Alors que le peuple libanais a besoin d’aide civile (reconstruction, équipements hospitaliers), les navires de guerre de l’OTAN ne cessent d’accoster à Beyrouth, y compris ceux de la France. L’article publié ci-dessous donne à réfléchir sur les menées impérialistes de reconquête, voire de repartage et de recolonisation du Liban (et de la Syrie), derrière les paroles mielleuses sur l’ « aide humanitaire »
I.C.
Liban sous prétexte humanitaire, déferlement militaire de l’OTAN
C’est sous couvert de l’aide humanitaire pour le Liban après la double explosion du port de Beyrouth que trois bateaux de guerre de la flotte de l’OTAN sont arrivés sur les côtes du Liban.
Le HMS Enterprise de la royal navy a été suivi dès le 14 août du Tonnerre qui a accosté, amenant 700 militaires de la marine nationale française, dont « un groupement génie de l’armée de terre d’environ 350 hommes » ainsi « qu’un détachement de plongeurs démineurs de la Marine nationale avec des compétences de travaux sous-marins et d’investigation de zones portuaires ». Auxquels s’ajoutent « des capacités de reconnaissance des accès maritimes et de soutien hydrographie du Service hydrographique et océanographique de la marine (SHOM) », selon le ministère français des Armées.
Sans oublier les moyens amphibie de débarquement qui sont à bord, ainsi que deux hélicoptères militaires.
Et les États-Unis annoncent l’arrivée d’un navire de guerre sous quelques jours.
Un déploiement militaire qui est accompagné de la visite permanente de responsables occidentaux. Ces derniers jours , c’est la ministre de la Défense F. Parly qui était à Beyrouth ainsi que le vice-secrétaire américain David Hale, le tout installant des équipes de Français, d’Allemands, d’Italiens et d’Américains, sous prétexte « d’investigations ».
Un déploiement de forces qui provoque la stupéfaction. Par exemple celle de l’ex-ministre libanais, Hassan Mourad, : « Partout dans le monde lorsqu’il y a des événements et des catastrophes, les pays dépêchent des équipes médicales et de secours, en provenance de leurs ministères de la Santé, des Travaux publics ou des Affaires étrangères. Sauf au Liban. Ces délégations sont formées de ministres de la Défense, d’assistances à bord de vedettes militaires et de porte-avions, des armées internationales, des navires de guerre et des équipes d’enquête », a-t-il tweeté.
Mettre sous tutelle le Liban et ses forces de résistance
L’expert stratégique militaire le général à la retraite Amine Hoteit tente pour sa part de deviner les raisons de ce déferlement: « Cet attroupement militaire au Moyen-Orient est essentiellement celui des membres de l’Otan, sous prétexte que sa cause directe est l’explosion qui a eu lieu dans le port de Beyrouth et pour fournir des secours», a-t-il dit pour l’agence russe Sputnik.
Selon lui, cette présence militaire est liée au plan du secrétaire d’État américain Mike Pompeo qui date de mars 2019, un plan basé sur des objectifs bien précis, « celui en particulier d’assiéger la résistance et de prendre en main la décision libanaise ».
Et M. Hoteit de conclure : « l‘arrivée des navires de guerre occidentaux, français, britanniques et américains sur les côtes libanaises, ne s’inscrit pas dans le contexte de l’aide humanitaire pour le peuple libanais mais dans le cadre des pressions sur les protagonistes libanais hostiles à l’Occident et qui tournent dans l’orbite de la résistance.
Un déploiement militaire qui sens le pétrole et le gaz
Le conflit sur les gisements de gaz en Méditerranée sud orientale entre la Grèce, la Turquie, mais qui concerne également l’Égypte, la Palestine Israël, le Liban et la Syrie ou encore la Libye, ne cessent de développer des tensions, avec une forte intervention militaire française – Paris vient de dépêcher des bâtiments et avions de guerre sous prétexte d’appui à la Grèce, explique sans doute le déploiement de militaires au lieu de secouristes.
Sans oublier l’importance geostratégique de la région sur les routes commerciales entre Europe occidentale et Asie ou Afrique. Et ce alors que certaines composantes des forces politico-militaires au Liban, tel le Hezbollah n’ont pas caché leur demande à ce que le Liban se rapproche de la Chine pour se sortir de la crise économique. Une demande crédible car reprise par le chef du gouvernement Hassane Diab lors de la visite du chef de la diplomatie française, le ministre Le Drian prétendant imposer des conditions impossibles au Liban. Cela une semaine avant l’explosion du port suivie de la visite à grand spectacle de Macron profitant de la catastrophe et de la capitale libanaise dévastée pour faire la leçon et donner ses ordres aux Libanais