Nous vous proposons une traduction de l’article « Les ouvriers de Tesla se mobilisent pour un syndicat, la compagnie répond avec des licenciements massifs », écrit par Arjae Red publié le 17 février 2023 sur le site du Workers World Party, une organisation marxiste-léniniste aux États-Unis avec laquelle le PRCF entretient des liens. Il nous paraît important de faire connaître la lutte des travailleurs de Tesla aux États-Unis, alors qu’il semble qu’une usine Tesla pourrait ouvrir en France.
Un témoignage venu de l’Etat de New York qui démontre qu’au cœur du centre impérialiste que sont les USA, l’exploitation par les capitalistes fait rage, mais qu’elle trouve sur son chemin la résistance de classe des travailleurs. Un témoignage qui montre aussi combien loin de la modernité dont elle tente de s’attribuer l’image, la firme d’Elon Musk demeure dans les vieilles pratiques de répression, qui ont plus à voir avec les filatures et usines du XIXe siècles qu’avec un nouveau monde. Et il utile de rappeler que Macron avait cru bon de s’afficher il y a quelques semaines avec Elon Musk, l’ancien monde parlant avec l’ancien monde qui ! les travailleurs, en France comme aux USA ne doivent pas être dupes. La modernité comme l’avenir c’est de se débarrasser de l’exploitation, ce qui passe par la socialisation des moyens de productions. Afin que la valeur produite servent aux besoins de l’Humanité, et non à gaver des coteries de milliardaires réactionnaires. Ca c’est révolutionnaire.
« Les travailleurs américains/états-uniens de Tesla se mobilisent pour la création d’un syndicat, l’entreprise répond par des licenciements massifs »
Buffalo, État de New York – Les travailleurs de l’usine de Tesla de Lackawanna, près de Buffalo, ont lancé une campagne de syndicalisation le 14 Février 2023. Ils cherchent à être représentés par Workers United (le même syndicat qui a organisé avec succès le premier syndicat reconnu à Starbucks, aux États-Unis, également à Buffalo. Starbucks Workers United représente désormais presque 300 boutiques. Les salariés de Tesla qui participent au comité d’organisation ainsi que des membres de United Workers venant d’autres entreprises telles que Starbucks ont tracté devant l’usine le jour de la Saint Valentin ; ils ont donné des cartes de la Saint-Valentin sur le thème de la syndicalisation, accompagnées d’un lien qui permettait de signer une carte syndicale. De nombreux travailleurs ont été réceptifs à ces cartes, et certains ont exprimé de l’enthousiasme à l’idée qu’un syndicat s’implante enfin dans les usines Tesla.
La répression syndicale commença peu après le tractage. La page twitter du syndicat (@united_tesla) fut d’abord masquée. Elon Musk, le PDG de Tesla, est désormais le propriétaire de Twitter, ce n’est donc pas une surprise. De la même façon que l’entreprise avait bloqué certains moyens de communication sur les lieux de travail, elle frêne désormais les travailleurs qui tentent de trouver du soutien grâce aux réseaux sociaux. Pire encore, le jour suivant l’annonce de la syndicalisation, Tesla vira environ 30 employés, suivis d’autres licenciements les jours suivants. Selon les employés avec lesquels Workers World a parlé, on comptabilise jusqu’à 40 salariés licenciés. L’entreprise affirme que ces licenciements étaient liés à une évaluation des performances routinière, et avaient été décidés la semaine précédant l’annonce de l’action syndicale. De nombreux travailleurs pensent qu’il s’agit d’un mensonge, étant donné que ces évaluations ont lieu une fois tous les six mois, et que la prochaine n’était pas prévue avant le mois de mars. Un certain nombre d’entre eux se rappellent que ces résultats d’évaluation arrivent souvent en retard, et qu’il est donc inhabituel et suspicieux de les voir arriver si tôt. Les salariés ont remarqué que le nombre d’employés licenciés était en hausse par rapport aux évaluations précédentes.
