Plus de deux ans après que des dizaines d’antifascistes ont été massacrés dans l’attaque de la maison des syndicats d’Odessa le 2 mai 2014, aucune enquête n’a réellement été ouverte par la junte de Kiev. Bien au contraire.
face aux familles des victimes et aux militants antifascistes qui réclament la justice, voila au contraire la réponse du ministère de l’intérieur de Kiev dans son communiqué du 2 mai 2016 soutenu par l’Union Européenne, des menaces et le déploiement de milice nazie dans Odessa :
« Le ministre de l’intérieur espèrent que tout ne dégerera pas et restera calm. Beaucoup de responsabilités appartiennent aux forces de l’ordre et aux gens responsables des mesures des sécurité dans la ville. Les mesures de sécurité, la façon dont je les voit, sont sans précédents. Plus de 3000 personnes, de la brigade Alpha (force spéciales des services secrets de Kiev) et du régiment Azov maintienne l’ordre. J’espère qu’il n’y aura ainsi aucune provocation séparatiste à Odessa «
Rappelons que le bataillon Azov est l’une des milices néo nazie de si sinistre réputation dans le Donbass est en Ukraine. Le silence des grands médias français sur le massacre fasciste d’Odessa est toujours aussi assourdissant.
Voici un un compte rendu des manifestations antifascistes à Odessa le 2 mai 2016 paru sur un blog francophone
Odessa: ni oublier, ni pardonner au nom de la dignité
La révolution de la « dignité », le 2 mai 2014, OdessaHier 2 mai, Odessa commémorait les deux ans de la tragédie de la Maison des syndicats (voir ici notre article), où 50 personnes périrent brûlées, gazées, achevées une balle dans la tête, plus de 250 furent blessées et une ville mise à genoux par les milices néo-nazies du nouveau régime pro-européen. Un des responsables de ce massacre, A. Parouby, est aujourd’hui à la tête du Parlement ukrainien. Mais les habitants, malgré menaces et pressions, sont sortis dans la rue au cri de « Nous nous souvenons, nous ne pardonnons pas ».Les célébrations du début mai mettent les autorités ukrainiennes sur les dents. Des groupes nazis comme Secteur droit, Aïdar ou Azov ont débarqué dans la ville fin avril. Malgré diverses provocations, il n’a pas été possible pour la ville d’annuler la manifestation commémorative du 2 mai. Mais le Gouverneur d’Odessa, Saakachvilli, qui avait demandé l’instauration de l’état d’urgence, a obtenu des forces supplémentaires de la Garde nationale et de ses groupuscules extrémistes légalisés par le pouvoir.Ainsi, du 30 avril au 10 mai, 3500 policiers et plus de 300 membres du SBU (l’ex-KGB) vont maitenir l’ordre dans la ville. Selon les paroles, ensuite démenties par Saakachvili, du conseiller du ministre de l’intérieur, Zorian Chkiriak, ordre a été donné de tirer à vue au moindre comportement agressif.Afin de ne pas faire trop de bruit, les journalistes furent triés à la frontière. Par exemple, un journaliste polonais Tomach Matseitchuk s’est vu non seulement déporté, mais interdit de séjour pour 5 ans. Le journaliste et écrivain allemand Saadi Issakov s’est vu refusé l’entrée en Ukraine à la frontière de l’aéroport, sans aucune explication ou justification.Alors que la manifestation a finalement été autorisée, le matin, la police bloque totalement l’accès à la Maison des syndicats. Le prétexte est simple; une alerte à la bombe. Bien que une heure avant le début des célébrations, la police ait annoncé que l’alerte était fausse, elle n’autorise pas l’accès au bâtiment: elle n’aurait obtenu aucune information en ce sens.De 2000 à 5000 personnes, selon les sources, bravent le régime. Les parents des victimes se voient interdire l’accès au bâtiment qui a servi de tombeau à leurs proches. Les prêtres sont refoulés, ils ne peuvent prier pour la mémoire des victimes.Un mémoriale s’improvise alors aux pieds des policiers, qui se tiennent bien serrés.Mais la tension monte. Un énorme bandeau