Le 2 janvier, malgré la neige et le mauvais temps, plusieurs centaines d’habitants d’Odessa étaient rassemblé devant la maison des syndicats d’Odessa huit mois après le massacre de plusieurs dizaines de militants antifasciste dans l’incendie de ce batiment pour rendre hommage aux victimes des hordes fascistes mais également réclamer justice.
Les orateurs ont noté une fois de plus que les responsables de la tragédie du 2 mai ne sont toujours pas punis et ne sont pas inquiétés. En outre, les participants ont noté avec indignation que la propagande officielle présente souvent les événements le 2 mai comme un exploit commis par les « patriotes »,contre cette ville de « séparatistes ».
(source www.2may.org, traduction par www.initiative-communiste.fr)
En France, quel grand média enquête ou ne serait ce que parle de cet oradour en plein centre d’Odessa, une grand ville européenne?
Voici ci après la traduction par le blog Histoire et Société d’un article du Comité du 2 Mai revenant à travers l’histoire de Vadim sur ces huit mois écoulés qui ont vu le gouvernement de la junte fasciste de Kiev saboter l’enquête (tout comme il a stoppé l’enquête sur les snipers de la place maidan…)
Tout prochainement, des camarades communistes ukrainien, des mères du comité du 2 mai d’Odessa viendront en France pour expliquer, raconter ce qui se passe en Ukraine. www.initiative-communiste.fr vous tiendra informé.
http://www.2may.org/miting-pamjati-proveli-na-kulikovom-pole/
Huit mois sans Vadim…
La douleur d’une mère qui a perdu son fils ne peut pas être décrite. La douleur brûle tout à l’intérieur. La vie perd son sens. Le Temps s’arrête. À cause de la haine humaine, du désespoir, du fascisme, Fatima Papura il y a 8 mois a perdu le plus précieux de sa vie, son fils unique, Vadim à 17 ans. Vadim était la plus jeune victime du 2 mai, il était dans la maison des syndicats assiégée, il est tombé de la fenêtre de l’immeuble en flammes. En bas sur la chaussée, les nationalistes ukrainiens l’ont achevé. La femme frappée par ce malheur a accepté de parler à la Commission pour parler du 2 mai, « De la vie de Vadim et de ce jour terrible, quand cette vie a été tragiquement interrompue »
Le Black Friday–la journée où tout a été terminé
Ce vendredi était une journée normale de mai. Le matin – rien de spécial. Les parents ont commencé leur nettoyage de printemps. Vadim, comme d’habitude, les a aidés. Puis il a lu ses livres.
« Il a dit que peut-être il irait donner un coup de main au champ de Koulikovo – se rappelle Fatima Papura – « peut-être, si on m’appele ». Quand j’ai commencé à apprendre ce qui se passait à Grecheskaja, il était encore à la maison. Ensemble, nous avons regardé l’émission en direct à la télévision. Je ne pouvais pas imaginer l’horreur qui se passait. Quand j’ai vu que sur la rue Grecheskaja, ils ont commencé à tirer et prendre les pierres de la chaussée, j’ai vite compris que ce n’était pas le peuple d’Odessa. Aucun odessite ne se comporteraient d’une manière aussi destructrice dans sa ville. »
Lorsque Vadim est sorti de la maison, Fatima Papura l’a vaguement aperçu : il rassemblait ses affaires rapidement et il est sorti en passant inaperçu. Apparemment, ils l’avaient appelé, ou lui avaient écrit sur les réseaux sociaux. Quand il est sorti, se souvient sa grand-mère, quand on lui a demandé où il allait, Vadim a répondu: « Je vais vous défendre. » Ses parents ne l’ont plus vu en vie…
« Nous l’avons appelé à 6 heures à la maison des syndicats. Il a dit: « maman, je suis au champ de Koulikovo, dans la maison des syndicats. S’il vous plaît, ne jouez pas les héros, ne venez pas ici « — raconte avec amertume Fatima – c’était le dernier coup de téléphone ».
Quand ils ont vu ce qui se passait sur le champ de Koulikovo, et ensuite dans la maison des syndicats, les parents de Vadim ont appelé la sécurité publique: « Regardez, la maison des syndicats est en feu, il y a des gens à l’intérieur! « . En réponse, une voix métallique : « Oui, merci ». Les appels à la police étaient également totalement inutiles : tout simplement personne ne répondait au téléphone.
« Après cela, mon mari et moi avons décidé d’aller au champ de Koulikovo. Nous sommes allés pour sauver notre enfant. Pendant longtemps, nous ne pouvions pas arriver : il n’y avait pas de fourgonnettes, d’autobus ou de taxis. Nous avons attendu avec difficulté l’arrivée des trams. Nous y sommes arrivés à 7 h et demi. les pompiers avaient déjà tout éteint.
