Les impérialistes occidentaux ne savent plus quoi faire pour récupérer et désamorcer le grand mouvement insurrectionnel qui secoue le monde arabe de la Tunisie au Yémen.
Prenant prétexte de la répression sanglante que le régime de Kadhafi a déclenchée contre une partie de son peuple insurgé, Hillary Clinton annonce que la 6ème Flotte US (que diable fait-elle en Méditerranée à des milliers de km de Washington ?) doit se mettre en capacité d’ouvrir le feu sur Tripoli pour « libérer » le peuple libyen de son tyran. Pour justifier cette intervention de l’impérialisme, qui vise ni plus ni moins qu’à recoloniser la Libye comme au bon vieux temps du roi Idris, un énorme battage médiatique est mis en place qui tend à cacher la complexité de la situation interne dans ce pays.
Il y a peu de chances pourtant que les Libyens aient oublié que l’attitude de Washington à leur égard a toujours été dictée par l’impératif unique de maintenir ce pays pétrolier sous la domination des Etats-Unis et, par leur intermédiaire, sous la coupe réglée des « majors » du pétrole. Quand dans les années 70 Kadhafi prenait position contre les menées impérialistes, il était aussitôt classé parmi les dictateurs fous et les terroristes. Quand, suite à la chute de l’URSS, le « fou » en question a cru de son intérêt de rallier prudemment le camp occidental, de laisser les sociétés pétrolières occidentales américaines, françaises, etc., faire main basse sur les hydrocarbures, quand il a approuvé l’invasion de l’Irak de Saddam Hussein, le « fou sanguinaire » est brutalement redevenu un ami de l’Occident fréquentable par les officiels US… et par Henri Guaino, le calamiteux inspirateur de la politique « française » sur le pourtour méditerranéen…
Mais surtout, il faut voir clair sur les « buts de guerre » de l’impérialisme US dans l’équipée anti-Kadhafi qu’il prépare. Qui peut croire qu’il peut s’agir sérieusement de venir en aide aux populations alors que la jeunesse libyenne aurait fait l’essentiel du boulot en payant lourdement de son sang le prix de la liberté, selon les informations qui nous parviennent?
La réalité est tout autre. Il s’agit de profiter d’une situation extrêmement grave, sanglante et confuse pour poursuivre dans l’accoutumance – que les peuples commencent à avoir ! – au prétendu « droit d’ingérence humanitaire » ; cet énième précédent permettrait à nouveau à l’impérialisme US et à ses satellites européens d’intervenir où ils le souhaiteraient en violation de la Charte de l’ONU qui repose sur le principe du droit inaliénable des peuples à disposer d’eux-mêmes. Bien entendu la fausse gauche se félicite : c’est Fabius en personne qui ces jours-ci appelait à demi-mots à une intervention impérialiste contre l’aviation libyenne par blocage de l’espace aérien : entre l’impérialisme d’Obama, qui prétend dicter l’avenir du peuple libyen, et le social-impérialisme du PS et de toute une partie de la gauche établie, il n’y a décidément que l’espace d’un adjectif suivi d’un trait d’union.
Quelque cruel et irrationnel que soit le régime Kadhafi aux abois – mais le fait que certains de ses adversaires aient repris le drapeau de la monarchie n’est pas rassurant – le PRCF ne peut que rappeler le précédent irakien : là aussi c’est sous couvert de débarquer un tyran que les USA sont intervenus. Et au nom de la démocratie made in USA, le peuple irakien a payé sa « libération » de plusieurs millions de victimes, avec une plongée du pays dans la guerre civile et le sous-développement. Il ne s’agit pas de dire aux Libyens insurgés « débrouillez-vous », mais de rappeler, sur la base de l’expérience, que les interventions « libératrices » de l’impérialisme US ont TOUJOURS été pires que le mal qu’elles prétendait résoudre.
Soutien total donc, au peuple et à la nation libyens en lutte (si c’est effectivement le peuple qui est en lutte – car nous en sommes à cette situation très grave, pour la vie démocratique, et paradoxale qui consiste à ne plus pouvoir nous fier aux informations qui nous sont données par la quasi-totalité des médias), solidarité totale avec les militants de la liberté les plus engagés dans la défense des intérêts de la classe ouvrière mais non, trois fois non, à l’Oncle Sam déguisé en « libérateur », non également aux manœuvres de Sarkozy et de Juppé qui voudraient faire oublier leur collusion avec ces régimes tyranniques (c’est aujourd’hui avec des armes fabriquées par les monopoles « français » de l’armement qu’on tue le peuple en Libye !) et récupérer à leur profit le mouvement insurrectionnel des peuples du sud méditerranéen. Plus que jamais, l’impérialisme, et les tyrans qu’il rejette après avoir tiré leurs fils pendant des décennies, est et reste l’ennemi principal des peuples. Quant au peuple libyen, il saura par lui-même et avec l’aide des autres peuples de la région, trouver la route de la démocratie populaire et de l’émancipation nationale sans se mettre sous la dépendance des faux « libérateurs » de Washington et de Bruxelles, dont l’unique but est de stopper le processus révolutionnaire des peuples arabes pour mieux recoloniser le pourtour méditerranéen.
Mais on peut redouter l’imminence d’une intervention US ou de l’OTAN , ce qui revient à dire la même chose, même si une telle intervention est rejetée par les insurgés eux-mêmes tant l’exemple de l’Irak fait peur dans l’ensemble du monde arabe.
La seule proposition sérieuse, celle initiée par Chavez et reprise par les pays de l’ALBA – une mission internationale de médiation et de paix – a été immédiatement rejetée par les gouvernements des pays impérialistes et en premier lieu par Juppé au nom de la France.
PRCF, commission « international »