En présence de M Diaz-Canel, le président cubain, V Poutine, dont c’est un euphémisme de dire qu’il déteste le communisme et les révolutions, vient d’inaugurer une statue de Fidel Castro à Moscou. Bel hommage à celui qui fut le chef de file implicite des résistants du monde entier à l’impérialisme US. Les dirigeants contre-révolutionnaires russes qui, en 1991, ont soutenu le renégat Eltsine et ses conseilleurs américains dans leur entreprise de destruction de l’URSS, du camp socialiste et du PCUS, sont inexorablement conduits par la logique même de l’affrontement qui les oppose, le dos au mur, à l’impérialisme hégémoniste anglo-saxon et euro-atlantiste, à honorer une figure centrale du communisme mondial : c’est réjouissant et cela rappelle à tout le monde que, comme le disait Paul Vaillant-Couturier, « le communisme est la jeunesse du monde »! – Oui il est réjouissant que, même mort, Fidel Castro Ruz continue de jouer son rôle de passeur d’histoire, de sens et de résistance. Gloire à lui !
Au fait, combien de mairies se réclamant du communisme ou de « la gauche » en France ont-elles jusqu’ici attribué le nom de Fidel à l’un des sites marquants de leurs communes respectives depuis que le grand dirigeant révolutionnaire cubain est décédé ? À quand une souscription nationale des révolutionnaires et des impérialistes français pour ériger à Fidel et au Che la statue qu’ils méritent dans une ville franchement communiste et anti-impérialiste de notre pays ?
En attendant, souvenons-nous aussi du nom, insuffisamment connu et honoré des travailleurs français, du député nordiste Georges Hage, dit « Geo le Bolcho » et premier président d’honneur du PRCF, qui aimait à déclarer que « tout progressiste a deux patries, la sienne et Cuba socialiste! ».
Georges Gastaud
À l’occasion de son passage à Moscou à l’invitation du président V Poutine, dans le cadre d’une série de visite internationale le menant également à Pékin à la rencontre du président Xi Jinping, le président cubain, Miguel Diaz Canel a inauguré en compagnie du président russe une statue en bronze de trois mètres de haut de Fidel Castro sur la place Fidel Castro dans le quartier de Sokol à Moscou, une statue à la mémoire du leader historique de la Révolution cubaine.
Faut-il le rappeler, Fidel lui-même était fermement opposé à la création d’un culte de la personnalité et à Cuba, il n’y a pas de rues, de bâtiments, d’institutions ou de localités portant son nom. Dans un discours prononcé en 2003, Fidel a déclaré : « Il n’y a pas de culte de la personnalité autour d’un révolutionnaire vivant, sous la forme de statues, de photographies officielles ou de noms de rues ou d’institutions. Les dirigeants de ce pays sont des êtres humains, pas des dieux. »
Ainsi, les seules choses nommées en l’honneur du grand révolutionnaire sont situées en dehors de Cuba – un parc au Vietnam, plusieurs rues en Afrique du Sud, en Namibie, en Angola, en Tanzanie, au Mozambique, etc.
L’événement à Moscou saluant l’héritage de Fidel est hautement symbolique. D’État « statut-quoiste », la Russie assume rapidement un rôle « révolutionnaire » dans la politique mondiale, défiant le prétendu « ordre fondé sur des règles » imposé par l’Occident, et elle se trouve au milieu de l’une des plus graves crises de l’ère de l’après-guerre froide.
L’année 2022 se trouve être le 60e anniversaire de la crise des missiles cubains marquant l’apogée de la guerre froide lorsque Moscou s’était retrouvée à nouveau au centre d’une confrontation avec Washington. La discorde était alors étrangement similaire à celle d’aujourd’hui – à propos des tentatives étasuniennes de pousser les déploiements stratégiques dans le voisinage immédiat de la Russie menaçant sa défense et sa sécurité nationales.
La crise de 1962 a éclaté lorsque les États-Unis ont détecté la construction de sites de lancement soviétiques à Cuba en représailles au déploiement américain de missiles Jupiter en Turquie. Elle a été gérée par le biais de négociations secrètes pour parvenir à un accord par lequel les missiles soviétiques ont finalement été démantelés et retirés de Cuba, tandis que de leur côté, les États-Unis mettaient fin à leur blocus de Cuba (octobre 1962) et retiraient leurs missiles Jupiter de Turquie (avril 1963).
