Après plus d’un an d’enquête, le bureau néerlandais pour la sécurité OVV publie ce13 octobre son rapport technique sur le crash du vol MH17. Avant même que le rapport ne soit publié, se basant de façon assez loufoques « sur des sources anonymes » sic, déjà la presse occidentale s’empresse d’accuser la Russie. Pourtant, dans les près de 300 pages de rapport, rien incrimine la Russe. Au contraire, le rapport pointe la responsabilité de l’Ukraine, notamment par la non fermeture de son espace aérien dans cette zone de guerre alors que tout aurait du l’y conduire. Est ce les droits de survols aériens, ou est ce une intention délibéré de protéger les avions de combat bombardant les populations civiles du Donbass en les mélangeants au trafic aérien civil qui a motivé cette décision ? le rapport ne le dit pas.
Cela n’empêche pas les « journalistes » du Figaro, de titrer « l’avion abattu d’un missile tiré d’une zone pro-russe » ou de façon totalement manipulatoire Le Monde » le rapport néerlandais pointe un missile de fabrication russe ». l’article est pourtant obliger de reconnaître que
« Contrairement à ce qu’affirmaient des médias néerlandais mardi matin, le rapport laisse subsister un doute quant à l’endroit dont le missile a été tiré. Les enquêteurs n’ont pas pu aller au-delà de l’identification d’une zone de 320 km², dont certaines parties étaient occupées par des rebelles séparatistes prorusses et d’autres par des troupes ukrainiennes. »
On rappellera que l’Ukraine à l’inverse de la Russie – qui n’utilise plus de missiles BUK dans sa défense aérienne – utilise ce système de défense, déployée sur la zone d’après la Russie.
www.initiative-communiste.fr site web du PRCF a lu et analysé ce rapport et propose à ces lecteurs quelques extraits traduits par ses soins.
Il convient d’observer que la Russie a indiqué qu’une large partie de ses informations, questions et observations n’ont pas été prises en compte par l’équipe d’enquête. La neutralité de cette équipe, intégrant l’Ukraine mais excluant les républiques du Donbass, conduite par un pays membre de l’OTAN dont le gouvernement avant tout enquête avait déjà accusé la Russie, est évidemment douteuse : les conclusions du rapport étant largement écrites d’avances. Et la guerre médiatique dont ce rapport est une arme, ainsi que les propos tenus par le chef néerlandais de ses rédacteurs n’est pas pour accroitre la confiance en son éventuelle neutralité.
Les accusations lancées par l’ensemble de la presse occidentale, faisant d’ailleurs dire à ce rapport ce qu’il ne dit pas, doivent encore convaincre ceux qui en douterait de ce qui est à l’œuvre : une campagne de propagande et de bourrage de crane.
Le rapport pointe la responsabilité de l’Ukraine :
le rapport est très clair et désigne la responsabilité de l’Ukraine dans le crash en ne fermant pas l’espace aérien d’une zone de combat clairement connue (§10.5 – 2) :
Les processus décisionnels liés à l’utilisation de l’espace aérien de l’Ukraine étaient
dominés par les intérêts de l’aviation militaire. L’initiative visant à restreindre l’espace aérien
sur la partie orientale de l’Ukraine en dessous de FL260 provenaient des autoritaires militaires [de Kiev]
. L’objectif de la mesure était de protéger les avions militaires des
attaques à partir du sol et de séparer le trafic aérien militaire de l’aviation civile. Les
Autorités ukrainiennes ont supposé qu’en prenant cette mesure, les avions civils volant
sur la zone au-dessus de FL260 étaient en sûreté.
b.
L’initiative visant à modifier la restriction au FL320, le 14 Juillet 2014 provenait du contrôle aérien civil. La raison sous-jacente de ce changement reste incertaine.
c.
Les NOTAM ne contenait aucune raison de fond pour les restrictions d’altitude.
