Nous nous faisons bien volontiers l’écho de cet article paru sur le site de « solidarité internationale » concernant la lutte que mène nos camarades du Parti Communiste Brésilien dont un délégué était présent à notre meeting international sur le stand du PRCF lors de la dernière Fête de l’Huma.
Mondial, J – 1 : les communistes brésiliens (PCB) dans la rue … face à un ministre des Sports à l’étiquette « communiste » (PCdoB) !
Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
A la veille de la Coupe du monde de football, les pouvoirs publics brésiliens, les sponsors/multi-nationales, la FIFA de Blatter et Platini s’inquiètent : et si le printemps des luttes brésilien venait contester cette fête de moins en moins populaire et toujours plus mercantile ?
La grève du métro de Sao Paulo, entamée ce jeudi 5 juin, a fait monter la pression d’un cran : dans la plus grande ville du pays (une agglomération deux fois plus peuplée que Paris), son poumon économique, la cité qui accueille le match inaugural dans la Corinthians Arena.
Grèves, manifestations dans tout le Brésil : une majorité de Brésiliens contre le Mondial
Le Brésil est en ébullition sociale, pas une semaine sans qu’une grève n’éclate. Nous l’avions annoncé en avril dernier : 16 syndicats catégoriels représentant 4 millions de travailleurs étaient prêts à mobiliser avant et pendant le Mondial pour réclamer des augmentations salariales.
Ce fut le cas non seulement des salariés des transports mais aussi des policiers en grève depuis le 7 mai (pour la Police fédérale), ainsi que des enseignants de Rio et de Sao Paulo, depuis la fin du mois d’avril.
Du côté des mouvements sociaux, le « Mouvement des sans-abris » a mené des manifestations dans les rues des villes-hôte du pays, réunissant plusieurs milliers de manifestants.
Il serait réducteur de faire de cette colère l’expression uniquement de mouvements catégoriels, isolés, à contre-courant. Une majorité de Brésiliens est mécontente de l’organisation de ce Mondial, plus de 54 % selon le dernier sondage, un comble au pays du football.
Mais il y a de quoi être en colère : la facture de 10 milliards d’euros en fait la Coupe la plus chère de l’histoire (trois fois plus qu’en Allemagne, en 2006).
Une facture payée à 85 % par l’Etat … pour des bénéfices exclusivement privés, puisque l’intégralité des 12 stades sera exploitée par des opérateurs privés.
Il est en de même pour les aéroports, ports, massivement cédés à des opérateurs brésiliens et internationaux. Une politique suicidaire pour le budget de l’Etat brésilien déjà grevé pour moitié (48%) par le paiement des intérêts de la dette : 230 milliards d’euros par an !
Et pourtant, il ne manque pas de besoins urgents dans un pays comme le Brésil où 3 millions d’enfants et adolescents sont exclus du système scolaire, où la santé privatisée se révèle incapable d’assurer les soins de santé dans des zones entières du pays … forçant la 6 ème économie du monde à appeler les médecins cubains à la rescousse !
Le Parti communiste brésilien du côté des luttes contre cette « Coupe des élites capitalistes » …
Alors, de quel côté sont les communistes brésiliens ?
Pour le Parti communiste brésilien (PCB), héritier du Parti historique, il n’y a jamais eu le moindre doute : du côté des mouvements sociaux, des travailleurs en lutte, des 250 000 gens du peuple chassées de leurs domiciles, contre une Coupe du monde « élitiste, privatisatrice et anti-populaire ».
Dans toutes les initiatives, généralement organisées par des mouvements sociaux, que ce soient à Rio, à Sao Paulo, mais aussi à Goiania, Brasilia, on retrouve des drapeaux du PCB, agrémentés de banderoles où on pouvait lire entre autres : « FIFA go home ! ».
Le PCB a apporté récemment son soutien à la grève des travailleurs du métro de Sao Paulo, avec l’appel de solidarité lancé par sa branche syndicale « Unité de classe ».
