Dans un récent rapport, la Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, Francesca Albanese, examine les horreurs qui se produisent dans le territoire palestinien occupé: la destruction systématique de Gaza se poursuit et d’autres régions du territoire ne sont pas non plus épargnées. La violence qu’Israël déchaîne contre les Palestiniens ne surgit pas du néant, mais s’inscrit dans une campagne orchestrée intentionnellement au niveau de l’État pour provoquer systématiquement le déplacement forcé et le remplacement à long terme des Palestiniens. Cette trajectoire risque de causer un tort irréparable à l’existence même du peuple palestinien en Palestine.
Dans cette interview à un journaliste elle explique courageusement pourquoi il s’agit là d’un génocide….
Blast : Interview de Francesca Albanese rapporteuse spéciale des Nations Unies sur la Palestine
Communiqué de l’ONU « Aucune issue en vue » : les forces israéliennes attaquent la Cisjordanie occupée alors que le cessez-le-feu prend effet
27/1/25 – GENÈVE – L’intensification de l’attaque militaire israélienne contre la Cisjordanie occupée constitue une escalade dangereuse contre les Palestiniens, ont averti aujourd’hui des experts indépendants des droits de l’homme*, exhortant la communauté internationale à prendre des mesures fondées sur des principes pour protéger les droits humains et la dignité du peuple palestinien.
« Nous sommes consternés par l’escalade de la violence meurtrière à Jénine et dans le reste de la Cisjordanie occupée », ont déclaré les experts. « La répression israélienne semble sévir sans aucune issue en vue. »
Selon ces experts, après des semaines de tension et de répression dans le nord de la Cisjordanie par les forces de sécurité palestiniennes, les récentes scènes de bombardement de Jénine par l’armée et les forces de sécurité israéliennes, la destruction d’infrastructures vitales et de services essentiels tels que l’approvisionnement en eau et en électricité, les descentes dans des centaines de domiciles, l’interdiction faite aux médecins du Croissant-Rouge palestinien d’accéder aux blessés palestiniens, et les attaques contre des foules de résidents palestiniens dans le camp de réfugiés de Jénine et dans les villes voisines ne font qu’aggraver la situation profondément instable en Cisjordanie occupée.
« Une attaque militarisée ne fait qu’aggraver la souffrance et la violence », ont-ils fait remarquer.
« Un nombre alarmant de civils de la Cisjordanie occupée et en particulier du camp de réfugiés de Jénine ont déjà été arrêtés et au moins 16 personnes ont été tuées, dont un enfant qui a reçu une balle dans la tête, tandis qu’au moins 3 000 familles ont été déplacées. Le Gouvernement israélien doit donner l’ordre à ses forces militaires et de sécurité de cesser immédiatement tout usage excessif de la force, de faire preuve de retenue et de retirer ses troupes de la Cisjordanie occupée, comme l’a ordonné la Cour internationale de Justice (CIJ) en juillet 2024. »
Ces actes d’agression ne sont pas nouveaux pour les Palestiniens de la Cisjordanie occupée, ont noté les experts.
Les attaques aériennes et terrestres systématiques sur les gouvernorats de Jénine, Naplouse, Toulkarm et Toubas, ciblant particulièrement les camps de réfugiés, sont caractéristiques de l’assaut mené par Israël sur la Cisjordanie depuis le 7 octobre 2023. À la fin du mois d’août 2024, les forces d’occupation israéliennes ont lancé une opération militaire de grande envergure contre ces zones, tuant au moins 39 Palestiniens, dont des femmes et des enfants, et en blessant des dizaines d’autres. En décembre, poussées par les Israéliens, les forces de sécurité palestiniennes ont attaqué le camp de réfugiés de Jénine, tuant et blessant des Palestiniens, dont des enfants et un journaliste. Les forces de sécurité palestiniennes se sont retirées de Jénine alors qu’Israël entamait sa dernière attaque contre la ville. « La continuité de la violence contre les Palestiniens dans la région parle d’elle-même », ont estimé les experts.
Ils ont également fait part de leur préoccupation concernant la détention continue de journalistes par les forces de sécurité palestiniennes et israéliennes et l’interdiction récente de l’organe de presse Al Jazeera en Cisjordanie par les autorités palestiniennes, semblable à l’interdiction adoptée par Israël en mai 2024.
Les experts se sont montrés très inquiets face aux commentaires du Ministre israélien de la défense, qui a tenté de justifier cette nouvelle attaque en la présentant comme une réponse au « terrorisme palestinien ». Le Ministre a invoqué le concept du « mur de fer » de Jabotinsky, l’un des fondateurs du sionisme, pour plaider en faveur d’une défense écrasante et sans relâche.
« Ces nouvelles attaques surviennent à la suite de la décision des États-Unis de lever les sanctions limitées imposées aux colons israéliens et de celle des autorités israéliennes de supprimer la détention administrative et d’autres sanctions pour les actes de violence commis par les colons israéliens, ce qui donne le feu vert à de nouvelles violences incontrôlées contre le peuple palestinien », ont déclaré les experts.
