On se souvient que lorsque les autorités contre- révolutionnaires d’URSS ont détruit l’Union Soviétique contre la volonté des peuples soviétiques (qui à 70% avaient voté pour conserver l’Union Soviétique), la partie russe des renégats Gorbatchev et Eltsine avait indiqué avoir obtenu en garantie que l’OTAN ne s’étendrait pas à l’Est et ne serait pas une menace pour la Russie. Ce sujet est au cœur de l’action diplomatique pour la paix entreprise par la Russie, avec le soutien de la Chine, pour que l’OTAN cesse d’implanter ses bataillons et ses missiles sur la frontière russe.
Force est de constater que cette promesse d’ivrogne n’a évidemment pas été tenue. L’Axe euro-atlantique Washington-Berlin réunissant ensemble USA, Union Européenne et OTAN ayant toujours la ferme volonté de mettre la Russie à genou pour s’emparer de ses richesses. C’est d’ailleurs ce qui a été fait durant plus d’une décennie après la chute de l’Union Soviétique avec un pillage généralisé. Plongeant le peuple russe dans la misère à tel point que l’espérance de vie reculant de 70 ans en 1990 à 64 ans en 1994 et de ne revenir à ce niveau qu’en 2012 – donnée objective d’une contre révolution capitaliste causant des morts par millions.
L’article 10 des Statuts de l’OTAN rappelle pourtant que ce bloc militaire a pour but de réunir des pays européens de l’Atlantique Nord.
« Les parties peuvent, par accord unanime, inviter à accéder au traité tout autre État européen susceptible de favoriser le développement des principes du présent traité et de contribuer à la sécurité de la région de l’Atlantique nord. Tout État ainsi invité peut devenir partie au traité en déposant son instrument d’accession auprès du gouvernement des États-Unis d’Amérique. Celui-ci informera chacune des parties du dépôt de chaque instrument d’accession. »
Rappelons que l’Ukraine, que Washington, Berlin et Bruxelles prétendent annexer au sein de l’OTAN, se situe à 1500 km des rives les plus proches de la mer du nord. Rappelons que la Turquie qui a rejoint l’OTAN en 1952, Istanbul est pourtant distante de plus de 2000 kilomètres des bords des mers atlantiques… une distance qui est équivalente à celle entre Paris et Smolensk en Russie !
Rappelons que l’OTAN en dépit de ses engagements n’a pourtant eu de cesse de s’étendre vers l’Est, vers la Russie. 12 pays ont ainsi été annexés à l’alliance militaire sous commandement intégré américain entre 1999 et 2009. Récemment l’OTAN a intégré l’ex-république yougoslave du Montenegro (2017) puis celle de Macédoine du nord en 2020.
Mais les termes de l’article 10 sont cependant limpides sur les orientations très offensives de l’OTAN et sur son commandement : les États-Unis décident seuls de qui ils intègrent dans leur bloc militaire, les autres pays membres exécutent… les tiers subissent.
Aujourd’hui dans sa propagande officielle, l’OTAN affirme n’avoir jamais fait la moindre promesse de ne pas s’installer directement aux frontières de la Russie. Dans des dénégations pitoyables face à la diplomatie russe qui exige par la voix de Serguei Lavrov et Vladimir Poutine, rejointe par celle du président biélorusse Loukachenko que les engagements des années 1990 vitaux pour la sécurité du peuple russe soient respectés.
Des archives démontrent pourtant les diverses promesses faites par différents représentants des pays capitalistes aux contre- révolutionnaires d’URSS sur l’expansion de l’OTAN au début des années 90. C’est le cas notamment de deux articles publiés par le site internet américain « National Security Archive ». Une plateforme alimentée par des journalistes et universitaires américains pour vérifier les secrets croissants du gouvernement américain en réunissant un centre de journalisme d’investigation, un institut de recherche sur les affaires internationales et une bibliothèque des archives déclassifiées américaines qui est reconnue par le Los Angeles Times comme la plus grande bibliothèque mondiale non gouvernementale. Un premier article, « Ce que Gorbatchev a entendu » est suivi d’un autre article, « Ce que Eltsine a entendu ».
Initiative Communiste vous en propose une traduction française réalisée par des camarades de la commission internationale du PRCF
Deux articles évidemment à lire et partager au regard de la dangerosité extrême de la situation en Ukraine et dans les Républiques populaires de Donestk et Lugansk et de l’expansion de l’OTAN aux frontières russes.
Il est utile de préciser que la bascule dans les relations entre l’OTAN et la Russie de Poutine est intervenue au tournant de l’année de 2007, lorsque les États-Unis s’appuyant sur l’OTAN a installé des bases de son bouclier anti-missile destiné à annihiler la dissuasion nucléaire russe directement sur les frontières de la Russie. En Roumanie notamment. Ce mouvement agressif des USA, de l’OTAN et de l’UE était complété par ceux de la diplomatie américaine à l’encontre des traités sur les forces conventionnelles en Europe (FCE) et sur les forces nucléaires intermédiaires (FNI, ainsi que sur le statut du Kosovo qui abrite la principale base américaine en Europe, outre celle de Ramstein en Allemagne. Le 10 février à Munich, en réponse, Poutine refuse l’unilatéralisme catalyseur de la course aux armements et dénonce l’emploi hypertrophié, illégitime, de la force militaire dans les affaires internationales, violant les principes fondamentaux du droit international. Il propose de relancer les processus de désarmement. Poutine expose en se sens la nécessité de stopper l’élargissement de l’OTAN à l’Est, l’intégration sous l’égide de l’ONU du désarmement de l’espace, et le rôle de l’ONU comme gendarme du monde. La guerre de l’OTAN contre la Yougoslavie hors article 5 et sans mandat de l’ONU en 1999, suivie par celle en Irak, puis celle en Libye est une alerte claire. Le couple « extension de l’OTAN, non ratification du traité FCE » provoque alors la bascule de la Russie, clairement menacée par l’Axe USA-OTAN- UE. Sur ce sujet, on lira avec intérêt l’article de Michel Guénec pour Hérodote, en 2008, « la Russie face à l’extension de l’OTAN en Europe« .
