétablissement du courant dans tout le pays.
Le Venezuela dénonce une attaque américaine
Le président du Venezuela a dénoncé une agression ignoble qui « affecte l’ensemble de la population, sans faire de distinction politique ». Le ministre, Jorge Rodrigez, a expliqué que les premières investigations montraient que le sabotage avait pour but de priver le peuple du Venezuela d’électricité pendant plusieurs jours. Il a pointé du doigt la revendication de l’attaque par le sénateur US, Marco Rubio, une des voix du régime US les plus en pointe dans l’agression contre le Venezuela qui, à peine quelques minutes après le début de la panne, a moqué la panne des générateurs de secours. « Comment Marco Rubio pouvait-il savoir que les générateurs de secours étaient tombés en panne, alors qu’à ce moment-là personne ne le savait ? » tonne le ministre bolivarien. Les déclarations de Rubio sonnent, en effet, comme une revendication de l’agression américaine.
Le gouvernement venezuelien a remercié les travailleurs de l’entreprise publique Corpoelec, l’équivalent de EDF au Venezuela, qui ont réussi à rétablir le courant. Le président Maduro a également remercié le peuple du Venezuela qui a réagi avec responsabilité et calme à « la plus brutale agression que le peuple du Venezuela ait eu à subir depuis plus de 200 ans ».
Le ministre vénézuélien de l’Énergie, Motta Dominguez, alertait dans l’après-midi de jeudi sur une nouvelle cyber-attaque: « le barrage a été une nouvelle fois l’objet d’une attaque dans une guerre électrique (…). Mais nous avons un gouvernement solide, ils ne nous démoraliseront pas et ne nous feront pas tomber. Ils ont déjà échoué dans leurs tentatives précédentes et ils ne réussiront pas, non plus, cette fois ci. »
Reprenant les éléments de langage de Washington, immédiatement sur les réseaux sociaux, les comptes favorables au coup d’État déversaient une propagande voulant faire croire que le black-out était le résultat d’un défaut de maintenance et d’un accident grave, diffusant une image d’une turbine cassée, censée être la turbine n°13 de la centrale de Guri, une image retweetée des milliers de fois. Propagande de guerre grossière, intox typique, puisqu’une simple recherche google permet de vérifier que cette image est celle d’un accident bien connu des hydroélectriciens survenu dans une centrale… russe, il y a plusieurs années.
Pour ceux qui douteraient de la réalité de la cyber-attaque, ils liront avec intérêt l’analyse publiée par le magazine Forbes peu suspect de sympathie chaviste, c’est le moins que l’on puisse dire, disant que l’attaque américaine, comme cause du black-out, est très probable. Nous reproduisons et traduisons quelques extraits de ses explications, ci-après. Observons qu’une telle attaque est un motif supplémentaire de se mobiliser dès maintenant en France. Car elle montre ce dont est capable l’impérialisme US pour imposer sa domination sur le monde.
JBC pour www.initiative-communiste.fr
Pour le journal américain Forbes : une attaque américaine très probable
« Alors que le Venezuela subit l’un des pires black-out de la période récente, le gouvernement a expliqué que le chute du réseau électrique, téléphonique et internet était due à une cyber-attaque pour débarquer son président. Si le black-out peut être vraisemblablement causé par un sous-financement chronique de l’infrastructure électrique et sa maintenance tardive, l’idée qu’un État étranger manipule le réseau électrique, pour obliger à un changement de gouvernement, est très réaliste ».
« Dans le cas du Venezuela, l’idée d’un gouvernement comme celui des USA, agissant à distance sur le réseau électrique, est actuellement très réaliste. Les cyber-actions à distance ne demandent que rarement une présence significative sur place, en faisant les opérations de manipulation non revendiquées idéales. Étant donné les préoccupations affichées, de longue date, du gouvernement US contre le gouvernement du Venezuela, il est probable que les USA maintiennent déjà une présence dans les réseaux d’infrastructure du pays, lui permettant d’interférer quasi directement dans les actions sur le réseau. Les infrastructures internet dépassées du pays et les infrastructures électriques ne présentent pas de défis formidables pour de telles opérations et rendent très facile l’effacement des traces d’une intervention étrangère ».
« Une perte de l’électricité et des connexions très large, comme le Venezuela vient de la vivre dans cette fin de semaine, correspond bien à la cyber- stratégie moderne. Couper la puissance à l’heure du pic de consommation, assurant un impact maximal sur la société civile et des torrents d’images post-apocalyptiques médiatiques, correspond tout à fait aux opérations traditionnelles de propagande. L’une des tactiques que j’avais exposée, dès 2015, est de faire en sorte qu’une telle interruption se produise au moment du bouleversement de la société, de manière à délégitimer le gouvernement actuel, alors qu’un gouvernement en attente s’est présenté comme une solution de rechange opportune. »