Après le Mali et le Burkina Faso, après le Niger, le Sénégal vient de donner un grand coup de barre prometteur dans la direction de l’émancipation nationale et, espérons-le, de l’émancipation sociale des travailleurs africains.
Sachant que les autorités africaines renversées n’étaient « démocratiques » qu’en façade et que ces démocraties d’apparat cachaient mal la mainmise conjointe des bourgeoisies africaines compradores et des monopoles capitalistes de l’ex-métropole, du type Total, Véolia ou Bolloré, sans parler des contrats léonins imposés par l’Union européenne (par exemple en matière de pêcheries), la question est moins de savoir si les changements survenus en Afrique se sont opérés par les urnes et à l’issue d’un grand mouvement populaire, comme c’est le cas au Sénégal, ou si des officiers patriotes liés à la jeunesse populaire ont dû prendre l’initiative d’éjecter les potentats corrompus et discrédités.
En effet, à notre époque où le capitalisme-impérialisme est, plus que jamais, synonyme de « réaction sur toute la ligne » (Lénine), aucune démocratie véritable ne peut se construire nulle part, et encore moins dans les pays trop longtemps dominés, sans affronter l’impérialisme et sans mettre au centre de la vie politique nationale les classes populaires et l’appropriation par le peuple travailleur – ou, à tout le moins, et dans un premier temps, par l’État préalablement délivré des habitudes et éléments bureaucratiques-compradore savamment entretenus par le néo-colonialisme – des secteurs-clés de l’économie nationale.
C’est pourquoi le PRCF, qui s’honore d’avoir compté dans son comité de parrainage le camarade Henri Alleg, auteur de La Question, et le camarade Etorix de Angelis, héros du Vietnam socialiste, ainsi que la JRCF, félicitent chaleureusement les peuples en lutte de l’ex-empire colonial français, et notamment la jeunesse populaire de Bamako, Ouagadougou, Niamey, Dakar, qui sont en passe de se débarrasser du néocolonialisme de la « Françafrique », et qui, au Niger, viennent aussi de virer courageusement les troupes de l’Empire nord-américain.
Ce faisant, le PRCF ne se veut pas seulement fidèle à l’internationalisme anti-impérialiste : il est aussi fidèle au patriotisme républicain français issu de la Révolution française et de la Résistance antihitlérienne telle que l’ont animée, naguère, les formations de partisans (FTPF et FTP-MOI) organisées par le PCF clandestin, ce même parti qui a constamment pris position contre le colonialisme, de la Guerre du Rif à la Guerre d’Algérie en passant par la Guerre d’Indochine. En effet, comme le disaient Engels et Marx : « un peuple qui en opprime d’autres ne saurait être libre ». Si bien que lorsque un peuple se dresse, non contre le peuple travailleur de France, mais contre l’impérialisme français décadent, c’est aussi un point d’appui majeur pour les luttes du peuple français.
C’est d’autant plus vrai que l’oligarchie française qui a si longtemps pillé l’Afrique détruit aujourd’hui méthodiquement notre propre pays au nom d’une prétendue « construction » euro-atlantique et, faut-il le rappeler, au moyen d’une monnaie commune technocratique et austéritaire qui n’est pas sans points communs avec l’anachronique « Franc CFA ». Une oligarchie euro-atlantique qui dévaste nos conquêtes sociales, démolit nos acquis démocratiques, sacrifie la langue française, ce bien commun de la Francophonie internationale, au tout-anglais des Traités transatlantiques, et va désormais jusqu’à menacer la paix mondiale en mettant l’armée française retirée précipitamment d’Afrique au service de la guerre antirusse de l’Axe UE-OTAN et du régime pronazi de Kiev. Comme l’a récemment affirmé le représentant malien à l’ONU, le gouvernement « français » actuel est un « gouvernement antifrançais traître aux Lumières ».
Dans les conditions présentes, le PRCF, qui se réclame du marxisme-léninisme, déclare souhaiter discuter et agir avec un maximum de mouvements nationaux et démocratiques d’Afrique.
Le PRCF tend également la main aux partis et aux mouvements qui, en Afrique, se réclament de l’alliance ouvrière et paysanne, du communisme et/ou du marxisme-léninisme. Car toute l’expérience des révolutions passées, y compris en Afrique, en Amérique latine ou en Asie, montre qu’une révolution franchement populaire et nationale ne peut vaincre et se développer jusqu’au bout si la classe ouvrière alliée aux paysans, aux intellectuels progressistes et aux soldats patriotes, ne joue pas un rôle central dans les transformations démocratiques en y portant la perspective du socialisme et du communisme – dans les formes particulières qu’ils pourront revêtir selon les contextes nationaux spécifiques et à la faveur de débats franchement démocratiques au sein des masses populaires et des organisations politiques qu’elles se seront forgées.
Pour l’heure, il s’agit avant tout de rendre irréversibles les révolutions engagées en Afrique et de consolider la jonction fraternelle entre elles et les forces populaires françaises. C’est pourquoi le PRCF et la JRCF proposent aux forces anti-impérialistes d’Afrique et de France, partis politiques et organisations des diasporas africaines présentes notamment à Paris, Marseille, etc., de co-construire une expression commune forte en direction de tout le peuple français, travailleurs salariés, étudiants, agriculteurs en tête.
Déclaration conjointe du secrétariat national du PRCF, de la JRCF et de la commission internationale du PRCF – 2 avril 2024