Le 14 juin 2017, c’est un Macron tout sourire à Rabat pour un diner avec Mohamed VI, monarque absolu du Maroc. Tandis que l’ex banquier se gobergeait avec le dictateur, le tribunal d’Al-Hoceima, ville du nord du Maroc, condamnait 25 jeunes manifestants à dix-huit à des peines de prisons «troubles à l’ordre public, rébellion, participation à un attroupement non-autorisé et armé». Leurs crimes réels ? celui d’avoir osé participer aux manifestations du mouvement social puissant qui se développe dans la région du Rif depuis de long mois.
Chacun aura pu entendre le silence absolu du président français quant à ces violations des droits de l’Homme; Au contraire l’Elysée s’est empressé de saluer une discussion privilégiée et de saluer la vigilance de Rabat sur « les foyers potentiels de déstabilisation de la région. Et poussant l’hypocrisie jusqu’au cynisme le locataire de l’Elysée a osé déclarer » J’ai senti que le roi considère qu’il est normal qu’il y ait des manifestations, […] que son souhait est d’apaiser la situation en apportant de la considération à ces régions et des réponses très concrètes en termes de politiques publiques. La discussion que nous avons eue ne me donne pas lieu de craindre à une volonté de répression. » Croupir dans les geoles de Mohamed Vi, ce n’est donc pas être frappé par la répression. Rappelons que selon les rapports constants des ONG – dont Amnesty International – le Maroc est dénoncé pour la torture, endémique, qui y est utilisée pour arracher des «aveux» et étouffer les voix dissidentes. Mais il est vrai que Peugeot, Renault et nombre de capitalistes français trouvent au Maroc un eldorado fait de salaires de misère et d’absence de droits sociaux et démocratiques pour délocaliser leurs usines et faire grimper leur profits.
Le Maroc spolié de ses métaux, ses ouvriers en grève dans les mines Jbel Aouam poussés au suicide collectif.
M Oukziz, 21 juin 2017.
Le peuple marocain grogne sous le joug de l’exploitation extreme de ses richesses par les entreprises privées dans tous les domaines mais aussi sous l’oppression des forces de l’ordre. Les populations manifestent de plus en plus contre leur situation sociale insupportable dans le Rif le moyen Altas, dans les plaines , dans les villages et villes, dans les administrations et aussi sous le sol dans les mines riches de métaux.
Selon plusieurs études (voir bibliographie) dont celle de Khadija Narci fait partie, «le Maroc central est un segment de la chaîne hercynienne ouest-européenne, cette chaîne contient de très nombreuses minéralisations en étain, tungstène, Or et antimoines entres autres »(1). Autrement dit la région géographiquement parlant, est riche en de nombreux métaux. la richesse nationale, bien commun au peuple marocain, en métaux est exploitée et cédée par le régime aux entreprises privées. Le digne corps humain des ouvriers mineurs est exploité pour des misères à l’image des ouvriers mineurs en Europe au XIX siècle (salaire de misère, maladies professionnelles, aucune couverture sociale, faim, pas de logement digne et décent ou pas de logement du tout pour les ouvriers et leurs familles, aucune de sécurité sociale et de maladie, etc).
« Le district minier de Tighza est situé à 6 km au NW de la ville Mrirt. Il s’étend dans une zone de collines dominées par le Jbel Aouam »(2). La région ne comprend aucune infrastructure au service de la population dans la région, le service public n’existe pas dans Tighza ( Hopital, école, transport public, administration publique de loisir de culture etc). En revanche l’exploitation des croutes profondes de la région est de l’ordre des tonnes y compris le métal jaune (Or). « 25 000 tonnes pour le plomb, 35 tonnes en Argent ». Cette exploitation de métaux dans la région de Mrirt date « depuis des siècles »(3).