est tendu avec la photo de Poroshenko disant qu’il couvre les assassins d’Odessa:Et ça ne s’arrête pas là. Les gens commencent à entonner la chanson de la Guerre sacrée:En 1941, dés le début de l’entrée en guerre de l’Union soviétique contre l’Allemagne nazie, est publié le poême de Lebedev-Kumatch, La Guerre sacrée et le compositeur Aleksandrov en écrit la musique. Cette chanson devient en quelque sorte l’hymne de la Guerre Patriotique, le symbole de la défense de la Patrie. Ses premières paroles sont « Lèves-toi, grand pays ».Des slogans sont égalements repris par la foule: « Le fascisme ne passera pas » ou « Sortez de la ville, Bandéristes! »:Voici une vidéo de la cérémonie:Evidemment, le pouvoir ne pouvait laisser l’espace uniquement à la contestation. Il faut rappeler qu’il s’agit bien d’une « révolution de la dignité« . Le soir, vers 20h une manifestation pro-maïdan a été organisée par la ville.Pour notre part, restaurons la Dignité.Vadim Papoura, on m’a jeté d’une fenêtre (24/07/1996 – 02/05/2014); Kristina Bejanitskaya, on m’a battu à mort (18/03/1992 – 02/05/2014).Alexandre Sadovnitchy, j’ai brûlé vivant (18/09/1954 – 02/05/2014)Igor Ostrojniuk, j’ai sauté par la fenêtre pour éviter le feu, ensuite l’on m’a achevé au sol (12/07/19964 – 02/05/2014)Et encore beaucoup d’autres. Ils eurent des dates de naissance différente, des vies différentes, des rêves, des proches, des amours, mais tous finirent le même jour. Le 2 mai 2014. A Odessa. Pour bénir dans le sang l’avènement du nouveau régime démocratique pro-européen.« Nous nous souvenons, nous n’oublions pas, nous ne nous rendons pas, nous nous vengerons!!! Genocide! »Aucun responsable n’a été condamné, aucune enquête n’est menée.Plus de 3 000 habitants de Donetsk et d’Odessa ont assisté à un service commémoratif au centre de la capitale de la République populaire de Donetsk, pour honorer ceux qui sont morts dans la maison des syndicats d’Odessa le 2 mai 2014.
Le rassemblement a commencé avec une minute de silence tenue au son du métronome. Ensuite, le président de la RPD, Alexander Zakharchenko, s’est adressé à l’audience avec un message vidéo.
« Cela fait exactement deux ans qu’a eu lieu la tragédie de la maison des syndicats à Odessa. Odessa a été sciemment choisie comme ville-héros qui avait résisté aux nazis. Il y a deux ans, les nouveau dirigeants ukrainiens ont décidé de mener une action d’intimidation. Les personnes qui ont osé se rebeller contre le nouveau gouvernement ukrainien ont été tout d’abord brûlés, puis persécutés pour ce crime – pas ceux qui ont été impliqués mais ceux qui ont souffert et survécu. Aujourd’hui, les autorités bandéristes de Kiev ne sont toujours pas complaisantes. Le gouverneur géorgien (Mikheil Saakachvili, le gouverneur de la région d’Odessa) a appelé à l’aide la Garde Nationale pour combattre ceux qui honorent la mémoire de leurs proches. Les nazis ont promis d’interrompre les commémorations. Tout ce que je souhaite à Odessa c’est de tenir bon. Personne n’est oublié, rien ne sera oublié, » a déclaré le président de la RPD dans ce message vidéo.
Zakharchenko a déclaré que les crimes contre l’humanité n’ont aucune date de prescription.
« L’ennemi essaye de briser notre âme. Je veux vous dire: tenez bon ! Le Donbass est avec vous ! » a résumé le président de la République.
Puis les habitants d’Odessa ont raconté aux participants du rallye de commémoration comment, deux ans auparavant, ils avaient essayé de repousser les ultra-nationalistes ukrainiens ; ils ont expliqué comment la police avait ignoré leurs demandes d’intervention.
À la fin du rassemblement, les habitants de Donetsk ont libéré des dizaines de colombes blanches dans le ciel et ont déposé des roses blanches et des œillets rouges à côté des photos des événements du 2 mai à Odessa.
Traduction depuis l’anglais par Úlfdís Haraldsdóttir
Agence DONi News