Expansion de l’OTAN : ce que Gorbatchev a entendu
Washington DC, le 12 décembre 2017 – La célèbre assurance « pas un pouce vers l’est » du secrétaire d’État américain James Baker concernant l’expansion de l’OTAN lors de sa rencontre avec le dirigeant soviétique Mikhaïl Gorbatchev le 9 février 1990 faisait partie d’une cascade d’assurances sur la sécurité soviétique donnée par les dirigeants occidentaux à Gorbatchev et à d’autres responsables soviétiques tout au long du processus d’unification allemande en 1990 et jusqu’en 1991, selon des documents américains, soviétiques, allemands, britanniques et français déclassifiés publiés aujourd’hui par les archives de la sécurité nationale de l’université George Washington ( http:// /nsarchive.gwu.edu ).
Les documents montrent que plusieurs dirigeants nationaux envisageaient et rejetaient l’adhésion de l’Europe centrale et orientale à l’OTAN dès le début de 1990 et jusqu’en 1991, que les discussions sur l’OTAN dans le contexte des négociations d’unification allemande en 1990 n’étaient pas du tout strictement limitées au statut de l’Europe de l’Est, territoire allemand, et que les plaintes ultérieures soviétiques et russes concernant le fait d’avoir été induits en erreur au sujet de l’expansion de l’OTAN étaient fondées sur des memcons et des telcons contemporains écrits aux plus hauts niveaux.
Les documents renforcent la critique de l’ancien directeur de la CIA, Robert Gates, selon laquelle « poursuivre l’expansion de l’OTAN vers l’est [dans les années 1990], alors que Gorbatchev et d’autres ont été amenés à croire que cela n’arriverait pas ». [1] La phrase clé, étayée par les documents, est « amené à croire ».
Le président George HW Bush avait assuré à Gorbatchev lors du sommet de Malte en décembre 1989 que les États-Unis ne profiteraient pas (« je n’ai pas sauté sur le mur de Berlin ») des révolutions en Europe de l’Est pour nuire aux intérêts soviétiques ; mais ni Bush ni Gorbatchev à ce moment-là (ni d’ailleurs le chancelier ouest-allemand Helmut Kohl) ne s’attendaient si tôt à l’effondrement de l’Allemagne de l’Est ou à la rapidité de l’unification allemande. [2]
Les premières assurances concrètes des dirigeants occidentaux sur l’OTAN ont commencé le 31 janvier 1990, lorsque le ministre ouest-allemand des Affaires étrangères Hans-Dietrich Genscher a ouvert les enchères par un important discours public à Tutzing, en Bavière, sur l’unification allemande. L’ambassade des États-Unis à Bonn (voir document 1) a informé Washington que Genscher avait clairement indiqué « que les changements en Europe de l’Est et le processus d’unification allemande ne doivent pas conduire à une « atteinte aux intérêts de sécurité soviétiques ». Par conséquent, l’OTAN devrait exclure une « expansion de son territoire vers l’est, c’est-à-dire le rapprocher des frontières soviétiques », dans l’OTAN. [3]
Cette dernière idée de statut spécial pour le territoire de la RDA a été codifiée dans le traité final d’unification allemande signé le 12 septembre 1990 par les deux plus quatre ministres des Affaires étrangères (voir document 25). La première idée de « plus près des frontières soviétiques » est inscrite non pas dans des traités mais dans de multiples mémorandums de conversation entre les Soviétiques et les interlocuteurs occidentaux au plus haut niveau (Genscher, Kohl, Baker, Gates, Bush, Mitterrand, Thatcher, Major, Woerner, et d’autres) offrant des assurances tout au long de 1990 et en 1991 sur la protection des intérêts de sécurité soviétiques et l’inclusion de l’URSS dans les nouvelles structures de sécurité européennes. Les deux problèmes étaient liés mais pas identiques. Des analyses ultérieures ont parfois confondu les deux et soutenu que la discussion n’impliquait pas toute l’Europe. Les documents publiés ci-dessous montrent clairement qu’il l’a fait.
La « formule Tutzing » est immédiatement devenue le centre d’une vague de discussions diplomatiques importantes au cours des 10 jours suivants en 1990, menant à la réunion cruciale du 10 février 1990 à Moscou entre Kohl et Gorbatchev lorsque le dirigeant ouest-allemand a obtenu l’assentiment de principe soviétique à l’unification allemande dans l’OTAN, tant que l’OTAN ne s’étendait pas vers l’est. Les Soviétiques auraient besoin de beaucoup plus de temps pour travailler avec leur opinion intérieure (et l’aide financière des Allemands de l’Ouest) avant de signer officiellement l’accord en septembre 1990.
Les conversations avant l’assurance de Kohl impliquaient une discussion explicite sur l’expansion de l’OTAN, les pays d’Europe centrale et orientale, et comment convaincre les Soviétiques d’accepter l’unification. Par exemple, le 6 février 1990, lorsque Genscher rencontra le ministre britannique des Affaires étrangères Douglas Hurd, le dossier britannique montrait que Genscher disait : « Les Russes doivent avoir une certaine assurance que si, par exemple, le gouvernement polonais quittait un jour le Pacte de Varsovie, il ne rejoindrait pas l’OTAN le lendemain. (Voir Document 2)
Ayant rencontré Genscher alors qu’il entamait des discussions avec les Soviétiques, Baker a répété exactement la formulation de Genscher lors de sa rencontre avec le ministre des Affaires étrangères Edouard Chevardnadze le 9 février 1990 (voir Document 4) ; et plus important encore, face à face avec Gorbatchev.
