Le collectif international des jeunes communistes des JRCF a traduit en français le deuxième numéro de la revue théorique de la plateforme anti-impérialiste mondiale. Une revue qui permet de verser au débat les points de vue des organisations communistes ou anti impérialistes du monde entier.
IC vous propose une traduction de cette revue en 3 épisodes
- Partie 1 : https://www.initiative-communiste.fr/articles/international/plateforme-anti-imperialiste-mondiale-la-revue-n2-partie-1-3
- Face aux fauteurs euro-atlantistes de 3ème guerre mondiale potentiellement exterminatrice,bâtir une nouvelle internationale communiste, relancer le front anti-impérialiste mondiale et impulser les luttes de la classe ouvrière internationale de Fadi Kassem, Georges Gastaud et Boris Differ (PRCF)
- Partie 2 : https://www.initiative-communiste.fr/articles/le-socialisme-et-la-guerre-n2-de-la-revue-plateforme-anti-imperialiste-mondiale-partie-2-3/
- Le socialisme et la guerre de Lénine
- Gloire aux héros de Stalingrad ! D’Harpal Brar du CPGBML.
- Partie 3 : https://www.initiative-communiste.fr/articles/international/une-position-politique-communiste-n2-de-la-revue-plateforme-anti-imperialiste-mondiale-partie-3-3/
- La position politique du parti communiste de Grèce,une position politique communiste ? Du parti communiste chilien (Action Prolétarienne)
- Les 10 commandements de l’opportunisme et du révisionnisme les plus volatiles de Patelis Dimitrios du collectif de lutte pour l’unification révolutionnaire de l’humanité (Grèce)
Face aux fauteurs euro-atlantistes de troisième guerre mondiale potentiellement exterminatrice,bâtir une nouvelle Internationale communiste, relancer le Front anti-impérialiste mondial et impulser les luttes de la classe ouvrière internationale !
par Fadi Kassem, Georges Gastaud et Boris Differ (PRCF)
Confrontés au conflit continental fomenté par l’U.E.-O.T.A.N. en Ukraine (coup d’Etat de l’Euro-Maïdan suscité par les U.S.A. qui n’ont pas hésité à prendre appui pour cela sur les nazis ukrainiens de Pravy Sektor, Aïdar et Azov, torpillage cyniquement revendiqué des Accords de Minsk par Angela Merkel et François Hollande…), ainsi qu’aux provocations antichinoises de l’U.S. Marine dans la zone indopacifique, les partis qui, en France et dans le monde, se réclament du communisme et/ou de l’anti-impérialisme ont eu en gros le choix entre trois types de positionnement depuis le 22 février 2022 :
- soit, comme s’y est aventuré Fabien Roussel au nom du P.« C ».F. arrimé au Parti de la Gauche Européenne, diaboliser la Russie et la Chine et voter au Parlement (le 31.11.2022) les livraisons d’armes de Macron au régime ukrainien nostalgique de l’hitlérien Stépan Bandera ;
- soit se réfugier dans un ni-ni peu compromettant (« ni OTAN, ni Russie !») et éluder l’obligation incombant à tout anti-impérialiste sérieux, et a fortiori à tout communiste, de combattre en priorité l’impérialisme de son propre pays (« l’ennemi principal est dans ton pays », disait ainsi l’héroïque Karl Liebknecht en août 1914) ;
- soit, comme l’a fait d’emblée le P.R.C.F., dénoncer l’Axe U.E.-O.T.A.N. comme l’ennemi principal des peuples et de la paix mondiale ; en effet, le but réel de l’alliance réalisée entre l’U.E., l’O.T.A.N. et l’ultra-droite ukrainienne au pouvoir n’est nullement de « restaurer l’unité de l’Ukraine » (rappelons entre cent exemples que l’U.E.-O.T.A.N. a dépecé sans états d’âme la Yougoslavie, puis la Serbie…), mais de préserver, au prix d’une guerre mondiale à composante nucléaire s’il le faut, l’hégémonie planétaire menacée du dollar et de l’U.S. Army face aux grand pays émergents que sont la Chine, la Russie, l’Inde, le Brésil ou l’Afrique du sud.
