Au Venezuela, le peuple est avec le président qu’il a élu Nicolas Maduro, et les institutions, y compris l’armée défendent la constitution, adoptée par referendum par le peuple. Les violences, les appels aux interventions étrangères, le blocus établit par les USA avec la complicité de l’UE n’ont pas entamé la détermination des venezueliens. De fait, il y a quasiment plus personnes dans les manifestations du putchiste pro USA Guaido.
Démocrate, le président légitime et élu Nicolas Maduro en appelle pour surmonter la crise… aux élections. Des élections de l’assemblée nationale qui sont l’occasion pour le peuple de s’exprimer, et de décider. Des élections que l’Union Européenne et les USA ne veulent pas voir se produire, alors que c’est une dictature à leur main issue d’un putsch armée qui a évidemment leur préférence, comme ils l’ont toujours pratiqué en Amérique Latine.
Notre camarade Aymeric Monville est intervenu ce 22 mai 2019 sur la chaine de télévision Russia Today pour décrypter la situation au Venezuela.
Stéphanie de Muru (RT France) : Bonsoir Aymeric Monvile, avec nous en direct sur RT France, comment doit-on lire ces derniers développements qui se produisent au Venezuela, est-ce que Nicolas Maduro est clairement en train de reprendre la main selon vous?
Aymeric
Monville : Oui, ce qui est tout à fait étonnant c’est qu’il y a une
sorte d’auto-dissolution de l’assemblée dans une dérive putschiste. Donc
la meilleure solution c’était justement d’appeler à de nouvelles
élections, c’est de rejouer la carte démocratique le plus tôt possible.
Je pense que cela arrive aussi dans un contexte de discrédit des
Européens en Iran puisqu’on avait on fait croire que grosso modo M.
Macron lâchait le Venezuela pour mieux défendre l’accord sur le
nucléaire iranien. On voit qu’il n’en est absolument rien puisque les
situations sont concomitantes. Je pense que cette convocation de
nouvelles élections anticipées était donc bien joué, exactement au bon
moment par rapport à cette situation internationale où vous voyez qu’on
était proches de la guerre aussi en Iran, donc que cette stratégie de la
tension états-unienne était tous azimuts et c’est pour cela justement
que ce qui a été très important c’était de réaffirmer une légitimité
démocratique en reconvoquant les élections le plus tôt possible. Et
effectivement le plus tôt sera le mieux.
RT :
Alors cet organe législatif à la fameuse assemblée constituante était à
l’origine appelée à rédiger une nouvelle constitution. Quel est
finalement la portée de cette décision de Nicolas Maduro aujourd’hui de
la remplacer?
AM : Le but c’est aussi de
prolonger son mandat pour parce qu’elle assume des fonctions étatiques.
Il est vrai qu’il y a à sa tête Diosdado Cabello dont on peut qu’il est
un partisan de la ligne dure de résistance bolivarienne mais il faut
absolument une nouvelle assemblée sur avec cette légitimité
démocratique. Je rappelle aussi que le président Maduro, lui, avait été
élu avec 150 observateurs étrangers dont M. Zapatero qui avait dit aux
Européens qu’il était tout de même scandaleux de l’avoir condamné avant
même la tenue des élections en leur disant à l’époque : vous refusez de
discuter avec le Venezuela alors que vous discutez bien avec l’Iran. A
propos d’Europe, nous allons avoir, nous, des élections alors qu’on nous
a volé notre légitimité démocratique comme vous le savez en 2008 par
rapport au « non » de 2005. Donc nous allons avoir des élections où, de
toute façon, Jean-Claude Juncker a dit qu’il ne peut pas y avoir de
choix démocratique contre les traités européens, donc y compris
l’alliance avec l’OTAN. On voit bien que ce n’est même plus une
alliance, c’est une vassalisation. On parle beaucoup de géopolitique un
peu partout, des rapports de force, mais il existe un droit
international, il existe la charte de l’ONU il existe la souveraineté
démocratique des peuples qui s’exprime par des élections. C’est sur cela
qu’il faut se concentrer.
RT : Mais ce sont
des élections qui sont provoquées effectivement par Nicolas Maduro.
Est-ce qu’on va pas l’accuser de museler finalement l’opposition ?
AM
: On est toujours confronté au fait qu’il y a une opposition qui ne
veut même pas participer parce que, de toute façon elle sait qu’elle
perdra et préfère donc la voie insurrectionnelle.
RT : Etes-vous sûr qu’elle perdra?
AM
: Ecoutez, ce qu’on ignore si on ne regarde pas les médias
alternatifs, ce sont ces immenses foules bolivariennes à Caracas. Maduro
a quand même été élu avec 68 % des voix. Avec 46 % de participation,
certes, mais dans un contexte aussi tendu quand vous avez aussi des
opposants qui n’hésitent pas à ramener leur forme de démocratie par les
fourgons de l’étranger avec les moyens les plus violents en
subvertissant y compris jusqu’aux services secrets. Comme on l’a vu l’a
vu récemment le 30 avril, il y a quand même eu une tentative de coup
d’Etat avérée. Je crois que la population clairement va faire bloc.
Comme dans toutes les situations de blocus parce que, contrairement à ce
qu’on croit, le blocus n’a jamais servi à quoi que ce fût. D’ailleurs
on essaie de faire la même chose en Iran alors qu’il y avait un
processus d’élection démocratique qui avait mis Rohani au pouvoir. Ce
n’était plus l’époque d’Ahmadinejad. Hélas le fait que M. Trump se
retire de cet accord qui a été signé par les cinq puissances du conseil
de sécurité de l’ONU plus
l’Allemagne montre qu’il y a là un problème sur le rapport au droit
international des Etats-Unis. Par exemple la puissance russe a intérêt à
un certain équilibre géopolitique dans ses intérêts alors elle vient
défendre justement cette souveraineté du droit international. Donc la
situation serait à peu près stabilisée actuellement au Moyen-Orient s’il
n’y avait pas justement c’est tentative de subversion états-unienne
comme on le voit aussi au Venezuela. La tentative de changement de
régime qu’ils ont essayé de faire au Venezuela a visiblement échoué et
reprendre la main, reprendre l’initiative comme le fait le président
Maduro en convoquant des élections, c’est la meilleure stratégie et cela
arrive pile au bon moment.
RT : Alors vous
nous dites : cette stratégie a échoué. En attendant 1,3 million de
personnes ont quitté le Venezuela depuis 2015. Cette annonce l’ONU
évoque quand même cette situation, le plus gros déplacement dans la
région. Cette situation est intenable. Qu’est ce qu’on peut en attendre
comme dénouement selon vous?
AM : Oui, je crois
qu’il faut absolument une solidarité internationale avec le Venezuela.
Je crois que l’un des maillons faibles de la chaîne impérialiste c’est
clairement la position des Européens qui n’est pas tenable. On le sait
maintenant, parce qu’il y a beaucoup de diplomates qui ont parlé de
manière officieuse : ils ont coupé tous les ponts avec les bolivariens,
ils n’arrivent plus à reprendre langue parce qu’ils se sont discrédités.
Je crois au contraire qu’il est temps d’avoir des relations beaucoup
plus raisonnables. Parce que les Européens voient bien qu’ils sont en
train de se faire duper, y compris même en Iran où ils étaient arrivés à
un accord qui convenait à tout le monde par exemple.
RT : Merci Aymeric Monville de nous avoir apporté votre analyse en direct sur RT France