Pas une fois, mais trois fois, Baker a essayé la formule «pas un pouce vers l’est» avec Gorbatchev lors de la réunion du 9 février 1990. Il était d’accord avec la déclaration de Gorbatchev en réponse aux assurances que « l’élargissement de l’OTAN est inacceptable ». Baker a assuré à Gorbatchev que « ni le président ni moi n’avons l’intention de tirer des avantages unilatéraux des processus en cours », et que les Américains ont compris que « non seulement pour l’Union soviétique, mais aussi pour les autres pays européens, il est important d’avoir garanti que si les États-Unis maintiennent leur présence en Allemagne dans le cadre de l’OTAN, pas un pouce de la juridiction militaire actuelle de l’OTAN ne s’étendra vers l’Est. (Voir Document 6)
Ensuite, Baker a écrit à Helmut Kohl qui rencontrerait le dirigeant soviétique le lendemain, avec une grande partie de la même langue. Baker a rapporté : « Et puis je lui ai posé la question suivante [Gorbatchev]. Préféreriez-vous voir une Allemagne unie en dehors de l’OTAN, indépendante et sans forces américaines ou préféreriez-vous qu’une Allemagne unifiée soit liée à l’OTAN, avec l’assurance que la juridiction de l’OTAN ne se déplacerait pas d’un pouce vers l’est par rapport à sa position actuelle ? Il a répondu que les dirigeants soviétiques réfléchissaient sérieusement à toutes ces options [….] Il a ensuite ajouté : « Certes, toute extension de la zone de l’OTAN serait inacceptable. » Baker a ajouté entre parenthèses, à l’intention de Kohl : l’OTAN dans sa zone actuelle pourrait être acceptable. (Voir Document 8).
Bien informé par le secrétaire d’État américain, le chancelier ouest-allemand a compris une ligne de fond soviétique essentielle et a assuré à Gorbatchev le 10 février 1990 : « Nous pensons que l’OTAN ne devrait pas étendre la sphère de son activité. (Voir Document 9) Après cette réunion, Kohl pouvait difficilement contenir son enthousiasme face à l’accord de principe de Gorbatchev pour l’unification allemande et, dans le cadre de la formule d’Helsinki selon laquelle les États choisissent leurs propres alliances, l’Allemagne pourrait choisir l’OTAN. Kohl a décrit dans ses mémoires avoir marché toute la nuit autour de Moscou – mais comprenant toujours qu’il y avait encore un prix à payer.
Tous les ministres des Affaires étrangères occidentaux étaient à bord avec Genscher, Kohl et Baker. Vient ensuite le ministre britannique des Affaires étrangères, Douglas Hurd, le 11 avril 1990. À ce stade, les Allemands de l’Est ont voté massivement pour le deutschmark et pour une unification rapide, lors des élections du 18 mars au cours desquelles Kohl a surpris presque tous les observateurs avec une réelle victoire. Les analyses de Kohl (expliquées pour la première fois à Bush le 3 décembre 1989) selon lesquelles l’effondrement de la RDA ouvrirait toutes les possibilités, qu’il devait courir pour atteindre la tête du train, qu’il avait besoin du soutien des États-Unis, que l’unification pourrait se produire plus rapidement qu’on ne le pensait possible – tout s’est avéré correct. L’union monétaire se poursuivrait dès juillet et les assurances concernant la sécurité continuaient d’affluer. Hurd a renforcé le message Baker-Genscher-Kohl lors de sa rencontre avec Gorbatchev à Moscou, le 11 avril 1990, affirmant que la Grande-Bretagne « reconnaissait clairement l’importance de ne rien faire pour porter atteinte aux intérêts et à la dignité soviétiques ». (Voir Document 15)
La conversation de Baker avec Chevardnadze le 4 mai 1990, telle que Baker la décrivait dans son propre rapport au président Bush, décrivait de la manière la plus éloquente ce que les dirigeants occidentaux disaient exactement à Gorbatchev à ce moment-là : « J’ai utilisé votre discours et notre reconnaissance de la nécessité d’adapter l’OTAN, politiquement et militairement, et de développer la CSCE pour rassurer Chevardnadze sur le fait que le processus ne ferait ni gagnants ni perdants. Au lieu de cela, cela produirait une nouvelle structure européenne légitime – une structure qui serait inclusive et non exclusive. (Voir Document 17)
Baker l’a répété directement à Gorbatchev le 18 mai 1990 à Moscou, donnant à Gorbatchev ses «neuf points», qui comprenaient la transformation de l’OTAN, le renforcement des structures européennes, le maintien de l’Allemagne non nucléaire et la prise en compte des intérêts de sécurité soviétiques. Baker a commencé ses remarques : « Avant de dire quelques mots sur la question allemande, je voulais souligner que nos politiques ne visent pas à séparer l’Europe de l’Est de l’Union soviétique. Nous avions cette politique auparavant. Mais aujourd’hui, nous souhaitons construire une Europe stable et le faire avec vous. (Voir Document 18)
Le dirigeant français François Mitterrand n’était pas dans un même état d’esprit avec les Américains, bien au contraire, comme en témoigne le fait qu’il a dit à Gorbatchev à Moscou le 25 mai 1990 qu’il était « personnellement favorable au démantèlement progressif des blocs militaires » ; mais Mitterrand a poursuivi la cascade d’assurances en disant que l’Occident doit « créer des conditions de sécurité pour vous, ainsi que la sécurité européenne dans son ensemble » (Voir Document 19). Mitterrand écrivit immédiatement à Bush dans une lettre « cher George » à propos de sa conversation avec le dirigeant soviétique, que « nous ne refuserions certainement pas de détailler les garanties qu’il serait en droit d’attendre pour la sécurité de son pays » (Voir Document 20).