Actuellement, pour se faire, les entreprises créent des filiales cotées en Bourse, leur objectif, plus de profit et plus de spoliation. Les métaux, richesse nationale, déléguée et transférée aux entreprises privées qui sont exonérées de la moindre contribution au développement de l’économie et sociale. La CMT( Compagnie minière de Touissit) a créé la filiale d’Osead Maroc mining, elle même a créé une autre filiale OSEAD France et marocan infrastructure fund. Ce fond lui même est filiale de la célèbre banque Attijariwafa Bank(4). Des montages juridiques qui permettent aux métaux marocains de prendre le large essentiellement vers l’Union européenne. les chiffres d’affaire nets sont de l’ordre des millions et des millions d’euro alors même que la misère et la pauvreté des populations sont maître, les habitants ne disposent pas de moindre service public. par exemple leur liberté d’aller et de venir tombe des préoccupations de toute politique publique, la population vit une sorte d’état de siège ou de mise en demeure : aucun service public de transport, une seule chaussé en mauvaise état lie Mrirt et Meknes. Entre autre le logement social n’existe pas dans la région comme dans tout le Maroc. Le Maroc saigne.
Une autre banque intervient dans la région, la Berd. Jean François Fourt, président-directeur général de la société CMT explique les raisons les raisons de l’emprunt auprès de la Berd et que la CMT qu’il préside et dirige est bien cotée en Bourse.(5), (6)
Dans ce contexte, les ouvriers mineurs sont contraints de brailler et de faire grève(7). Leur dernière action date depuis plus de deux mois. affamer les ouvriers et leurs familles est la ligne de conduite du patronat. Le patronat étranger et marocain en collusion avec les représentants syndicaux et l’Etat manœuvrent pour casser le mouvement ouvrier.
Au lieu de satisfaire les simples demandes des mineurs, le patronat, les représentants de l’Etat et les soi-disant syndicats violent les accords tripartites pourtant signés et paraphés(7).
Les ouvriers mineurs sont contraints depuis des semaines à continuer leur mouvement, dans un premier temps dans les mines; actuellement ils occupent les ascenseurs des mines . Leur santé se dégrade et leurs vies en danger. Leurs familles ainsi que la population de Merirt organisent des manifestations de solidarité. Réponse officielle et patronale : sourde oreille, matraque et manœuvres.
Aujourd’hui, les forces de l’ordre sont intervenues au péril de la vie des ouvriers en grève et perchés aux sommets des ascenseurs des mines. Deux d’entre eux sont portés disparus dans la mine suite à l’intervention musclée policière, sans nouvelle d’eux à l’heure où nous écrivons. D’autres grévistes sont blessés par les forces de l’oppression. Ils menacent de se suicider collectivement du haut de l’ascenseur de la mine. La situation des ouvriers est dramatique. Les villageois ont manifesté leurs solidarités avec les ouvriers grévistes. Ces derniers déterminés et vigilants continuent leur lutte et demande la satisfaction de leur revendication légitime. La réponse faite aux revendications ouvrières et des populations est la matraque et les tentatives de faire évacuer les grévistes en les mettant en danger de mort.
Toute la solidarité avec les ouvriers en grève, avec toute les populations en lutte au Maroc qui manifestent pour leurs droits élémentaires de vie au Rif et ailleurs.
Bibliographie
- Khadija NERCI, géologie, géophysique de la croute profonde, decembre 2006, institut des sciences de la Terre d’Orléans(ISTO) de l’université Orléans et Université du Quebec à Montréal ( UQAM), thèse soutenu par la Compagnie minière de Touissit( CMT)
- Le district polymétallique de Tighza-Jbel Aouam (Maroc central), Abdellah Boushaba.
- Mineral. 1985, NR 108, p 487-498, Le district filonien à Pb-Zn-Ag et carbonates du Jebel Aouam (Maroc central) par MICHEL JEBRAK, Bureau de Recherches Géologiques et Minières, Service géologique national, Département Gîtes Minéraux,France.
- le journal com
- ma décembre 2016
- rapport annuel 2005 FIMM, Fédération de l’industrie minérale, fdim.ma
- lutte-radicale.blogspot.com