Les tactiques d’intimidation de Tesla
Le Workers World a interviewé Al Celli, l’un des militants au sein du département autopilote/ technologie, qui a fourni un témoignage glaçant des licenciements : « Lorsque quelqu’un allait être viré, ils envoyaient les managers et ils leur tapotaient l’épaule. Ils apportaient une boîte et leur disait de ranger les affaires sur leur bureau. Ils ferment aussi immédiatement les comptes Tesla des employés, afin de ne pas être contactés. Quand Celli vit un ami proche et collègue être approché par les managers, le collègue demanda s’il allait être viré, et les managers, sans même le regarder dans les yeux, avaient simplement acquiescé. Celli a déclaré : « Certains salariés ont même vu leurs supérieurs avant et ont demandé s’ils allaient être virés ; ont leur a dit non, mais ils ont tout de même été renvoyés. » Tesla a cultivé une atmosphère de peur et d’angoisse, qui déshumanise et provoque du mal-être chez les travailleurs qui voient leurs collègues être renvoyés sous leurs yeux, et s’en retrouvent à se demander s’ils seront les prochains. De plus, les employés sont obligés de continuer le travail après avoir vu leurs collègues se faire licencier, sinon ils risquent de ralentir leur cadence, de ne pas atteindre leurs quotas, pour ensuite finir sur la sellette. Des employés au sein du comité d’organisation syndical ont confirmé que certains des salariés renvoyés faisaient parti du comité. Il est probable que Tesla licencie de nombreux travailleurs, et non uniquement des syndicalistes, ce qui donne l’impression que l’entreprise ne fait pas de répression syndicale, tout en continuant d’instiller la peur chez les salariés. licencier des employés qui ne soutiennent pas nécessairement le syndicat n’en fait pas moins un acte de répression syndicale, et d’ailleurs, ces actes renforcent la volonté de nombreux travailleurs d’avoir un syndicat. « Beaucoup de personnes disent que, même si elles ne soutenaient pas la syndicalisation auparavant, ésormais c’est le cas, car leurs emplois sont en jeu. La peur de l’emploi »at-will »* s’est vraiment installée, parce que désormais les gens comprennent ce que cela signifie vraiment », a expliqué Celli. Suite à ces licenciements, Workers United a déposé une plainte pour pratiques déloyales auprès de la Commission nationale des relations de travail des États-Unis (The National Labor Relations Board).
En plus de ces nombreux licenciements, Tesla a emprunté les méthodes de Starbucks et a amené des équipes des départements des ressources humaines depuis de la Californie afin de surveiller le lieu de travail. Il est évident que les grandes multinationales capitalistes travaillent ensemble lorsqu’il s’agit d’écraser les travailleurs. C’est une raison de plus pour que les travailleurs s’unissent, peu importe leur secteur d’activité ou leur nationalité, afin de lutter contre leurs oppresseurs communs.
Le comité d’organisation de Tesla a reçu un important soutient de la part des membres de Workers United dans la ville, ainsi que de la part d’autres syndicats et organisations ouvrières. La section de Buffalo du Workers World Party a fait don de quelques dizaines de vestes réfléchissantes à porter lors de leur tractage de la Saint-Valentin. « Le soutien que nous avons reçu de l’extérieur nous a vraiment remonté le moral », a dit Celli. « La meilleure façon de nous soutenir est de nous suivre sur les réseaux sociaux. Il faut amplifier les voix des travailleurs, et faire en sorte que les gens sachent ce qu’il se passe. »
Suivez Tesla Workers United sur twitter : @united_tesla et instagram : teslaworkersunited
- ou shadow-banned dans le texte, ce qui signifie que le compte n’était plus visible
** « L’employment-at-will est un concept de droit du travail anglo-saxon qui trouverait son origine
dans le traité publié en 1877 par Horace Wood ‘Master and Servant’. Il désigne pour l’employer
comme pour l’employé la possibilité de mettre fin à la relation de travail sans avoir à fournir de
justification. » Alix Poizat, « L’employment at-will aux États-Unis : un concept amené à
disparaître ?, Les blogs pédagogiques de Paris Nanterre Université, section Droit du travail.
(https://blogs.parisnanterre.fr/article/lemployment-will-aux-etats-unis-un-concept-amenedisparaitre)