Au sommet de Washington du 31 mai 1990, Bush s’est efforcé d’assurer à Gorbatchev que l’Allemagne dans l’OTAN ne serait jamais dirigée contre l’URSS : « Croyez-moi, nous ne poussons pas l’Allemagne vers l’unification, et ce n’est pas nous qui déterminons le rythme de ce processus. Et bien sûr, nous n’avons aucune intention, même dans nos pensées, de nuire de quelque manière que ce soit à l’Union soviétique. C’est pourquoi nous nous prononçons en faveur de l’unification allemande au sein de l’OTAN sans ignorer le contexte plus large de la CSCE, en tenant compte des liens économiques traditionnels entre les deux États allemands. Un tel modèle, à notre avis, correspond également aux intérêts soviétiques (Voir Document 21).
La « Dame de fer » est également intervenue, après le sommet de Washington, lors de sa rencontre avec Gorbatchev à Londres le 8 juin 1990. Thatcher a anticipé les mesures que les Américains (avec leur soutien) prendraient lors de la conférence de l’OTAN début juillet pour soutenir Gorbatchev avec descriptions de la transformation de l’OTAN vers une alliance plus politique, moins menaçante militairement. Elle a dit à Gorbatchev : « Nous devons trouver des moyens de donner à l’Union soviétique la confiance que sa sécurité serait assurée…. La CSCE pourrait être un parapluie pour tout cela, ainsi que le forum qui a amené l’Union soviétique à discuter pleinement de l’avenir de l’Europe (Voir Document 22).
La déclaration de Londres de l’OTAN du 5 juillet 1990 a eu un effet assez positif sur les délibérations à Moscou, selon la plupart des récits, donnant à Gorbatchev des munitions importantes pour contrer ses partisans de la ligne dure au Congrès du Parti qui se tenait à ce moment-là. Certaines versions de cette histoire affirment qu’une copie préalable a été fournie aux assistants de Chevardnadze, tandis que d’autres décrivent simplement une alerte qui a permis à ces assistants de prendre la copie du service de dépêche et de produire une évaluation positive soviétique avant que l’armée ou les extrémistes ne puissent appeler cela de la propagande.
Comme Kohl l’a dit à Gorbatchev à Moscou le 15 juillet 1990, alors qu’ils élaboraient l’accord final sur l’unification allemande : « Nous savons ce qui attend l’OTAN à l’avenir, et je pense que vous êtes maintenant au courant également », se référant à la Déclaration de Londres de l’OTAN (Voir Document 23).
Dans son appel téléphonique à Gorbatchev le 17 juillet, Bush entendait renforcer le succès des pourparlers Kohl-Gorbatchev et le message de la Déclaration de Londres. Bush a expliqué : « Donc, ce que nous avons essayé de faire, c’est de tenir compte de vos préoccupations exprimées à moi et à d’autres, et nous l’avons fait de la manière suivante : par notre déclaration commune sur la non-agression ; dans notre invitation à venir à l’OTAN ; dans notre accord pour ouvrir l’OTAN à des contacts diplomatiques réguliers avec votre gouvernement et ceux des pays d’Europe de l’Est ; et notre offre d’assurances sur la taille future des forces armées d’une Allemagne unie – une question dont je sais que vous avez discuté avec Helmut Kohl. Nous avons aussi fondamentalement changé notre approche militaire des forces conventionnelles et nucléaires. Nous avons transmis l’idée d’une CSCE élargie et plus forte avec de nouvelles institutions dans lesquelles l’URSS peut partager et faire partie de la nouvelle Europe.
Les documents montrent que Gorbatchev a accepté l’unification allemande dans l’OTAN à la suite de cette cascade d’assurances, et sur la base de sa propre analyse que l’avenir de l’Union soviétique dépendait de son intégration à l’Europe, dont l’Allemagne serait l’acteur décisif. Lui et la plupart de ses alliés pensaient qu’une version de la maison commune européenne était encore possible et se développerait parallèlement à la transformation de l’OTAN pour conduire à un espace européen plus inclusif et intégré, que le règlement de l’après-guerre froide tiendrait compte de l’Union soviétique intérêts de sécurité. L’alliance avec l’Allemagne permettrait non seulement de surmonter la guerre froide, mais aussi de renverser l’héritage de la Grande Guerre patriotique.
Mais à l’intérieur du gouvernement américain, une autre discussion s’est poursuivie, un débat sur les relations entre l’OTAN et l’Europe de l’Est. Les avis divergeaient, mais la suggestion du ministère de la Défense, dès le 25 octobre 1990, était de laisser « la porte entrouverte » à l’adhésion de l’Europe de l’Est à l’OTAN (Voir Document 27). Le Département d’État était d’avis que l’élargissement de l’OTAN n’était pas à l’ordre du jour, car il n’était pas dans l’intérêt des États-Unis d’organiser « une coalition anti-soviétique » qui s’étendrait jusqu’aux frontières soviétiques, notamment parce que cela pourrait inverser les tendances positives en Union soviétique (Voir Document 26). L’administration Bush a adopté ce dernier point de vue. Et c’est ce que les Soviétiques ont entendu.
Pas plus tard qu’en mars 1991, selon le journal de l’ambassadeur britannique à Moscou, le Premier ministre britannique John Major assura personnellement Gorbatchev : « Nous ne parlons pas du renforcement de l’OTAN. Par la suite, lorsque le ministre soviétique de la Défense, le maréchal Dmitri Yazov, a interrogé Major sur l’intérêt des dirigeants d’Europe de l’Est pour l’adhésion à l’OTAN, le dirigeant britannique a répondu : « Rien de tel ne se passera » (Voir Document 28).
Lorsque les députés du Soviet suprême russe sont venus à Bruxelles pour voir l’OTAN et rencontrer le secrétaire général de l’OTAN, Manfred Woerner, en juillet 1991, Woerner a dit aux Russes que « nous ne devrions pas permettre […] l’isolement de l’URSS de la communauté européenne ». Selon le mémorandum de conversation russe, « Woerner a souligné que le Conseil de l’OTAN et lui sont contre l’élargissement de l’OTAN (13 des 16 membres de l’OTAN soutiennent ce point de vue) » (Voir Document 30).