Le Parti s’était également associé à l’appel lancé par 10 mouvements sociaux et populaires (dont celui des sans-abris) le 15 mai dernier pour organiser des manifestations sur six séries de revendication :
logement (contre la spéculation immobilière), justice (contre les lois anti-manifestation), santé (plus d’argent pour la santé publique), éducation, transport (gel des tarifs), souveraineté (« FIFA go home »!).
A la question « une Coupe pour qui ? », le PCB répond sans équivoque : pour les élites capitalistes du pays.
… face à un ministre des Sports (PC do B) qui condamne « la démagogie de la rue » !
Or, cette position de principe n’est pas partagée par tout le monde. Et notamment pas par le Parti rival du PCB, le PC do B.
Le PC do B est né d’une scission pro-chinoise de 1964 du PCB. Originairement sur des positions gauchistes, le PC do B a glissé depuis les années 1990 vers des positions d’accompagnement du développement capitaliste brésilien.
Alors que les deux partis communistes ont apporté leur soutien au départ à l’expérience Lula, le PCB s’en est vite distancié au vu de la continuité de la politique de libéralisation-privatisation, de soutien au patronat local, d’impérialisme régional poursuivie par le PT.
Le PC do B a renforcé cette alliance avec le PT, obtenant en échange des positions dans l’appareil d’Etat. Une de ces positions, aujourd’hui d’une grande importance, celle du Ministère des Sports depuis 2003.
Le ministre actuel, Aldo Rebelo, est ainsi sur le devant de la scène depuis le début de l’année. Il se distingue par sa description idyllique de la Coupe du monde, sa dénonciation acerbe des manifestations ainsi que par sa foi dans les vertus économiques du Mondial.
Il serait vain de détailler toutes les dernières déclarations de Rebelo, la dernière : il se dit « confiant dans la fin de la grève des travailleurs du métro », saluant « la décision de la justice fédérale, qualifiant la grève d’abusive et demandant sa fin ».
Un bon attaché de presse du gouvernement Dilma … au ton étonnant pour quelqu’un qui porte l’étiquette communiste.
En effet, il y a un mois jour pour jour, il participait à l’émission télévisée « Bom dia ministro » (Bonjour ministre), où il prédisait un Mondial « qui sera celui de la fête et de la fraternisation » (sic), où « les manifestations seront des actes isolés » car « je ne crois pas que les gens veuillent que la Coupe soit perturbée par des manifestations violentes ».
Rappelant les manifestations de l’an dernier lors de la Coupe des Confédérations, il faisait noter que celles-ci n’ont pas empêché le déroulement de l’épreuve : on croirait entendre une voix familière, celle du « maintenant quand il y a une grève au Brésil, personne ne s’en aperçoit » !
Mais M.Rebelo a foi en … les forces de police : « je crois que les forces de sécurité vont faire leur travail et protéger l’intégrité des joueurs, des supporteurs ».
Il a foi en la loi également qui « préviendra les abus en termes de manifestations ». Abus comme des grèves des travailleurs du métro ?
Ce 1 er juin, Aldo Rebelo en a remis une couche dans le Diario de Sao Paulo, qualifiant les protestations de « démagogie dans les rues », pestant contre les corporatismes, ces professeurs qui ont osé perturber un entraînement de la sainte Selecao. Un vrai discours de droite !
Certes, la situation est complexe, les manifestations ne sont pas exemptes de manœuvres politiciennes de la part de la droite traditionnelle, de coups bien calculés de la part de syndicats à la tradition corporatiste très puissante au Brésil.
L’arrêt à quelques jours de la Coupe du monde de la grève des policiers, puis celle des enseignants et enfin celle des travailleurs du métro hier incite à la prudence sur la vigueur de ce « printemps brésilien ».
Mais comment soutenir avec autant de zèle une Coupe du monde aussi impopulaire, aussi manifestement liée aux intérêts des grands groupes capitalistes brésiliens, aussi ouvertement entachée de détournement de fonds publics ?
Nos camarades disaient : « Il n’y aura pas de Coupe ». Il y aura certainement la Coupe, il n’y a plus qu’à espérer que la compétition réunisse les travailleurs de tous les métiers, les exploités de toutes les villes d’un pays où la coupe est pleine … de corruption et des privatisations !