Je n’oublierai jamais l’horreur que nous avons vu sur le champ de Koulikovo. La foule déchaînée, véritables bêtes ou pire encore… les animaux tuent uniquement par faim. Là c’était de très jeunes filles, encore que je ne puisse les désigner comme des filles – des fillettes de seize ans. Dans ma tête, je ne peux pas comprendre à cause de ce je les entendais crier… Les gens se cachaient sur le toit, ils faisaient lumière avec des phares et ils les incitaient à sauter ‘ »Allez-y sautez! » Nous avons vu un homme brûlé resté bloqué sur l’appui de la fenêtre. Et ils le raillaient en dirigeant les lumières vers lui. Il y avait là des vrais fascistes. Parce qu’ils sont allés là pour tuer les propres concitoyens. Ils sont délibérément allés pour tuer. Et cette grimace féroce, cette haine… Ces yeux fous, l’expression folle de leurs figures… » Fatima Papura raconte avec peine.
Ce qui était en train d’arriver sous ses yeux ressemble à un cauchemar. Mais les parents de Vadim avaient un seul but : trouver et sauver leur propre fils. Fatima Papura essaya d’entrer dans la Maison des Syndicats, mais les nationalistes le lui ont interdit.
Un instant d’espoir est intervenu quand la police a commencé à sortir du bâtiment incendié… pendant trois heures, les parents ont cherché leur fils, mais inutilement. Vadim n’était pas là. Nous avions une grande soif et nous sommes allés à la gare acheter de l’eau. Quand nous sommes revenus, nous avons vu à droite par terre des corps abandonnés. Autour un cordon de police. Nous nous sommes rapprochés. Mon mari m’a demandé si j’avais vu Vadim. J’ai répondu que non, mais puis… nous avons vu sur un des corps le short bleu de notre fils, et nous avons compris tout…
« Notre conversation s’interrompt. Nous comprenons combien il peut être difficile pour cette femme de revivre encore et encore les événements de ce jour terrible, impossible…
Pour moi, un journaliste, qui ai écouté des dizaines d’histoires semblables, la douleur et le cœur battant, les larmes qui me montaient aux yeux…
« des enquêtes sous le cercueil »
L’identification, les funérailles… tout cela est passé devant la malheureuse femme comme dans le brouillard. Maintenant pour elle ce qui est absolument essentiel c’est que les assassins de son fils soient retrouvés et punis conformément à la Loi. Mais il est difficile de croire que les enquêtes.puissent aboutir »
« Personne ne dit rien. je vais voir les enquêteurs, demander, mendier . Personne n’est vraiment responsable de l’enquête. Il y a pourtant un nombre important de matériel vidéo où l’on voit les visages, ceux qui tuent, il y a une vidéo très claire de l’homme qui a étranglé la femme dans le bureau, il y a des informations personnelles, adresse. Mais c’est pour rien, les enquêtes sont enterrées dans un cercueil. Fatima Papura a déclaré que pendant l’interrogatoire, le juge d’instruction lui a posé une seule question: « Que faisait son fils au champ de Koulikovo? » « Et quoi qu’il y fasse, est-ce qu’on avait le droit de le tuer ? Qui sont ceux qui ont donné l’ordre de faire ce qui a été fait au champ de Koulikovo? » a demandé indignée la femme.
« j’ai rencontré deux ou trois fois le juge d’instruction. Puis j’ai cessé d’y aller parce que ces visites n’ont pas étaient très agréables. Mon père est allé là-bas, pour essayer d’apprendre quelque chose. Mais personne ne dit ni ne fait rien.
Tout le monde comprend parfaitement parce qu’il n’y aura pas d’enquête… Parce que les manifestants du champ de Koulikovo sont accusés de séparatisme, de terrorisme… Mais ce sont des mensonges. Il n’y n’avait aucun séparatiste. Il n’était pas pour la Division de l’Ukraine. Les manifestants étaient là contre le fascisme. Contre tout ce qui se passe maintenant dans l’État. Les fascistes sont impunis. Je trouve ça épouvantable qu’il y avait beaucoup de jeunes qui puissent continuer à marcher dans les rues et se sentent impunis. Ils n’ont plus de limites : qu’il s’agisse de femmes, d’enfants, de vieillards. Les autorités ne répriment pas leurs crimes et plus le temps passe, moins il y a de chance, il faut que tôt ou tard la justice prévale» conclut Fatima Papura.