Ainsi, Gorbatchev est allé jusqu’au bout de l’Union soviétique, assuré que l’Occident ne menaçait pas sa sécurité et n’étendait pas l’OTAN. Au lieu de cela, la dissolution de l’URSS a été provoquée par les Russes (Boris Eltsine et son principal conseiller Gennady Burbulis) de concert avec les anciens chefs de parti des républiques soviétiques, en particulier l’Ukraine, en décembre 1991. La guerre froide était alors terminée depuis longtemps. Les Américains avaient essayé de garder l’Union soviétique unie (voir le discours de Bush « Chicken Kiev » du 1er août 1991). L’expansion de l’OTAN était dans des années à venir, lorsque ces différends éclateraient à nouveau, et que plus d’assurances viendraient au dirigeant russe Boris Eltsine.
The Archive a compilé ces documents déclassifiés pour une table ronde le 10 novembre 2017 lors de la conférence annuelle de l’Association for Slavic, East European and Eurasian Studies (ASEEES) à Chicago sous le titre « Who Promised What to Whom on NATO Expansion ? Le panneau comprenait :
* Mark Kramer du Davis Center à Harvard, rédacteur en chef du Journal of Cold War Studies , dont l’article du Washington Quarterly de 2009 soutenait que la « promesse de non-élargissement de l’OTAN » était un « mythe » ; [4]
* Joshua R. Itkowitz Shifrinson de la Bush School de Texas A&M, dont l’article de 2016 sur la sécurité internationale affirmait que les États-Unis jouaient un double jeu en 1990, amenant Gorbatchev à croire que l’OTAN serait intégrée dans une nouvelle structure de sécurité européenne, tout en s’efforçant d’assurer l’hégémonie en Europe et le maintien de l’OTAN ; [5]
* James Goldgeier de l’Université américaine, qui a écrit le livre faisant autorité sur la décision de Clinton sur l’expansion de l’OTAN, « Not If But When » , et a décrit les assurances américaines trompeuses au dirigeant russe Boris Eltsine dans un article « War On The Rocks » de 2016 [6];
* Svetlana Savranskaya et Tom Blanton des archives de la sécurité nationale, dont le livre le plus récent, « The Last Superpower Summits: Gorbatchev, Reagan, and Bush: Conversations That Ended the Cold War » (CEU Press, 2016) analyse et publie les transcriptions déclassifiées et les documents connexes de tous les sommets de Gorbatchev avec les présidents américains, y compris des dizaines d’assurances sur la protection des intérêts de sécurité de l’URSS. [sept]
Expansion de l’OTAN : ce qu’Eltsine a entendu
Washington, DC, le 16 mars 2018 – Des documents déclassifiés provenant d’archives américaines et russes montrent que des responsables américains ont amené le président russe Boris Eltsine à croire en 1993 que le Partenariat pour la paix était l’alternative à l’élargissement de l’OTAN, plutôt qu’un précurseur de celui-ci, tout en planifiant l’expansion après la candidature d’Eltsine à sa réélection en 1996 et disant à plusieurs reprises aux Russes que le futur système de sécurité européen inclurait, et non exclurait, la Russie.
Le récit américain déclassifié d’une conversation clé du 22 octobre 1993 (document 8) montre le secrétaire d’État Warren Christopher assurant Eltsine à Moscou que le Partenariat pour la paix visait à inclure la Russie avec tous les pays européens, et non à créer une nouvelle liste de membres, juste quelques pays européens pour l’OTAN ; et Eltsine répondant, « c’est du génie! ».
Christopher a affirmé plus tard dans ses mémoires qu’Eltsine avait mal compris – peut-être parce qu’il était ivre – le véritable message selon lequel le Partenariat pour la paix conduirait en fait « à une expansion progressive de l’OTAN » ; [1] mais le véritable câble écrit aux États-Unis rapportant la conversation soutient les plaintes russes ultérieures concernant le fait d’avoir été induit en erreur. [2]
Christopher s’est ensuite demandé (selon ses mémoires, pp. 280-281) si le ministre russe des Affaires étrangères, Andrei Kozyrev, avait délibérément omis d’alerter Eltsine sur l’inévitabilité de l’élargissement de l’OTAN, ou si Eltsine était simplement soulagé que l’expansion de l’OTAN ne soit pas immédiate. – ou si Eltsine passait juste « une mauvaise journée ». Mais Christopher avait dit à Kozyrev lui-même plus tôt dans la journée, selon le câble américain déclassifié (document 7), qu’il n’y aurait « pas de nouveaux membres prédéterminés » dans l’OTAN, et « nous soulignons que le Partenariat pour la paix » est « ouvert à tous ». .”
Le récit de Strobe Talbott de la rencontre du 22 octobre avec Eltsine est plus détaillé et nuancé que celui de Christopher, mais laisse également l’impression qu’Eltsine n’a entendu que ce qu’il voulait entendre, ne laissant en quelque sorte pas les Américains expliquer que le vrai message était « PFP aujourd’hui, l’élargissement demain. [3] « Eltsine nous a accueillis comme un taureau abasourdi » et a livré une « vantardise longue et à peine cohérente » avant d’interrompre la présentation de Christopher sur l’OTAN et le PFP (« Sans laisser Chris finir… »). Les véritables paroles de Christopher à Eltsine, à la fin de la réunion, étaient que les États-Unis « considéreraient la question de l’adhésion comme une éventualité à plus long terme ».
