LA FRANCE SANS FRIC CONTRE LA FRANçAFRIQUE!
INTERVENTION PRONONCEE PAR A. MONVILLE au titre du P.R.C.F. au cours du VISIO-MEETING UNITAIRE et INTERNATIONAL du 14 FEVRIER 2021 CONTRE LA « FRANçAFRIQUE »On lira ci-dessous l’allocution prononcée par Aymeric Monville au cours du meeting unitaire organisé par des organisations communistes de France (RC, PRCF, ANC, PCRF) et d’Afrique (PC du Bénin, SADI du Mali, …) pour revendiquer la fin des ingérences néocoloniales de la Françafrique, le retrait des troupes françaises d’Afrique, la fin du franc CFA, ce carcan monétaire « françafricain » et « franceuropéen » imposé aux peuples d’Afrique francophone. En combattant la Françafrique, le PRCF défend aussi les intérêts du peuple travailleur de France, c’est-à-dire ceux de la « France sans fric ». Il faut que cesse la « politique de la cédille », « Françafrique », « Françarabie », « Françamérique », « Françallemagne » et bien sûr, « Eurofrance », pour qu’émerge la politique du TRAIT d’UNION, c’est-à-dire celle de la souveraineté des peuples, y compris du nôtre, de l’EGALITE et de la COOPERATION mutuellement profitable. Car, comme le disait Engels, « un peuple qui en opprime un autre ne saurait être libre »
L’intervention du PRCF au meeting du 13 février 2021
Chers amis et camarades qui prenez part à ce meeting,
Je m’adresse à vous au nom de la commission International du Pôle de Renaissance Communiste en France.
Depuis sa fondation, le PRCF condamne les interventions néocoloniales à répétition de l’impérialisme français en Afrique, en entendant par là, non le peuple français, qui est très majoritairement désinformé à propos de ce qui se fait en son nom en Afrique, mais de l’oligarchie capitaliste « » »française » » » dans toutes ses composantes financières, politiques et militaires. Pour ne prendre que deux exemples, le PRCF a d’emblée condamné les sanglantes manigances anti-libyennes fomentées par Sarkozy et soutenues par Hollande en alertant sur le fait que la déstabilisation impérialiste de la Libye ne pourrait que conduire au désastre l’Afrique occidentale subsaharienne avec de graves retombées ultérieures, en termes d’attentats, pour le peuple français. Le PRCF a également condamné d’emblée l’envoi de troupes françaises au Mali à la demande du régime comprador de Bamako et avec, non seulement le soutien des LR et du PS français, mais aussi la complaisance de certaines forces françaises soi-disant anti-impérialistes.
Militant nous-mêmes pour que la France retrouve sa pleine souveraineté politique, monétaire, économique, culturelle, militaire et diplomatique mortellement amputées par la prétendue « construction » euro-atlantique, avec son énorme casse industrielle, sociale et même linguistique au titre de la politique du tout-anglais, de l’intégration à l’OTAN et de la marche aux funestes traités dits « transatlantiques », nous ne pouvons qu’approuver la revendication des camarades africains d’en finir avec le franc CFA arrimé à l’euro, avec les interventions militaires et autres ingérences politiques françaises, avec tout ce qui, d’une manière ou d’une autre, renforce le pillage des peuples africains par les transnationales à bases française et européenne tout en sapant l’amitié entre les peuples d’Afrique et le peuple de l’ancienne métropole.
En un mot, nous faisons nôtre le mot d’ordre d’Engels disant, à propos des rapports entre la classe ouvrière anglaise et le peuple irlandais, qu’ « un peuple qui en opprime d’autres ne saurait être libre« . En conséquence, notre engagement contre les menées impérialistes de l’oligarchie « française » est à la fois internationaliste, puisqu’il tend la main aux victimes africaines de l’impérialisme française, et patriotique, puisque c’est la même force réactionnaire qui opprime les peuples d’Afrique et qui détruit méthodiquement la nation française, privatisant et délocalisant nos industries, asphyxiant nos services publics et notre protection sociale, détruisant même notre langue commune dont Kateb Yacine parlait en termes de « prise de guerre ». Si bien que le pendant nordique de la « Françafrique » sont ces « Franceurope », « Françallemagne » et autre « Françamérique, » qui n’en finissent pas de dissoudre le pays des Sans Culottes, des Communards et des Francs-Tireurs et Partisans de la Main-d’Oeuvre Immigrée dans l’acide de l’UE, de l’euro et de l’OTAN, dont le PRCF appelle à sortir par la porte à gauche pour marcher au socialisme. Ni Franceurope, ni Françallemagne, ni Françamérique ni Françafrique ou Françarabie, mais, à la suite de Lénine, « droit de toutes les nations du nord et du sud, de l’est et de l’ouest, à disposer d’elles-mêmes souverainement sous la conduite du monde du travail et pour coopérer égalitairement les unes avec les autres comme s’y emploient en Amérique latine, Cuba socialiste et les autres pays de l’ALBA.
