« Les soldats sous la direction de Barrientos ont bandé les yeux, menotté, interrogé, frappé brutalement et torturé Jara », souligne la plainte déposée dans un tribunal fédéral des Etats-Unis – traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
Le jury d’un tribunal fédéral des Etats-Unis à Orlando a déclaré lundi l’ex lieutenant chilien Pedro Barrientos coupable de l’assassinat en 1973 du chanteur Víctor Jara et l’a condamné à payer à sa famille 28 millions de dollars.
Barrientos, à présent citoyen états-unien, était accusé par une plainte civile déposée par la femme de Víctor Jara, Joan et ses 2 filles Manuela Bunster et Amanda.
Les avocats ont expliqué que le montant de l’indemnisation es élevé parce que le jury a trouvé une étroite relation entre Barrientos et ce qui s’est passé au Stade du chili pendant la dictature d’Augusto Pinochet.
Joan, Amanda et Manuela ont pleuré de joie à l’énoncé du verdict. L’avocate Catherine Roberts a expliqué à l’agence EFE que cette décision contient un « message non seulement envers les autres auteurs mais aussi envers le Gouvernement des Etats-Unis pour qu’il accélère l’extradition de Barrientos au Chili ».
Les faits
Quand Jara a été assassiné, Barrientos travaillait au régiment Tejas Verdes, qui deviendrait ensuite une base de la Direction du Renseignement National (DINA) et était à Santiago, d’où il a appuyé le soulèvement militaire et le renversement du gouvernement du président Salvador Allende (1970-1973).
La plainte souligne que Barrientos a supervisé la détention de Jara dans les vestiaires du stade. « Les soldats sous la direction de Barrientos ont bandé les yeux, menotté, interrogé, frappé brutalement et torturé Jara . Le lieutenant Barrientos a ordonné à ses soldats de le frapper et de le torturer pour le punir à cause de ses opinions politiques et de son soutien au président Allende, » affirme la sentence.
Après qu’il ait été torturé, Barrientos a mis à Jara « un pistolet derrière la tête » et a joué à la « roulette russe » avec son pistolet. Il a placé plusieurs balles de façon aléatoire dans le chargeur du révolver. « Pendant ce jeu », Barrientos a tiré sur Víctor Jara dans la partie arrière de la tête. Ensuite, il a ordonné à 5 autres recrues sous sa main de lui tirer dessus de façon répétée », ajoute-t-elle.
L’ex militaire a également supervisé le transfert du stade du corps de Jara qui fut ensuite trouvé dans un quartier proche d’un cimentière avec ceux d’autres personnes exécutées non identifiées.
Le contexte :
Víctor Jara a été brutalement torturé et assassiné le 16 septembre 1973. Il était ambassadeur culturel du Gouvernement du président Salvador Allende (1970-1973).
Après le coup d’Etat contre le président Allende, Jara a pris avec d’autres étudiants l’Université Technique de l’Etat de Santiago. L’armée a donné l’assaut aux bâtiments et l’a fait prisonnier avec le reste du groupe au Stade National. Actuellement, ce stade porte son nom.
Jara a été soumis à de fortes tortures par de hauts fonctionnaires de l’armée qui l’ont assassiné de 44 balles comme l’indique le rapport étranger.