Des documents du côté russe montrent l’opposition à l’expansion de l’OTAN à travers le spectre politique, remontant à une réunion des partisans d’Eltsine avec le secrétaire général de l’OTAN Manfred Wörner à l’été 1991 (il leur a assuré que l’expansion ne se produirait pas), et transmis à la grande majorité des députés de la Douma de chaque parti politique rejoignant le caucus anti-OTAN en 1996. Comme le chargé d’affaires américain à Moscou, James Collins, a averti le secrétaire d’État Christopher juste avant son voyage pour rencontrer Eltsine en octobre 1993 (document 6), la question de l’OTAN « est névralgique pour les Russes. Ils s’attendent à se retrouver du mauvais côté d’une nouvelle division de l’Europe si une décision est prise rapidement. Aussi nuancée soit-elle, si l’OTAN adopte une politique qui envisage l’expansion en Europe centrale et orientale sans ouvrir la porte à la Russie.
Eltsine lui-même avait lancé une large discussion sur une éventuelle expansion de l’OTAN avec ses remarques publiques à Varsovie en août 1993, où il reconnaissait le droit des pays de choisir leurs alliances dans l’Acte final d’Helsinki, et « semblait donner le » feu vert « à l’expansion de l’OTAN ” (Voir le document 5, onglet C « Élargissement de l’OTAN : vues orientales et alliées »).
Le document du « feu vert » américain note que presque immédiatement, cependant, Moscou s’est « occupé à « affiner » sa position ». La lettre d’Eltsine à Clinton le 15 septembre 1993 (Document 4) exprimait un « malaise » face à la discussion sur « l’expansion quantitative » et préconisait fortement « un système de sécurité paneuropéen » au lieu de l’OTAN. Eltsine a averti : « Non seulement l’opposition, mais aussi les cercles modérés [en Russie], percevraient sans aucun doute cela comme une sorte de néo-isolement de notre pays en opposition diamétrale avec son admission naturelle dans l’espace euro-atlantique ». Eltsine a également fait valoir que « l’esprit » du traité d’unification allemand « exclut l’option d’étendre la zone de l’OTAN à l’Est » (citant les dispositions empêchant les troupes non allemandes de l’OTAN d’être stationnées sur l’ancien territoire est-allemand).
Le dossier déclassifié des États-Unis comprend de nouvelles preuves sur la pensée interne américaine, comme un calendrier spécifique pour l’expansion dans un document du début de septembre 1993 du Département d’État (voir le document 2), jusqu’à et y compris l’admission finale de l’Ukraine, de la Biélorussie et de la Russie à l’OTAN en 2005, après les pays d’Europe centrale et orientale et les pays baltes. Mais la lettre d’Eltsine du 15 septembre a contribué à d’intenses débats du côté américain, y compris le rejet par le Département de la Défense du calendrier du Département d’État, conduisant à l’idée du Partenariat pour la paix plutôt qu’à l’élargissement explicite de l’OTAN à l’automne 1993. Un document du 5 octobre 1993 (Document 5) résumait le débat entre « l’approche étatique de l’élargissement de l’OTAN » ou l’approche du Bureau du secrétaire à la Défense, « partenariat pour la paix avec un lien général avec l’adhésion ».
En janvier 1994, le président Clinton a déclaré à Eltsine à Moscou que le Partenariat pour la paix était « la vraie chose maintenant ». Sur le chemin de Moscou, Clinton a prononcé le fameux discours « non pas si mais quand » à Prague, qui serait saisi par les partisans de l’expansion de l’OTAN dans l’administration Clinton pour gagner le débat interne. [4]Les memcons déclassifiés des rencontres de Clinton à Prague avec les dirigeants de la République tchèque, de la Pologne, de la Hongrie et de la Slovaquie montrent le président américain plaidant pour le Partenariat pour la paix comme une « piste qui mènera à l’adhésion à l’OTAN » et qui « ne trace pas une autre ligne », divisant l’Europe à quelques centaines de kilomètres à l’est (Voir Document 11). Clinton a franchement admis à Vaclav Havel « qu’il n’y a pas de consensus actuellement parmi les alliés de l’OTAN pour étendre les garanties de sécurité formelles » en raison de l’incertitude quant aux pays qui pourraient contribuer, et parce que « la réaction en Russie pourrait être l’inverse de ce que nous voulons .”
Le président polonais Lech Walesa a déclaré à Clinton (Document 12) : « La Russie avait signé de nombreux accords, mais sa parole n’était pas toujours bonne : une main tenait un stylo ; l’autre une grenade. Eltsine a dit aux Polonais à Varsovie l’été dernier que la Russie n’avait aucune objection à l’adhésion de la Pologne à l’OTAN ; lui, Walesa, avait un papier avec la signature d’Eltsine pour le prouver. Mais Eltsine avait changé d’avis. Les pays de Visegrad ici représentés, poursuivit Walesa, ont tenu parole ; ils avaient une culture occidentale. La Russie ne l’a pas fait. Le président tchèque Vaclav Havel a immédiatement répondu : « il n’était ni possible ni souhaitable d’isoler la Russie ».
Les Américains ont continué à essayer de rassurer Eltsine. Des citations des conversations face à face du président Clinton avec Eltsine en 1994, en particulier le 27 septembre 1994, à la Maison Blanche, montrent que Clinton « met l’accent sur l’inclusion, pas sur l’exclusion…. L’expansion de l’OTAN n’est pas anti-russe ; il n’est pas destiné à être exclusif à la Russie, et il n’y a pas de calendrier imminent…. l’objectif plus large et plus élevé [est] la sécurité, l’unité et l’intégration européennes – un objectif que je sais que vous partagez [5].
Mais les Russes entendaient à l’automne 1994 que le nouveau secrétaire d’État adjoint pour l’Europe, Richard Holbrooke, accélérait les discussions sur l’élargissement de l’OTAN, lançant même une étude de l’OTAN en novembre sur le « comment et pourquoi » des nouveaux membres. Eltsine a protesté par une lettre à Clinton le 29 novembre 1994 (Document 13) qui soulignait les espoirs de la Russie pour la Conférence sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE) en tant qu' »organisation paneuropéenne à part entière » et se plaignait: « une organisation ne comprend pas complètement les raisons d’une nouvelle revitalisation de la discussion sur l’accélération de l’élargissement de l’OTAN ».
