Au 4ème anniversaire de l’investiture au pouvoir d’AMLO-Andrés Manuel López Obrador, il nous est apparu utile de faire le point sur ce gouvernement de centre gauche. Initiative Communiste s’est entretenu avec un camarade mexicain de Oaxaca autour de question très concrète. Evidemment, s’il n’aura échappé à personne que AMLO n’est pas communiste, qu’il ne conduit pas une révolution, il demeure pertinent de faire un bilan de ce que sont ses réalisations. Au plan international, son engagement contre le coup d’Etat de l’Axe USA UE en Bolivie, contre les attaques du groupe de Lima visant le Venezuela ou encore en soutien à Cuba contre le blocus (y compris par une aide matérielle lors des catastrophes naturelles et technologiques) ont signé le retour du Mexique dans le camps des nations anti impérialistes. En 2021 AMLO a remporté la majorité aux élections législatives. En perte de popularité il a cependant perdu sa majorité des 2/3. En 2022 il organise un referendum révocatoire à son encontre qui le confirme à la présidence jusqu’en 2024.
1 décembre 2018-2022 : Etat des lieux-Entretien avec G.R. par Antoine LUCI
A.L. : Bonjour, qu’est-ce qui a caractérisé la prise de pouvoir du Président AMLO, selon toi ?
G.R. : Avant tout, je voudrais saluer l’œuvre considérable d’AMLO compte tenu de l’Etat dans lequel se trouvait le pays. Je donnerai pour exemple un scandale sous le gouvernement de Peña Nieto : les 43 étudiants de Ayotzinapa calcinés dont le mortifère convoi avait été escorté par les forces de police le 26 septembre 2014. Un scandale que les familles d’étudiants ont en travers de la gorge puisqu’elles ne pourront pas enterrer leurs enfants.
A.L. : Comment qualifierais-tu cette tragédie ?
G.R. : Plus qu’un scandale, c’est l’illustration de l’échec du gouvernement de Peña Nieto- du PRI- et la tragédie d’un système inefficace, car les lois ont protégé la mafia au pouvoir.
A.L. : Comment a réagi AMLO ?
G.R. : La CDH- Commission des Droits de l’Homme a mené des investigations grâce à une action en justice du gouvernement d’AMLO.
A.L. : Je te remercie de ces précisions, alors les débuts d’AMLO ?
G.R. : Ce qui m’a frappé le plus, c’est son discours contre les oligarques dès sa prise du pouvoir. Ils représentent dix familles qui se partagent le magot.
A.L. : Tu peux nous parler de la lutte contre la corruption ?
G.R. : La lutte contre la corruption, le cancer du Mexique. AMLO a mis à nu la corrompue Rosalio Robles, Secrétaire du développement social de Peña Nieto. L’ancien directeur de PEMEX, Pétrole du Mexique s’est servi à hauteur de 8 millions de dollars !
A.L. : Une mesure économique ?
G.R. : AMLO a répondu par la nationalisation du pétrole mexicain.
A.L. : Le Narcotrafic, tu nous dis deux mots.
G.R. : La position du gouvernement, c’est éviter que les cartels ne prennent en otage la ville de Mexico. Ils se sont fortifiés. Pour preuve, la proposition de légalisation des drogues douces.
A.L. : En matière de Santé ?
G.R. : La médecine était corrompue elle aussi car elle était destinée à une minorité. Deux organismes. L’un de l’Etat : l’IMSE- Institut Médico-social de l’Etat et L’ISTE, Institut du secteur Privé. Des hôpitaux inachevés ont été trouvés par le gouvernement. Des médicaments en stocks à un prix surévalué.
A.L. : Qu’en est-il de la « réforme énergétique » de Peña Nieto ?
G.R. : Tu sais, « el chayote », cette pomme de terre avec des épines, ça signifie les dessous de table. Cette réforme c’était l’occasion pour Peña Nieto de soumettre notre énergie aux Etats-Unis. AMLO a mis un terme au contrat qui liait le Mexique à IBERDROLA, énergie espagnole. Sur Yahoo.es AMLO est discrédité par les journalistes. Les grands intérêts mondiaux se réfugient derrière leurs scandaleux profits. Et c’est le peuple qui paie la facture !
A.L. : En matière internationale ?
G.R. : Tout d’abord, c’est l’exil politique proposé à Evo Morales qui prolonge la tradition d’accueil du Mexique depuis Cárdenas en 39 et l’accueil des réfugiés espagnols. Puis, c’est la prise de position courageuse d’AMLO en soutien à CUBA à qui l’OEA refusait de siéger. Andrés Manuel López Obrador est un président qui ne s’agenouille pas devant le Président des Etats-Unis.
A.L. : Et l’immigration ?
G.R. : Il est en pourparlers avec les Etats-Unis, tu sais cette question est liée à l’emploi en Amérique Centrale et Latine.
A.L. : Et les salaires du Mexique ?
G.R. : il y a a eu un geste en faveur des professeurs des écoles du primaire.
Bilan et perspectives
A.L. : on ne peut pas faire l’impasse sur l’assassinat de 35 candidats aux élections législatives de juin 2021.
G.R. : Des réformes électorales de l’INE- Institut National des Elections sont en cours pour palier aux tricheries lors des consultations électorales.
A.L. : C’est pour bientôt, en juin 2024.
G.R. : oui, deux candidats sont favoris : Mauricio Ebrard, actuel ministre de l’Economie et Claudia Sheinbaum, chef du gouvernement de la ville de Mexico, scientifique, femme politique et militante mexicaine, c’est ma favorite.
A.L. : Les communautés indigènes, deux mots ?
G.R. : Avec AMLO, ça a été la résolution des conflits ethniques et territoriaux au moyen de la communication au moyen d’infrastructures réalisées par les autochtones indigènes, chez nous on parle de « poblaciones indígenas ».
A.L. : Et pour conclure ?
Finalement, AMLO s’est positionné comme un anti-néo-libéral prenant appui sur les forces progressistes du Mexique : justice, dignité, santé, logement, politique migratoire, pouvoir d’achat des Mexicains, respect de la dignité des populations indigènes.
A.L. : Au nom de la Commission Internationale, permets-moi de te remercier pour m’avoir accordé de ton temps, ça a été un plaisir.
G.R. : plaisir partagé !
Entretien réalisé pour www.initiative-communiste.fr