Malheureusement, le président Biden, contrairement au président Kennedy, a refusé de négocier avec la Russie, et une guerre par procuration s’est ensuivie en Ukraine. La guerre aurait pu être évitée et la destruction de l’Ukraine évitée si seulement des négociations avaient eu lieu pour appliquer les accords de Minsk qui prévoyaient une certaine forme d’autonomie régionale pour la région du Donbass au sein d’un pays fédéré gouverné depuis Kiev, pour faire reculer les bataillons de l’OTAN en extension et croissance permanente sur la frontière russe. L’Axe impérialiste USA-OTAN- UE a délibérement choisi le parti de la guerre, soutenant d’abord une série de violente tentative « colorées » de renversement de gouvernements, puis provoquant un coup d’état sanglant à Kiev en renversant le président élu pour y installer un régime à la main de Washington et Bruxelle en 2014. Un coup d’État suivi de violences anticommunistes, et d’attaques armées sur le Donbass, plongeant le pays dans la guerre.
Poutine a rappelé mardi de manière émouvante que lors de sa dernière conversation avec Fidel en juillet 2015, « il a parlé de choses qui étaient étonnamment en accord avec l’époque – l’époque du développement d’un monde multipolaire – en disant que l’indépendance et la dignité ne peuvent pas être à vendre, que chaque nation a le droit de se développer comme elle l’entend et de choisir sa propre voie, et que dans un monde vraiment juste il n’y a pas de place pour la dictature, le pillage ou le néo-colonialisme. »
Poutine a ensuite attiré l’attention de Diaz-Canel sur l’attitude de la statue. « Je ne sais pas si vous l’avez apprécié ou non, mais il me semble qu’on ne peut pas s’empêcher de l’aimer », a déclaré Poutine avec un sourire, ajoutant qu’il s’agissait d’un hommage approprié à la mémoire de Fidel et d’une véritable œuvre d’art. « C’est dynamique, en mouvement, tourné vers l’avenir. Une image parfaite d’un vrai combattant ». Diaz-Canel a confirmé : « C’est un monument en mouvement. Je pense que cela reflète la personnalité de Fidel au milieu de la lutte, tout comme nous sommes au milieu de la lutte aujourd’hui. » Un échange significatif.
La guerre en Ukraine a été un moment de vérité pour la Russie. D’une politique étrangère étroitement centrée sur les intérêts nationaux, la Russie récupère son rôle régional et mondial ces derniers temps. Fidel aurait hoché la tête avec approbation, car Cuba avait sous sa direction une vision internationaliste, et a fait d’immenses sacrifices pour défier l’hégémonie US.
Alors que Poutine soulignait : « Ensemble, nous continuerons à renforcer notre union et à défendre les grandes valeurs de liberté, d’égalité et de justice ». et « Sur la base de cette base solide d’amitié, nous devons bien sûr, en gardant à l’esprit les réalités actuelles, aller de l’avant et renforcer notre coopération. Je suis très heureux que nous ayons une telle opportunité ».
Diaz-Canel a lui souligné la nécessité de contribuer à un monde multipolaire et le rôle important de la Russe dans ce cadre : « Nous apprécions tout le travail que la Fédération de Russie fait pour s’assurer que le monde évolue vers la multipolarité et fasse des progrès dans cette direction. En ce sens, vous avez un sérieux leadership ».
« La Russie et Cuba ont subi des sanctions unilatérales injustes et ont un ennemi commun, une source commune qui est l’empire yankee, qui manipule une grande partie de l’humanité… Et notre premier engagement est de continuer à défendre la position de la Fédération de Russie dans ce conflit qui, selon nous, trouve son origine dans le fait que les États-Unis manipulent la communauté internationale… Nous apprécions tous les efforts de la Fédération de Russie et votre rôle dans l’orientation du monde vers la multipolarité, en l’encourageant à évoluer dans cette direction. En ce sens, vous avez un rôle de leadership très fort. »
La tournée internationale de Diaz-Canel s’est poursuivie en Chine où Díaz-Canel sera le premier chef d’État d’un pays d’Amérique latine que Xi Jinping recevra après le 20e Congrès national du Parti communiste chinois.
Le ministère chinois des Affaires étrangères a noté que « malgré les vicissitudes internationales, la Chine et Cuba ont avancé ensemble sur la voie de l’édification d’un socialisme à caractéristiques nationales, se sont soutenus mutuellement sur les questions concernant les intérêts fondamentaux et ont eu une coordination étroite sur les questions internationales et régionales, établissant une relation exemplaire », modèle de solidarité et de coopération entre pays socialistes et d’entraide sincère entre pays en développement.
Dans un commentaire sur la prochaine visite de Díaz-Canel, le Global Times a noté : « Malgré la répression à long terme des États-Unis contre les gouvernements de gauche dans la région, l’Amérique latine connaît actuellement une résurgence de la « marée rose », avec les principaux pays de la région virant à gauche. L’Amérique latine est fatiguée de l’hégémonie et de la coercition des États-Unis, et les dirigeants dont l’agenda se concentre sur le développement national gagnent le soutien du public. »