En ce sens, nous appuyons totalement les communistes béninois qui exigent la mise en place d’une monnaie nationale béninoise dans le cadre de coopérations monétaires interafricaines.
Concernant le Mali, nous sommes pour le rapatriement de la force Barkane ou, comme nous l’avons suggéré avec le parti Sadi et son président, le Dr Oumar Mariko, pour que les troupes françaises soient placées sous le commandement de l’ONU avec pour seul objectif de combattre les graves menées islamistes et terroristes dans le Nord du Mali, à l’exclusion de toutes menées contre le mouvement populaire malien en ébullition, et tout cela dans le cadre de la souveraineté malienne sur l’ensemble du territoire. Car la menace djihadiste, réelle et croissante pas uniquement au Sahel, ravage également, au même titre que l’impérialisme français et les autres impérialismes, les populations locales et les mouvements populaires du monde entier, en témoignent l’Afghanistan avec les talibans et l’Algérie avec le FIS.
En effet, combattre l’impérialisme français et exiger le rapatriement des troupes françaises ne doit pas combattre les impérialismes de substitution qui manœuvrent au Proche-Orient, dans tout le pourtour méditerranéen et en Afrique, sous la discrète supervision des USA et de l’UE et avec l’apport logistique, financier et militaire des fauteurs de guerre de la Turquie néo-ottomane d’Erdogan et des monarchies arabes félonnes. En se rapprochant d’Israël, ces monarchies et autres pétromonarchies drapées dans le manteau de l’intégrisme religieux tentent de succéder à l’impérialisme français en difficultés ; elles cherchent à imiter ce qu’ont fait jadis les USA au Vietnam quand les impérialistes français ont été battus à Dien Bien Phû avant que nos camarades, conduits par Ho Chi Minh et par Pham Van Dong, n’infligent coup sur coup la défaite aux troupes coloniales françaises, puis au corps expéditionnaire US et au régime fantoche de Thieu. Aujourd’hui, nul ne doit prendre à la légère les tentatives d’implanter un Daech de substitution en Afrique de l’Ouest avec toutes les conséquences terribles à la fois pour les peuples de la région et, à terme, pour le peuple français déjà victime de tant d’attentats fanatiques atroces sur son propre sol.
Nous pensons à cet égard qu’en tant que communistes, notre rôle idéologique est de faire connaître aux jeunes générations les combats menés jadis en Afrique par les tenants d’un panarabisme et d’un panafricanisme socialisants qui, malgré leurs limites de classe et leurs hésitations politiques, cherchaient souvent à s’allier avec les pays socialistes, à nationaliser les richesses locales, à cultiver la laïcité, la mixité et l’égalité hommes/femmes tout en écartant les tenants d’un islam politique salafiste et ultra-réactionnaire emmené notamment par le régime semi-esclavagiste de Riyad. C’est pourquoi nous sommes heureux de constater que très souvent, en Afrique, les communistes, ceux du SADI au Mali, ceux du Bénin à Cotonou, ceux de Tunisie et d’Algérie dans leurs pays respectifs, sont à la tête des luttes du peuple et de la jeunesse. Ils peuvent d’avance compter sur l’appui modeste, mais chaleureux du PRCF et des Jeunes pour la Renaissance Communiste en France sur la base du marxisme-léninisme, de la fraternité communiste sans frontières et de l’internationalisme prolétarien.
En un mot, sans fléchir en rien sur le mot d’ordre de retrait des troupes françaises d’Afrique et sur le droit plénier des peuples africains à battre leur propre monnaie nationale dans le cadre des accords internationaux de leur choix, nous devons aussi condamner sans la moindre faiblesse, et sans jamais bien sûr le confondre avec la masse des travailleurs musulmans épris de paix, l’entreprise impérialiste globale persistante qui consiste à replâtrer le colonialisme sur des bases pseudo-religieuses.
C’est pourquoi il est important que se développent les relations amicales entre les communistes des deux rives de la Méditerranée: ils sont les garants que les luttes patriotiques légitimes ne vireront jamais au nationalisme, aux absurdes guerres de religions, aux affrontements dits ethniques et à la haine entre peuples, que seront toujours défendues les Lumières, bien commun de toute l’humanité, et que la juste bataille contre l’impérialisme ne servira jamais d’alibi à l’installation de régimes grossièrement cléricaux, vulgairement phallocratiques et culturellement réactionnaires alimentés en sous-main par Washington.
En cette année anniversaire de la mort de Lumumba, et en mémoire de tous les dirigeants socialistes panafricains assassinés (Félix-Roland Moumié, Thomas Sankara, Samora Machel, Dulcie September, et même Mouammar Kadhafi), nous terminons notre propos par l’appel à lutter de concert contre l’impérialisme français, ennemi des peuples d’Afrique et de France, contre tous les impérialismes, pour la paix, l’unité territoriale et la souveraineté des peuples d’Afrique, solidaires de tous les peuples libres d’Europe et du monde.