(copie à Véronique Pidancet-Barrière pour WikiJustice Julian Assange France)
Cher Monsieur Melzer,
Sans doute avez-vous déjà appris que j’ai publié récemment, avec le comité WikiJustice de Julian Assange France, et ce simultanément sur « Le Grand Soir » et « lnitiative communiste », un appel à l’ONU :
https://www.legrandsoir.info/
un-controle-medical-de-l-onu-pour-julian-assange.html
https://www.initiative-
communiste.fr/articles/
international/un-controle-
medical-de-lonu-pour-julian-assange/
Je voulais prendre contact avec vous pour en discuter plus longuement, éventuellement répondre à vos questions mais aussi me présenter brièvement en vous précisant que je n’ai rien à cacher, mon activité politique d’éditeur et d’intellectuel marqué très à gauche étant publique sur Internet. Je vois tellement de profils étranges dans cette affaire d’Assange, d’identités non confirmées, de gens qui sortent de nulle part et qui repartent, que je me sens tenu de dire qui je suis. Mais sachez que le comité WikiJustice, dont je ne suis pas un des porte-parole mais dont je relaie certaines des recherches – d’ailleurs toujours en cours – n’est pas particulièrement politisé, si ce n’est qu’il est né dans le contexte de l’insurrection des Gilets jaunes.
Quoi qu’il en soit, je voulais vous écrire pour confirmer que nous sommes tous très inquiets, notamment devant l’absence de mesures prises par la défense de Julian Assange pour le faire sortir au plus vite de Belmarsh. Si tant est qu’il est toujours à Belmarsh. Des membres de notre comité ont reçu des lettres effrayantes de Julian Assange disant : « I am in a very dark place presently« . Quand on connaît le caractère extra-judiciaire et extra-territorial des prisons de la CIA, cela fait peur.
Ce qui nous inquiète également, c’est le manque de réactivité de la défense de M. Assange, notamment alors qu’elle pourrait s’appuyer sur les Nations Unies, lesquelles ont demandé la libération, l’indemnisation et la conduite en lieu sûr de M. Assange dès 2016. En tant que Comité des droits de l’homme, nous ne posons que la question suivante: pourquoi rien n’est-il entrepris pour défendre la position des Nations Unies et libérer M. Assange le plus rapidement possible? Ne serait-ce que pour des raisons de santé? Pourquoi était-il si facile de sortir de sa prison britannique un dictateur sanguinaire comme Augusto Pinochet, alors que pour M. Assange, qui n’a commis aucun crime, sa propre défense n’a pas agi dans ce sens?
Nous fûmes alertés initialement par ce rapport qui honore le défenseur des droits humains que vous êtes à propos de l’état de santé inquiétant de M. Assange, puis Mme Robinson (à la mi-juin) a annoncé que Julian Assange se trouvait dans l’aile médicale de la prison de Belmarsh. Depuis, rien, à notre connaissance, ne semble avoir été tenté, pas même une contestation de son emprisonnement de 50 semaines au Royaume-Uni!
Je rappelle que le journaliste John Pilger a dit qu’Assange avait encore perdu dix kilos, ce qui fait vingt en tout, qu’il était à l’isolement 23h sur 24, qu’il n’avait pas accès à ses avocats, qu’il ne pouvait pas lire, qu’il n’avait aucun contact avec l’extérieur. Tout est illégal.
Normalement, quand un homme, innocent, agonise en prison, on s’acharne, on remue ciel et terre, on prend d’assaut toutes les administrations.
Je ne sais s’il faut attribuer cette inertie de la défense à l’incompétence ou à de la manipulation. Nous ne sommes pas a priori ce qu’on appelle des « complotistes » ; nous pratiquons sereinement ce qu’on a longtemps appelé en France le doute systématique cartésien. Nous ne sommes pas des diviseurs ; la seule division que nous souhaitons faire est celle entre ce qui nuit à la défense d’Assange et celle qui lui profite.
Qu’on ne compte pas sur nous pour simplement compter des points dans la guerre actuelle de la liberté d’expression dont Assange est le symbole, nous considérons que Julian Assange est aussi et d’abord un prisonnier politique et que sa cause concerne l’humanité entière.
C’est pourquoi le comité WikiJustice est en train de mandater sa propre équipe d’avocats pour le faire libérer au plus vite, demander une preuve de vie et de présence, exiger une expertise médicale.
Nous sommes prêts à aider l’ONU, dont nous respectons les principes énoncés par la Charte de 1945 ainsi que ceux énoncés par la déclaration universelle des Droits de l’homme de 1948.Dans l’attente, je vous prie d’agréer, cher Maître, l’expression de ma plus haute considération,
Aymeric Monville