La violence en Cisjordanie occupée coïncide avec des niveaux sans précédent d’expansion des colonies, de violence armée des colons, de déplacement, de dépeuplement et de confiscation des terres par l’État d’Israël, y compris par l’intermédiaire des milices de colons. Ces violations se poursuivent même après la décision de la CIJ qualifiant cette occupation d’illégale et concluant qu’Israël devait impérativement la démanteler, ainsi que les colonies et le régime qui leur est associé.
« L’intensification des attaques contre la Cisjordanie occupée fait partie d’un processus global de déplacement forcé et de remplacement des Palestiniens, et d’expansion territoriale d’Israël », ont affirmé les experts. « Il ne s’agit pas d’une action isolée », ont-ils déclaré.
« L’impunité accordée depuis longtemps à Israël permet la dé-palestinisation du territoire occupé, laissant les Palestiniens à la merci des forces qui cherchent à les éliminer en tant que groupe », ont averti les experts.
« L’absence d’intervention des États pour protéger les Palestiniens conformément au droit international est alarmante et a des conséquences catastrophiques », ont déploré les experts, qui ont exhorté la communauté internationale à intervenir d’urgence pour mettre fin à l’agression d’Israël contre les Palestiniens.
« Comme d’autres peuples autochtones avant eux, le peuple palestinien semble avoir été abandonné à son sort. Nous ne pouvons pas laisser cela se produire ; ce serait le plus grand échec du système des droits de l’homme. »
L’attaque d’Israël contre les fondements du droit international doit avoir des conséquences
ONU – 30/12/24 – GENÈVE – Israël doit faire face aux conséquences de sa campagne visant à saper le cadre juridique de la protection des civils dans les conflits armés, a déclaré aujourd’hui un groupe d’experts indépendants des droits humains*, alors que l’attaque armée à grande échelle contre Gaza et le déplacement forcé de sa population se poursuivent sans relâche.
« Comme nous l’avons rappelé à plusieurs reprises à Israël, le droit international humanitaire comprend un ensemble de règles universelles et contraignantes visant à protéger les biens de caractère civil et les personnes qui ne participent pas ou plus directement aux hostilités et à limiter les moyens et méthodes de guerre autorisés », ont déclaré les experts.
« Plutôt que de respecter ces règles, Israël a ouvertement défié le droit international à maintes reprises, infligeant un maximum de souffrances aux civils dans le territoire palestinien occupé et ailleurs. »
Citant les violations les plus flagrantes commises par Israël, les experts ont mis en évidence des crimes contre l’humanité, dont des meurtres, des actes de torture, des violences sexuelles et des déplacements forcés répétés s’apparentant à des transferts forcés, des crimes de guerre, dont des attaques aveugles sur des civils ainsi que des biens de caractère civil, y compris sur des biens indispensables à la survie de la population civile et sur des établissements d’enseignement et des biens appartenant au patrimoine culturel, l’utilisation de la famine comme arme de guerre, des attaques ciblées de travailleurs de la santé et d’infrastructures de santé, des attaques visant des travailleurs humanitaires, des restrictions arbitraires sur l’accès à l’aide humanitaire, et des attaques de journalistes, des punitions collectives et des actes relevant de la perfidie.
« Les acteurs politiques et judiciaires doivent prendre en compte la totalité de ces actes contre l’ensemble de la population civile sous occupation israélienne, qui sont des personnes protégées et ne constituent pas des objectifs militaires en vertu du droit international », ont déclaré les experts. « Les actes visant à leur destruction totale ou partielle sont génocidaires. »
Les experts se sont montrés particulièrement alarmés par les événements survenus dans le nord de la bande de Gaza, où, selon eux, Israël a gravement violé ses obligations en tant que puissance occupante.
« Les attaques aveugles, notamment contre les abris accueillant des personnes déplacées et l’hôpital Kamal Adwan et ses environs, ainsi que l’intensification des conditions de siège dans le nord de Gaza au cours des trois derniers mois sont contraires à l’obligation légale d’Israël d’assurer la protection de la population civile », ont déclaré les experts. « Nous sommes préoccupés par le fait que ce siège, associé à l’extension des ordres d’évacuation, semble avoir pour but de déplacer de façon permanente la population locale, en tant que précurseur de l’annexion de Gaza, ce qui constitue une nouvelle violation du droit international. »
« La Cour internationale de Justice a reconnu l’illégalité de la présence d’Israël dans le territoire palestinien occupé et a clairement indiqué qu’Israël devait y mettre fin sans condition. Elle a également imposé à Israël des mesures conservatoires contraignantes pour empêcher un génocide à Gaza, alors que le Premier ministre et l’ancien Ministre de la défense d’Israël font l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale », ont indiqué les experts. « Néanmoins, les agissements d’Israël continuent d’être exempts de toute véritable conséquence, en grande partie grâce à la protection offerte par ses alliés, qui sont allés jusqu’à se joindre à Israël pour délégitimer les institutions internationales et dénigrer les titulaires de mandat au titre des procédures spéciales. »
Les experts ont rappelé l’urgence de permettre des enquêtes indépendantes et approfondies sur les violations graves du droit international.
« L’impunité persistante d’Israël envoie un message dangereux, suggérant que les parties à d’autres conflits dans le monde n’ont pas besoin de respecter leurs obligations en vertu du droit international humanitaire », ont-ils alerté. « Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre la force du système multilatéral. Israël et ses dirigeants doivent répondre de leurs actes. »