« mettre fin à la pollution ne consiste pas simplement à empêcher quelques personnes d’utiliser des combustibles fossiles mais nécessite un changement systémique » ces mots simples, mais justes, sont ceux prononcés par la présidente de l’Association des femmes d’Indonésie lors de la troisième assemblée de l’ONU pour l’environnement. Un appel qui montre que dans le quatrième pays du monde par sa population, et malgré le terrible génocide anticommuniste qui a plongé le pays dans plusieurs décennies d’une dictature fasciste en 1965, la conscience est là du danger de l’exterminisme capitaliste. On est bien loin ici de la com’ du présentateur télé millionnaires, Nicolat Hulot, qui fait office de ministre de l’écologie en France. Un drôle de ministre dont l’action principale est la liquidation des services publics de son ministère…
Discours de la présidente de SERUNI (Seruan Perempuan Indonesia Association des femmes d’Indonésie) lors de la Troisième assemblée des Nations Unies pour l’environnement – Nairobi, le 4 décembre 2017
traduction DG pour www.initiative-communiste.fr
Merci président, et merci à vous M. Gutierrez, président de l’ANUE, pour votre soutien à la société civile. Je suis Helda Khasmy, je parle au nom du Groupe Majeur des femmes. Mon organisation, SERUNI, est une organisation communautaire de femmes, qui travaille dans quinze provinces d’Indonésie. Nos membres comprennent des paysannes, des ouvrières, des indigènes et des femmes pauvres.
Nous avons entendu les mots du directeur exécutif du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et nous apprécions qu’il ait souligné le rôle de la société civile. Nous espérons qu’il comprenne mieux le rôle essentiel que jouent nos organisations. Les organisations de base dans le Groupe Majeur des femmes agissent avec les communautés en première ligne pour la défense de l’environnement, et nous ne voulons pas qu’elles courent plus de danger. Nous espérons continuer à communiquer avec le directeur sur ses remarques précédentes ainsi que ses futurs engagements.
C’est un honneur pour moi de parler aujourd’hui au nom de quarante-trois millions d’Indonésiens frappés par la pollution de vapeurs toxiques. En 2015, un demi-million de personnes ont développé de graves affections respiratoires. Le chiffre des particules mesurées en 2015 était de quatre mille, tandis le taux de particules en suspension dans l’air va de zéro à cinquante.
Pendant 19 ans, une terrible saison de fumée suit la mousson. Nous souffrons de respirer un air jaune foncé rempli de toxines et de particules dangereuses, qui nous causent des douleurs à la tête et dans la poitrine. Les groupes vulnérables, dont les enfants, les femmes enceintes, les personnes âgées et celles atteintes de maladies respiratoires, souffrent davantage.
Le thème de cette troisième ANUE, combattre la pollution, ne peut réussir sans changement systémique. Les industries, les entreprises et les pratiques polluantes ont amené de grandes quantités de plastique dans nos océans, des substances chimiques dans nos terres et nos rivières et ont créé cet air sale que nous respirons quotidiennement. Rien de tout cela n’a été développé par hasard. Nous sommes dans cette situation parce que des décisions ont été prises pour structurer nos économies sur l’extractivisme, la production en masse de plastiques, la consommation de combustibles fossiles et l’usage de presticides et d’engrais dans notre agriculture.
L’Indonésie a les plus grandes étendues de tourbières tropicales au monde : presque 22 millions d’hectares. Les tourbières tropicales stockent vingt fois plus de carbone que les autres forêts tropicales. En Indonésie, la tourbe est séchée et brûlée comme combustible sur les plantations de palmiers à huile appartenant au secteur privé. Cette pratique, avec la production d’huile de palme et les plantations d’acacias, se poursuit non parce que le peuple la veut, mais parce que les très grandes entreprises peuvent ainsi engranger des milliards de bénéfices. Les plantations de palmiers à huile et d’acacias sont la propriété de grandes sociétés comme Sinar Mas Group, Royal Golden Eagle group, Salim Group, Wilmar Group et Surya Dumai Group. Ils se voient accorder des droits spéciaux pour obtenir des concessions sur les terres, ce qui leur permet de tirer profit des dommages irréversibles infligés à la communauté et à l’environnement.
Cela montre que mettre fin à la pollution ne consiste pas simplement à empêcher quelques personnes d’utiliser des combustibles fossiles mais nécessite un changement systémique. Si nous ne changeons pas le modèle économique néolibéral qui profite à quelques-uns au prix de la vie de millions d’autres, nous ne verrons pas un avenir libéré de la pollution ni ne réaliserons l’Agenda 2030. Nous devons viser une transition juste et équitable pour sortir de l’énergie sale et nous avons besoin d’une forme juste de développement qui inclut tout le monde.
Il ne s’agit pas de s’opposer au développement : il s’agit d’intégrer tout le monde dans une forme juste et inclusive de développement, qui s’éloigne du néolibéralisme et ne nuit pas aux gens ou à l’environnement. Nous l’appelons la justice du développement. C’est le développement dont nous avons besoin, qui rend nos vies meilleures, où nos enfants naissent dans un monde sans pollution et où ils peuvent respirer sans crainte.