Face à une logique euro-atlantiste ultra-prédatrice et « unilatéraliste » qui strangule le monde sur tous les plans (économique, militaire, environnemental, voire linguistique et culturel), les communistes doivent en effet soutenir tout effort visant à desserrer l’étau planétaire mortel, voire franchement fascisant et exterministe, qu’impose à l’humanité l’Axe euro-atlantique. En effet, prétendre abattre à la fois, indistinctement et de même façon, tous les pays capitalistes ou partiellement capitalistes de la planète sans admettre qu’existent, comme l’a montré Mao, des « contradictions principales » et des « contradictions secondaires », ou, comme l’avait écrit Lénine, que
« l’on ne peut vaincre un ennemi plus puissant qu’au prix d’une extrême tension des forces et à la condition expresse d’utiliser de la façon la plus minutieuse, la plus attentive, la plus circonspecte, la plus intelligente, la moindre « fissure » entre les ennemis, les moindres oppositions d’intérêts entre les bourgeoisies des différents pays, entre les différents groupes ou catégories de la bourgeoisie à l’intérieur de chaque pays, aussi bien que la possibilité de s’assurer un allié numériquement fort, fût-il un allié temporaire, chancelant, conditionnel, peu solide et peu sûr. Qui n’a pas compris cette vérité n’a compris goutte au marxisme, ni en général, au socialisme scientifique contemporain… »,
… c’est commettre une erreur stratégique fatale menant, d’une part, à isoler les forces prolétariennes, d’autre part à fédérer contre elles l’ensemble des forces non-prolétariennes de la planète ; c’est, au final, manquer au B.A.-BA de toute stratégie politico-militaire : isoler l’ennemi principal pour l’abattre en premier tout en unissant un maximum de forces autour du prolétariat, fer de lance de toute lutte anti-impérialiste menée jusqu’au bout. Ceux qui ne le comprennent toujours pas devraient relire, non seulement Lénine (La Maladie infantile du communisme), non seulement Georges Dimitrov (Rapport au VIIème Congrès de l’Internationale communiste), mais la tragédie de Pierre Corneille intitulée Horace : le guerrier romain Horace contraint d’affronter seul trois guerriers albains, finit par les éliminer tous trois en les combattant, non pas tous ensemble en même temps, mais en les divisant et en les abattant l’un après l’autre en des lieux différents !
Cet engagement prioritaire clair et net contre l’Axe U.E.-O.T.A.N. n’implique en rien d’idéaliser le régime de V. Poutine : en effet, issu de la contre-révolution antisoviétique menée par Gorbatchev et Eltsine au décours des années 1980/90, ce régime bourgeois a dépecé l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques au nom d’une fumeuse « grande réconciliation » de la future et prospère Russie « postcommuniste » avec le « gentil » Occident : comme si l’implosion du camp socialiste européen était de nature à changer (sinon pour l’aggraver !) la nature hyper-prédatrice de l’empire euro-atlantique dirigé par Washington et de la très despotique et militariste U.E. pilotée par l’impérialisme allemand résurgent !
C’est pourquoi, lors du 80ème anniversaire de Stalingrad qu’il a organisé le 4 février 2023 en bravant les fascistes ukrainiens qui pullulent à Paris, le P.R.C.F. a invité un député communiste russe, le camarade Vladimir Bessonov, à s’adresser directement aux Français. Bien que soutenant sans équivoque l’effort patriotique de la Russie pour briser l’angoissant encerclement politique, militaire et commercial des forces atlantiques qui le menace de la Baltique à l’Extrême-Orient en passant par la Mer Noire, Bessonov n’en est pas moins un opposant politique déterminé aux gouvernants bourgeois qui humilient périodiquement les communistes du monde entier en voilant le mausolée de Lénine chaque 9 mai lors de l’anniversaire de la Victoire. Simplement, les communistes doivent partout distinguer clairement, tout en les articulant intelligemment, la solidarité politico-idéologique de classe avec les autres partis ouvriers du monde (de la Corée au Venezuela en passant par l’Inde et la Grèce), du « soutien militaire » dû à tout Etat, et à toute force politique, y compris patriotique-bourgeoise, osant braver le très « globalitaire » Empire euro-atlantiste en gestation.