Par conséquent, l’Ukraine n’a pas agi en conformité avec les directives de l’OACI Doc
9554-AN / 932.
d
Lors de la mise en œuvre des mesures ci-dessus, les autorités ukrainiennes ont pris insuffisament en compte la possibilité qu’un avion civil à l’altitude de croisière puissent se faire tirer dessus
Ce fut pourtant le cas, selon les autorités ukrainiennes, quand un Antonov AN 26 a été abattu le 14 Juillet 2014, ainsi que pour un Sukhoi Su-25 le 16 Juillet 2014 alors que ces avions volaient à des altitudes au-delà des altitudes d’atteintes de MANPADS. Les systèmes d’armes mentionnées par les autorités ukrainiennes comme ayant abattu ces avions peuvent présenter un risque pour les avions civils,
parce qu’ils sont capables d’atteindre leur altitude de croisière. Cependant, aucune mesure
n’a été prise pour protéger les avions civils contre ces systèmes d’armes
la responsabilité des autorités dans le crash est donc directement pointée : faire voler des avions de ligne au dessus d’une zone de guerre alors que des combats s’y produisent pouvant abattre ces mêmes avions ne pouvaient conduire à l’évidence qu’à conduire à une tragédie tel que le crash du MH17. C’est là une lapalissade qui ne saurait échapper au bon sens populaire. Nul besoin d’expertises compliquées pour comprendre que ce point est indiscutable.
Cette après-midi le vice premier ministre ukrainien indiquait que les accusations du Bureau néerlandais de sécurité sur le fait que l’Ukraine aurait dû fermer l’espace aérien situé au-dessus de la zone des combats qui déroulaient dans le sud-est du pays étaient infondées. Pendant que le premier ministre ukrainien a lui accusé la Russie : « Je n’ai aucun doute sur le fait que c’était une opération planifiée des services secrets russes pour abattre »
Les recommandations de l’OVV en conclusions de ce rapport sont également très claires, incriminant directement l’Ukraine, mais également les compagnies aériennes qui ont choisi de continuer à survoler cette zone de guerre. Il tombe sous le sens commun que cette zone n’aurait pas du être survolé par le MH17.
« L’avis du bureau néerlandais de la sûreté est qu’il est en conséquences nécessaires de produire des améliorations selon les trois points suivants. Le premier concerne la gestion de l’espace aérien dans les états faisant face à un conflit armé sur leur territoire. Le second concerne la manière dont les états et les compagnies aériennes évaluent les risques de voler au dessus de ces zones de conflit. Le troisième concerne la responsabilisation des opérateurs dans leur choix de voler ou non au dessus des zones de conflits »
Contrairement à la campagne médiatique en cours en France, le rapport ne désigne pas qui a abattu le vol MH17
Dans ses conclusions l’OVV écrit :
Arme utilisée « L’avion a été frappé par une charge exploxive de type 9n314M porté par un missile de type 9M38. Cette conclusion repose sur la combinaison des éléments suivants : l »enregistrement sonore d’un pic, les damages constatés sur le fuselage causé par une explosion et l’impact de fragments, la forme en cube et en i des fragments retrouvés dans le cokpit et dans le corps d’un pilote, les blessures des membres d’équipage dans le cokpit, l’analyse de la trajectoire du crash, l’analyse des résidus d’explosifs et de peinture, la taille et la forme des fragments retrouvés. » §10.2-10
Trajectoire du missile « la zone de tir possible du missile 9M38 depuis un système sol air BUK est évalué à 320km² dans l’est de l’Ukraine. Des analyses supplémentaires sont nécessaires pour déterminer le point de lancement. Un tel travail n’entre pas dans les attributions du Mandat de l’OVV. » §10.2-10
Le rapport identifie une zone de tir potentiel de ce missile, qui n’est pas en dotation au sein de l’armée russe, mais bien en dotation de l’armée ukrainienne, et dont les forces de défenses du Donbass disent ne pas disposer, zone de tir qui est située sur la zone de front et qui donc ne peut incriminer l’une ou l’autre des parties.
Ce que révèle le rapport :
sur les données radars et le contrôle aérien
L’une des questions posées à la suite du crash a été de savoir si des avions militaires de Kiev volaient à proximité du MH17. Le rapport ne répond pas à cette question.
Il se borne à indiquer :
« le réseau civil primaire de radar ukrainien n’était pas en fonctionnement dans la zone et au moment du crash en raison de travaux de maintenance. Le réseau primaire de radar militaire n’était pas opérationnel. Le ministère de la défense ukrainienne a déclaré qu’il n’était pas opérationnel car aucun avions militaires ukrainien n’était dans cette zone où volait le MH17 ». §2.9.5.2 du rapport
Il faut pourtant rappeler que de façon publique, la Russie a fait part du vol d’avions militaires ukrainiens dans cette zone ; ce qui est d’ailleurs tout à fait cohérents avec leurs présences dans cette zone comme il est de notoriété publique les jours précédents. Cette déclaration des autorités de Kiev est par ailleurs en totale contradiction avec celles faites aux enquêteurs néerlandais par ailleurs (§10.5-1)
Le 17 juillet 2014 (soit le jour du crash du MH17) les autorités ukrainienne ont indiqué qu’un Sukkoi Su-25 avait été abattu au dessus de l’Est de l’Ukraine le 16 juillet ; selon eux il aurait le plus probablement été abattu par un missile air-air tiré depuis la fédération de Russie. Le système d’armes cités par les autorités ukrainienne dans leur déclaration est capable d’atteindre l’altitude des avions de ligne civil. Les autorités ukrainiennes ont initialement indiqué que le SU-25 volait à une altitude de 8250 m quand il a été abattu, avant d’indiquer plus tard qu’elle n’était que de 6250m.
