Le camp israélo-américain soutenu par l’UE semble décidément incapable de la moindre retenue dans la gestion du conflit proche-oriental.
Lequel, si une guerre de haute intensité éclate entre l’Iran et Israël, ne demandera qu’à faire jonction avec d’autres fronts à peine moins brûlants de la grande faille géopolitique mondiale qui court de la Baltique à la péninsule de Corée en passant par le Donbass, Taiwan et les Philippines avec, à chaque fois, l’impérialisme étatsunien (trumpiste ou « harriste », peu importe) dans le rôle du chef de meute, et Netanyahou ou Zelensky dans le rôle de l’aile marchante.
Rien n’est plus urgent, dans toutes nos interventions, que d’alerter sur la paix mondiale, la gauche institutionnelle et les états-majors syndicaux ne faisant rien pour accomplir leur travail de vigie, contrairement à Jaurès en 1914 ou à Gabriel Péri en 1939.
En France même, il est temps que les travailleurs montent au créneau pour défendre leurs conditions de vie contre l’énorme plan de casse promu par Barnier au titre de la Commission européenne dont il est l’exécutant. Défense de la paix, refus de l’euro-austérité et du ruineux programme de surarmement voulu par Macron, même combat!
Hommes et femmes veillez, alertez, dénoncez, mobilisez, tout compte pour défendre la paix mondiale contre cette bande d’exterminateurs pris de vertige ! – G.G.
Lisez l’analyse reproduite ci-dessous.
Tout va très, très mal, et c’est sur le point de se gâter …
par Caitlin Johnstone
Les choses vont très mal au Moyen-Orient en ce moment, et d’après ce qu’on peut voir, elles sont sur le point de se gâter.
Israël s’acharne sur le nord de la bande de Gaza dans le cadre de son projet de nettoyage ethnique de la région, planifié de longue date. L’armée israélienne assiège et attaque les populations civiles dans tout le nord, et le Programme alimentaire mondial des Nations unies signale qu’aucune aide alimentaire n’a été autorisée jusqu’à présent ce mois-ci.
Hossam Shabat, l’un des derniers journalistes encore présents dans le nord de la bande de Gaza, rapporte ce qui suit sur Twitter :
“L’occupation israélienne nous assiège dans cette zone, qui comprend Beit Hanoun, Beit Lahia et le camp de réfugiés de Jabalia, depuis huit jours. Depuis le 1er octobre, ils bloquent toute entrée de nourriture, d’eau et de fournitures médicales. Ils ont menacé de fermer les hôpitaux, ont empêché l’entrée du carburant nécessaire au fonctionnement des hôpitaux et s’en prennent à tous ceux qui se déplacent. Jusqu’à présent, 400 personnes ont été tuées. Les gens se vident de leur sang dans les rues et nous ne pouvons rien faire pour eux.”
Un autre message de Shabat :
“Avec le blocus d’Israël sur le camp de Jabalia, la plupart des blessures causées par les balles et les bombardements de l’occupation sont mortelles, car il n’y a pas de ressources ou de capacités médicales disponibles pour traiter efficacement les blessés.”
Un autre message, le plus récent à l’heure où j’écris ces lignes :
“Nous vivons littéralement nos derniers instants. Ô Allah, accorde-nous une juste fin.”
Les médias occidentaux ont contribué avec zèle à la réalisation de ces atrocités.
Un rapport de CNN sur les conclusions du Programme alimentaire mondial intitulé “UN says no food has entered northern Gaza since start of October, putting 1 million people at risk of starvation” [L’Onu déclare que l’aide humanitaire n’est pas entrée dans le nord de Gaza depuis début octobre, menaçant de famine un million de personnes] ne mentionne pas le nom d’Israël avant le douzième paragraphe, et parvient ensuite à rédiger le reste de l’article sans préciser qu’Israël bloque l’accès aux denrées alimentaires.
Un article de la BBC décrit la politique d’Israël consistant à assiéger totalement une population de centaines de milliers de civils comme étant simplement “controversée”, avec un titre étonnamment raffiné : “Se rendre ou mourir : L’attaque de Jabalia laisse entrevoir un plan israélien controversé pour le nord de la bande de Gaza”.
Lors d’une récente interview sur CNN, un médecin qui a travaillé à Gaza pendant deux semaines a reproché à la présentatrice de CNN, Kate Bolduan, d’avoir qualifié de manière absurde les résultats des crimes de guerre d’Israël de “crise humanitaire”, en déclarant :
“Ce n’est pas une crise humanitaire, Kate, et je vais le dire très clairement pour que vos téléspectateurs l’entendent : il s’agit d’un génocide.”
Dans le sud du Liban, Israël a délibérément pris pour cible les infrastructures de santé, au point que près de la moitié des centres médicaux situés dans les zones de conflit ont déjà été fermés. De nouveaux soldats de la paix de l’ONU ont été blessés par des tirs israéliens, Israël continuant à prendre délibérément pour cible le personnel de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL). L’armée israélienne déclare maintenant qu’elle va attaquer les ambulances parce que ce seraient des ambulances du Hezbollah.
Aussi horribles que soient ces deux développements, ils seront relégués au second plan dès qu’Israël lancera son attaque planifiée contre l’Iran. Comme mentionné précédemment, l’Iran a déjà déclaré qu’il riposterait à toute nouvelle attaque d’Israël par une autre attaque, et que le temps de la retenue dans cette impasse était révolu.
Les États-Unis seraient désormais présents sur le terrain en Israël, avec des troupes américaines chargées de faire fonctionner les systèmes de missiles antibalistiques THAAD fournis par la superpuissance alliée d’Israël. Le risque de voir les États-Unis s’impliquer de plus en plus dans ce conflit semble inévitable si Israël poursuit son escalade contre l’Iran, et personne à la Maison Blanche ne semble particulièrement désireux de l’en empêcher.
Bien entendu, les médias contribuent également à préparer le terrain pour cette prochaine guerre. Le Washington Post a publié des documents non authentifiés remis par l’armée israélienne qui prétendent démontrer que le Hamas complote pour demander l’aide de l’Iran dans l’attaque du 7 octobre, admettant au paragraphe 14 que “l’authenticité des documents n’a pas pu être établie de manière concluante”. Le New York Times a publié son propre article sur les documents, qu’il affirme avoir “vérifiés” en sollicitant l’armée israélienne et certaines sources palestiniennes qui ne se trouvent même pas à Gaza, pour savoir s’ils sont authentiques.
On dirait bien que personne n’a le pied sur la pédale de frein dans cette histoire. Tous les protagonistes semblent avoir conclu que reculer n’est pas une option, si bien que le seul choix restant est de poursuivre l’escalade dans l’espoir que l’autre cède.
Tout cela pourrait facilement déboucher sur des frappes nucléaires israéliennes sur l’Iran. Rien de ce qu’Israël a fait cette année ne permet de penser que ceux qui mènent la danse soient sains d’esprit ou soient capables de modération, et si les missiles iraniens commencent à pilonner les villes israéliennes, je ne vois pas comment on pourrait éviter au monde de voir grossir un champignon atomique au-dessus de Téhéran dans un avenir proche.
La situation actuelle est grave, mais nous sommes loin d’imaginer à quel point elle pourrait bientôt empirer.