Le 1er décembre, le ministre des Affaires étrangères Kozyrev a refusé de manière inattendue de signer le Partenariat pour la paix ; et le 5 décembre, Eltsine fustige l’OTAN au sommet de Budapest de la CSCE, devant un Clinton surpris : « Pourquoi semez-vous les graines de la méfiance ? … L’Europe risque de plonger dans une paix froide …. L’histoire démontre que c’est une dangereuse illusion de supposer que les destinées des continents et de la communauté mondiale en général peuvent être gérées d’une manière ou d’une autre à partir d’une seule capitale. » [6]
Les Américains consternés ont commencé à comprendre que la Russie avait conclu que les États-Unis « subordonnaient, sinon abandonnaient, l’intégration [de la Russie] à l’expansion de l’OTAN » (Voir document 17). Washington a dépêché le vice-président Al Gore à Moscou pour arranger les choses, en utilisant comme lieu les réunions programmées de la Commission Gore-Tchernomyrdine. Les points de discussion de Gore pour sa rencontre avec Eltsine (dans la chambre d’hôpital de ce dernier) (Document 16) et le compte rendu russe de la rencontre de Gore avec le président de la Douma Ivan Rybkin le 14 décembre 1994 (Document 14) montrent que les Américains soulignent qu’il n’y aurait pas d’élargissement de l’OTAN, seulement un processus graduel, délibéré et sans surprise, allant de pair avec « l’entente la plus étroite possible » entre les États-Unis et la Russie, et aucun nouveau membre de l’OTAN en 1995, une année d’élections parlementaires russes.
Gore a dit plus tard au Premier ministre belge que « Eltsine était prêt à accepter la vérité fondamentale que l’OTAN allait s’étendre ». Un câble américain de mars 1995 rapporte : « Lors d’une conversation avec Eltsine dans sa chambre d’hôpital, le vice-président a expliqué que la relation OTAN-Russie était analogue à l’amarrage de la navette spatiale à la station spatiale Mir, qui devait correspondre aux orbites et aux vitesses et se réunir. Eltsine avait accepté, mais a noté que dans des manœuvres aussi délicates, des mouvements brusques pouvaient être dangereux [7].
Eltsine n’a montré qu’un acquiescement limité lorsque Clinton est venu à Moscou en mai 1995 pour marquer le 50è anniversaire de la victoire sur Hitler pendant la Seconde Guerre mondiale. Le memcon américain de la rencontre en tête-à-tête au Kremlin (Document 19) présente les objections répétées d’Eltsine : « Je ne vois rien d’autre que de l’humiliation pour la Russie si vous continuez…. Pourquoi veux-tu faire cela? Nous avons besoin d’une nouvelle structure pour la sécurité paneuropéenne, pas des anciennes ! …. Mais pour moi, accepter que les frontières de l’OTAN s’étendent vers celles de la Russie – ce serait une trahison de ma part envers le peuple russe. Pour sa part, Clinton a insisté sur le fait qu’une expansion « graduelle, régulière et mesurée » de l’OTAN se produirait : « Vous pouvez dire que vous ne voulez pas qu’elle s’accélère – je vous ai dit que nous n’allons pas le faire – mais ne le faites pas. Demandez-nous de ralentir ou nous devrons continuer à dire non. Clinton a également assuré à Eltsine : « Je ne soutiendrai aucun changement qui porte atteinte à la sécurité de la Russie ou qui redivise l’Europe, » et a exhorté Eltsine à rejoindre le Partenariat pour la paix. À la fin, les deux dirigeants ont convenu que toute expansion de l’OTAN serait retardée jusqu’après les élections présidentielles de 1996 (dans les deux pays).
Lors de la réunion Clinton-Eltsine en juin 1995 à Halifax, Nouvelle-Écosse (document 20), Clinton a applaudi l’accord russe de rejoindre finalement le PFP et a recommandé une coopération militaire à militaire et un dialogue Russie-OTAN. Le dirigeant russe a eu des mots gentils pour le président américain : « Moi-même et les dirigeants russes n’avons aucun doute sur notre partenariat. Nous bâtirons le partenariat sur la base de notre amitié, la vôtre et la mienne, et nous le ferons pour le bien de la paix mondiale. Puis Eltsine a réitéré : « nous devons nous en tenir à notre position, qui est qu’il ne devrait pas y avoir d’expansion rapide de l’OTAN » ; et il a ajouté : « il est important que l’OSCE soit le principal mécanisme de développement d’un nouvel ordre de sécurité en Europe. L’OTAN est aussi un facteur, bien sûr, mais l’OTAN devrait évoluer vers une organisation politique. »
Les documents russes déclassifiés des audiences à huis clos de la Douma (Document 18) et les notes internes des années 1990 (Document 25) détaillent les objections russes selon lesquelles l’élargissement de l’OTAN (1) menacerait la sécurité russe (2), saperait l’idée d’une sécurité européenne inclusive que Gorbatchev et Eltsine à la fois l’effet cherché, et (3) tracerait une nouvelle ligne à travers l’Europe. Le bilan des objections russes précoces et véhémentes, y compris les multiples remontrances d’Eltsine à Clinton, tend à étayer l’analyse de Collins d’octobre 1993 et à saper une affirmation dans la littérature scientifique récente selon laquelle les plaintes russes concernant l’expansion de l’OTAN sont davantage fonction de la «politique de la mémoire» d’aujourd’hui que « ce qui s’est réellement passé en 1990 et au-delà » [8].