Cette dénonciation de l’U.E.-O.T.A.N. comme étant l’ennemi principal des peuples et de la paix mondiale constitue également un devoir patriotique par rapport à notre pays, cette France demeurée, certes, capitaliste et impérialiste, mais encore partiellement héritière des conquêtes laïco-démocratiques de la Révolution jacobine de Robespierre et des avancées sociales léguées par les ministres communistes de 1945, et que détruit la marche forcée des oligarchies européennes vers l’ »Etat fédéral européen » antisocial, fascisant et antinational voulu par l’Axe Washington/Berlin et accepté par un impérialisme français d’autant plus agressif et vassalisé qu’il est en déclin rapide du Proche-Orient à l’Afrique occidentale.
Dans cet esprit de rassemblement anti-impérialiste, le P.R.C.F. participe, entre autres forums, à l’importante Plateforme anti-impérialiste de Caracas. Il n’en soutient pas moins le P.C. du Venezuela et tout autre parti marxiste en exprimant le besoin dans leur rôle inaliénable de forces léninistes spécifiquement au service du prolétariat. On le voit, le soutien « militaire » au Front anti-impérialiste mondial en voie de reconstitution, fût-il partiellement non prolétarien, donc quelque peu inconséquent et zigzagant, n’interdit en rien aux partis communistes de discuter avec tous les partis-frères du monde désireux d’entretenir entre eux des relations égalitaires excluant toute tentation d’ingérence et d’excommunication. Ce soutien sans réserve au front anti-impérialiste le plus large va dialectiquement de pair avec l’exigence pour les communistes deconquérir le rôle dirigeant(non par des oukases pleins de morgue mais par la démonstration pratique du dynamisme anti-impérialiste des militants communistes) dans la bataille mondiale contre l’impérialisme et l’hégémonisme. Non par esprit de domination, mais parce que le capitalisme est objectivement le Ventre fécond dénoncé par Brecht, d’où sourd périodiquement la Bête immonde du fascisme et de l’exterminisme.
Sans les confondre, sans dissoudre le Mouvement communiste international (M.C.I.), et pourquoi pas, le jour venu, la nouvelle Internationale communiste indispensable, dans le Front anti-impérialiste mondial en gestation comme y invitent à tort les partisans d’une Cinquième Internationale sans identité de classe définie, sans réduire à l’inverse le Front anti-impérialiste à une poignée de Partis communistes cultivant un entre-soi puriste écartant de la lutte anti-impérialiste et anti-exterministe les milliards d’humains, et notamment les membres de la jeunesse populaire mondiale, qui veulent vivre et vivre mieux mais ne sont pas encore gagnés au marxisme, nous devons articuler la reconstruction du M.C.I.1 sur des bases strictement marxistes et prolétariennes, à l’édification du Front anti-impérialiste le plus large. Ce qui n’empêche nullement de militer pour que les communistes conquièrent, ou plutôt, pour qu’ils méritent de conquérir par leur engagement anti-impérialiste et leur aptitude à fédérer, un rôle d’impulsion et d’avant-garde politique dans ce que Youri Andropov appelait naguère jadis le « Front pour la vie » ou le « Front de la raison ».
Telle fut du reste la leçon hautement dialectique et mobilisatrice du VIIème Congrès de l’Internationale communiste à égale distance du sectarisme des uns et de l’opportunisme sans rivage des autres. Car la classe ouvrière dont les luttes repartent présentement partout (Inde, France, Grande-Bretagne, USA…), est seule à pouvoir mener à son terme – le triomphe mondial du socialisme en marche vers le communisme – une lutte conséquente pour abattre sans retour l’impérialisme et empêcher que la défaite d’un impérialisme ne serve qu’à promouvoir au final l’impérialisme rival.
1 Et pourquoi pas le jour venu, d’une nouvelle Internationale communiste ?