Dans ces conditions, il est légitime de s’interroger sur l’absence d’activation des radars militaires ukrainien alors que le jour de l’attaque l’état major faisait part de possible attaque aérienne. Surtout, la présence d’avions militaires ukrainien à proximité du trafic civil est ici clairement établi.
Le rapport d’enquête ne donnent aucune information sur la validité des données de contrôle aérien founies par Kiev, ni même sur l’espace couvert par les différents radars, alors que ces données ont fait l’objet de manipulations avant qu’elles soient prises en charges par les enquêteurs internationaux.
De son coté, l’OTAN indique que ses avions AWACS n’étaient pas en mesure de détecter le MH17 à cet endroit et à ce moment. L’OTAN n’a fourni aucune autres informations. Comme le soulignent pourtant des experts issus des services de renseignements américains, il est peu probable que si l’OTAN et les Etats Unis disposait de la preuve qu’un missile ait été tiré par la Russie, ils ne les publient pas.
Rappelons que le journaliste américain R Parry indique que de sources américaines, la batterie de missile utilisées auraient été sous contrôle des forces pro-UE de Kiev.
Le rapport ne publie pas le détail des conversations avec le contrôle aérien, se bornant à indiquer l’heure de dernière transmission entre le vol MH17 et le contrôle aérien.
Par ailleurs, le rapport ne s’intéresse pas directement à la décision du contrôle aérien faisant passer le vol MH17 directement au dessus de la zone de conflit, dans une trajectoire se situant au nord des vols habituels.
sur les dommages à l’avion et les indices d’un tir de missile
Le rapport fournie un long descriptif des dommages à la structure de l’avion. En revanche, le bureau néerlandais des transports indique :
« Le bureau néerlandais de la sûreté a décidé de ne pas publier toutes les images des fragments [ndlr de missile présumé] retrouvés qui ont été présenté au partenaire de l’annexe 16 lors d’une réunion de travail en aout 2015. »
Le rapport ne rend donc public quasiment aucune informations permettant d’identifier le type de missile ayant pu abattre l’appareil. Le rapport nomme cependant un missile sol air de type 9M38.
Le rapport confirme par ailleurs qu’un passager a été retrouvé portant un masque à oxygène. §2.18.2.
Le rapport identifie la source d’une explosion externe à l’appareil qui aurait causé le crash. Cette explosion se situerait à l’avant gauche de l’appareil au niveau supérieur du cockpit de pilotage.
Il écarte l’utilisation d’un canon, mais également l’utilisation d’un missile air-air pour ne considérer que des missiles sol-air. On notera que seuls des missiles de fabrication russes ou soviétiques ont été considérés, à défaut d’autres type de missile. Le rapport ne fournit pas l’inventaire des armes utilisées par l’Ukraine dont les avions militaires étaient notoirement au combat dans cette zone, ni même des missiles sol-air utilisé par l’armée de kiev (ou ses alliés). §3.6.2 et §3.6.5.
Les conclusions de l’étude par simulation numérique conduite par les néerlandais d’une part et de l’étude conduite par les autorités de Kiev d’autres part donnent des résultats non identiques. Les résultats des études conduites par le constructeurs des missiles étudiés, Almaz Antey, ne sont bizarrement pas considérés en détail par le rapport néerlandais, en particulier pour ce qui concerne les simulations grandeurs réelles.
Une zone de lancement possible pour un missile sol-air de type BUK est identifiée par l’OVV
D’après le fabricant des missiles incriminé, c’est un missile de type BUK 9M38 tiré depuis les environs de Zarochtenskoie qui serait en cause, une zone comprise dans le périmètre déterminé par l’OVV mais sous contrôle de l’armée de Kiev. Ce type de missile n’est plus fabriqué depuis 1986 pour la Russie, et a été retiré des dotations en Russie depuis 25 ans, et son utilisation y est totalement interdite depuis 2011 en raison des risques d’explosions au lancement.