L’article d’aujourd’hui comprend, en traduction, l’une des premières compilations russes d’assurances occidentales contre l’expansion de l’OTAN pendant et après les discussions sur l’unification allemande de 1990, rassemblées par le nouveau ministre des Affaires étrangères Yevgeny Primakov en janvier 1996, décrites dans ses mémoires ultérieures en 2006, et publié en détail dans son livre de 2015 (Document 22). Également publié en anglais pour la première fois est le résumé de Primakov pour le chef de la Douma au début de 1997 sur la menace d’élargissement de l’OTAN pour les intérêts de sécurité russes, juste avant le sommet de l’OTAN qui annoncerait les invitations à la Pologne, la République tchèque et la Hongrie de rejoidre l’OTAN. Les documents Primakov témoignent de la compréhension fondamentale de Moscou des arrangements de la fin de la guerre froide[9].
La compilation Primakov des assurances occidentales à Gorbatchev a peut-être fourni le catalyseur d’une réfutation énergique du Département d’État envoyée à tous les postes européens en février 1996 (Document 23), après que l’ambassadeur Collins de l’époque eut rapporté qu’un « haut fonctionnaire du Kremlin » se plaignait que l’expansion de l’OTAN violerait « l’esprit » du traité d’unification allemand (tout comme Eltsine l’avait affirmé dans sa lettre du 15 septembre 1993 à Clinton). Le 23 février, le câble a transmis une note rédigée par le secrétaire d’État adjoint par intérim pour l’Europe John Kornblum, ainsi que John Herbst, alors au bureau de l’État sur les nouveaux États indépendants (NEI) et futur ambassadeur en Ukraine, qualifiant les revendications russes de « spécieuses » et » sans fondement. » Cette note semble avoir fourni une base aux points de discussion des États et de l’OTAN depuis lors pour répondre aux plaintes russes concernant l’expansion de l’OTAN. [10].
La note de service Kornblum-Herbst se concentrait sur les négociations deux plus quatre qui ont développé le traité d’unification allemand, arguant que le traité ne s’appliquait qu’au territoire de l’ancienne Allemagne de l’Est et ne fournissait aucun précédent pour les limites imposées aux nouveaux membres de l’OTAN. Le mémo décrivait à tort un commentaire de Hans-Dietrich Genscher comme « unilatéral » et ne s’appliquant qu’à l’ex-RDA, alors qu’en fait le Département d’État et les câbles diplomatiques britanniques de l’époque (février 1990) montraient que Genscher faisait spécifiquement et à plusieurs reprises référence à l’ex-RDA et à la Pologne et à la Hongrie en tant que pays susceptibles de vouloir rejoindre l’OTAN. Mais sinon, le mémo n’a pas abordé les garanties de haut niveau sur la sécurité soviétique (telles que « pas un pouce vers l’est ») fournies à Gorbatchev par un large éventail de dirigeants occidentaux (James Baker, Helmut Kohl, Douglas Hurd, John Major et George HW[11].
La note Kornblum-Herbst contenait une référence déroutante, citant soi-disant le « haut fonctionnaire du Kremlin », aux « déclarations juridiquement contraignantes des dirigeants d’Europe de l’Est » à l’époque. Ni le bureau de renseignement de l’État ni le bureau de son historien n’ont pu trouver de telles déclarations, peut-être parce que les Russes se référaient en fait aux assurances des dirigeants occidentaux, ou même au célèbre discours de Vaclav Havel lors d’une session conjointe du Congrès américain en février 1990 appelant à la dissolution des deux blocs (il a vite changé d’avis) [12].
L’article d’aujourd’hui n’aborde pas les avantages indéniables pour les pays d’Europe centrale et orientale de l’intégration à l’OTAN – bien que certains d’entre eux aient été articulés par leurs dirigeants dans les memcons avec le président Clinton en janvier 1994 qui sont publiés ici. La publication ne fournit pas non plus d’évaluation nette des gains et des pertes pour la sécurité américaine et européenne de l’expansion de l’OTAN. Au contraire, cette collection de documents se concentre simplement sur ce que le président russe Boris Eltsine a entendu de l’administration Clinton à propos de l’expansion de l’OTAN dans la première moitié des années 1990, et sur les objections russes répétées qui ont été tout aussi régulièrement ignorées par les responsables de l’administration Clinton.
Les archives de la sécurité nationale ont initialement compilé ces documents déclassifiés pour une table ronde le 10 novembre 2017, lors de la conférence annuelle de l’Association pour les études slaves, est-européennes et eurasiennes (ASEEES) à Chicago sous le titre « Qui a promis quoi à qui sur l’expansion de l’OTAN ? » Le panneau comprenait :
* Mark Kramer du Davis Center à Harvard, rédacteur en chef du Journal of Cold War Studies , dont l’article du Washington Quarterly de 2009 soutenait que la « promesse de non-expansion de l’OTAN » était un « mythe » ;
* Joshua R. Itkowitz Shifrinson de la Bush School de Texas A&M, dont l’article de 2016 sur la sécurité internationale affirmait que les États-Unis jouaient un double jeu en 1990, amenant Gorbatchev à croire que l’OTAN serait intégrée dans une nouvelle structure de sécurité européenne, tout en s’efforçant d’assurer l’hégémonie en Europe et le maintien de l’OTAN ;
* James Goldgeier de l’Université américaine, qui a écrit le livre faisant autorité sur la décision de Clinton sur l’expansion de l’OTAN, « Not If But When » , et a décrit les assurances américaines trompeuses au dirigeant russe Boris Eltsine dans un article « War On The Rocks » de 2016 ;
* Svetlana Savranskaya et Tom Blanton des archives de la sécurité nationale, dont le livre le plus récent, « The Last Superpower Summits: Gorbachev, Reagan, and Bush: Conversations That Ended the Cold War » (CEU Press, 2016) analyse et publie les transcriptions déclassifiées et les documents connexes de tous les sommets de Gorbatchev avec les présidents américains, y compris des dizaines d’assurances sur la protection des intérêts de sécurité de l’URSS et l’inclusion des Soviétiques dans la structure de sécurité européenne de l’après-guerre froide.