Un gars ordinaire extraordinaire
Bien que Fatima Papura dans notre interview répète souvent que ce fils était un « gars ordinaire », nous nous rendons compte qu’il était différent de ses pairs, actif, responsable, bon, honnête, gentil, brave, tous les jeunes de 17 ans n’ont pas de telles qualités.
Vadim avait ses principes, sa vision et ses buts dans la vie. Il aimait étudier à l’université, il était étudiant en sciences politiques. C’était un garçon aux multiples dons, il aimait jouer aux échecs, et jouait très bien du piano. Et pas sous la contrainte, comme beaucoup, il cherchait et trouvait ce qui lui convenait, le professeur, les leçons. » Fatima Papura rappelle. Vadim était passionné de modélisme, il avait une collection de modèles réduits d’avions, il aimait les films sur la Grande Guerre Patriotique. Il a été le premier à aller voir « la Forteresse de Brest. » Un film dur. Je n’ai pas réussi à le voir. Il l’a vu du début à la fin et à la fin il s’est ému jusqu’aux larmes. Ce film raconte l’héroïsme du peuple, des soldats, des officiers. » À 16 ans, Vadim Papura a rejoint le Komsomol (l’organisation de jeunesse de parti communiste de l’Ukraine, NdT). De sa propre initiative, il a contacté l’organisation du Komsomol et entré pour en faire partie. En 2012, a été également à Kiev, lors du Congrès.
« Il a pris cette décision seul – dit la mère de Vadim- et nous l’avons soutenu, il n’y a rien de mal à adhérer au Komsomol. Leur position est absolument correcte et elle crée la colonne vertébrale d’une personne. Vadim avait adhéré à tous les principes de droiture de ce mouvement. Après tout, qu’est-ce qu’enseigne le Komsomol ? A être honnête, généreux, d’être ouvert aux autres avec gentillesse et compréhension, pour atteindre leurs propres buts. Mais la plupart des jeunes aujourd’hui n’a aucune limite ou aucune règle », estime Fatima Papura.
Les camarades de classe même parlent de Vadim comme un gars important. Un cas d’espèce, quand un camarade de classe disait des grossièretés en présence d’une fille et Vadim l’avait forcé à s’excuser.
« Vadim détestait les jurons et insultes, surtout avec les filles – raconte Fatima Papura – quand nous prenions les transports publics, il sortait le premier et donnait la main pour aider à descendre. Nous avons essayer de développer ses qualités, son indulgence, le fait d’être serviable. Parce que quand il y avait des réunions ou des sorties à l’école, des nettoyages, il ne laissait jamais une fille porter des seaux lourds, nous avons veillé sur lui ».
Comme Vadim aurait pu faire du bien dans sa vie, maintenant il ne peut plus.
La Vie sans son fils
Dans la maison de Fatima Papura, tout rappelle Vadim. Voici sa photo, où avec ses yeux doux il regarde sa maman, et dans le coin inférieur droit du ruban noir, comme une traînée de feu. Voici la pile de carnets de notes à l’Université, où Vadim, il semble que pas plus tard qu’hier notait ses leçons. Le Conseil d’administration, mais maintenant le père n’a personne pour jouer avec lui.
« Dire que maintenant l’image de mon fils est devenu pour beaucoup un symbole de la lutte antifasciste contre le fascisme. Si cela peut les aider dans la lutte, je serai seulement heureux parce qu’il n’y a maintenant pas beaucoup de gens qui puissent unir les peuples dans un but noble, bien après sa mort.
Mais vraiment pleure la femme la vie est vraiment dure sans lui. La personne pour laquelle nous avons vécu a disparu. En lui nous avons vu le sens de notre existence, l’ensemble de nos vies ravagées. Quelqu’un a-t-il idée d’une petite partie du malheur et du désespoir qui ont tiré mon cœur après le 2 mai ».
À la fin de notre conversation, Fatima rappelle un fait arrivé à la veille de la mort de son fils. Vadim était en train de présenter une thèse de sciences politiques. Au membre du Komsomol ils avaient donné un quatre, les votes en Ukraine vont de 1 à 5 , le maximum , NdT, et ils ont ajouté un autre point parce qu’il n’a pas réagi aux mots écrits sur une feuille de papier, « communiste au gibet », écrit par ses copines de classe. Plus tard, à l’enterrement de Vadim, les filles se sont repenties de leur action, elles pleuraient. Mais il était trop tard ..
Vous vous rappellerez ces mots, quand la prochaine fois vous voudrez insulter qui pense différemment de vous.
Comité 2 mai
Source : site Web de la Commission pour la libération d’Odessa, Одессы Комитет освобождения