Le constructeur de missile BUK Almaz Antey a conduit une expérience réelle – et non une simulation numérique – dont il indique que les résultats infirment pour partie les conclusion de l’OVV.
Une « expérience en conditions réelles démentait complètement la version des Néerlandais à propos du type de missile utilisé et de l’endroit depuis lequel il a été tiré », a annoncé lors d’une conférence de presse Ian Novikov, le PDG de Almaz-Anteï. Il indique par ailleurs que le bureau néerlandais n’a pas voulu considérer les informations de Amlaz-Anteï :
«La Commission néerlandaise n’ayant pas approuvé nos données initiales, nous l’avons invitée en Russie pour qu’elle vérifie par elle-même l’authenticité de nos résultats, ce qu’elle a refusé», a t il déclaré ajoutant :
«On mène l’enquête aux Pays-Bas à huit clos, on le sait, on ignore les conclusions des experts russes. Tout ça prouve qu’il y aurait un scénario dont le but est d’affranchir l’Ukraine de cette catastrophe, ce qui constitue grand intérêt pour les médiateurs occidentaux»
L’analyse de la forme des impacts conduit le constructeur de missile à indiquer qu’un missile de type 9M38 peut être en cause, un missile que possède l’armée de Kiev et qui était alors déployé sur le front.
En l’absence d’enquête indépendante, conduite sous le contrôle de l’OACI comme l’exige la résolution prise par l’ONU, rien n’indique que la tragédie du vol MH17 soit élucidée à court termes.
la conférence de presse donnée par Almaz-Antey
La Russie proteste contre la manipulation du rapport d’enquête :
Dans une lettre adressée à l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), Oleg Storchevoy, directeur adjoint de l’Agence fédérale du transport aérien de la Russie et le représentant accrédité de l’équipe d’enquête internationale sur la tragédie MH17, a accusé l’OVV d’ignorer » les informations complètes » concernant l’enquête . La lettre, adressée au président de l’OACI Dr Olumuyiwa Benard Aliu, a été reçu par l’agence le 16 septembre 2015.
Storchevoy dénonce une enquête menée uniquement à charge en violation des principes d’enquêtes sur les crashs aériens et ce afin de prouver une conclusion connue d’avance. Au lieu d’étudier la nature des dommages à l’avant du fuselage de l’avion, puis d’arriver à une conclusion logique et définitive, l’OVV a eu pour programme, dès le départ, de prouver que l’avion a été détruit par un missile de BUK , lancé à partir d’un endroit donné juste après l’incident. Dans sa lettre Storchevoy souligne que lors de deux réunions le fabricant russe a fourni des données très précises, déclassifiées par la Russie concernant les système Buk SA-11 9M38 et 9M38M1. Les informations fournies comprenaient les caractéristiques de vol et la balistique, les spécifications techniques, les paramètres de lancement, les algorithmes de fonctionnement du détonateur et les caractéristiques de l’ogive, ainsi que les résultats détaillés d’un test de détonation d’une oive dans des conditions contrôlées pour déterminer les modèles de dispersion des éclats d’obus et déterminer l’impact précis des fragments du missiles sur le fuselage. Oleg Stochevoy regrette que » Tous ces calculs détaillés ont été ignorés par l’OVV. En conséquence l’OVV est arrivé à des conclusions contredisant le bon sens et incompatible avec la conception de ce système d’armes. » Il précise dans sa lettre qu’il apparait des incohérences supplémentaires s’agissant des propriétés métallurgiques du missile et de la taille de l’ogive. « Selon les calculs de l’OVV les poids de la charge militaire ne dépassait pas 33kg et la charge principale serait constituée de 3 à 4 000 fléchettes pesant 3g ». La lettre souligne également que malgré l’insistance de la russie pour les fléchettes et éclats d’obus trouvés sur le site soient soigneusement tracés et identifiés tant en termes de poids, de forme, taille et type de matériaux, l’OVV a ignoré ces précautions. Là aussi dans son courrier Oleg Stochevoy regrette que les fragments » ont été présentés un an et demi après le début de l’enquète. En conséquence de quoi, il est impossible plus d’un an après l’accident d’établir aucune preuve pour relier les fragments pré-formé avec des missiles ». « De fait, considérant l’ensemble de ces fait, il n’y a aucune preuve que cet avion a été détruit par un missile BUK ». conclue t il.