Lu dans L’arme et la Paix n° 36, septembre 2 017 : « Sortir de l’hystérie »
La titre ci-dessus est est le titre, combien justifié, d’un article de Frédéric Delorca ( auteur du livre Au cœur du mouvement anti-guerre, publié en 2 015 par les Editions du Cygne ), que publie le trimestriel L’arme et la Paix. Cet article est consacré à la crise des missiles qui s’est déclarée à propos des essais nucléaires nord-coréens. Son propos est introduit ainsi : Entre gesticulations et déclarations fracassantes, la crise des missiles nord-coréens mérite une analyse plus froide qui tranche avec la vision paranoïaque des Etats-unis. Le développement de cet arsenal nucléaire ( sans doute surestimé ) n’a-t-il pas d’abord une vocation défensive ?
Les commentaires d’ordre général dont il est parsemé peuvent apparaître comme des concessions à l’idéologie exclusive qui domine notre pays ; je conseille à nos lecteurs de les relativiser en prenant connaissance du livre de Robert Charvin : Comment peut-on être coréen ( du nord ) ? En vérité, l’essentiel du propos de cet article n’est pas dans ces commentaires.
Frédéric Delorca remarque d’abord, et fait remarquer, que l’engagement militaire non-aligné de la Corée du Nord, qu’il rapproche de ceux de Cuba, de la Syrie et de l’Irak de l’époque baasiste, a fait comprendre à ce pays la nécessité de développer un système de défense puissant contre la volonté de domination impérialiste des puissances occidentales : le développement du programme nucléaire nord-coréen apparaît comme l’accomplissement actuel de ce nécessaire développement, et d’ailleurs, le discours d’auto-défense semble recueillir une large adhésion dans le peuple de Corée du Nord, lequel n’a pas oublié le traitement inhumain que les Occidentaux, sous les ordres du Pentagone, lui ont fait subir pendant la guerre de 1 950 à 1 953 ( que d’ailleurs les communistes unanimes dénonçaient comme étant « la sale guerre que faisaient les USA à la Corée » ).
Il nous fait remarquer aussi que, même si la Corée du Nord a fait usage de contrebande pour commencer l’édification de son armement nucléaire, elle n’a pu la mener à bien qu’en permettant à ses citoyens d’acquérir une culture scientifique et technique de haut niveau ; ne négligeons pas le fait que le confucianisme présent en Corée du Nord sous-tend depuis des générations les développements de la civilisation de tout l’est asiatique, qui n’a rien à envier à la nôtre, et comprenons que la Corée du Nord s’est placée au meilleur niveau de la culture mondiale.
Traitant des tensions de cet été, Frédéric Delorca remarque qu’elles se fondent dans une large surestimation de la menace réelle que représente la Corée du Nord ; ce sont en fait des tensions principalement rhétoriques attisées par ceux qui gouvernent les pays occidentaux, dans des objectifs dont certains sont de pure politique intérieure.
Notre auteur évalue ensuite les conséquences apparentes de la crise de cet été ; il se dit perplexe devant le ralliement des Russes et des Chinois aux méthodes états-uniennes met en doute l’efficience des sanctions votées à l’ONU à l’encontre de la Corée du Nord, dénonçant le fait qu’elles frappent d’abord les moyens dont dispose la population simplement pour vivre : ces sanctions vont renforcer un nationalisme dur dont je dois dire qu’il est déjà bien établi par le fait d’avoir subi quatre ans de sale guerre suivis de soixante ans de refus de discuter d’un traité de paix, guerre imposée et refus opposé par les USA se couvrant du drapeau de l’ONU !… Frédéric Delorca …
Au bout de son article, Frédéric Delorca appelle les membres permanents du Conseil de Sécurité à tourner le dos à la politique occidentale des cinquante dernières années.
Mon avis est qu’il a raison, et que cela devrait se traduire par l’acceptation de la proposition toujours ouverte par Pyong-Yang, de négocier enfin et de signer un traité de paix, qui permettra aux peuples des deux Corées de renouer les relations indûment rompues depuis soixante-quatre ans, puis, parce que c’est la logique des rapports humains, de commencer de se rapprocher pour finalement, dans une génération ou trois, fédérer leurs deux Etats, ce qui permettra des progrès futurs de leur unité, dans l’intérêt de leurs peuples.
Jean-Pierre Combe pour www.initiative-communiste.fr
La tradition paranoïaque des Etats-Unis remonte aux pères fondateurs. La preuve dans cette traduction de l’article-phare de Richard Hofstaeter ”Le Style paranoïaque dans la Politique américaine”, considéré comme le père de l’analyse du complotisme-conspirationnisme dont les USA et l’OTAN nous rebattent désormais les oreilles, alors que c’est au sein même des élites et des cercles de pouvoir des états de cette alliance militaire, que ce concept a prospéré, et qu’ils l’utilisent aujourd’hui car il est l’outil idéal pour ostraciser de simples citoyens sceptiques sur leurs agissements (en général les anti-guerres, les anti-ingérences, les anti-impérialstes), et installer la dictature soft du marché dans leurs cerveaux implicitement jugés « malades ».
https://anticons.wordpress.com/2015/08/13/hofstadter-et-les-theories-du-complot-traduction-de-son-article-phare-du-harpers-magazine/
Hofstaeter a été réinterprété de façon dévoyée par les néo-conservateurs tant aux USA qu’en France.
https://anticons.wordpress.com/2015/04/28/theorie-du-complot-comment-le-best-seller-de-richard-hofstadter-le-style-paranoiaque-fut-detourne-par-les-neo-conservateurs-12/